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Le courant de pensée qui s'oppose frontalement à l'idéalisme est le [[Matérialisme|matérialisme]], dont une branche a donné le [[Marxisme|marxisme]].
 
Le courant de pensée qui s'oppose frontalement à l'idéalisme est le [[Matérialisme|matérialisme]], dont une branche a donné le [[Marxisme|marxisme]].
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==Idéalisme et spiritualisme==
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==Définitions==
 
On distingue communément deux formes d'idéalisme :
 
On distingue communément deux formes d'idéalisme :
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* l'idéalisme ontologique, ou métaphysique, ou idéalisme objectif : le monde « objectif » est de nature spirituelle (spiritualisme). Il s'oppose au matérialisme, qui affirme que seule la matière existe.
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* l'idéalisme ontologique, ou métaphysique, ou idéalisme objectif : le monde « objectif » est de nature spirituelle (spiritualisme). Il s'oppose au [[matérialisme]], qui affirme que seule la matière existe.
* l'idéalisme épistémologique, ou idéalisme subjectif :  le monde est formé par nos représentations. Il s'oppose au réalisme, qui affirme que le monde a une existence indépendante de la représentation que nous en avons.
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* l'idéalisme épistémologique, ou idéalisme subjectif :  le monde est formé par nos représentations. Il s'oppose au [[réalisme]], qui affirme que le monde a une existence indépendante de la représentation que nous en avons.
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==Mythes et religions==
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==Principales idées==
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===Mythes et religions===
 
Les [[Religions|religions]] sont des systèmes de croyances en une ou plusieurs entités surnaturelles. Selon la plupart des doctrines religieuses, la ou les divinités interviennent directement sur le cours du monde (miracles, punitions divines...) et de l'histoire ([[Conception_théologique_de_l'histoire|conception théologique de l'histoire]]).
 
