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[[Fichier:Ernst Mach Inner perspective.jpg|vignette|412x412px|Autoportrait subjectif du physicien idéaliste [[w:Ernst Mach|Ernst Mach]]. Le monde extérieur et le corps du dessinateur y sont contenus dans la cavité apparente de l'œil, derrière laquelle semble prendre place l'esprit du dessinateur.]]
 
[[Fichier:Ernst Mach Inner perspective.jpg|vignette|412x412px|Autoportrait subjectif du physicien idéaliste [[w:Ernst Mach|Ernst Mach]]. Le monde extérieur et le corps du dessinateur y sont contenus dans la cavité apparente de l'œil, derrière laquelle semble prendre place l'esprit du dessinateur.]]
'''L'idéalisme''' revêt à la fois un sens courant, de rêveries utopiques, et un sens [[Philosophie|philosophique]], désignant les doctrines qui font préexister des Idées (dont les idées religieuses et (les) Dieu(x) peuvent être une forme) à la réalité matérielle.
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L''''idéalisme''' a un sens courant de quête d'un idéal, qui est accusé d'être [[Utopie|utopique]].
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L''''idéalisme en [[philosophie]]''' désigne les doctrines qui font préexister des Idées (dont les Dieux peuvent être une forme) à la réalité matérielle.
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Le '''spiritualisme''' a un sens très proche : cela désigne toute doctrine dans laquelle il y aurait une substance spirituelle (un ou des « esprits ») supérieure à la substance matérielle.
    
Le courant de pensée qui s'oppose frontalement à l'idéalisme est le [[Matérialisme|matérialisme]], dont une branche a donné le [[Marxisme|marxisme]].
 
Le courant de pensée qui s'oppose frontalement à l'idéalisme est le [[Matérialisme|matérialisme]], dont une branche a donné le [[Marxisme|marxisme]].
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==Idéalisme et spiritualisme==
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On distingue communément deux formes d'idéalisme :
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* l'idéalisme ontologique, ou métaphysique, ou idéalisme objectif : le monde « objectif » est de nature spirituelle (spiritualisme). Il s'oppose au matérialisme, qui affirme que seule la matière existe.
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* l'idéalisme épistémologique, ou idéalisme subjectif :  le monde est formé par nos représentations. Il s'oppose au réalisme, qui affirme que le monde a une existence indépendante de la représentation que nous en avons.
    
==Mythes et religions==
 
==Mythes et religions==
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C'est le courant de pensée théorisé par Socrate et plus tard ses adeptes (comme Platon). Ils s'opposent à la [[Conception_théologique_de_l'histoire|conception théologique de l'histoire]], prônent l'ouverture d'esprit (allégorie de la caverne).
 
C'est le courant de pensée théorisé par Socrate et plus tard ses adeptes (comme Platon). Ils s'opposent à la [[Conception_théologique_de_l'histoire|conception théologique de l'histoire]], prônent l'ouverture d'esprit (allégorie de la caverne).
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==Les utopismes==
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{{See also|Utopie}}
      
==Conception idéaliste de l'histoire==
 
==Conception idéaliste de l'histoire==
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L'origine du monde a d'abord été décrit, dans toutes les sociétés humaines, par des mythes. Dans les premières sociétés, la conception du temps est souvent cyclique, et on peut donc difficilement parler d'histoire. Mais dans tous les cas, ce sont des esprits surnaturels qui expliquent les changements qui touchent les hommes. Les premières conceptions humaines sont donc idéalistes.
 
L'origine du monde a d'abord été décrit, dans toutes les sociétés humaines, par des mythes. Dans les premières sociétés, la conception du temps est souvent cyclique, et on peut donc difficilement parler d'histoire. Mais dans tous les cas, ce sont des esprits surnaturels qui expliquent les changements qui touchent les hommes. Les premières conceptions humaines sont donc idéalistes.
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Les religions instituées vont donner un cadre plus formel, avec des dogmes expliquant le début et la fin de l'histoire (Création, Jugement dernier), les raisons des interventions divines...
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Les religions instituées vont donner un cadre plus formel, avec des dogmes expliquant le début et la fin de l'histoire (Création, Jugement dernier), les raisons des interventions divines... Elles vont avoir aussi tendance avec l'évolution historique à ne plus mettre en avant les miracles et autres interventions divines.
 
