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Plusieurs meetings, [[Manifestation|manifestations]], grèves se font l’écho de revendications [[Démocratie|démocratiques]] et d’achèvement de cette « guerre ruineuse et criminelle » dans laquelle la Russie, qui vantait alors sa supériorité militaire, s’enlise. Le 17 décembre 1904, quatre ouvriers sont renvoyés des usines Poutilov, industrie de la défense nationale. Devant le refus de la direction de les réintégrer, les salariés se mettent en [[Grève|grève]] le 3 janvier. Plus gros complexe [[Industrie|industriel]] de Saint-Pétersbourg, ce sont alors 13 000 ouvriers qui tiennent tête à la direction. Le mouvement s’étend aux entreprises voisines : le vendredi 7 janvier,100 000 grévistes paralysent la région. Le lendemain, ils sont le double. La capitale est privée de transports, d’électricité, de journaux.
 
Plusieurs meetings, [[Manifestation|manifestations]], grèves se font l’écho de revendications [[Démocratie|démocratiques]] et d’achèvement de cette « guerre ruineuse et criminelle » dans laquelle la Russie, qui vantait alors sa supériorité militaire, s’enlise. Le 17 décembre 1904, quatre ouvriers sont renvoyés des usines Poutilov, industrie de la défense nationale. Devant le refus de la direction de les réintégrer, les salariés se mettent en [[Grève|grève]] le 3 janvier. Plus gros complexe [[Industrie|industriel]] de Saint-Pétersbourg, ce sont alors 13 000 ouvriers qui tiennent tête à la direction. Le mouvement s’étend aux entreprises voisines : le vendredi 7 janvier,100 000 grévistes paralysent la région. Le lendemain, ils sont le double. La capitale est privée de transports, d’électricité, de journaux.
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Le premier soviet est apparu à Ivanovo-Voznessensk, le « Manchester russe »  : il est né d'un [[comité_de_grève|comité de grève]] et d'assemblées quotidiennes de grévistes pendant les 72 jours du conflit.
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Le premier soviet est apparu à Ivanovo-Voznessensk, le « Manchester russe »  : il est né d'un [[Comité_de_grève|comité de grève]] et d'assemblées quotidiennes de grévistes pendant les 72 jours du conflit.
    
=== La pétition de Gapone et le Dimanche sanglant ===
 
=== La pétition de Gapone et le Dimanche sanglant ===
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En août, face à la situation, le Tsar annonce la création d’une assemblée représentative, la [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|Douma d'Etat]]. Il signe également la paix avec le Japon car il ne peut plus assurer le coût économique et politique de la guerre. Calcul illusoire : le peuple n’est plus disposé à accepter un os à ronger. Comme il en a plus ou moins confusément l’intuition, l’annonce de cette Douma constitue le dernier verrou protégeant l’[[Autocratie|autocratie]]. Qu’il cède, et le régime lui-même se trouverait remis en cause. Telle est l’atmosphère d’espérance révolutionnaire et de rejet de l’autocratie qui explique la grève générale d’octobre. Le mouvement atteint en effet son apogée au cours de l’automne 1905. Environ un million de personnes sont en grève en octobre. « À bas la monarchie tsariste ! Vive la République démocratique ! Vive la révolte armée ! » Tels sont les mots d’ordre à travers la Russie de dizaines de soviets qui assument de plus en plus le rôle d’un gouvernement révolutionnaire provisoire. Il apparaît à un nombre croissant d’ouvriers que l’aboutissement de la révolution dépend de la lutte armée.
 
