Ouvrier prends la machine
Ouvrier prends la machine est une chanson qui était populaire dans le mouvement ouvrier français anarchisant du dernier quart du 19e siècle (suite à l'écrasement de la Commune), en particulier parmi les partisan·es de l'Association internationale des travailleurs qui l'entonnaient lors de leurs rassemblements.
Les paroles de Charles Keller (dit Jacques Turbin) et la musique de James Guillaume (dit Zède, ou Jacques Glady).
Son nom varie fortement. Elle est publiée dans l’Almanach du peuple pour 1874 sous le titre Le Droit du travailleur. En Suisse on l'appelait La Jurassienne, en France elle fut publiée pour la première fois dans Le Prolétaire du 15 juillet 1883 sous le nom de La Marseillaise des Travailleurs (à ne pas confondre avec la chanson russe). Elle est également connue également sous le titre L’Alsacienne.
1 Ecouter[modifier | modifier le wikicode]
2 Paroles[modifier | modifier le wikicode]
Ouvrier, la faim te tord les entrailles
Et te fait le regard creux,
Toi qui, sans repos ni trêve, travailles
Pour le ventre des heureux.
Ta femme s’échine, et tes enfants maigres
Sont des vieillards à douze ans ;
Ton sort est plus dur que celui des nègres
Sous les fouets abrutissants.
Refrain :
Nègre de l’usine,
Forçat de la mine,
Ilote du champ,
Lève-toi peuple puissant ;
Ouvrier, prends la machine !
Prends la terre, paysan !
Ouvrier, prends la machine !
Prends la terre, paysan !
Paysan, le sol que ton bras laboure
Rend son fruit dans sa saison,
Et c’est l’opulent bourgeois qui savoure
Le plus clair de ta moisson.
Toi, du jour de l’an à la Saint Sylvestre,
Tu peines pour engraisser
La classe qui tient sous son lourd séquestre
Ton cerveau fait pour penser.
Refrain
Mineur, qui descends dès l’aube sous terre,
Et dont les jours sont des nuits,
Qui, le fer en main, dans l’air délétère,
Rampes au fond de ton puits,
Les riches trésors que ton pic arrache
Aux flancs des rocs tourmentés
Vont bercer là-haut l’oisif et le lâche
Dans toutes les voluptés.
Refrain
Qui forge l’outil ? Qui taille la pierre ?
Qui file et tisse le lin ?
Qui pétrit le pain ? Qui brasse la bière ?
Qui presse l’huile et le vin ?
Et qui donc dispose, abuse et trafique
De l’œuvre et du créateur ?
Et qui donc se fait un sort magnifique
Aux dépens du producteur ?
Refrain
Qu’on donne le sol à qui le cultive,
Le navire au matelot,
Au mécanicien la locomotive,
Au fondeur le cubilot,
Et chacun aura ses franches coudées.
Son droit et sa liberté,
Son lot de savoir, sa part aux idées,
Sa complète humanité !
Refrain
3 Références[modifier | modifier le wikicode]
- Robert Brécy, La Chanson de la Commune : chansons et poèmes inspirés de la Commune de 1871. Les Editions ouvrières. Paris, 1991.
- La Jurassienne. Paroles de Charles Keller, musique de Jacques Glady alias James Guillaume (1874)
- Le Maîtron en ligne, KELLER Charles [dit Jacques Turbin] [Dictionnaire des anarchistes]