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| == Loi générale du capitalisme ? == | | == Loi générale du capitalisme ? == |
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− | Selon une interprétation courante chez les marxistes, l'idée de Marx était que le capitalisme engendre une tendance à la paupérisation absolue. Dans cette vision, remettre en cause la paupérisation absolue est apparenté à du révisionnisme droitier, puisque cela signifierait nier que le capitalisme est devenu incapable de développer les [[forces_productives|forces productives]]. | + | Selon une interprétation courante chez les marxistes, l'idée de Marx était que le capitalisme engendre une tendance à la paupérisation absolue. Dans cette vision, remettre en cause la paupérisation absolue est apparenté à du révisionnisme droitier, puisque cela signifierait nier que le capitalisme est devenu incapable de développer les [[Forces_productives|forces productives]]. |
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| + | On peut relever qu'en 1891, [[Engels|Engels]] a critiqué le projet de programme d'Erfurt qui disait ''« Le nombre des prolétaires et leur misère s'accroissent de plus en plus. »'' : |
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| + | ''« Cela, affirmé d'une façon aussi absolue, n'est pas exact. Il est possible que l'organisation des travailleurs, leur résistance toujours croissante opposent une certaine digue à l'accroissement de la misère. Mais ce qui grandit certainement, c'est l'incertitude de l'existence. Voilà ce que j'ajouterais. »<ref>Friedrich Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/engels/works/1891/00/18910000.htm Critique du projet de programme social-démocrate de 1891]''</ref>'' |
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| Ce point a par exemple été débattu dans la social-démocratie allemande et dans l'[[Internationale_ouvrière|Internationale ouvrière]] à la [[Belle_époque|Belle époque]] (début du 20<sup>e</sup> siècle). Le capitalisme connaissait une [[Croissance|croissance]] notable dans les pays dominants, et l'aile ''« [[Révisionnisme_(années_1890)|révisionniste]] »'' s'appuyait là dessus pour affirmer que Marx s'était trompé, et qu'une [[Gradualisme|évolution graduelle]] vers le socialisme était possible. | | Ce point a par exemple été débattu dans la social-démocratie allemande et dans l'[[Internationale_ouvrière|Internationale ouvrière]] à la [[Belle_époque|Belle époque]] (début du 20<sup>e</sup> siècle). Le capitalisme connaissait une [[Croissance|croissance]] notable dans les pays dominants, et l'aile ''« [[Révisionnisme_(années_1890)|révisionniste]] »'' s'appuyait là dessus pour affirmer que Marx s'était trompé, et qu'une [[Gradualisme|évolution graduelle]] vers le socialisme était possible. |
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| Le principal théoricien de l'Internationale, [[Kautsky|Kautsky]], a reconnu qu'il n'y avait pas de paupérisation absolue de la classe ouvrière, mais rappelait qu'il y avait néanmoins une paupérisation relative, c'est-à-dire une hausse des inégalités. De cette façon, il défendait l'orthodoxie. | | Le principal théoricien de l'Internationale, [[Kautsky|Kautsky]], a reconnu qu'il n'y avait pas de paupérisation absolue de la classe ouvrière, mais rappelait qu'il y avait néanmoins une paupérisation relative, c'est-à-dire une hausse des inégalités. De cette façon, il défendait l'orthodoxie. |
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− | Plus tard, les [[Internationale_communiste|communistes]] ont affirmé que cette affirmation de Kautsky était elle-aussi [[Révisionniste|révisionniste]], et qu'à l'échelle mondiale, il y avait bien paupérisation absolue. L'enrichissement des pays dominants n'était que le fruit de l'[[Impérialisme|impérialisme]].<ref>Boukharine, ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/11/programme.htm Rapport sur la question du programme - 4e congrès]'', 1922</ref> Globalement, les communistes reliaient cette idée à la théorie de Lénine : depuis l'entrée dans le [[stade_impérialiste|stade impérialiste]], le capitalisme a cessé de développer les forces productives, et donc a cessé d'être [[progressiste|progressiste]]. | + | Plus tard, les [[Internationale_communiste|communistes]] ont affirmé que cette affirmation de Kautsky était elle-aussi [[Révisionniste|révisionniste]], et qu'à l'échelle mondiale, il y avait bien paupérisation absolue. L'enrichissement des pays dominants n'était que le fruit de l'[[Impérialisme|impérialisme]].<ref>Boukharine, ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/11/programme.htm Rapport sur la question du programme - 4e congrès]'', 1922</ref> Globalement, les communistes reliaient cette idée à la théorie de Lénine : depuis l'entrée dans le [[Stade_impérialiste|stade impérialiste]], le capitalisme a cessé de développer les forces productives, et donc a cessé d'être [[Progressiste|progressiste]]. |
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| Trotsky a maintenu cette idée, notamment en soutenant que la croissance des années 1920 n'était que passagère, et en réaffirmant pendant la [[Grande_dépression_(1929-1939)|Grande dépression]] des années 1930 que ''« les forces productives ont cessé de croître »''. | | Trotsky a maintenu cette idée, notamment en soutenant que la croissance des années 1920 n'était que passagère, et en réaffirmant pendant la [[Grande_dépression_(1929-1939)|Grande dépression]] des années 1930 que ''« les forces productives ont cessé de croître »''. |
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− | La forte croissance des ''« [[30_glorieuses|30 glorieuses]] »'' a bousculé les [[trotskistes|trotskistes]]. Certains ont nié toute croissance et tout enrichissement des prolétaires, comme le courant [[lambertiste|lambertiste]]. | + | La forte croissance des ''« [[30_glorieuses|30 glorieuses]] »'' a bousculé les [[Trotskistes|trotskistes]]. Certains ont nié toute croissance et tout enrichissement des prolétaires, comme le courant [[Lambertiste|lambertiste]]. |
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| == Notes et sources == | | == Notes et sources == |