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− | ''« Ce fut une femme — Alexandra Kollontaï — qui dirigea la première opposition organisée contre les lignes de Lénine et de Trotsky. Alexandra n’était pas une Bolchevik des débuts, mais elle avait rejoint le Parti encore avant Trotsky, et bien avant moi. En ces premières années de la Révolution, elle était souvent un sujet de contrariété, à la fois personnel et politique, pour les dirigeants du Parti. Plus d’une fois, le Comité centrai avait voulu que je la remplace à la direction du mouvement des femmes, espérant ainsi faciliter la campagne lancée contre elle et l’isoler des travailleuses. Heureusement, j’avais percé l’intrigue et refusé ces offres, soulignant que personne ne pouvait s’acquitter de ce travail mieux qu’elle, et m’efforçant d’augmenter son prestige et sa popularité chaque fois qu’il m’était possible. »<ref>Angelica Balabanoff, ''Ma vie de rebelle'', 1981</ref>'' | + | ''« Ce fut une femme — Alexandra Kollontaï — qui dirigea la première opposition organisée contre les lignes de Lénine et de Trotsky. Alexandra n’était pas une Bolchevik des débuts, mais elle avait rejoint le Parti encore avant Trotsky, et bien avant moi. En ces premières années de la Révolution, elle était souvent un sujet de contrariété, à la fois personnel et politique, pour les dirigeants du Parti. Plus d’une fois, le Comité central avait voulu que je la remplace à la direction du mouvement des femmes, espérant ainsi faciliter la campagne lancée contre elle et l’isoler des travailleuses. Heureusement, j’avais percé l’intrigue et refusé ces offres, soulignant que personne ne pouvait s’acquitter de ce travail mieux qu’elle, et m’efforçant d’augmenter son prestige et sa popularité chaque fois qu’il m’était possible. »<ref>Angelica Balabanoff, ''Ma vie de rebelle'', 1981</ref>'' |
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| Au 9<sup>e</sup> congrès du Parti (mars 1920), les derniers vestiges de l’autonomie syndicale et du pouvoir ouvrier dans l’industrie furent balayés ; l’autorité passa aux mains des commissaires politiques. En réaction, Kollontaï distribua aux délégués de la conférence du parti une brochure exprimant les positions de l'Opposition, qui déclencha une grande colère du Comité central et de Lénine en tête : | | Au 9<sup>e</sup> congrès du Parti (mars 1920), les derniers vestiges de l’autonomie syndicale et du pouvoir ouvrier dans l’industrie furent balayés ; l’autorité passa aux mains des commissaires politiques. En réaction, Kollontaï distribua aux délégués de la conférence du parti une brochure exprimant les positions de l'Opposition, qui déclencha une grande colère du Comité central et de Lénine en tête : |
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| Dans la périphérie de l'Opposition ouvrière, des hommes comme [[Gabriel_Miasnikov|Miasnikov]] et [[Alexandre_Bogdanov|Bogdanov]] commençaient à mettre en question la suprématie du Parti, ou la [[Nature_de_l'Etat_russe|nature de classe de l’État russe]]. | | Dans la périphérie de l'Opposition ouvrière, des hommes comme [[Gabriel_Miasnikov|Miasnikov]] et [[Alexandre_Bogdanov|Bogdanov]] commençaient à mettre en question la suprématie du Parti, ou la [[Nature_de_l'Etat_russe|nature de classe de l’État russe]]. |
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| + | Malgré la tempête politique que souleva l'Opposition Ouvrière, on dispose de peu de documents sur cette tendance. Le peu d'information qui existe provient essentiellement de sources léninistes<ref>Par exemple Rabochaya oppozitsiya [L'Opposition Ouvrière] de K. Shelavin, Moscou, 1930.</ref>. La violence des attaques contre l'Opposition Ouvrière laisse supposer qu'elle jouissait d'une assez grande influence dans les usines parmi les ouvriers de la base, au point d'inquiéter sérieusement la direction du parti. [[Alexandre Chliapnikov|Chliapnikov]] (qui fut le premier Commissaire au Travail), [[Loutovinov]] et Medvedev, leaders métallurgistes, en furent les principaux représentants. Géographiquement, elle semble s'être concentrée dans certains secteurs du sud-est de la Russie d'Europe : le bassin du Donetz, les régions du Don et du Kouban et la province de Samara sur la Volga. À Samara, en 1921, l'Opposition Ouvrière contrôlait de fait l'organisation du Parti. Avant la crise du Parti en Ukraine, fin 1920, les membres de l'Opposition avaient une majorité de sympathisants dans l'ensemble de la république. Les autres points forts de l'Opposition étaient dans la province de Moscou, où elle réunissait approximativement le quart des voix du Parti, et le syndicat des métallurgistes dans tout le pays. Lorsque [[Mikhaïl Tomski|Tomsky]] abandonna les syndicalistes pour passer dans le camp léniniste, vers la fin de 1921, il voulut «expliquer» l'influence de l'Opposition Ouvrière par la popularité des idées de « démocratie industrielle » et des idées « anarcho-syndicalistes » chez les métallurgistes. Il ne faut du reste pas oublier que ces mêmes métallurgistes avaient constitué, en 1917, le fer de lance du mouvement des [[Comité d’usine|Comités d'usine]]. |
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| ===Le 10<sup>e</sup> congrès=== | | ===Le 10<sup>e</sup> congrès=== |