En août, face à la situation, le Tsar annonce la création d’une assemblée représentative, la [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|Douma d'Etat]]. Il signe également la paix avec le Japon car il ne peut plus assurer le coût économique et politique de la guerre. Calcul illusoire : le peuple n’est plus disposé à accepter un os à ronger. Comme il en a plus ou moins confusément l’intuition, l’annonce de cette Douma constitue le dernier verrou protégeant l’[[Autocratie|autocratie]]. Qu’il cède, et le régime lui-même se trouverait remis en cause. Telle est l’atmosphère d’espérance révolutionnaire et de rejet de l’autocratie qui explique la grève générale d’octobre. Le mouvement atteint en effet son apogée au cours de l’automne 1905. Environ un million de personnes sont en grève en octobre. « À bas la monarchie tsariste ! Vive la République démocratique ! Vive la révolte armée ! » Tels sont les mots d’ordre à travers la Russie de dizaines de soviets qui assument de plus en plus le rôle d’un gouvernement révolutionnaire provisoire. Il apparaît à un nombre croissant d’ouvriers que l’aboutissement de la révolution dépend de la lutte armée.
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Le coeur du mouvement est la classe ouvrière. Sa radicalité effraie la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]], qui préfère se jeter dans les bras du régime pour sauver ses propriétés. Les industriels généralisent les [[Lock-out|lock-out]], rendant un service inappréciable pour l'écrasement de la révolution.
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Le coeur du mouvement est la [[classe_ouvrière|classe ouvrière]]. Sa radicalité effraie la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]], qui préfère se jeter dans les bras du régime pour sauver ses propriétés. Les industriels généralisent les [[Lock-out|lock-out]], rendant un service inappréciable pour l'écrasement de la révolution.
    
=== La contre-révolution s'abat ===
 
=== La contre-révolution s'abat ===
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== Les leçons de 1905 pour les révolutionnaires ==
 
== Les leçons de 1905 pour les révolutionnaires ==
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La Russie ne compte que quelques milliers de révolutionnaires début 1905, regroupés depuis peu dans un même parti. La révolution de 1905 va éclaircir et mettre au test les conceptions différentes à l’intérieur de leur organisation, entre les mencheviks et les bolcheviks : si les deux pensent au départ, selon le schéma [[Marxisme|marxiste]] classique, que le niveau de développement en Russie ne peut conduire dans un premier temps qu’à une [[Révolution_démocratique|révolution démocratique]], les mencheviks en concluent que ce sont les libéraux (la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] naissante) qui doivent en assurer la direction (comme ce fut le cas lors des [[Révolution_française|révolutions française]] et [[Révolution_anglaise|anglaise]]), alors que les bolcheviks affirment que seule la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]], en s’alliant avec les [[Paysannerie|paysans]], peut accomplir cette tâche.
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La Russie ne compte que quelques milliers de révolutionnaires début 1905, regroupés depuis peu dans un même parti. La révolution de 1905 va éclaircir et mettre au test les conceptions différentes à l’intérieur de leur organisation, entre les [[mencheviks|mencheviks]] et les [[bolcheviks|bolcheviks]] : si les deux pensent au départ, selon le schéma [[Marxisme|marxiste]] classique, que le niveau de développement en Russie ne peut conduire dans un premier temps qu’à une [[Révolution_démocratique|révolution démocratique]], les mencheviks en concluent que ce sont les libéraux (la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] naissante) qui doivent en assurer la direction (comme ce fut le cas lors des [[Révolution_française|révolutions française]] et [[Révolution_anglaise|anglaise]]), alors que les bolcheviks affirment que seule la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]], en s’alliant avec les [[Paysannerie|paysans]], peut accomplir cette tâche.
    
