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==Conception idéaliste de l'histoire==
 
==Conception idéaliste de l'histoire==
{{voir|Idéalisme historique}}
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Les conceptions idéalistes de l'histoire regroupent les conceptions dans lesquelles les évolutions historiques de l'humanité sont déterminées avant tout par l'histoire des idées (On parle parfois d'idéalisme historique).
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===Conception théologique de l'histoire===
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{{Article détaillé|Conception théologique de l'histoire}}
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L'origine du monde a d'abord été décrit, dans toutes les sociétés humaines, par des mythes. Dans les premières sociétés, la conception du temps est souvent cyclique, et on peut donc difficilement parler d'histoire. Mais dans tous les cas, ce sont des esprits surnaturels qui expliquent les changements qui touchent les hommes. Les premières conceptions humaines sont donc idéalistes.
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Les religions instituées vont donner un cadre plus formel, avec des dogmes expliquant le début et la fin de l'histoire (Création, Jugement dernier), les raisons des interventions divines...
 
=== Matérialisme mécaniste des Lumières ===
 
=== Matérialisme mécaniste des Lumières ===
 
{{See also|Matérialisme mécaniste}}
 
{{See also|Matérialisme mécaniste}}
Rejetant l'intervention de Dieu dans l'histoire concrète des hommes, [[w:Voltaire|Voltaire]] et la plupart des philosophes du [[Siècle des Lumières|siècle des ''Lumières'']] expliquent l'évolution historique et ses événements par l'évolution des idées, des mœurs ou de l'opinion des hommes eux-mêmes qui prévaut à telle ou telle époque.
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Dans l'Europe du 17<sup>e</sup> siècle, sous la plume des [[Philosophie|philosophes]] des [[Lumières (XVIIIe s.)|Lumières]] et sous l’influence de la montée de la [[bourgeoisie]], les superstitions religieuses sont vivement combattues. Rejetant l'intervention de Dieu dans l'histoire concrète des hommes, [[w:Voltaire|Voltaire]] et la plupart des philosophes du [[Siècle des Lumières|siècle des ''Lumières'']] expliquent l'évolution historique et ses événements par l'évolution des idées, des mœurs ou de l'opinion des hommes eux-mêmes qui prévaut à telle ou telle époque.
    
Ainsi, pour Voltaire, la chute de l'[http://wikirouge.net/Empire_romain Empire romain] n'est pas du à une punition divine, mais bien aux mœurs de l'époque (et donc à la [http://wikirouge.net/wiki/index.php?title=Christianisme&action=edit&redlink=1 religion chrétienne]) qui empêchèrent une résistance efficace face aux invasions « barbares ».
 
Ainsi, pour Voltaire, la chute de l'[http://wikirouge.net/Empire_romain Empire romain] n'est pas du à une punition divine, mais bien aux mœurs de l'époque (et donc à la [http://wikirouge.net/wiki/index.php?title=Christianisme&action=edit&redlink=1 religion chrétienne]) qui empêchèrent une résistance efficace face aux invasions « barbares ».
    
D'autres philosophes tels [http://wikirouge.net/wiki/index.php?title=Paul_Henri_Thiry_d'Holbach&action=edit&redlink=1 d'Holbach] et [http://wikirouge.net/wiki/index.php?title=Claude-Adrien_Helvétius&action=edit&redlink=1 Helvétius], malgré une interprétation [[matérialiste]] de la [[nature]] (où ils rejetaient toute intervention de l'idée ou de dieu), étaient par contre également idéalistes en ce qui concerne l'histoire de l'humanité. Pour ces derniers, c'est l'ignorance ou les qualités intellectuelles des hommes qui expliquent l'évolution historique.
 