Les [[Religions|religions]] sont des systèmes de croyances en une ou plusieurs entités surnaturelles. Selon la plupart des doctrines religieuses, la ou les divinités interviennent directement sur le cours du monde (miracles, punitions divines...) et de l'histoire ([[Conception_théologique_de_l'histoire|conception théologique de l'histoire]]).
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==Socratisme / Platonicisme==
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===Antiquité===
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{{Voir|Matérialisme antique}}
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Dans l'Antiquité européenne, les philosophes présocratiques étaient [[Matérialisme|matérialistes]] : [[w:Héraclite|Héraclite]], [[w:Démocrite|Démocrite]], [[w:Leucippe|Leucippe]], [[w:Diogène|Diogène]], [[w:Épicure|Épicure]], [[w:Lucrèce|Lucrèce]].
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C'est le courant de pensée théorisé par Socrate et plus tard ses adeptes (comme Platon). Ils s'opposent à la [[Conception_théologique_de_l'histoire|conception théologique de l'histoire]], prônent l'ouverture d'esprit (allégorie de la caverne).
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Ce matérialisme antique sera ensuite supplanté progressivement par l'[[idéalisme]], avec [[w:Parménide|Parménide]], [[w:Platon|Platon]], les [[w:Stoïciens|stoïciens]], puis les [[w:Pères de l'Église|pères de l'Église chrétienne]].
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[[w:Platon|Platon]] est le premier représentant de l'idéalisme objectif, avec sa [[w:Théorie des Idées|théorie des Idées]]. Pour lui seules les Idées existent réellement, ce sont les modèles parfaits dont les objets sensibles ne sont que de pauvres imitations, des productions dégradées. Le monde perçu par nos sens n'est qu'un tissu d'apparences trompeuses, sortes d' « ombres » ou de « reflets » que l'homme non initié prend à tort pour des objets réels.
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=== Siècle des Lumières===
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{{Voir|Matérialisme mécaniste}}
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Au 17<sup>e</sup> siècle, puis au 18<sup>e</sup>, un débat commence à émerger entre idéalisme et [[matérialisme]]. A cette époque  où l'on redécouvre avidement les philosophes de l'Antiquité, on s'empare de ce vieux clivage, et on le réexamine à la lumière des nouvelles avancées [[Science|scientifiques]].
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[[w:Leibniz|Leibniz]], en Allemagne, est le premier philosophe, au tout début du 18<abbr><sup>e</sup></abbr> siècle, à se réclamer de l'héritage de l'idéalisme, qu'il prétend dépasser. Il en forge la notion d'abord à des fins didactiques, pour opposer la doctrine platonicienne des Idées au matérialisme d'Epicure. Mais ce n'est pas avant [[w:Kant|Kant]] que l'idéalisme s'affirme comme une position revendiquée.
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[[w:George Berkeley|Berkeley]] développe la théorie de l'[[w:Idéalisme subjectif|idéalisme subjectif]]. Lui-même nomme sa théorie « [[w:Immatérialisme|immatérialisme]] ». Pour lui il n'y a que des idées dans le monde. Comme il ne nie pas le réalisme de certaines de nos perceptions (elles sont causées par quelque chose d'extérieur à nous), il fait intervenir Dieu, qui suscite tout ce que nous percevons.
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[[w:Kant|Kant]] fut le penseur majeur de l'idéalisme. Il appelait le sien l'idéalisme transcendantal. Pour lui, les choses en soi existent et nous en avons des aperçus par nos sens (réalisme empirique), mais nous ne pouvons jamais y accéder pleinement, parce que nos perceptions et nos raisonnements dépendent de la structure nos sens et de notre entendement, qui existent a priori (idéalisme métaphysique). Il se veut critique à la fois du réalisme métaphysique et de l'idéalisme empirique (Berkeley), qui sont pour lui les deux traditions dominantes en philosophie.
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Principalement en France, le [[matérialisme mécaniste]] connaît une forte ascension. Il est porté essentiellement par une [[bourgeoisie]] offensive face à l'[[obscurantisme]] féodal, qui exalte par là même ses valeurs et la supériorité du mode de production dont elle est porteuse. Mais la plupart de ces philosophes appliquent le matérialisme à des objets d'étude concrets, tout en continuant à raisonner en idéalistes dans tout ce qui touche à l'esprit humain et aux sociétés (l'histoire en particulier).
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=== Positivisme et empirisme ===
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Au 19<sup>e</sup> siècle, le [[positivisme]] d'[[w:Auguste Comte|Auguste Comte]] se développe et aura une forte influence. Le positivisme met l'accent sur les lois scientifiques et refuse la recherche des [[w:Causes premières|causes premières]] (renvoyées à de la [[métaphysique]]). Comte conçoit le processus historique comme une avancée vers davantage de rationalité scientifique (« [[w:Loi des trois états|loi des trois états]] »). Dans sa pensée, ce sont les « sciences positives » (mathématiques, physique, chimie…) qui doivent déboucher sur des explications de la psychologie ou des sociétés humaines. Par sa naïveté, le positivisme laisse la porte ouverte à l'idéalisme.
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Certains courants issus du positivisme vont évoluer effectivement vers des formes d'idéalisme.
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C'est le cas par exemple de l'[[w:Empiriocriticisme|empirio-criticisme]], courant qui cherchait à écarter la question de savoir s'il y avait une réalité extérieure, prétendant n'établir de connaissances que sur la base de nos sens. Ce courant eut du succès au début du 20<sup>e</sup> siècle, notamment parmi les bolchéviks. C'est ce qui a conduit [[Lénine]] a écrire ''[[Matérialisme et empiriocriticisme]]'' (1909), pour dénoncer ce qu'il voyait comme un agnosticisme faisant trop de concessions à l'idéalisme.
    
==Conception idéaliste de l'histoire==
 
==Conception idéaliste de l'histoire==
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{{voir|Conception téléologique de l'histoire}}
 
{{voir|Conception téléologique de l'histoire}}
 
Chez [[w:Kant|Kant]] apparaît déjà l'idée d'un [[sens de l'histoire]], qui serait la réalisation d'un progrès humain vers la [[raison]], la [[moralité]], et une civilisation [[Cosmopolitisme|cosmopolite]] pacifiée.
 
Chez [[w:Kant|Kant]] apparaît déjà l'idée d'un [[sens de l'histoire]], qui serait la réalisation d'un progrès humain vers la [[raison]], la [[moralité]], et une civilisation [[Cosmopolitisme|cosmopolite]] pacifiée.
 
