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[[File:Decroissance.png|right|342x277px]]La '''décroissance''' est une conception politique, sociale et économique  qui présente la [[Croissance_économique|croissance économique]] comme à l'origine des maux de l'humanité. Pour ses partisans : l’[[Aliénation_au_travail|aliénation au travail]], la [[Pollution|pollution]] ou encore le dysfonctionnement de l'économie comme le [[Chômage|chômage]] de masse sont les résultats de l'[[Industrialisation|industrialisation]]. Plutôt que ''« décroissants »'', les partisans de la décroissance se dénomment en général ''« objecteurs de croissance »''.
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[[File:Decroissance.png|right|342x277px|Decroissance.png]]La '''décroissance''' est une conception politique, sociale et économique  qui présente la [[Croissance_économique|croissance économique]] comme à l'origine des maux de l'humanité. Pour ses partisans : l’[[Aliénation_au_travail|aliénation au travail]], la [[Pollution|pollution]] ou encore le dysfonctionnement de l'économie comme le [[Chômage|chômage]] de masse sont les résultats de l'[[Industrialisation|industrialisation]]. Plutôt que ''« décroissants »'', les partisans de la décroissance se dénomment en général ''« objecteurs de croissance »''.
    
== Grandes lignes ==
 
== Grandes lignes ==
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Le socle commun de la pensée de la décroissance est un [[Écologisme|écologisme]] radical. En plus des critiques sur les [[pollution|pollutions]], le [[dérèglement_climatique]] et les extinctions d'espèces vivantes, elle met en avant l'idée que les ressources naturelles sont limitées et que ''«&nbsp;une croissance infinie est impossible dans un monde fini&nbsp;»''. Un des symboles de cette logique est l'épuisement des stocks de pétrole (''peak oil'') qui ne laisserait pas d'autre choix qu'une décroissance, choisie ou subie. Ou encore les calculs d'empreinte écologique, qui montrent que ''«&nbsp;si chaque terrien avait le mode de vie d'un états-unien moyen, il faudrait 4 planètes&nbsp;»''.<ref>http://www.atlantico.fr/decryptage/vivions-tous-comme-americains-faudrait-4-planetes-hashtable-h16-556728.html</ref>
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Le socle commun de la pensée de la décroissance est un [[Écologisme|écologisme]] radical. En plus des critiques sur les [[Pollution|pollutions]], le [[Dérèglement_climatique|dérèglement_climatique]] et les extinctions d'espèces vivantes, elle met en avant l'idée que les ressources naturelles sont limitées et que ''«&nbsp;une croissance infinie est impossible dans un monde fini&nbsp;»''. Un des symboles de cette logique est l'épuisement des stocks de pétrole (''peak oil'') qui ne laisserait pas d'autre choix qu'une décroissance, choisie ou subie. Ou encore les calculs d'empreinte écologique, qui montrent que ''«&nbsp;si chaque terrien avait le mode de vie d'un états-unien moyen, il faudrait 4 planètes&nbsp;»''.<ref>http://www.atlantico.fr/decryptage/vivions-tous-comme-americains-faudrait-4-planetes-hashtable-h16-556728.html</ref>
    
La décroissance prône la lutte contre la croissance économique, contre la consommation de masse et le développement de la technique. Elle préconise le retour à l'[[Artisanat|artisanat]] contre l'[[Industrie|industrie]], la production locale et la vie à la campagne.
 
La décroissance prône la lutte contre la croissance économique, contre la consommation de masse et le développement de la technique. Elle préconise le retour à l'[[Artisanat|artisanat]] contre l'[[Industrie|industrie]], la production locale et la vie à la campagne.
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Mais la plupart du temps, la pensée de la décroissance ajoute à la critique écologiste une critique de la ''«&nbsp;société industrielle&nbsp;»'' en elle-même. Les militants de la décroissance voient généralement d'un très mauvais oeil les innovations technologiques. Ils théorisent que la plupart des techniques ayant conduit à une consommation de masse ont des effets sociaux très néfastes&nbsp;: publicité, automobile, ordinateurs... L'[[Agriculture_industrielle|agriculture industrielle]] est particulièrement visée, et devrait selon eux être remplacée par une agriculture biologique, idéalement de proximité (potagers...).
 
Mais la plupart du temps, la pensée de la décroissance ajoute à la critique écologiste une critique de la ''«&nbsp;société industrielle&nbsp;»'' en elle-même. Les militants de la décroissance voient généralement d'un très mauvais oeil les innovations technologiques. Ils théorisent que la plupart des techniques ayant conduit à une consommation de masse ont des effets sociaux très néfastes&nbsp;: publicité, automobile, ordinateurs... L'[[Agriculture_industrielle|agriculture industrielle]] est particulièrement visée, et devrait selon eux être remplacée par une agriculture biologique, idéalement de proximité (potagers...).
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Concernant les pays pauvres, la plupart des décroissants considèrent qu'il y a effectivement un [[sous-développement|sous-développement]] à combattre, mais mettent en garde contre un mal-développement qui se ferait sur le modèle des pays riches, et prônent au contraire la sobriété volontaire pour les [[pays_riches|pays riches]].
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Concernant les pays pauvres, la plupart des décroissants considèrent qu'il y a effectivement un [[Sous-développement|sous-développement]] à combattre, mais mettent en garde contre un mal-développement qui se ferait sur le modèle des pays riches, et prônent au contraire la sobriété volontaire pour les [[Pays_riches|pays riches]].
    