D'autres philosophes tels [http://wikirouge.net/wiki/index.php?title=Paul_Henri_Thiry_d'Holbach&action=edit&redlink=1 d'Holbach] et [http://wikirouge.net/wiki/index.php?title=Claude-Adrien_Helvétius&action=edit&redlink=1 Helvétius], malgré une interprétation [[matérialiste]] de la [[nature]] (où ils rejetaient toute intervention de l'idée ou de dieu), étaient par contre également idéalistes en ce qui concerne l'histoire de l'humanité. Pour ces derniers, c'est l'ignorance ou les qualités intellectuelles des hommes qui expliquent l'évolution historique.
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===Idéalisme allemand et conception téléologique===
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{{voir|Conception téléologique de l'histoire}}
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Chez [[Kant]] apparaît déjà l'idée d'un [[sens de l'histoire]], qui serait la réalisation d'un progrès humain vers la [[raison]], la [[moralité]], et une civilisation [[Cosmopolitisme|cosmopolite]] pacifiée.
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Ainsi, toutes ces conceptions idéalistes de l'histoire se ramènent à ceci&nbsp;: l'histoire à ses différentes époques s'explique par ce que les hommes pensent, par leurs idées, leur religion, leur capacités ou leur manque de capacités intellectuelles.
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La conception téléologique de l'histoire, développée notamment par [[Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel|Hegel]] au début du 19<sup>e</sup> siècle, est une forme particulière d'idéalisme historique. Hegel considère que toute l'histoire humaine n'est que le développement d'un Esprit universel, qui se réalise au travers de nombreuses expériences (évolutions, guerres, révolutions...) que les hommes font sans avoir conscience du grand but historique. Comme le note [[Plékhanov]], d'un côté c'est un idéalisme absolu (la seule conception à assumer d'être un idéalisme historique), de l'autre, paradoxalement, elle constitue la dernière étape avant la conception matérialiste de Marx.<ref>Gheorghi Plekhanov, ''[https://www.marxists.org/francais/plekhanov/works/1891/00/plekhanov_18910000.htm Pour le 60° anniversaire de la mort de Hegel]'', 1891</ref>
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=== Conception téléologique de Hegel ===
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En cherchant l'explication du devenir historique dans quelque chose qui ne dépend pas du [[libre arbitre]] de l'homme, Hegel assigne à la science la tâche d'expliquer les phénomènes historiques par des lois, et la solution du problème rend inutile l'hypothèse de l'Esprit , qui se révèle absolument impropre à cette mission.
{{voir|Conception téléologique de l'histoire}}
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Une des conséquences est que la philosophie n'a plus qu'un rôle d'interprétation du monde chez Hegel. Les philosophes des Lumières celle-ci a un rôle actif pour faire reculer l'[[obscurantisme]], elle est la principale force faisant avancer l'histoire. A l'inverse, pour Hegel la marche de l'histoire est faite purement inconsciemment par les hommes et les philosophies n'apparaissent qu'ensuite, correspondant au nouvel état du monde.
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''«&nbsp;Pour ce qui est de la doctrine concernant ce que doit être le monde, la philosophie arrive toujours trop tard. Pensée universelle, elle apparaît seulement lorsque la réalité a achevé son processus de formation et revêt un aspect déjà achevé... Quand la philosophie commence à tracer ses grises arabesques sur le fond grisaille de la réalité, elle ne peut plus lui rendre sa jeunesse ; elle peut seulement comprendre : la chouette de Minerve ne prend son vol qu'au crépuscule.&nbsp;»''
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=== Critiques matérialistes de Hegel ===
 
Marx et Engels sont issus du courant des ''«&nbsp;[[jeunes_hégéliens|jeunes hégéliens]]&nbsp;»'' qui tentent de faire une lecture subversive de la pensée de [[Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel|Hegel]] dans l'Allemagne des années 1830. Mais ils vont progressivement s'approprier le [[matérialisme|matérialisme]] (notamment via [[Feuerbach|Feuerbach]], mais en allant plus loin que ce dernier), et faire une critique radicale de l'idéalisme qui règne chez les jeunes hégélien comme dans toute la philosophie allemande. Ils développent cette critique dans [[L'idéologie_allemande|''L'idéologie allemande'']] (1844) :
 
Marx et Engels sont issus du courant des ''«&nbsp;[[jeunes_hégéliens|jeunes hégéliens]]&nbsp;»'' qui tentent de faire une lecture subversive de la pensée de [[Georg_Wilhelm_Friedrich_Hegel|Hegel]] dans l'Allemagne des années 1830. Mais ils vont progressivement s'approprier le [[matérialisme|matérialisme]] (notamment via [[Feuerbach|Feuerbach]], mais en allant plus loin que ce dernier), et faire une critique radicale de l'idéalisme qui règne chez les jeunes hégélien comme dans toute la philosophie allemande. Ils développent cette critique dans [[L'idéologie_allemande|''L'idéologie allemande'']] (1844) :
 
