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[[Fichier:Various central banks.png|vignette|365x365px|Quatre grandes banques centrales]]
 
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Les '''politiques monétaires''' sont les décisions prises par les autorités (en général les [[banques centrales]]) au sujet de la monnaie (quantité en circulation, taux directeur...). Ces décisions visent fondamentalement à assurer la stabilité du [[capitalisme]], en général en suivant plus ou moins des théories [[Économie|économiques]] bourgeoises qui prétendent viser le plein emploi, la [[croissance]]...
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Les '''politiques monétaires''' sont les décisions prises par les autorités (en général les [[banques centrales]]) au sujet de la [[monnaie]] (quantité en circulation, taux directeur...). Ces décisions visent fondamentalement à assurer la stabilité du [[capitalisme]], en général en suivant plus ou moins des théories [[Économie|économiques]] bourgeoises qui prétendent viser le plein emploi, la [[croissance]]...
    
==Historique==
 
==Historique==
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===Keynes===
 
===Keynes===
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{{See also|Doctrine keynésienne}}
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[[Fichier:Keynes 1933.jpg|vignette|[[w:John Maynard Keynes|Keynes]] en 1933]]
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En 1924, John Maynard Keynes tient un discours-manifeste sur ''La fin du laisser-faire'', qui selon lui n'est plus l'unique moyen d’accéder à la prospérité. Dans le même temps, il critique « l’orthodoxie monétaire » dominante. En 1925, il condamne la décision de [[w:Winston Churchill|Churchill]] de rétablir en Angleterre l’[[étalon-or]] et la parité d’avant-guerre de la livre sterling. Dans ''Les Conséquences économiques de M. Churchill'', il l'accuse de mener une politique déflationniste de baisse des salaires.
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En 1924, Keynes tient un discours-manifeste sur ''La fin du laisser-faire'', qui selon lui n'est plus l'unique moyen d’accéder à la prospérité. Dans le même temps, il critique « l’orthodoxie monétaire » dominante. En 1925, il condamne la décision de [[w:Winston Churchill|Churchill]] de rétablir en Angleterre l’[[étalon-or]] et la parité d’avant-guerre de la livre sterling. Dans ''Les Conséquences économiques de M. Churchill'', il l'accuse de mener une politique déflationniste de baisse des salaires. On peut donc estimer que la dévaluation de la livre anglaise finalement décidée en 1931 et qui satisfaisait les intérêts économiques et nationaux de l’Angleterre, constituait une confirmation de ses positions théoriques.
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Mais c'est l'éclatement de la [[crise de 1929]] qui va décrédibiliser la doxa économique, et inciter les politiciens à tenter d'autres politiques monétaires. C'est une période de profond désarroi de l'économie bourgeoise.  
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«&nbsp;Nous connaissons mieux la vitesse du mouvement d'un électron que la vitesse de circulation de la monnaie. Nous savons davantage du cycle de la terre autour du soleil et du cycle du soleil dans l'univers que nous ne connaissons le cycle industriel&nbsp;»<ref>''Manchester Guardian,'' ''Banqueroute de l'économie politique'', 1<sup>er</sup> septembre 1931</ref>
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La dévaluation de la livre anglaise fut décidée en 1931, et fut considérée comme un infléchissement dans le sens de Keynes. Mais Keynes lui-même est encore peu éloigné de l'[[w:École néoclassique|école néoclassique]]. Dans son ''Traité sur la monnaie'' de 1930, il reprend encore la [[w:Théorie quantitative de la monnaie|théorie quantitative de la monnaie]]. Sous l'influence d'[[w:Alfred Marshall|Alfred Marshall]], il traite encore la [[monnaie]] comme un simple moyen d'échange, et non pas en même temps comme moyen d'échange et stock de valeur. C'est sous l'influence directe de la crise qu'il rédige en 1936 sa ''Théorie générale de l'Emploi, de l'Intérêt et de la Monnaie'' qui bouleverse ces conceptions traditionnelles.
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Dans son ''Traité sur la monnaie'' de 1930, Keynes reprend encore la théorie quantitative de la monnaie, d'inspiration néo-classique. Sous l 'influence d'Alfred Marshall, il traite encore la monnaie comme un simple moyen d'échange, et non pas en même temps comme moyen d'échange et stock de valeur. C'est sous l'influence directe de la crise qu'il rédige en 1936 sa Théorie générale de l'Emploi, de l'Intérêt et de la Monnaie qui bouleverse ces conceptions traditionnelles.
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Étant donné la forte instabilité des années 1930, il n'y a cependant pas réellement de théorie dominante.
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=== Synthèse néoclassique ===
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Après la fin de la [[Seconde guerre mondiale]], les grands pays capitalistes connaissent un redécollage de la [[croissance économique]] (due à des [[taux de profits]] élevés), qui dure trois décennies ([[Trente glorieuses]]). Dans cette période, une école de pensée économique se stabilise, appelée la [[w:Synthèse néoclassique|synthèse néoclassique]]. Elle incorpore des éléments de l'école néoclassique et des éléments [[Doctrine keynésienne|keynésiens]] (les aspects les plus modérés).
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=== Courbe de Phillips ===
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[[Fichier:Philips60.png|vignette|377x377px|Courbe de Phillips aux États-Unis dans les années 1960]]
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Un des éléments clés de la synthèse néoclassique est la [[w:Courbe de Phillips|courbe de Phillips]]. Il s'agit d'une relation entre le [[chômage]] et l'[[inflation]] : plus le chômage est élevé, plus l'inflation est basse, et vice-versa. Cette courbe a du succès parce qu'elle semble confirmée empiriquement : les statistiques au cours des années 1960 suivent la courbe.
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=== Stagflation ===
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En revanche, le monde capitaliste connaît une [[Crise des années 1970|instabilité croissante dans les années 1970]]. La [[croissance]] ralentit (en raison de la [[Baisse tendancielle du taux de profit|baisse des taux de profits]]), et le [[chômage]] augmente.
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Or, l'inflation augmente aussi. Les indicateurs économiques sortent de la courbe de Phillips. Pour désigner cette situation d'inflation malgré la stagnation économique, on parle alors de « [[w:Stagflation|stagflation]] ».
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C'est une période de profond désarroi de l'économie bourgeoise. Le ''Manchester Guardian'' publie le 1<sup>er</sup> septembre 1931 un article intitulé ''Banqueroute de l'économie politique'' qui se désole&nbsp;:
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«&nbsp;Nous connaissons mieux la vitesse du mouvement d'un électron que la vitesse de circulation de la monnaie. Nous savons davantage du cycle de la terre autour du soleil et du cycle du soleil dans l'univers que nous ne connaissons le cycle industriel&nbsp;»
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===Monétarisme===
 