== Historique ==
 
== Historique ==
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== Critiques ==
 
== Critiques ==
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=== Un nouvel avatar du malthusianisme&nbsp;? ===
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=== Une nouvelle forme de malthusianisme&nbsp;? ===
    
Malthus&nbsp;(1766-1834) était un ecclésiastique anglais du 18<sup>e</sup> siècle, effrayé par l'explosion démographique des débuts de la [[Révolution_industrielle|révolution industrielle]], qui écrivit un traité devenu célèbre dans lequel il expliquait que l'humanité ne pourrait survivre à l'accroissement de la population, puisque le nombre d'êtres humains progressait infiniment plus vite que la quantité de richesses produites. Conclusion, selon Malthus&nbsp;: il fallait limiter les naissances ou, pour être tout à fait précis, laisser mourir les pauvres&nbsp;:
 
Malthus&nbsp;(1766-1834) était un ecclésiastique anglais du 18<sup>e</sup> siècle, effrayé par l'explosion démographique des débuts de la [[Révolution_industrielle|révolution industrielle]], qui écrivit un traité devenu célèbre dans lequel il expliquait que l'humanité ne pourrait survivre à l'accroissement de la population, puisque le nombre d'êtres humains progressait infiniment plus vite que la quantité de richesses produites. Conclusion, selon Malthus&nbsp;: il fallait limiter les naissances ou, pour être tout à fait précis, laisser mourir les pauvres&nbsp;:
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L'idée décroissante selon laquelle le développement (pour ceux qui acceptent ce terme) des pays pauvres passe essentiellement par une restriction des pays riches, revient à l'idée qu'il y a un gâteau de taille fixe à partager. Cela masque totalement la question des rapports de production capitalistes qui empêchent le développement théoriquement possible.
 
L'idée décroissante selon laquelle le développement (pour ceux qui acceptent ce terme) des pays pauvres passe essentiellement par une restriction des pays riches, revient à l'idée qu'il y a un gâteau de taille fixe à partager. Cela masque totalement la question des rapports de production capitalistes qui empêchent le développement théoriquement possible.
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=== Impossibilité d'une croissance infinie ? ===
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=== Impossibilité d'une croissance infinie&nbsp;? ===
    
Les objecteurs de croissance ont tendance à exagérer la disparition des énergies fossiles. Par exemple les précurseurs des années 1970 prévoyaient la fin définitive des ressources pétrolières en l'an 2000, alors que le capitalisme a su exploiter toujours de ressources (forages plus profonds ou forages aux pôles rendus accessibles par la fonte des glaces, hydrates de méthane, gaz de schiste...). Par ailleurs le charbon, qui a été délaissé, est encore abondant sur Terre. Le capitalisme pourrait encore ''«&nbsp;fonctionner&nbsp;»'' longtemps sans être fatalement forcé à décroître.
 
Les objecteurs de croissance ont tendance à exagérer la disparition des énergies fossiles. Par exemple les précurseurs des années 1970 prévoyaient la fin définitive des ressources pétrolières en l'an 2000, alors que le capitalisme a su exploiter toujours de ressources (forages plus profonds ou forages aux pôles rendus accessibles par la fonte des glaces, hydrates de méthane, gaz de schiste...). Par ailleurs le charbon, qui a été délaissé, est encore abondant sur Terre. Le capitalisme pourrait encore ''«&nbsp;fonctionner&nbsp;»'' longtemps sans être fatalement forcé à décroître.
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=== Mépris de classe&nbsp;? ===
 
