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Plusieurs meetings, [[Manifestation|manifestations]], grèves se font l’écho de revendications [[Démocratie|démocratiques]] et d’achèvement de cette « guerre ruineuse et criminelle » dans laquelle la Russie, qui vantait alors sa supériorité militaire, s’enlise. Le 17 décembre 1904, quatre ouvriers sont renvoyés des usines Poutilov, industrie de la défense nationale. Devant le refus de la direction de les réintégrer, les salariés se mettent en [[Grève|grève]] le 3 janvier. Plus gros complexe [[Industrie|industriel]] de Saint-Pétersbourg, ce sont alors 13 000 ouvriers qui tiennent tête à la direction. Le mouvement s’étend aux entreprises voisines : le vendredi 7 janvier,100 000 grévistes paralysent la région. Le lendemain, ils sont le double. La capitale est privée de transports, d’électricité, de journaux.
 
Plusieurs meetings, [[Manifestation|manifestations]], grèves se font l’écho de revendications [[Démocratie|démocratiques]] et d’achèvement de cette « guerre ruineuse et criminelle » dans laquelle la Russie, qui vantait alors sa supériorité militaire, s’enlise. Le 17 décembre 1904, quatre ouvriers sont renvoyés des usines Poutilov, industrie de la défense nationale. Devant le refus de la direction de les réintégrer, les salariés se mettent en [[Grève|grève]] le 3 janvier. Plus gros complexe [[Industrie|industriel]] de Saint-Pétersbourg, ce sont alors 13 000 ouvriers qui tiennent tête à la direction. Le mouvement s’étend aux entreprises voisines : le vendredi 7 janvier,100 000 grévistes paralysent la région. Le lendemain, ils sont le double. La capitale est privée de transports, d’électricité, de journaux.
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Le premier soviet est apparu à Ivanovo-Voznessensk, le « Manchester russe »  : il est né d'un [[comité_de_grève|comité de grève]] et d'assemblées quotidiennes de grévistes pendant les 72 jours du conflit.
    
=== La pétition de Gapone et le Dimanche sanglant ===
 
=== La pétition de Gapone et le Dimanche sanglant ===
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La réaction est cependant immédiate : dès le lendemain, les étudiants organisent des collectes de fonds pour les victimes du massacre et font de porte-à-porte qui se transforme en propagande anti-gouvernementale. Les ouvriers de Saint-Pétersbourg prolongent leur grève. Plusieurs autres centres industriels se mettent en grève par solidarité. Une révolution s’opère dans les esprits : [[Gueorgui_Gapon|Gapone]] lui-même affirme aux ouvriers qui l’ont suivi qu’ « il n’y a plus de Dieu ni de Tsar ». Dans tout le pays s’élaborent des revendications, au travers de réunions et de constitutions de syndicats. La liberté de la presse est un fait accompli, la police n’osant plus réagir.
 