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''«&nbsp;Naguère un brave homme s'imaginait que, si les hommes se noyaient, c'est uniquement parce qu'ils étaient possédés par l'idée de la pesanteur. Qu'ils s'ôtent de la tête cette représentation, par exemple, en déclarant que c'était là une représentation religieuse, superstitieuse, et les voilà désormais à l'abri de tout risque de noyade. Sa vie durant il lutta contre cette illusion de la pesanteur dont toutes les statistiques lui montraient, par des preuves nombreuses et répétées, les conséquences pernicieuses. Ce brave homme, c'était le type même des philosophes révolutionnaires allemands modernes. &nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[[:fr:L'idéologie allemande, Volume 1|L'idéologie allemande]]'', écrit en 1844</ref>''
 
''«&nbsp;Naguère un brave homme s'imaginait que, si les hommes se noyaient, c'est uniquement parce qu'ils étaient possédés par l'idée de la pesanteur. Qu'ils s'ôtent de la tête cette représentation, par exemple, en déclarant que c'était là une représentation religieuse, superstitieuse, et les voilà désormais à l'abri de tout risque de noyade. Sa vie durant il lutta contre cette illusion de la pesanteur dont toutes les statistiques lui montraient, par des preuves nombreuses et répétées, les conséquences pernicieuses. Ce brave homme, c'était le type même des philosophes révolutionnaires allemands modernes. &nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[[:fr:L'idéologie allemande, Volume 1|L'idéologie allemande]]'', écrit en 1844</ref>''
 
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Tout cela conduira Marx et Engels à élaborer leur [[Matérialisme historique|conception matérialiste de l'histoire]].
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=== Exemples d'idéalisme contemporain ===
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Même si l'analyse des faits historiques a beaucoup été influencée par le marxisme, et que globalement même chez les historiens non marxistes l'attention est beaucoup plus portée sur les facteurs matériels, des formes d'idéalisme historique sont présentes assez souvent dans certaines analyses.
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Par exemple, certains commentateurs du [[Mouvement pour abolition de l'esclavage|mouvement pour l'abolition de l'esclavage]] ont expliqué le passage d'une stratégie gradualiste à une stratégie plus radicale par l'adoption d'une morale kantienne...<ref>Olivier Pétré-Grenouilleau, ''Les Traites négrières, essai d'histoire globale'', Paris, Gallimard, 2004, 468 p. (<nowiki>ISBN 2-07-073499-4</nowiki>)</ref><ref>Cf. Page ''[[Abolitionnisme#De la difficulté de différer l'abolition de l'esclavage au XIXe siècle|Abolitionnisme]]'' sur Wikipédia</ref>
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== Utilisation parmi les marxistes==
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La caractérisation d'idéalisme dans les conceptions de tel ou tel courant va être utilisée ultérieurement dans les critiques entre marxistes. Par exemple, [[Trotski]] l'utilise en 1909 lorsqu'il oppose sa [[théorie de la révolution permanente]] à la ''«&nbsp;[[dictature démocratique des ouvriers et des paysans]]&nbsp;»'' de [[Lénine]].<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905_a_2.htm Nos différends]'', 1909</ref>
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Quelle est la cause principale de la dégénérescence [[réformiste]] de la [[social-démocratie allemande]] et de la [[Internationale Ouvrière|Deuxième internationale]] ? [[Walter Benjamin]] écrivait : « Rien n’a plus corrompu le mouvement ouvrier allemand que la conviction de nager dans le sens du courant. »<ref>Walter Benjamin, « Sur le concept d’histoire » in ''Œuvres III'', Folio Gallimard, 2000, p. 438.</ref> Si l'on est convaincu que la victoire du socialisme est inéluctable (et les directions social-démocrates diffusaient ce genre de discours), il n'y a pas d'importance particulière à faire vivre une [[Tactique et stratégie|stratégie]] [[Parti révolutionnaire|révolutionnaire]]. Accorder une trop grande importance à ce type de discours cependant, c'est attribuer à la sphère des idées l'influence principale sur l'évolution de la social-démocratie (au détriment notamment du facteur socio-économique : la [[collaboration de classe]] et ses effets bien matériels sur les [[Bureaucratie syndicale|bureaucrates des syndicats]] et partis ouvriers).
 
==Bibliographie ==
 
==Bibliographie ==
  

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