=== Mépris de classe&nbsp;? ===
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Des partisans de la Décroissance peuvent parfois faire preuve d'un certain mépris envers "la masse abrutie", les "CONsommateurs", etc. Le thème de la petite minorité qui serait suffisamment intelligente pour se détacher des biens matériels face au troupeau de moutons consuméristes revient souvent. Beaucoup de messages ou de mots d'ordre de décroissants sont très provoquants pour les [[classes_populaires|classes populaires]] des pays riches : les millions de personnes qui vivent des [[minima_sociaux|minima sociaux]] ou du chômage, les salarié-e-s licencié-e-s sous l'effet de la crise...
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Des partisans de la Décroissance peuvent parfois faire preuve d'un certain mépris envers "la masse abrutie", les "CONsommateurs", etc. Le thème de la petite minorité qui serait suffisamment intelligente pour se détacher des biens matériels face au troupeau de moutons consuméristes revient souvent. Beaucoup de messages ou de mots d'ordre de décroissants sont très provoquants pour les [[Classes_populaires|classes populaires]] des pays riches&nbsp;: les millions de personnes qui vivent des [[Minima_sociaux|minima sociaux]] ou du chômage, les salarié-e-s licencié-e-s sous l'effet de la crise...
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La Une du journal La Décroissance, en septembre 2004, clamait ''«&nbsp;Vive la pauvreté&nbsp;!&nbsp;»''. Une Une de 2009 disait ''«&nbsp;Merde au pouvoir d'achat&nbsp;!&nbsp;»''...
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La Une du journal ''La Décroissance'', en septembre 2004, clamait ''«&nbsp;Vive la pauvreté&nbsp;!&nbsp;»''. Une Une de 2009 disait ''«&nbsp;Merde au pouvoir d'achat&nbsp;!&nbsp;»''...
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[[File:UnesJournalDecroissance.png|center]]Si l'on prend en compte le fait que la plupart des décroissants (comme des militants en général) sont issus de milieux [[Petits-bourgeois|petits-bourgeois]] (sinon par la richesse, par le capital culturel), ce mépris s'apparente à un [[Mépris_de_classe|mépris de classe]].
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[[File:UnesJournalDecroissance.png|center|UnesJournalDecroissance.png]]Si l'on prend en compte le fait que la plupart des décroissants (comme des militants en général) sont issus de milieux [[Petits-bourgeois|petits-bourgeois]] (sinon par la richesse, par le capital culturel), ce mépris s'apparente à un [[Mépris_de_classe|mépris de classe]].
    
Se représenter publiquement comme une minorité opposée à l'immense majorité (''«&nbsp;Nous sommes 1%, ils sont 99%&nbsp;»'') semble montrer que l'ennemi principal n'est pas la minorité capitaliste, mais toute la société rejetée en bloc. Une telle façon de poser le combat politique n'a aucune chance de déboucher sur un changement social.
 
Se représenter publiquement comme une minorité opposée à l'immense majorité (''«&nbsp;Nous sommes 1%, ils sont 99%&nbsp;»'') semble montrer que l'ennemi principal n'est pas la minorité capitaliste, mais toute la société rejetée en bloc. Une telle façon de poser le combat politique n'a aucune chance de déboucher sur un changement social.
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=== Une pensée individualiste ===
 
=== Une pensée individualiste ===
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La décroissance apparaît comme une doctrine individuelle et [[Individualisme|individualiste]], dans ses constats comme dans ses modes d'action. Pour une bonne partie de ses promoteurs, il faut ''«&nbsp;se changer soi-même pour changer le monde&nbsp;»'' - ce qui revient à nier toute possibilité d'un changement de société par des moyens de lutte collective.
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On peut également reprocher à la décroissance de donner une grande place à l'[[Individualisme|individualisme]], dans ses constats comme dans ses modes d'action.
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Les modes d'action prônés oscillent, pour la plupart, entre le ridicule et le choquant. Ainsi le ''«&nbsp;manuel du bon rétrogradeur&nbsp;» ''publié dans La Décroissance préconise-t-il de ''«&nbsp;se libérer de la télévision, de l'avion et du téléphone portable&nbsp;»''. De l'automobile également, bien sûr, qu'il conviendra de remplacer par''«&nbsp;des charrettes à cheval&nbsp;»''. Il faut également arrêter d'utiliser les ascenseurs, les réfrigérateurs, les machines à laver, etc.
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Dans l'analyse, les décroissants mettent souvent en avant la responsabilité individuelle (en tant que consommateur principalement). Par exemple, certains ont écrit que les consommateurs étaient responsables des épidémies type vache folle, grippe aviaire ou grippe porcine, parce qu'ils font pression pour avoir des produits moins chers.
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<blockquote>''«&nbsp;En tant que citoyens des pays développés, il conviendrait de nous poser la question de notre responsabilité personnelle. Parce que, si à l'achat d'un produit le prix est l'un de mes critères importants, je suis personnellement responsable de ce genre de crise. En achetant le poulet à 6 euros le kilo ou un T-shirt à 5 euros, qui peut honnêtement croire que les méthodes de production puissent être écologiquement ou socialement acceptables&nbsp;?&nbsp;»''<ref>''La Décroissance'', juin 2009</ref></blockquote>
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En conséquence de cette vision, il faut ''«&nbsp;se changer soi-même pour changer le monde&nbsp;»''. Une bonne partie des productions idéologiques, comme le journal ''La Décroissance'', donnent une large part à des rubriques "conso", ou plutôt "anti-conso" (refuser de prendre l'avion ou les ascenseurs...) et à des témoignages de gens vivant dans la simplicité volontaire&nbsp;: sans voiture, sans réfrigérateur, sans marchine à laver, sans ordinateur, sans téléphone portable...
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Si un certain nombre de décroissants prétendent n'avoir pas renoncé à l'action collective, ils n'en citent pas moins comme modèles des comportements qui rejettent celle-ci. Paul Ariès, par exemple, dit dans une interview qu'il est ''«&nbsp;un militant politique qui veut changer le monde&nbsp;»''. Dont acte. Mais cela ne l'empêche pas, dans le journal qu'il dirige, de consacrer une pleine page à «&nbsp;Anne, psychologue&nbsp;», adepte de la simplicité volontaire, qui déclare&nbsp;:''«&nbsp;On est plus heureux en possédant moins. Je ne crois plus à l'impact de notre action sur le plan planétaire. J'ai arrêté de croire que j'allais sauver le monde. On vit simplement, parce que ça nous fait du bien.&nbsp;»''
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Si un certain nombre de décroissants prétendent n'avoir pas renoncé à l'action collective, les principaux types d'action auxquelles ils appelents sont du type boycott&nbsp;:
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Mais même ceux qui, parmi les décroissants, ne donnent pas dans cet affligeant individualisme, prônent l'action individuelle, la ''«&nbsp;réflexion individuelle sur les comportements de consommation&nbsp;»'' ... ce qui revient, au fond, à rejeter la responsabilité des problèmes de la société sur les consommateurs, c'est-à-dire sur les plus pauvres, et surtout pas sur les capitalistes.
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*boycott des supermarchés pour préférer le ''«&nbsp;lien direct avec le petit producteur&nbsp;»'', ou pour devenir auto-producteur dans le maximum de domaines (cultiver soi-même ses légumes, coudre ses vêtements...)
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*ou des campagnes plus ponctuelles&nbsp;: «&nbsp;journées sans achat&nbsp;», «&nbsp;Noël sans cadeaux&nbsp;»...
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Bien dans l'air du temps où les idées de lutte collective n'ont pas le vent en poupe, les décroissants prônent l'action individuelle, le chacun pour soi.
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Pour les plus anticapitalistes, l'idée est d'étouffer le grand capital en lui coupant l'oxygène que lui procure la vente de ses marchandises. C'est pourtant une illusion&nbsp;: d'une part, cette stratégie ne s'adresse qu'à celles et ceux qui ont suffisamment de [[Pouvoir_d'achat|pouvoir d'achat]], d'autre part, sans alternative globale à opposer à la production capitaliste, l'auto-restriction n'a aucune chance de devenir un phénomène de masse.
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=== Des moyens d'action inefficaces ===
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Beaucoup de marxistes voient ce repli individualiste comme un reflet (même s'il est non conformiste) de la faiblesse de la conscience de classe et des luttes collectives.
 