La réaction est cependant immédiate : dès le lendemain, les étudiants organisent des collectes de fonds pour les victimes du massacre et font de porte-à-porte qui se transforme en propagande anti-gouvernementale. Les ouvriers de Saint-Pétersbourg prolongent leur grève. Plusieurs autres centres industriels se mettent en grève par solidarité. Une révolution s’opère dans les esprits : [[Gueorgui_Gapon|Gapone]] lui-même affirme aux ouvriers qui l’ont suivi qu’ « il n’y a plus de Dieu ni de Tsar ». Dans tout le pays s’élaborent des revendications, au travers de réunions et de constitutions de syndicats. La liberté de la presse est un fait accompli, la police n’osant plus réagir.
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Dans l’action, une organisation de masse apparaît : les célèbres [[Soviet|soviets]] de députés ouvriers, assemblées de délégués élus dans les entreprises. Là se débattent et se décident les grandes orientations de la lutte. Le [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] produit un effet d’entraînement sur les [[Paysannerie|paysans]] qui s’engagent à leur tour dans la lutte avec un vaste mouvement au printemps 1905, non seulement économique (notamment pour la [[journée_de_8_heures|journée de 8 heures]]), mais aussi politique. Dans les provinces [[Minorités_nationales_en_Russie|non russes]], des soulèvements réclament l’[[Indépendance|indépendance]]. La combinaison des [[grèves|grèves]] ouvrières dans les villes et du [[Mouvement_paysan_en_Russie|mouvement paysan]] dans les campagnes ébranle alors le plus ferme et le dernier appui du [[tsarisme|tsarisme]], déjà contesté pour sa sale guerre : l’armée. La plus célèbre ces [[Révolte_militaire|révoltes militaires]] est [[Mutinerie_du_cuirassé_Potemkine|celle du cuirassé Prince Potemkine]] qui démarre au mois de juin. Le [[soviet_de_Saint-Pétersbourg|soviet de Saint-Pétersbourg]] est dirigé par [[Trotsky|Trotsky]].
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Dans l’action, une organisation de masse apparaît : les célèbres [[Soviet|soviets]] de députés ouvriers, assemblées de délégués élus dans les entreprises. Là se débattent et se décident les grandes orientations de la lutte. Le [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] produit un effet d’entraînement sur les [[Paysannerie|paysans]] qui s’engagent à leur tour dans la lutte avec un vaste mouvement au printemps 1905, non seulement économique (notamment pour la [[Journée_de_8_heures|journée de 8 heures]]), mais aussi politique. Dans les provinces [[Minorités_nationales_en_Russie|non russes]], des soulèvements réclament l’[[Indépendance|indépendance]]. La combinaison des [[Grèves|grèves]] ouvrières dans les villes et du [[Mouvement_paysan_en_Russie|mouvement paysan]] dans les campagnes ébranle alors le plus ferme et le dernier appui du [[Tsarisme|tsarisme]], déjà contesté pour sa sale guerre : l’armée. La plus célèbre ces [[Révolte_militaire|révoltes militaires]] est [[Mutinerie_du_cuirassé_Potemkine|celle du cuirassé Prince Potemkine]] qui démarre au mois de juin. Le [[Soviet_de_Saint-Pétersbourg|soviet de Saint-Pétersbourg]] est dirigé par [[Trotsky|Trotsky]].
    
=== Les miettes ne suffisent plus ===
 
=== Les miettes ne suffisent plus ===
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En août, face à la situation, le Tsar annonce la création d’une assemblée représentative, la [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|Douma d'Etat]]. Il signe également la paix avec le Japon car il ne peut plus assurer le coût économique et politique de la guerre. Calcul illusoire : le peuple n’est plus disposé à accepter un os à ronger. Comme il en a plus ou moins confusément l’intuition, l’annonce de cette Douma constitue le dernier verrou protégeant l’[[Autocratie|autocratie]]. Qu’il cède, et le régime lui-même se trouverait remis en cause. Telle est l’atmosphère d’espérance révolutionnaire et de rejet de l’autocratie qui explique la grève générale d’octobre. Le mouvement atteint en effet son apogée au cours de l’automne 1905. Environ un million de personnes sont en grève en octobre. « À bas la monarchie tsariste ! Vive la République démocratique ! Vive la révolte armée ! » Tels sont les mots d’ordre à travers la Russie de dizaines de soviets qui assument de plus en plus le rôle d’un gouvernement révolutionnaire provisoire. Il apparaît à un nombre croissant d’ouvriers que l’aboutissement de la révolution dépend de la lutte armée.
 
En août, face à la situation, le Tsar annonce la création d’une assemblée représentative, la [[Douma_d'État_de_l'Empire_russe|Douma d'Etat]]. Il signe également la paix avec le Japon car il ne peut plus assurer le coût économique et politique de la guerre. Calcul illusoire : le peuple n’est plus disposé à accepter un os à ronger. Comme il en a plus ou moins confusément l’intuition, l’annonce de cette Douma constitue le dernier verrou protégeant l’[[Autocratie|autocratie]]. Qu’il cède, et le régime lui-même se trouverait remis en cause. Telle est l’atmosphère d’espérance révolutionnaire et de rejet de l’autocratie qui explique la grève générale d’octobre. Le mouvement atteint en effet son apogée au cours de l’automne 1905. Environ un million de personnes sont en grève en octobre. « À bas la monarchie tsariste ! Vive la République démocratique ! Vive la révolte armée ! » Tels sont les mots d’ordre à travers la Russie de dizaines de soviets qui assument de plus en plus le rôle d’un gouvernement révolutionnaire provisoire. Il apparaît à un nombre croissant d’ouvriers que l’aboutissement de la révolution dépend de la lutte armée.
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Le coeur du mouvement est la classe ouvrière. Sa radicalité effraie la [[bourgeoisie|bourgeoisie]], qui préfère se jeter dans les bras du régime pour sauver ses propriétés. Les industriels généralisent les [[lock-out|lock-out]], rendant un service inappréciable pour l'écrasement de la révolution.
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Le coeur du mouvement est la classe ouvrière. Sa radicalité effraie la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]], qui préfère se jeter dans les bras du régime pour sauver ses propriétés. Les industriels généralisent les [[Lock-out|lock-out]], rendant un service inappréciable pour l'écrasement de la révolution.
    