=== Des opportunités à ne pas manquer ===
 
=== Des opportunités à ne pas manquer ===
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Peu avant les événements de 1905, les [[Libéralisme|libéraux]] prennent l’initiative d’une campagne pour la démocratisation du pays. Les [[Menchévisme|mencheviks]] poussent la population à y participer. En janvier 1905, quand les événements populaires surgissent, ces mêmes libéraux estiment que le changement, la révolution est impossible car le peuple n’est pas suffisamment éduqué. De leur côté, les [[Bolchévisme|bolcheviks]] et les mencheviks sont, dans un premier temps, hostiles au soulèvement : comment soutenir une [[Manifestation|manifestation]] qui paraissait tenir autant de la procession [[Religion|religion]] que de la démonstration [[Politique|politique]], pour remettre au Tsar de toutes les Russies une requête au style révérencieux ? Mais alors que, sous la pression populaire, les mencheviks se joignent au mouvement, les bolcheviks ne sont qu’une quinzaine à défiler à Saint-Pétersbourg le jour du [[Dimanche_rouge|Dimanche rouge]]. Pendant des mois, [[Lénine|Lénine]] se bat contre le [[Sectarisme|sectarisme]] des militants à l’égard des événements et des formes confuses qu’ils prenaient. En fait, les révolutionnaires n’ont joué qu’un rôle négligeable dans les premiers mois de 1905. Il faut attendre l’automne pour qu’au travers des [[Soviet|soviets]] se développe l’alliance entre les militants [[Socialisme|socialistes]] et le monde [[Classe_ouvrière|ouvrier]] en [[Grève|grève]].
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Peu avant les événements de 1905, les [[Libéralisme|libéraux]] prennent l’initiative d’une campagne pour la démocratisation du pays. Les [[Menchévisme|mencheviks]] poussent la population à y participer. En janvier 1905, quand les événements populaires surgissent, ces mêmes libéraux estiment que le changement, la révolution est impossible car le peuple n’est pas suffisamment éduqué. De leur côté, les [[Bolchévisme|bolcheviks]] et les [[mencheviks|mencheviks]] sont, dans un premier temps, réticents face au soulèvement : comment soutenir une [[Manifestation|manifestation]] qui paraissait tenir autant de la procession [[Religion|religion]] que de la démonstration [[Politique|politique]], pour remettre au Tsar de toutes les Russies une requête au style révérencieux ? Mais sous la pression populaire, les mencheviks se joignent au mouvement, tandis que les bolcheviks ne sont qu’une quinzaine à défiler à Saint-Pétersbourg le jour du [[Dimanche_rouge|Dimanche rouge]]. Pendant des mois, [[Lénine|Lénine]] se bat contre le [[Sectarisme|sectarisme]] des militants à l’égard des événements et des formes confuses qu’ils prenaient. Il défend même la nécessité de s'interesser aux courants progressistes qui émergent à la base de l'église orthodoxe.
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De fait, les cadres des partis n’ont joué qu’un rôle négligeable dans les premiers mois de 1905, à quelques exceptions près, comme le jeune officier menchévik [[Vladimir_Antonov-Ovseïenko|Antonov-Ovseïenko]] qui dirige sa propre unité dans le soulèvement de Sebastopol. Il faut attendre l’automne pour qu’au travers des [[Soviet|soviets]] se développe l’alliance entre les militants [[Socialisme|socialistes]] et le monde [[Classe_ouvrière|ouvrier]] en [[Grève|grève]].