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Des «&nbsp;actions&nbsp;» prônées par les décroissants telles que les «&nbsp;journées sans achat&nbsp;» ou les «&nbsp;Noël sans cadeaux&nbsp;».
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Certains décroissants prônent, comme modèle d'action collective, le boycott des supermarchés pour préférer le ''«&nbsp;lien direct avec le petit producteur&nbsp;»'', celui de cultiver soi-même ses légumes ou de fabriquer ses vêtements, bref, appellent à ''«&nbsp;changer leurs modes de consommation&nbsp;»''. L'idée étant d'étouffer le grand capital en lui coupant l'oxygène que lui procure la vente de ses marchandises.
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Dans un article de La Décroissance de juin 2009, l'auteur évoque certaines épidémies récentes, vache folle, grippe aviaire ou grippe porcine. Selon lui, la grippe porcine aurait pour origine l'élevage industriel des porcs (ce qui est discutable, mais c'est un autre débat). Voici son raisonnement&nbsp;: l'élevage industriel vise à produire de la viande peu chère, à destination des ménages qui ne peuvent, ou plutôt ne veulent selon lui, pas trop dépenser. Si ces ménages acceptaient de payer plus cher leur viande, il n'y aurait plus de marché, donc plus d'élevage en batterie, donc plus de maladies de ce type. CQFD. Nous n'inventons rien. L'auteur de l'article écrit&nbsp;: ''«&nbsp;En tant que citoyens des pays développés, il conviendrait de nous poser la question de notre responsabilité personnelle. Parce que, si à l'achat d'un produit le prix est l'un de mes critères importants, je suis personnellement responsable de ce genre de crise. En achetant le poulet à 6 euros le kilo ou un T-shirt à 5 euros, qui peut honnêtement croire que les méthodes de production puissent être écologiquement ou socialement acceptables&nbsp;?&nbsp;»''
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Faudrait-il donc boycotter les produits bon marché&nbsp;? De toute façon, un tel système serait impossible à généraliser dans une société où les capitalistes régentent toute la vie économique et sociale, où ce sont eux qui maîtrisent et la production, et les prix, et les salaires.
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Prôner la fin de la grande production industrielle et de l'agriculture mécanisée, la ''«&nbsp;relocalisation de l'économie&nbsp;»'', c'est vouloir faire revenir le monde trois siècles en arrière. Pour nous, l'avenir est à la mondialisation communiste et pas, comme le prétend le décroissant Paul Ariès, à ''«&nbsp;une Europe dont chaque pays aurait ses propres moyens de vivre&nbsp;»''.
      
=== Des dérapages réactionnaires ===
 
=== Des dérapages réactionnaires ===
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A partir du rejet de l'industrie moderne, certain-e-s militant-e-s de la décroissances glissent jusqu'à un rejet de "la modernité" en général, ce qui les amènent parfois à sembler rejeter le principe même de collectivité au nom de l'autonomie/autarcie...
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A partir du rejet de l'industrie moderne, certain-e-s militant-e-s de la décroissances glissent jusqu'à un rejet de "la modernité" en général, ce qui les amènent parfois à sembler rejeter le principe même de collectivité au nom de l'autonomie/autarcie... D'un point de vue communiste, cela peut conduire à des positions [[Réactionnaires|réactionnaires]].
    