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[[Fichier:Hegel portrait by Schlesinger 1831.jpg|vignette|280x280px|Complètement idéaliste, le système de Hegel s'approchait paradoxalement d'une vision matérialiste parce qu'il ne faisait pas intervenir la volonté et la conscience des hommes. ]]
 
La conception téléologique de l'histoire, développée notamment par [[Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel|Hegel]] au début du 19<sup>e</sup> siècle, est une forme particulière d'idéalisme historique. Hegel considère que toute l'histoire humaine n'est que le développement d'un Esprit universel, qui se réalise au travers de nombreuses expériences (évolutions, guerres, révolutions...) que les hommes font sans avoir conscience du grand but historique. Comme le note [[Plékhanov]], d'un côté c'est un idéalisme absolu (la seule conception à assumer d'être un idéalisme historique), de l'autre, paradoxalement, elle constitue la dernière étape avant la conception matérialiste de Marx.<ref>Gheorghi Plekhanov, ''[https://www.marxists.org/francais/plekhanov/works/1891/00/plekhanov_18910000.htm Pour le 60° anniversaire de la mort de Hegel]'', 1891</ref>
 
La conception téléologique de l'histoire, développée notamment par [[Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel|Hegel]] au début du 19<sup>e</sup> siècle, est une forme particulière d'idéalisme historique. Hegel considère que toute l'histoire humaine n'est que le développement d'un Esprit universel, qui se réalise au travers de nombreuses expériences (évolutions, guerres, révolutions...) que les hommes font sans avoir conscience du grand but historique. Comme le note [[Plékhanov]], d'un côté c'est un idéalisme absolu (la seule conception à assumer d'être un idéalisme historique), de l'autre, paradoxalement, elle constitue la dernière étape avant la conception matérialiste de Marx.<ref>Gheorghi Plekhanov, ''[https://www.marxists.org/francais/plekhanov/works/1891/00/plekhanov_18910000.htm Pour le 60° anniversaire de la mort de Hegel]'', 1891</ref>
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=== Critiques matérialistes de Hegel ===
 
=== Critiques matérialistes de Hegel ===
Marx et Engels sont issus du courant des ''«&nbsp;[[jeunes hégéliens]]&nbsp;»'' qui tentent de faire une lecture subversive de la pensée de [[Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel|Hegel]] dans l'Allemagne des années 1830. Mais ils vont progressivement s'approprier le [[matérialisme]] (notamment via [[Feuerbach]], mais en allant plus loin que ce dernier), et faire une critique radicale de l'idéalisme qui règne chez les jeunes hégélien comme dans toute la philosophie allemande. Ils développent cette critique dans [[L'idéologie_allemande|''L'idéologie allemande'']] (1844) :
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[[Fichier:Feuerbach Ludwig.jpg|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Feuerbach_Ludwig.jpg|alt=|vignette|268x268px|Feuerbach fut pour Marx et Engels une passerelle entre l'idéalisme de Hegel et le matérialisme]]Marx et Engels sont issus du courant des ''«&nbsp;[[jeunes hégéliens]]&nbsp;»'' qui tentent de faire une lecture subversive de la pensée de [[Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel|Hegel]] dans l'Allemagne des années 1830. Mais ils vont progressivement s'approprier le [[matérialisme]] (notamment via [[Feuerbach]], mais en allant plus loin que ce dernier), et faire une critique radicale de l'idéalisme qui règne chez les jeunes hégélien comme dans toute la philosophie allemande. Ils développent cette critique dans [[L'idéologie_allemande|''L'idéologie allemande'']] (1844) :
 
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''«&nbsp;Naguère un brave homme s'imaginait que, si les hommes se noyaient, c'est uniquement parce qu'ils étaient possédés par l'idée de la pesanteur. Qu'ils s'ôtent de la tête cette représentation, par exemple, en déclarant que c'était là une représentation religieuse, superstitieuse, et les voilà désormais à l'abri de tout risque de noyade. Sa vie durant il lutta contre cette illusion de la pesanteur dont toutes les statistiques lui montraient, par des preuves nombreuses et répétées, les conséquences pernicieuses. Ce brave homme, c'était le type même des philosophes révolutionnaires allemands modernes. &nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[[:fr:L'idéologie allemande, Volume 1|L'idéologie allemande]]'', écrit en 1844</ref>''
 
''«&nbsp;Naguère un brave homme s'imaginait que, si les hommes se noyaient, c'est uniquement parce qu'ils étaient possédés par l'idée de la pesanteur. Qu'ils s'ôtent de la tête cette représentation, par exemple, en déclarant que c'était là une représentation religieuse, superstitieuse, et les voilà désormais à l'abri de tout risque de noyade. Sa vie durant il lutta contre cette illusion de la pesanteur dont toutes les statistiques lui montraient, par des preuves nombreuses et répétées, les conséquences pernicieuses. Ce brave homme, c'était le type même des philosophes révolutionnaires allemands modernes. &nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[[:fr:L'idéologie allemande, Volume 1|L'idéologie allemande]]'', écrit en 1844</ref>''

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