=== La contre-révolution s'abat ===
 
=== La contre-révolution s'abat ===
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Le 17 octobre, le Tsar publie un « manifeste des libertés » dans lequel il déclare les [[Libertés_individuelles|libertés individuelles]] et publiques, le [[Suffrage_universel|suffrage universel]] et l’association du pays au pouvoir législatif. Le lendemain, à Saint-Pétersbourg, c’est un déferlement de drapeaux rouges dans les rues de la ville qui accueillent la nouvelle. Mais ce manifeste s’accompagne également d’une volonté plus ferme de rétablir l’ordre. Ainsi commence une vague de négociations et de promesses pour calmer le jeu, accompagnée de la [[répression|répression]] quand cela ne suffit pas : dans plusieurs endroits, les insurrections sont écrasées et les dirigeants systématiquement fusillés ; des expéditions punitives sont organisées: destructions de villages, scènes collectives de fouet, exécutions sommaires… Il s’agit pour la classe dirigeante de semer la division et la terreur dans un mouvement qu’elle a d’abord espéré voir s’essouffler.
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Le 17 octobre, le Tsar publie un « manifeste des libertés » dans lequel il déclare les [[Libertés_individuelles|libertés individuelles]] et publiques, le [[Suffrage_universel|suffrage universel]] et l’association du pays au pouvoir législatif. Le lendemain, à Saint-Pétersbourg, c’est un déferlement de drapeaux rouges dans les rues de la ville qui accueillent la nouvelle. Mais ce manifeste s’accompagne également d’une volonté plus ferme de rétablir l’ordre. Ainsi commence une vague de négociations et de promesses pour calmer le jeu, accompagnée de la [[Répression|répression]] quand cela ne suffit pas : dans plusieurs endroits, les insurrections sont écrasées et les dirigeants systématiquement fusillés ; des expéditions punitives sont organisées: destructions de villages, scènes collectives de fouet, exécutions sommaires… Il s’agit pour la classe dirigeante de semer la division et la terreur dans un mouvement qu’elle a d’abord espéré voir s’essouffler.
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Les forces les plus conservatrices relèvent la tête et organisent des contre-manifestations patriotiques qui déploient icônes religieuses et drapeaux tricolores. Les Juifs constituent leur cible favorite, comme sous le Tsar quelques mois auparavant pour essayer de détourner le mécontentement populaire. Les [[Pogrom|pogroms]] se multiplient, faisant des dizaines de milliers de morts, sous la complicité, au moins passive, du gouvernement. Ce climat donne une justification au Tsar pour restaurer la loi martiale. Début décembre, les 267 délégués du [[soviet_de_Saint-Pétersbourg|soviet de Saint-Pétersbourg]] sont arrêtés et le soviet dissous. Une insurrection a lieu à Moscou : 8 000 ouvriers armés résistent pendant 9 jours au gouvernement du Tsar. Mais les forces de l’ordre reprennent le dessus. La révolution est faite de courants trop disparates pour tenir tête au gouvernement tsariste.
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Les forces les plus conservatrices relèvent la tête et organisent des contre-manifestations patriotiques qui déploient icônes religieuses et drapeaux tricolores. Les Juifs constituent leur cible favorite, comme sous le Tsar quelques mois auparavant pour essayer de détourner le mécontentement populaire. Les [[Pogrom|pogroms]] se multiplient, faisant des dizaines de milliers de morts, sous la complicité, au moins passive, du gouvernement. Ce climat donne une justification au Tsar pour restaurer la loi martiale. Début décembre, les 267 délégués du [[Soviet_de_Saint-Pétersbourg|soviet de Saint-Pétersbourg]] sont arrêtés et le soviet dissous. Une insurrection a lieu à Moscou : 8 000 ouvriers armés résistent pendant 9 jours au gouvernement du Tsar. Mais les forces de l’ordre reprennent le dessus. La révolution est faite de courants trop disparates pour tenir tête au gouvernement tsariste.
    
== Les leçons de 1905 pour les révolutionnaires ==
 
== Les leçons de 1905 pour les révolutionnaires ==

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