Le théoricien Ivan Illich dénonçait la médecine moderne sous prétexte qu'elle détourne de l'autodiagnostic et de l'automédication. Il dénonçait aussi l'école - une «&nbsp;drogue&nbsp;» censée préparer les futurs adultes à consommer et à en faire des esclaves. Illich a par exemple publié, en 1971, un article sur ''«&nbsp;le potentiel révolutionnaire de la déscolarisation&nbsp;»''. Même si tous les décroissants ne partagent pas forcément ce point de vue, se réclamer aujourd'hui d'un tel auteur est choquant, à une époque où des dizaines de milliers de jeunes des quartiers pauvres, en France, sont ''«&nbsp;déscolarisés&nbsp;»'', sans que le ''«&nbsp;potentiel révolutionnaire&nbsp;»'' saute aux yeux...
 
Le théoricien Ivan Illich dénonçait la médecine moderne sous prétexte qu'elle détourne de l'autodiagnostic et de l'automédication. Il dénonçait aussi l'école - une «&nbsp;drogue&nbsp;» censée préparer les futurs adultes à consommer et à en faire des esclaves. Illich a par exemple publié, en 1971, un article sur ''«&nbsp;le potentiel révolutionnaire de la déscolarisation&nbsp;»''. Même si tous les décroissants ne partagent pas forcément ce point de vue, se réclamer aujourd'hui d'un tel auteur est choquant, à une époque où des dizaines de milliers de jeunes des quartiers pauvres, en France, sont ''«&nbsp;déscolarisés&nbsp;»'', sans que le ''«&nbsp;potentiel révolutionnaire&nbsp;»'' saute aux yeux...
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=== Système productiviste ? ===
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=== Système productiviste&nbsp;? ===
    
{{Voir|productivisme}}
 
{{Voir|productivisme}}
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Pour de nombreux décroissants, le ''«&nbsp;productivisme&nbsp;»'' est présenté comme un système qui serait l'ennemi principal, même si pour beaucoup d'entre eux il est lié au [[capitalisme|capitalisme]] (au mieux, il est mis sur le même plan). Certains englobent le marxisme dans le productivisme, se basant sur la théorie de la nécessaire augmentation des [[forces_productives|forces productives]], ou encore sur les désastres éclogiques du [[stalinisme|stalinisme]].
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Pour de nombreux décroissants, le ''«&nbsp;productivisme&nbsp;»'' est présenté comme un système qui serait l'ennemi principal, même si pour beaucoup d'entre eux il est lié au [[Capitalisme|capitalisme]] (souvent, il est mis sur le même plan). Le productivisme serait une idéologie selon laquelle il faudrait produire toujours plus. Certains englobent le marxisme dans le productivisme, se basant sur la théorie de la nécessaire augmentation des [[Forces_productives|forces productives]], ou encore sur les désastres écologiques du [[Stalinisme|stalinisme]]. Ils méconnaissent souvent les préoccupations que Marx exprimait déjà à son époque sur les déséquilibres "écologiques" (même si le terme n'était pas employé).
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Dans l'analyse de [[Marx|Marx]], le capitalisme engendre effectivement une tendance à l'augmentation de la production, même si les capitalistes n'ont pas pour ''«&nbsp;but&nbsp;»'' d'augmenter la production, mais de se battre pour faire plus de [[Profit|profit]] que leurs concurrents. Pour capter plus de plus-value, ils ont besoin de conquérir de nouveaux marchés ou d'augmentent la [[Productivité_du_travail|productivité du travail]]. Pour gagner la course à celui qui [[Innovation|innovera]] le premier, ils réutilisent en permanence une partie de la plus-value gagnée pour de nouveaux [[Investissements|investissements]] (ce que Marx nommait la «&nbsp;reproduction élargie du capital&nbsp;»). Les capitalistes ont aussi intérêt à&nbsp;[[Marchandisation|marchandiser]] de nouveaux biens, et à pousser à la [[Consommation|consommation]] maximale ([[Publicité|publicité]], création de modes, [[Obsolescence_volontaire|obsolescence]]...). Pour cette raison, certains marxistes acceptent de considérer que le capitalisme est un système productiviste, ou tendanciellement productiviste (parce que les [[Crises_économiques|crises]] détruisent une partie de la production).
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Le terme de productivisme fait débat parmi les marxistes. Certains refusent de l'utiliser.
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Actuellement, même si chaque capitaliste est maître à bord de son entreprise, la production dans son ensemble est le résultat des forces du [[Marché|marché]] et ne sont réellement contrôlables par personne. La notion de ''«&nbsp;productivisme&nbsp;»'' des décroissants a donc l'inconvénient de ne pas réellement donner d'explication [[Matérialiste|matérialiste]] de la société. C'est pour cela que des marxistes refusent d'utiliser ce terme, estimant qu'il provient d'une analyse [[Idéaliste|idéaliste]].
    
