Germaine Wallon

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Germaine Wallon-Rousset (1893 à Gray, 1953 à Paris) est une psychologue française qui a travaillé au Laboratoire de Psycho-Biologie de l'enfant (1922-1962). Elle est l'épouse depuis 1917 du psychologue Henri Wallon (1879-1962).

Dans Les Notions de Morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon « fait une étude comparative, au point de vue des différentes valeurs du jugement moral, en montrant leurs ressemblances et leurs différences, chez garçons et filles d'âge scolaire : méchanceté, bonté, bravoure, malhonnêteté, action honteuse. ».

Émile Jalley publie Les Notions de Moral chez l'enfant comme le tome VII des Œuvres de Henri Wallon (1879-1962) aux Éditions l'Harmattan.

Or,

« La réédition de ce livre est bienvenue en cette période d'interrogation sur les valeurs de l'école laïque et républicaine.»
🔍 Voir : Études de genre.

1 Conclusion générale de Les Notions de Morales chez l'enfant[modifier | modifier le wikicode]

  • L'étude scientifique

p. 282 > « Au terme de cette étude commencée très simplement comme une enquête où des enfants de tout âge étaient invités à tirer de leur mémoire ou de leur imagination un exemple de méchanceté, de bonté, de bravoure, de malhonnêteté, d'action honteuse, des comparaisons systématiques nous ont amené à des résultats qui sont une contribution à la psychologie différentielle de l'enfant [Dont les recherches de William Stern font partie].

Comparaison suivant l'âge, suivant le sexe et naturellement aussi suivant les motifs proposés. Trois groupes d'âges ont été constitués en rapport avec leurs plus grandes ressemblances intrinsèques et leurs plus grandes différences extrinsèques. Ils répondent à ceux qui sont habituellement reconnus par les psychologues et règle traditionnellement les rapports de l'enfant avec le milieu social. Le premier va de 3 à 7 ans, âge pré-scolaire; le deuxième de 7 à 12 ans, âge de l'école primaire; le troisième de 12 à 15 ans, âge de la puberté.

Limités à la simple comparaison qualitative des réponses, les résultats risquaient de rester flou. Mais nous avons considéré dans chacune des actions envisagées qu'elles avaient habituellement un auteur et un destinateur, un sujet et un objet, un responsable et une victime ou un bénéficiaire. Cet inventaire nous a fourni des distinctions numériques qui se sont avérées d'une grande portée différentielle. »

  • Résultats : ressemblances et différences

[A.] « Entre les âges d'abord :

dans la première période, l'enfant ne cite guère que des personnes de son entourage familial ou quotidien. Il ne se cite d'ailleurs lui-même qu'aux âges suivants, au contraire. Il n'y a donc pas d'égocentrisme [selon le concept de Jean Piaget] mais horizon plus limité de ses relations habituelles. C'est une simple question de fait car il peut, essentiellement, s'il s'agit d'une action qui n'est pas coutumière, comme la bravoure, chercher ses exemples dans des cercles beaucoup plus distants de sa propre existence. Il n'y a plus impuissance radicale à imaginer des scènes d'où il soit absent, mais les occasions lui manquent et sans doute aussi ses moyens d'évocation sont-ils assez pauvres, en [p. 283 >] regard du pouvoir à chaque instant exercé sur lui par ses expériences les plus coutumières.

Dans la seconde période, la qualification d'ordre professionnel ou social prend un soudain essor, mais généralement d'avantage chez les filles que chez les garçons; elles sont plus précoces.

À la troisième période, les garçons dépassent les filles. Il se produit même parfois chez elle une régression qui n'est évidemment pas une régression d'intelligence ni de sensibilité mais qui témoigne, au contraire d'une plus grandes concentrations affectives. Les qualificatifs d'ordre moral, en effet, deviennent relativement plus nombreux. L'adolescent masculin s'épanouit vers ce qui est plus social, l'adolescente subit une attraction sentimentale. »

[B.] « La comparaison des deux sexes est fort instructive et par ses ressemblances et par ses différences.

Ressemblances :

La première ressemblance fondamentale, c'est la prépondérance que chacun s'attribue à lui même. Le coefficient de ces préférences est en moyenne de 3. Les adultes y ont habituellement une part beaucoup moindre que les enfants. Les variations qui se produisent dans les proportions habituelles entre les sexes ou entre adultes et enfants sont très significatives de l'image que se font les enfants des vertus ou des vices qu'ils ont illustré par leur exemples.