=== Matérialisme mécaniste des Lumières ===
 
=== Matérialisme mécaniste des Lumières ===
 
{{See also|Matérialisme mécaniste}}
 
{{See also|Matérialisme mécaniste}}
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===Idéalisme allemand et conception téléologique===
 
===Idéalisme allemand et conception téléologique===
 
{{voir|Conception téléologique de l'histoire}}
 
{{voir|Conception téléologique de l'histoire}}
Chez [[Kant]] apparaît déjà l'idée d'un [[sens de l'histoire]], qui serait la réalisation d'un progrès humain vers la [[raison]], la [[moralité]], et une civilisation [[Cosmopolitisme|cosmopolite]] pacifiée.
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Chez [[w:Kant|Kant]] apparaît déjà l'idée d'un [[sens de l'histoire]], qui serait la réalisation d'un progrès humain vers la [[raison]], la [[moralité]], et une civilisation [[Cosmopolitisme|cosmopolite]] pacifiée.
    
La conception téléologique de l'histoire, développée notamment par [[Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel|Hegel]] au début du 19<sup>e</sup> siècle, est une forme particulière d'idéalisme historique. Hegel considère que toute l'histoire humaine n'est que le développement d'un Esprit universel, qui se réalise au travers de nombreuses expériences (évolutions, guerres, révolutions...) que les hommes font sans avoir conscience du grand but historique. Comme le note [[Plékhanov]], d'un côté c'est un idéalisme absolu (la seule conception à assumer d'être un idéalisme historique), de l'autre, paradoxalement, elle constitue la dernière étape avant la conception matérialiste de Marx.<ref>Gheorghi Plekhanov, ''[https://www.marxists.org/francais/plekhanov/works/1891/00/plekhanov_18910000.htm Pour le 60° anniversaire de la mort de Hegel]'', 1891</ref>
 
La conception téléologique de l'histoire, développée notamment par [[Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel|Hegel]] au début du 19<sup>e</sup> siècle, est une forme particulière d'idéalisme historique. Hegel considère que toute l'histoire humaine n'est que le développement d'un Esprit universel, qui se réalise au travers de nombreuses expériences (évolutions, guerres, révolutions...) que les hommes font sans avoir conscience du grand but historique. Comme le note [[Plékhanov]], d'un côté c'est un idéalisme absolu (la seule conception à assumer d'être un idéalisme historique), de l'autre, paradoxalement, elle constitue la dernière étape avant la conception matérialiste de Marx.<ref>Gheorghi Plekhanov, ''[https://www.marxists.org/francais/plekhanov/works/1891/00/plekhanov_18910000.htm Pour le 60° anniversaire de la mort de Hegel]'', 1891</ref>
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=== Critiques matérialistes de Hegel ===
 
=== Critiques matérialistes de Hegel ===
Marx et Engels sont issus du courant des ''«&nbsp;[[jeunes_hégéliens|jeunes hégéliens]]&nbsp;»'' qui tentent de faire une lecture subversive de la pensée de [[Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel|Hegel]] dans l'Allemagne des années 1830. Mais ils vont progressivement s'approprier le [[matérialisme|matérialisme]] (notamment via [[Feuerbach|Feuerbach]], mais en allant plus loin que ce dernier), et faire une critique radicale de l'idéalisme qui règne chez les jeunes hégélien comme dans toute la philosophie allemande. Ils développent cette critique dans [[L'idéologie_allemande|''L'idéologie allemande'']] (1844) :
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Marx et Engels sont issus du courant des ''«&nbsp;[[jeunes hégéliens]]&nbsp;»'' qui tentent de faire une lecture subversive de la pensée de [[Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel|Hegel]] dans l'Allemagne des années 1830. Mais ils vont progressivement s'approprier le [[matérialisme]] (notamment via [[Feuerbach]], mais en allant plus loin que ce dernier), et faire une critique radicale de l'idéalisme qui règne chez les jeunes hégélien comme dans toute la philosophie allemande. Ils développent cette critique dans [[L'idéologie_allemande|''L'idéologie allemande'']] (1844) :
 