=== Une pensée idéaliste ===
 
=== Une pensée idéaliste ===
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La plupart des marxistes considèrent qu'il y a une conception idéaliste à la racine de la pensée décroissante.
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La plupart des marxistes considèrent qu'il y a une conception [[Idéaliste|idéaliste]] à la racine de la pensée décroissante. Par exemple&nbsp;:
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Par exemple, l'idée d'envisager une société post-capitaliste reposant sur l'artisanat est impossible selon l'[[Matérialisme_historique|analyse marxiste]]. Elle peut au contraire être rapprochée de l'anarchisme [[Proudhon|proudhonien]], ou d'autres formes de [[Socialisme_utopique|socialisme utopique]].
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*globalement, c'est un changement du [[Mode_de_production|mode de production]] qui peut conduire à un changement des modes de [[Consommation|consommation]], et non l'inverse
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*une stratégie politique centrée sur la [[Consommation|consommation]] ne peut pas conduire à un changement des [[Rapports_de_production|rapports de production]]
 +
*la croissance permanente est une conséquence du capitalisme, et pas d'une ''«&nbsp;idéologie productiviste&nbsp;»'' autonome
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*l'idée d'une société post-capitaliste reposant sur l'artisanat est impossible selon l'[[Matérialisme_historique|analyse marxiste]]. Elle peut au contraire être rapprochée de l'anarchisme [[Proudhon|proudhonien]], ou d'autres formes de [[Socialisme_utopique|socialisme utopique]].
    
Edgar Morin, dans un plaidoyer pour la décroissance se référant à Ivan Illich, n'offre qu'une révolte contre le manque d'amour&nbsp;:&nbsp;
 
Edgar Morin, dans un plaidoyer pour la décroissance se référant à Ivan Illich, n'offre qu'une révolte contre le manque d'amour&nbsp;:&nbsp;
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== Marxisme et décroissance ==
 
== Marxisme et décroissance ==
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Il n'y a en fait que ceux qui ne connaissent ni Marx ni le marxisme qui pensent que celui-ci était un «&nbsp;productiviste&nbsp;» acharné, incapable de se poser la question de l'épuisement des ressources naturelles ou de la lente destruction de la planète par le système capitaliste. Bien au contraire&nbsp;: Marx et Engels ont sans doute été parmi les premiers à poser ces problèmes.
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=== Collectivisation démocratique de la production ===
 