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=== Les socialistes et les soviets ===
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Ce sont les menchéviks qui ont le plus soutenu la création des soviets à l'origine. Mais la plupart y voyaient seulement un moyen de créer un parti de masse ou des syndicats à l'allemande, et en aucun cas des organes de pouvoir durables. Les mencheviks de Saint-Pétersbourg sous l'influence de [[Trotsky|Trotsky]], agissent en contradiction avec la ligne des dirigeants de l'émigration.
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Les bolcheviks ont été beaucoup plus réticents à l'égard des soviets  : certains y voient une tentative de dresser un organisme informe et irresponsable en rival de l'autorité du parti. Les bolcheviks de Saint-Pétersbourg commencent par refuser de participer en tant que tels au soviet des délégués ouvriers et il faudra, pour les y décider, tout le prestige et l'insistance de [[Trotsky|Trotsky]] auprès de [[Krassine|Krassine]], représentant du comité central. De manière générale, ceux qui sont les plus favorables aux soviets ne consentent à y voir, dans le meilleur des cas, que des auxiliaires du parti.
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C'est ainsi qu'après la dissolution du soviet de Pétersbourg, Lénine approuve les [[bolcheviks|bolcheviks]] qui s'y sont opposés à l'admission des [[Anarchistes_russes|anarchistes]]  : à ses yeux, le soviet n'est « ni un parlement ouvrier, ni un organe d'auto gouvernement prolétarien », mais seulement une « organisation de combat pour atteindre des buts définis ». En 1907, il admet qu'il faudrait étudier scientifiquement la question de savoir si les soviets constituent vraiment « un pouvoir révolutionnaire ». En janvier 1917, dans une conférence sur la révolution de 1905, il ne mentionne les soviets qu'en passant, les définissant comme des « organes de lutte ». C'est seulement au cours des semaines suivantes qu'il modifiera son analyse, sous l'influence de [[Boukharine|Boukharine]], de [[Pannekoek|Pannekoek]], et surtout du rôle joué par les nouveaux [[soviets|soviets]] russes.
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Sur cette question aussi, [[Trotsky|Trotsky]] fait figure d'isolé et de précurseur. Placé au cœur de l'expérience du soviet de Pétersbourg, il en dégage les leçons et conclut&nbsp; : ''«&nbsp;Il n'y a aucun doute qu'à la prochaine explosion révolutionnaire, de tels conseils ouvriers se formeront dans tout le pays. Un soviet pan-russe des ouvriers, organisé par un congrès national, [...] assurera la direction.&nbsp;» '' Trotsky dit haut et fort, même devant ses juges, que le soviet, ''«&nbsp;organisation-type de la révolution&nbsp;»'', parce qu' ''«&nbsp;organisation même du prolétariat&nbsp;»'' serait l'''«&nbsp;organe du pouvoir du prolétariat. »''<ref>Trotsky, ''Discours devant le tribunal'', 19 sept. 1906 », cité par Fourth International, mars 1942, p. 85. </ref>
    
