Société des Nations

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Flag of the League of Nations (1939).svg

La Société des Nations (SDN) était la première tentative d'organisation des Etats bourgeois entre eux, afin d'assurer la paix à l'échelle de la planète et d'éviter une nouvelle guerre.

1 Histoire[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Fondation[modifier | modifier le wikicode]

A l'issue de la guerre, se pose une question fondamentale, à savoir s'il est possible d'empêcher un nouveau conflit. Le corollaire est celui d'une régulation internationale.

En janvier 1918, le président états-unien Wilson fait connaître ses 14 points qui redéfinissent « les bases des relations internationales » dans le but « d'assurer une paix durable »[1].

L'article 14, notamment, suggère la nécessité de créer une "association des Nations" pour réguler les relations entre les États et garantir le maintient de la paix. Wilson cherche donc l'appuie des "droits" et d'une diplomatie de droits. Fondée dans l'enthousiasme des vainqueurs aux lendemain de la Grande Guerre, la Société des Nations (communément abrégée en SDN) voit le jour en 1920. Elle siège à Genève. Les quatorze points de Wilson et le droit des peuples à disposer d'eux-même (notion qui sera reprise par Lénine) sont au cœur des préoccupations des fondateurs de la SDN. Le pacte de la SDN pose certaines règles : refus de l'usage de la force et coopération entre les États (comme l'article 16 : « en cas d'agression, tout membre de la SDN doit prendre des sanctions économiques, financières voire militaires »).

La SDN entre en application le 10 janvier 1920 après la ratification du traité de Versailles par l'Allemagne et trois des principaux associés. C'est à Paris qu'a lieu, le 16 janvier 1920, sur convocation du président Wilson, la première réunion du Conseil de la Société des Nations.

Le Japon propose d'acter dans la charte de la SDN le « principe de l'égalité des races ». Il ne s'agissait que d'un voile idéologique : le Japon n'avait aucune intention de défendre une position de principe sincère (il colonisait lui-même d'autres nations asiatiques), mais utilisait seulement ce thème pour justifier auprès des puissances occidentales un statut de « grande puissance non-blanche mais néanmoins égale ».[2]

1.2 Attitude du mouvement ouvrier[modifier | modifier le wikicode]

L'attitude du mouvement ouvrier fut très clivée : d'un côté les restes de la Deuxième internationale applaudissaient (Kautsky y voyant dans Wilson l'homme de son ultra-impérialisme), de l'autre la Troisième internationale s'en tenait nettement à l'écart :

« Tandis que Kautsky, Longuet et les autres représentants de la 2e Internationale saluaient Wilson et invitaient les ouvriers à le soutenir, notre Internationale (...) déclarait que la démarche de Wilson était une tentative faite par les ploutocrates de New-York et de Chicago pour assujettir l’Europe et le monde entier »[3]

Pour Lénine et les bolchéviks, malgré les différences de régimes (monarchies, républiques…), les grandes puissances mènent toutes une politique réactionnaire en politique étrangère.

1.3 Un entité faible[modifier | modifier le wikicode]

Finalement, la Société des nations a vu le jour sans les États-Unis, car Wilson n'a pas eu le soutien du Congrès des États-Unis. Dans ce pays en plein essor impérialiste, beaucoup ne veulent pas de la SDN, soit par reste d'isolationnisme, soit pour ne pas se lier les mains. Le sénateur républicain Henry Cabot Lodge déclarait en 1919 :

« Les États-Unis sont le meilleur espoir de la planète, mais si vous les embourbez dans les intérêts et les querelles d’autres nations, si vous les empêtrez dans les intrigues européennes, vous anéantirez leur pouvoir de faire le bien en menaçant leur existence même. Laissez l’Amérique avancer librement dans les siècles à venir comme elle l’a fait dans les années passées. Puissante, généreuse et sûre d’elle-même, elle a noblement servi l’humanité. Attention à la façon dont vous allez jouer avec votre merveilleux héritage, ce grand pays d’ordre et de liberté. Car si nous trébuchons, si nous tombons, ce sont la liberté et la civilisation de la planète tout entière qui s’effondreront avec nous »[4].

Certains socialistes comme Albert Einstein ont fondé beaucoup d’espoirs dans la SDN et la démilitarisation concertée.[5]

Mais la SDN, si elle part d'un idéalisme "sincère", ne peut aboutir à rien. En effet, les États-Unis n'y rentreront pas. Et plus généralement, les bourgeoisies, notamment celles des pays vainqueurs, ne veulent perdre de leurs privilèges nationaux et tentent de faire barrage à l'internationalisme, qui se répand depuis la révolution d'Octobre en Russie et la mise sur pied de la IIIème Internationale.

1.4 Perte de vitesse[modifier | modifier le wikicode]

Au milieu des tensions des années 1930, la SDN volera en éclats. L'Allemagne et le Japon quittent la SDN en 1933, suivis par l'Italie en 1937. A partir de 1936, l'Allemagne et l'Italie réorientent leurs industries vers la production d'armement. L'URSS en est bannie en 1939 à la suite de l'invasion de la Finlande[6].

Les relations se tendent entre les puissances européennes. Les États-Unis, ayant adoptée une politique isolationniste, restent en marge de ce qui se passe dans le monde, bien qu'ils soient irrités par l'expansionnisme japonais dans le Pacifique.

Trotski analysait la situation de la façon suivante :

« Tous les gouvernements ont peur de la guerre. Mais aucun n'est libre de son choix. […] La SDN, qui, selon son programme officiel, devait «organiser la paix», et qui était en réalité conçue pour perpétuer le système de Versailles, neutraliser l'hégémonie des États-Unis et constituer un bastion contre l'Orient rouge, n'a pu surmonter le choc des contradictions impérialistes. »[7]

1.5 Dissolution[modifier | modifier le wikicode]

La SDN est dissoute en 1946. Elle sera remplacée par un organisme plus puissant encore, l'Organisation des Nations Unies.

2 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]