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Les marxistes reconnaissent généralement que bien des questions que posent les décroissants sont pertinentes.
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Le capitalisme pousse ceux qui en ont les moyens à la consommation, par le biais de la publicité et de la création de modes artificielles. Oui, le capitalisme fabrique volontairement des produits qui deviennent obsolètes très rapidement pour pousser les acheteurs à les renouveler. Oui, le capitalisme transforme tout ce qu'il touche en marchandise, et pousse, par mille biais, les êtres humains solvables (et même de moins solvables, grâce au crédit) à acheter des objets parfois inutiles. Est-ce une découverte&nbsp;? Certainement pas. La «&nbsp;marchandisation&nbsp;» tant critiquée par les écologistes, les altermondialistes et les décroissants, c'est finalement le fait que le capital ne considère jamais un objet pour son usage, mais en fonction de ce qu'il peut rapporter lorsqu'il sera vendu. Le capitalisme ne produit pas pour satisfaire les besoins mais pour vendre en vue de faire un profit. Il n'y avait pas besoin des décroissants pour savoir cela, puisque Karl Marx l'a longuement expliqué dans Le Capital, il y a plus d'un siècle.
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On sait également grâce au même Karl Marx que le capitalisme ne peut fonctionner qu'en réutilisant une partie de la plus-value gagnée lors de la production pour réinvestir dans le but d'accroître sa production. Ce que l'on appelle la «&nbsp;croissance&nbsp;», c'est-à-dire le fait qu'en dehors des périodes de crise la production de richesses augmente d'une année sur l'autre, est en réalité ce que Marx a défini sous le terme de «&nbsp;reproduction élargie du capital&nbsp;».
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Dans l'économie capitaliste, des périodes de décroissance sont des périodes de crise - la stagnation et à plus forte raison le recul de la production, ne résultant pas d'une évolution consciemment maîtrisée, mais se traduisant par des catastrophes sociales.
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Qu'ont fait les premiers hommes qui ont taillé des silex, sinon inventer des moyens d'accroître la productivité du travail&nbsp;? Toute l'histoire de l'économie humaine est celle d'une longue bataille pour augmenter la productivité par l'amélioration des techniques de production - ce qui a permis, excusez du peu, de donner les moyens à l'humanité de s'affranchir peu à peu des contraintes imposées par la nature. Voilà donc ce que la décroissance veut jeter par-dessus bord&nbsp;?
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Les marxistes reconnaissent généralement que bien des questions que posent les décroissants sont pertinentes&nbsp;: celle de la dépendance aux [[Production_d'énergie|énergies fossiles]] et de leur nuisance ([[Pollution_de_l'air|pollution de l'air]] et [[Dérèglement_climatique|dérèglement climatique]]), celle des effets sociaux néfastes de certaines technologies, celle des productions inutiles ou nuisibles...
   −
Et en quoi la «&nbsp;croissance&nbsp;», c'est-à-dire le fait que les richesses produites par la société humaine s'accroissent, pose-t-elle un problème&nbsp;? Ce constat devrait au contraire être plutôt réjouissant&nbsp;: plus la quantité de richesses produites augmente, plus se rapproche la possibilité pour l'humanité d'offrir «&nbsp;à chacun selon ses besoins&nbsp;». Et plutôt que de chercher à réduire la quantité de richesses produites par un retour à l'artisanat de village, il serait peut-être nécessaire de se demander comme faire profiter l'ensemble de l'humanité de cette abondance de richesses.
+
Mais d'une part, les marxistes ne voient pas la technologie en soi comme facteur de nuisance, et défendent l'idée qu'a minima, un certain niveau de productivité est nécessaire pour le [[Socialisme|socialisme]].
    +
Et surtout, d'autre part, les marxistes pensent que la [[Collectivisation|collectivisation]] des [[Moyens_de_production|moyens de production]] est nécessaire&nbsp;:
    +
*pour que la classe travailleuse puisse démocratiquement décider de ce qui est produit,
 +
*pour qu'elle puisse grâce à cette connaissance et maîtrise d'ensemble prendre en compte les impacts écologiques de la production en toute connaissance de cause,
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*pour que le but de la production soit la satisfaction des besoins sociaux et non plus les profits à tout prix.
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Alors, non, nous ne pensons pas que l'avenir de la société soit dans la réduction de la croissance à tout prix. Pas plus que nous ne pensons qu'il réside dans l'augmentation de la croissance à tout prix. Cette augmentation est, de fait, une des lois du capitalisme, système dans lequel le seul régulateur de la production est le marché aveugle. Personne, pas même les capitalistes eux-mêmes, n'a réellement de contrôle sur la production. Seule une société libérée de la concurrence, où la production serait démocratiquement planifiée en fonction des besoins, pourrait être une société où la croissance est maîtrisée - ce qui supposerait une croissance de la production de certaines marchandises si la hausse des besoins existe, et une décroissance de la production dans d'autres secteurs le cas échéant. Mais tout cela serait décidé et contrôlé par la population elle-même. Une telle société, cela s'appelle une société socialiste&nbsp;; et elle ne pourra voir le jour qu'à la suite d'une profonde révolution mondiale, qui mettra fin à la dictature des capitalistes sur la société.
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Pour certains marxistes, cette condition nécessaire est suffisante. Ils pensent que l'humanité socialiste sera capable d'utiliser les technologies et les ressources naturelles de façon durable. Le résultat en terme de [[Croissance|croissance]] est alors incertain, avec une croissance dans certains secteurs et une décroissance dans d'autres.
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Les décroissants veulent faire croire qu'il n'y a pas d'autre alternative pour l'humanité que de se noyer dans la graisse de la surproduction capitaliste d'un côté ou de rejeter tout progrès en acceptant, voire en se réjouissant, de sa misère. C'est au mieux une stupidité, au pire, un mensonge. Il existe une autre alternative - seule capable non seulement de résoudre les problèmes de pauvreté mais aussi ceux de la destruction de l'environnement par un capitalisme irresponsable et criminel&nbsp;: une révolution sociale, et l'instauration d'une société dirigée et contrôlée par la population elle-même&nbsp;: le communisme.