=== Donner une direction ===
 
=== Donner une direction ===
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Milioukov, dirigeant du parti [[Libéralisme|libéral]], le parti Cadet (KD), affirmera alors que ''«&nbsp;la classe ouvrière avait à tel point lié son sort à celui du parti social-démocrate [les révolutionnaires], que le parti cadet n’y avait plus le moindre accès&nbsp;»''. Le danger que représente pour les libéraux cette situation les amène à accueillir favorablement les promesses de démocratisation que fait le Tsar en août, contre le sentiment général populaire. Et les mencheviks commencèrent à y voir un danger&nbsp;: il ne fallait pas effrayer les libéraux et les exclure de ce combat. Ainsi s’amorce entre les dirigeants des deux fractions un débat crucial&nbsp;: faut-il aller jusqu’à prendre les armes&nbsp;? Selon Plekhanov et les mencheviks, la situation ne le permet pas&nbsp;; face à la répression du gouvernement tsariste, il paraît tout aussi insensé de vouloir s’affronter. Il n’y a qu’un pas vers la conclusion qu’ils tirent peu de temps après&nbsp;: l’échec de la tentative révolutionnaire démontre la validité de la politique par étape (et donc, de la politique [[Réformisme|réformiste]]).
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Milioukov, dirigeant du parti bourgeois libéral, le [[parti_KD|parti KD]], affirmera alors que ''«&nbsp;la classe ouvrière avait à tel point lié son sort à celui du parti social-démocrate, que le parti KD n’y avait plus le moindre accès&nbsp;»''. Le danger que représente pour les libéraux cette situation les amène à accueillir favorablement les promesses de démocratisation que fait le Tsar en août, contre le sentiment général populaire. Et les mencheviks commencèrent à y voir un danger&nbsp;: il ne fallait pas effrayer les libéraux et les exclure de ce combat. Ainsi s’amorce entre les dirigeants des deux fractions un débat crucial&nbsp;: faut-il aller jusqu’à prendre les armes&nbsp;? Selon Plekhanov et les mencheviks, la situation ne le permet pas&nbsp;; face à la répression du gouvernement tsariste, il paraît tout aussi insensé de vouloir s’affronter. Il n’y a qu’un pas vers la conclusion qu’ils tirent peu de temps après&nbsp;: l’échec de la tentative révolutionnaire démontre la validité de la politique par étape (et donc, de la politique [[Réformisme|réformiste]]).
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Pour Lénine, et les bolcheviks, le développement de la révolution russe conduit inéluctablement à une lutte armée entre le [[Gouvernement|gouvernement]] du Tsar et les ouvriers. Aussi soutiennent-ils le soulèvement de Moscou. Et de la défaite de la révolution ils concluront à un défaut de préparation, de coordination et d’organisation. Ce qui manquait à la révolution, «&nbsp;c’était d’une part, la fermeté, la résolution des masses trop sujettes à la maladie de la confiance et, d’autre part, une organisation des ouvriers social-démocrates à même d’assumer la direction du mouvement, de prendre la tête de l’armée révolutionnaire et de déclencher l’offensive contre les autorités gouvernementales» Ce fut la leçon de cette extraordinaire année pour les dirigeants révolutionnaires&nbsp;: pour Lénine, l’évolution générale du [[Capitalisme|capitalisme]] allait conduire à l’élimination de ces deux défauts. Et [[Révolution_russe_(1917)|1917]] allait lui donner raison.
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Pour [[Lénine|Lénine]] et les [[bolcheviks|bolcheviks]], le développement de la révolution russe conduit inéluctablement à une lutte armée entre le [[Gouvernement|gouvernement]] du Tsar et les ouvriers. Aussi soutiennent-ils le soulèvement de Moscou. Et de la défaite de la révolution ils concluront à un défaut de préparation, de coordination et d’organisation. Ce qui manquait à la révolution, ''«&nbsp;c’était d’une part, la fermeté, la résolution des masses trop sujettes à la maladie de la confiance et, d’autre part, une organisation des ouvriers social-démocrates à même d’assumer la direction du mouvement, de prendre la tête de l’armée révolutionnaire et de déclencher l’offensive contre les autorités gouvernementales&nbsp;»''. Ce fut la leçon de cette extraordinaire année pour les dirigeants révolutionnaires&nbsp;: pour Lénine, l’évolution générale du [[Capitalisme|capitalisme]] allait conduire à l’élimination de ces deux défauts. Et [[Révolution_russe_(1917)|1917]] allait lui donner raison.
    
== Les libéraux et la ''«&nbsp;tourmente révolutionnaire&nbsp;»'' ==
 
== Les libéraux et la ''«&nbsp;tourmente révolutionnaire&nbsp;»'' ==
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Peu après la révolution, Lénine écrit ''La victoire des cadets et les tâches du parti ouvrier''.<ref>Lénine, [https://www.marxists.org/archive/lenin/works/1906/victory/index.htm ''La victoire des cadets et les tâches du parti ouvrier (en anglais)''], 28 mars 1906</ref>
 