===Monétarisme===
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Suite à l'[[Crise des années 1970|instabilité des années 1970]] et la baisse générale de la croissance, les préceptes keynésiens sont partout remis en question. C'est alors le retour sur le devant de la scène des partisans du laisser-faire, modernisés, nommés a posteriori les néolibéraux. Dans le domaine monétaire, le pendant du néolibéralisme est le [[Monétarisme|monétarisme]], dont le chantre est [[Milton_Friedman|Milton Friedman]].
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Les préceptes keynésiens sont partout remis en question. C'est alors le retour sur le devant de la scène des partisans du laisser-faire, modernisés, nommés a posteriori les [[Néolibéralisme|néolibéraux]]. Dans le domaine monétaire, le pendant du néolibéralisme est le [[Monétarisme|monétarisme]], dont le chantre est [[Milton_Friedman|Milton Friedman]]. Le monétarisme revient par certains aspects à la vision des ''[[w:Currency School|currencistes]]''. Il considère que la monnaie est neutre, et ne joue aucun rôle sur la croissance. Il faudrait donc abandonner toute idée de politique monétaire de [[Relance keynésienne|relance]]. Le seul enjeu de la monnaie est d'être en quantité adéquate par rapport aux besoins d'échange : s'il y en a trop en circulation, cela causera de l'[[inflation]]. Le seul rôle de la banque centrale doit donc être d'observer le taux de croissance et de définir la quantité de monnaie en fonction (en ajustant le taux directeur).
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[[w:Paul Volcker|Paul Volcker]] devient directeur de la [[w:Federal Reserve|banque centrale des États-Unis]] (Federal Reserve, ou Fed) en 1979. Inspiré par le monétarisme, il mène une politique de restriction monétaire ([[w:Choc Volcker|Choc Volcker]]), par le relèvement des taux directeurs. L'inflation diminue (mais la stagnation et le chômage continue).
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[[w:Alan Greenspan|Alan Greenspan]] devient directeur de la [[w:Federal Reserve|banque centrale des États-Unis]] en 1987 et le reste jusqu'en 2006. Il est considéré comme un pragmatique plus que comme un idéologue monétariste.
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[[w:Alan Greenspan|Alan Greenspan]] devient directeur de la Fed en 1987 et le reste jusqu'en 2006. Il est considéré comme un pragmatique plus que comme un idéologue monétariste. L'objectif de base de la Fed reste de minimiser l'inflation, mais elle n'hésite pas à mener quelques ajustements selon d'autres critères : diminution du taux directeur lors de crises de confiance dans le secteur bancaire, augmentation lorsqu'un trop gros risque de surchauffe spéculative est identifié.
    
==Utopies==
 
==Utopies==

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