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Pour d'autres, il est nécessaire de combiner à cette lutte une lutte pour la conscience écologiste, et il sera nécessaire de militer plus activement pour une décroissance de la consommation d'[[Énergie|énergie]] et de ressources. C'est par exemple ce que dit Philippe Corcuff (ex membre de la [[Ligue_communiste_révolutionnaire_(France)|LCR]] puis du NPA, désormais à [[Alternative_libertaire|AL]])&nbsp;:
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<blockquote>«''&nbsp;Depuis la fin du 19<sup>e</sup> siècle, les différentes variantes de socialisme ont souvent été imbibées de productivisme, d'une croyance (...) qu'il suffisait de se débarrasser des chaînes de l'exploitation capitaliste pour résoudre tous les problèmes.&nbsp;»''<ref>Intervention de Philippe Corcuff le 2 mai 2009 lors d'un colloque organisé par le journal ''La Décroissance''.</ref></blockquote>
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Pour Corcuff, cela provient d'une ambiguité de Marx, qui était fasciné par les forces productives sans précédant de&nbsp;l'industrie capitaliste. On peut néanmoins répondre que Marx pouvait à la fois reconnaître les dégâts causés par le capitalisme et être convaincu que leur réutilisation rationelle était possible.
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=== NPA ===
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=== Relocalisation de l'économie&nbsp;? ===
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Dans les «&nbsp;principes fondateurs&nbsp;» du NPA - texte dans lequel il n'y a pas une seule occurrence du mot «&nbsp;[[Communisme|communisme]]&nbsp;» - on trouve le paragraphe suivant&nbsp;:''«&nbsp;En opposition aux modes de production et de consommation actuels, nous proposons la relocalisation de l'économie, la redistribution des richesses, la décroissance de la consommation des ressources non renouvelables...&nbsp;»''&nbsp;: «&nbsp;Relocaliser l'économie&nbsp;», qu'est-ce que cela veut dire&nbsp;? Que les différentes régions de la planète devraient vivre en autarcie&nbsp;? Voilà qui va compliquer quelque peu «&nbsp;la redistribution des richesses&nbsp;», vu que certaines régions de la planète sont totalement incapables, pour des raisons géographiques, climatiques et géologiques, de produire un certain nombre de richesses.
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Un des points concrets en débat, par exemple, est la question de la [[Relocalisation|relocalisation de l'économie]]. Etant donné les coûts [[Production_d'énergie|énergétiques]] des nombreux [[Transports|transports]] de marchandises, certains considèrent qu'il est nécessaire de rapprocher les lieux de production des lieux de consommation.
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Mais certains membres du NPA vont bien plus loin. Philippe Corcuff, enseignant à Sciences Po Lyon, sociologue et «&nbsp;spécialiste de philosophie politique&nbsp;», membre de la direction du NPA après l'avoir été de celle de la LCR, a ainsi participé, le 2 mai dernier, à un colloque organisé par le journal La Décroissance sur le thème&nbsp;: «&nbsp;Non au capitalisme vert&nbsp;». Dans son intervention, il souligne «&nbsp;les nouvelles convergences&nbsp;» entre «&nbsp;anticapitalisme et antiproductivisme&nbsp;». Dans le charabia prétentieux qui est souvent la langue des sociologues, Corcuff se félicite que chacun (anticapitalistes et antiproductivistes) ait ''«&nbsp;amorcé une autoanalyse critique de ses propres impensés&nbsp;»''. Et de poursuivre&nbsp;: «''&nbsp;Depuis la fin du XIXe siècle, les différentes variantes de socialisme ont souvent été imbibées de productivisme, d'une croyance (...) qu'il suffisait de se débarrasser des chaînes de l'exploitation capitaliste pour résoudre tous les problèmes&nbsp;»''. D'où viennent ces «&nbsp;croyances&nbsp;»&nbsp;? De Marx, bien sûr. Corcuff dénonce les «&nbsp;ambivalences&nbsp;» d'un Marx qui, d'une part, ''«&nbsp;semblait marqué par une fascination productiviste pour le développement industriel qu'il avait sous les yeux&nbsp;»'', et de l'autre dénonçait la production capitaliste qui ''«&nbsp;épuise en même temps les deux sources d'où jaillit toute richesse&nbsp;: la terre et le travailleur&nbsp;»'' ([[Le_Capital|Le_Capital]]). Ce raisonnement de Corcuff sur les «&nbsp;ambivalences&nbsp;» de Marx ne prouve qu'une chose&nbsp;: c'est que l'on peut être docteur en sociologie sans être capable de comprendre le BA-ba du marxisme. Oui, Marx était «&nbsp;fasciné&nbsp;» par les extraordinaires forces productives que le capitalisme était capable de faire sortir de terre&nbsp;; et oui, il était révolté par l'exploitation du prolétariat et par l'irresponsabilité avec laquelle les capitalistes traitaient la nature. Il en concluait donc qu'il fallait mettre les forces productives au service de la population en les arrachant aux capitalistes, par le moyen d'une [[Révolution_sociale|révolution sociale]]. Il n'y a ici pas plus d'ambivalence qu'il n'y a de marxisme dans la tête de Philippe Corcuff.
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Par exemple dans les «&nbsp;principes fondateurs&nbsp;» du [[Nouveau_Parti_Anticapitaliste|Nouveau parti anticapitaliste]] (NPA) figure le paragraphe suivant&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;En opposition aux modes de production et de consommation actuels, nous proposons la relocalisation de l'économie, la redistribution des richesses, la décroissance de la consommation des ressources non renouvelables...&nbsp;»''&nbsp;</blockquote>
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Ce que [[Lutte_ouvrière|Lutte ouvrière]] (LO) critique de la façon suivante&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;"Relocaliser l'économie", qu'est-ce que cela veut dire&nbsp;? Que les différentes régions de la planète devraient vivre en autarcie&nbsp;? Voilà qui va compliquer quelque peu «&nbsp;la redistribution des richesses&nbsp;», vu que certaines régions de la planète sont totalement incapables, pour des raisons géographiques, climatiques et géologiques, de produire un certain nombre de richesses.&nbsp;»'' (...) ''«&nbsp;''Pour nous, l'avenir est à la mondialisation communiste et pas, comme le prétend le décroissant Paul Ariès, à ''«&nbsp;une Europe dont chaque pays aurait ses propres moyens de vivre&nbsp;»''.</blockquote>
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Néanmoins, beaucoup d'intermédiaires sont possibles entre l'autarcie et les chaînes de production très éclatées de la [[Mondialisation|mondialisation]] capitaliste actuelle.
    
== Notes et sources ==
 
== Notes et sources ==

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