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''«&nbsp;Naguère un brave homme s'imaginait que, si les hommes se noyaient, c'est uniquement parce qu'ils étaient possédés par l'idée de la pesanteur. Qu'ils s'ôtent de la tête cette représentation, par exemple, en déclarant que c'était là une représentation religieuse, superstitieuse, et les voilà désormais à l'abri de tout risque de noyade. Sa vie durant il lutta contre cette illusion de la pesanteur dont toutes les statistiques lui montraient, par des preuves nombreuses et répétées, les conséquences pernicieuses. Ce brave homme, c'était le type même des philosophes révolutionnaires allemands modernes. &nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[[:fr:L'idéologie allemande, Volume 1|L'idéologie allemande]]'', écrit en 1844</ref>''
 
''«&nbsp;Naguère un brave homme s'imaginait que, si les hommes se noyaient, c'est uniquement parce qu'ils étaient possédés par l'idée de la pesanteur. Qu'ils s'ôtent de la tête cette représentation, par exemple, en déclarant que c'était là une représentation religieuse, superstitieuse, et les voilà désormais à l'abri de tout risque de noyade. Sa vie durant il lutta contre cette illusion de la pesanteur dont toutes les statistiques lui montraient, par des preuves nombreuses et répétées, les conséquences pernicieuses. Ce brave homme, c'était le type même des philosophes révolutionnaires allemands modernes. &nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[[:fr:L'idéologie allemande, Volume 1|L'idéologie allemande]]'', écrit en 1844</ref>''
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Par exemple, certains commentateurs du [[Mouvement pour abolition de l'esclavage|mouvement pour l'abolition de l'esclavage]] ont expliqué le passage d'une stratégie gradualiste à une stratégie plus radicale par l'adoption d'une morale kantienne...<ref>Olivier Pétré-Grenouilleau, ''Les Traites négrières, essai d'histoire globale'', Paris, Gallimard, 2004, 468 p. (<nowiki>ISBN 2-07-073499-4</nowiki>)</ref><ref>Cf. Page ''[[Abolitionnisme#De la difficulté de différer l'abolition de l'esclavage au XIXe siècle|Abolitionnisme]]'' sur Wikipédia</ref>
 
Par exemple, certains commentateurs du [[Mouvement pour abolition de l'esclavage|mouvement pour l'abolition de l'esclavage]] ont expliqué le passage d'une stratégie gradualiste à une stratégie plus radicale par l'adoption d'une morale kantienne...<ref>Olivier Pétré-Grenouilleau, ''Les Traites négrières, essai d'histoire globale'', Paris, Gallimard, 2004, 468 p. (<nowiki>ISBN 2-07-073499-4</nowiki>)</ref><ref>Cf. Page ''[[Abolitionnisme#De la difficulté de différer l'abolition de l'esclavage au XIXe siècle|Abolitionnisme]]'' sur Wikipédia</ref>
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==Les utopismes==
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{{See also|Utopie}}
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L'utopisme relève plutôt, a priori, du sens ordinaire d'idéalisme.
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Les écrivains qui ont rédigé des utopies savaient en général que la société idéale qu'ils proposaient avait très peu de chances d'arriver. Cependant en général, le genre de l'utopie comporte une ambigüité à ce sujet. La plupart des auteurs s'efforcent de démontrer que si l'on suit leurs hypothèses, la société décrite est bonne et rationnelle, donc désirable. Mais il y a souvent l'idée que cette société est tellement différente de l'actuelle, tellement en contradiction avec les mentalités ou les intérêts actuels, que cela rend impossible sa réalisation. Le genre est cependant, par la négative, une critique de la société contemporaine.
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Certains utopistes croyaient cependant qu'en prêchant des idées généreuses, ils pouvaient faire advenir la société de leurs rêves. C'est le cas de nombreux [[Socialisme utopique|socialistes utopiques]]. Dans le sens où ils croient avant tout au pouvoir des idées pour faire évoluer le monde (au détriment de l'analyse des [[Conditions objectives pour le socialisme|conditions matérielles permettant ou non le socialisme]]), cela relève de l'idéalisme au sens philosophique.
    
== Utilisation parmi les marxistes==
 
== Utilisation parmi les marxistes==

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