Peu après la révolution, Lénine écrit ''La victoire des cadets et les tâches du parti ouvrier''.<ref>Lénine, [https://www.marxists.org/archive/lenin/works/1906/victory/index.htm ''La victoire des cadets et les tâches du parti ouvrier (en anglais)''], 28 mars 1906</ref>
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Dans cette brochure, il raille les libéraux du [[Parti_Cadet|Parti Cadet]] (et des journaux [[Poliarnaïa_Zvezda|''Poliarnaïa Zvezda'']] ou [[Nacha_Jizn|''Nacha Jizn'']]) qui sont très satisfaits des maigres réformes octroyées par le Tsar, qui vantent cette période d'activité raisonnable et systématique, et qui sont soulagés de la fin de la ''«&nbsp;tourmente révolutionnaire&nbsp;»'' (''«&nbsp;tous les principes sont oubliés&nbsp;»'', ''«&nbsp;la pensée elle‑même et le bon sens disparaissent presqu’entièrement&nbsp;»''...). Lénine fait valoir que ces bourgeois qui appellent ''«&nbsp;[[Progrès|progrès]]&nbsp;»'' la période d'écrasement de la révolution, sont incapables de voir que c'est ''«&nbsp;précisément à ces moments qu'apparaît dans l'histoire la sagesse des masses au lieu de celle de personnalités isolées&nbsp;»'', que ''«&nbsp;la sagesse des masses devient une force vivante et valable au lieu d'une force abstraite&nbsp;»''.
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Dans cette brochure, il raille les libéraux du [[Parti_Cadet|Parti KD]] (et des journaux [[Poliarnaïa_Zvezda|''Poliarnaïa Zvezda'']] ou [[Nacha_Jizn|''Nacha Jizn'']]) qui sont très satisfaits des maigres réformes octroyées par le Tsar, qui vantent cette période d'activité raisonnable et systématique, et qui sont soulagés de la fin de la ''«&nbsp;tourmente révolutionnaire&nbsp;»'' (''«&nbsp;tous les principes sont oubliés&nbsp;»'', ''«&nbsp;la pensée elle‑même et le bon sens disparaissent presqu’entièrement&nbsp;»''...). Lénine fait valoir que ces bourgeois qui appellent ''«&nbsp;[[Progrès|progrès]]&nbsp;»'' la période d'écrasement de la révolution, sont incapables de voir que c'est ''«&nbsp;précisément à ces moments qu'apparaît dans l'histoire la sagesse des masses au lieu de celle de personnalités isolées&nbsp;»'', que ''«&nbsp;la sagesse des masses devient une force vivante et valable au lieu d'une force abstraite&nbsp;»''.
    
== Les effets sur la social-démocratie à l'époque ==
 
== Les effets sur la social-démocratie à l'époque ==
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Mais cela n'aura été qu'un moment insuffisant pour enrayer la montée de l'[[Opportunisme|opportunisme]] (politique de [[Collaboration_de_classe|collaboration de classe]] de plus en plus poussée) et du [[Révisionnisme_(années_1890)|révisionnisme croissant depuis les années 1890]]. Trotsky dira plus tard&nbsp;:
 
Mais cela n'aura été qu'un moment insuffisant pour enrayer la montée de l'[[Opportunisme|opportunisme]] (politique de [[Collaboration_de_classe|collaboration de classe]] de plus en plus poussée) et du [[Révisionnisme_(années_1890)|révisionnisme croissant depuis les années 1890]]. Trotsky dira plus tard&nbsp;:
 
<blockquote>''«&nbsp;La Révolution russe de 1905 a été le premier grand événement qui, trente-cinq ans après la Commune de Paris, remua l'atmosphère stagnante d'Europe. Le «tempo» si rapide du développement de la classe ouvrière et la vigueur inattendue de son action révolutionnaire firent une énorme impression et causèrent une aggravation des heurts de classes. Cette Révolution accéléra, en Angleterre, la création d'un Parti indépendant ouvrier. En Autriche, grâce à des circonstances exceptionnelles, elle fit obtenir le droit de vote. En France, elle eut comme écho le syndicalisme qui souligna les tendances révolutionnaires jusqu'alors «en veilleuse». Enfin, en Allemagne, l'influence de la Révolution russe conduisit à la formation d'une «aile gauche» du Parti en accord avec le «centre-droit» et à l'isolation du révisionnisme. La question du droit de vote en Prusse prit un tour plus aigu, car c'était l'accès aux positions tenues par les Junkers. Une méthode générale d'action révolutionnaire fut approuvée de principe. Mais le mouvement interne fut trop faible pour pousser le Parti sur le chemin d'une offensive politique. Selon la bonne vieille tradition du Parti, l'affaire se termina en discussions et en résolutions platoniques.&nbsp;»<ref>Trotsky, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1914/10/lt19141031a.htm ''La guerre et l'Internationale''], 31 octobre 1914</ref>''</blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;La Révolution russe de 1905 a été le premier grand événement qui, trente-cinq ans après la Commune de Paris, remua l'atmosphère stagnante d'Europe. Le «tempo» si rapide du développement de la classe ouvrière et la vigueur inattendue de son action révolutionnaire firent une énorme impression et causèrent une aggravation des heurts de classes. Cette Révolution accéléra, en Angleterre, la création d'un Parti indépendant ouvrier. En Autriche, grâce à des circonstances exceptionnelles, elle fit obtenir le droit de vote. En France, elle eut comme écho le syndicalisme qui souligna les tendances révolutionnaires jusqu'alors «en veilleuse». Enfin, en Allemagne, l'influence de la Révolution russe conduisit à la formation d'une «aile gauche» du Parti en accord avec le «centre-droit» et à l'isolation du révisionnisme. La question du droit de vote en Prusse prit un tour plus aigu, car c'était l'accès aux positions tenues par les Junkers. Une méthode générale d'action révolutionnaire fut approuvée de principe. Mais le mouvement interne fut trop faible pour pousser le Parti sur le chemin d'une offensive politique. Selon la bonne vieille tradition du Parti, l'affaire se termina en discussions et en résolutions platoniques.&nbsp;»<ref>Trotsky, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1914/10/lt19141031a.htm ''La guerre et l'Internationale''], 31 octobre 1914</ref>''</blockquote>  
== Sources ==
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Toute une frange des menchéviks suit [[Plékhanov|Plékhanov]], qui juge après coup qu'il ne fallait pas prendre les armes. Pour lui le déroulement des événements confirme leur [[étapisme|étapisme]] : il faut d'abord s'allier aux libéraux pour faire une [[révolution_bourgeoise|révolution bourgeoise]], la [[révolution_prolétarienne|révolution prolétarienne]] ne pourra venir qu'après un laps de temps plus ou moins long de développement capitaliste, quand le prolétariat sera majoritaire. Cela justifie un abandon de la construction d'un [[parti_ouvrier|parti ouvrier]] indépendant (tendance ''«&nbsp;[[Liquidationnisme|liquidatrice]]&nbsp;»'').
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== Bibliographie ==
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=== Articles ===
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Article de Vanina Giudicelli (L'Etincelle n°28)<br/> [http://www.pouvoir-ouvrier.org/histoire/1905.html Parti et programme dans la révolution russe de 1905], Pouvoir Ouvrier
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*Article de Vanina Giudicelli (L'Etincelle n°28)  
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*Pouvoir Ouvrier, ''[http://www.pouvoir-ouvrier.org/histoire/1905.html Parti et programme dans la révolution russe de 1905]''
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*Lénine, ''[http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/03/vil19170300.htm Lettres de loin]'',1917
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[http://www.marxists.org/francais/broue/works/1963/00/broue_pbolch.htm Le parti bolchevik], [[Pierre_Broué|Pierre Broué]]<br/> [http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/03/vil19170300.htm Lettres de loin], [[Lénine|Lénine]]<br/> [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905somm.htm 1905], [[Trotsky|Léon Trotsky]]<br/> [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/bilanp/bpsomm.htm Bilan et perspectives], [[Trotsky|Léon Trotsky]]
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=== Ouvrages ===
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François-Xavier Coquin, La révolution russe manquée, éditions complexes<br/> Marcel Liebman, Le léninisme sous Lénine, éditions seuil
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*Pierre Broué, ''[http://www.marxists.org/francais/broue/works/1963/00/broue_pbolch.htm Le parti bolchevik]'', 1963
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*Trotsky, ''[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905somm.htm 1905]''
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*Trotsky, ''[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/bilanp/bpsomm.htm Bilan et perspectives]'', 1906
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*François-Xavier Coquin, ''La révolution russe manquée'', 1985
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*Marcel Liebman, ''Le léninisme sous Lénine'', 1973
    
== Notes ==
 
== Notes ==

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