Cette préférence 'auto-sexuelle que nous avons parfois gratifiée d'autophilique est loin de répondre toujours à un désir d'apologie, car elle attribue souvent au sexe propre la responsabilité d'actions condamnables; elle est aussi accusatrice qu'élogieuse. Ce qu'il faut en retenir, ce n'est donc pas à proprement parler une présomption favorable en faveur de son propre sexe, mais une conscience du sexe propre qui pèse d'un poids permanent sur les évocations des individus.

Et c'est d'autant plus frappant qu'il ne paraît pas s'y ajouter de façon essentielle un préjugé ni une idée davantage personnelle. D'où vient cette conscience auto-sexuelle ? De la nature ou des différences dans le régime d'existence propre aux garçons et aux filles ? Les arguments font défaut pour trancher définitivement le problème.

Différences :

Mais, il y a aussi des différences entre filles et garçons et elles se manifestent non seulement à la puberté, comme nous l'avons vu, mais aussi, et surtout à la deuxième période, soit de 7 à 12 ans.

Dans la première période, entre 3 et 7 ans, il y a une sorte de symétrie entre garçons et filles; l'autophilie sexuelle, déjà très nette, n'était guère influencée que par la nature des actes envisagés.

De 7 à 12 ans, la différence entre garçons et filles prend quelque chose de systématique.

Les garçons ne paraissent plus tenir aucun compte des filles. Elles [p. 284 >] disparaissent et dans la nomenclature des victimes et dans celle des responsables. Sans la place, d'ailleurs, très réduite, que les garçons donnent aux femmes, en particuliers parmi les victimes, leur monde semblerait devenir exclusivement masculin. Sans doute, est-ce là le signe qu'ils s'orientent davantage vers une activité débrouillarde, conquérante et parfois violente où les filles n'ont guère de rôle à jouer.

Durant la même période les filles répondent au dédain des garçons par beaucoup plus de considération pour eux. Elles leurs attribuent, beaucoup moins d'ailleurs qu'elles-même, des responsabilités qui ne sont pas toujours louables, mais elles leur font place aussi parmi les victimes. Les filles de 7 à 12 ans s'orientent davantage vers les garçons. Est-ce parce qu'elles les suivent dans leur orientation, entraînées qu'elles seraient par les mêmes tendances pragmatiques. Est-ce un attrait plus sentimental ?

À l'âge suivant au contraire, l'importance des garçons diminuent sensiblement pour elles, celles des adultes augmente, mais avec beaucoup de réserve encore s'il s'agit des adultes masculins. Le monde des jeune filles redevient plus féminin. »

[C.] « Ce résumé ne reproduit que les tendances les plus générales qui résultent de nos comparaisons.

Nous avons, chemin faisant, relevé bien d'autres particularités que nous avons essayé d'interpréter et sur lesquelles nous avons dû, bien des fois, nous borner à des hypothèses faute d'avoir assez d'indices pour procéder aux recoupements nécessaires. Ce sont des problèmes qui restent en suspens.

Cependant, il nous a été possible, toujours par le même système de comparaisons, de reconnaître entre les thèmes que les enfants devaient illustrer par des exemples, des différences en quelques sortes spécifiques.

La méchanceté et la bonté s'opposent comme le bien et le mal. Elles n'ont pas de sexe, c'est-à-dire qu'elles offrent, par excellence, le terrain où peut s'exprimer, sans subir d'autre influence, l'autophile sexuelle.

Pour la bravoure, au contraire, la balance penche assez nettement du côté des hommes. C'est pour les filles elles-mêmes, une vertu masculine qui développe ses effets dans le monde des hommes.

Avec la malhonnêteté et l'action honteuse, les distinctions sont plus subtiles. Bien que nombres des actes cités pour les illustrer leur soient communs, il apparaît avec netteté que la malhonnêteté regarde davantage les hommes et l'action honteuse les femmes.

Serait-ce que la matérialité des faits ne soit pas seule à compter, mais que dans les jugements mêmes des enfants l'attitude où ils mettent les personnes ait aussi une grande importance ? Dès lors tout s'expliquerait.

L'action honteuse est essentiellement celle dont on rougit ou doit rougir, celle où la dégradation de la personne [p.285 >] passe au premier plan, celle qui est en rapport avec la nécessité de conserver intacte son intégrité morale et n'est-ce pas en effet là ce qui constitue la principale défense de la femme.

Sur la malhonnêteté, au contraire, pèse une disqualification morale mais qui garde quelque chose de plus objectif, dont les conséquences sont plus strictement sociales. La malhonnêteté est affaire de relations entre individus. C'est sur ces relations que porte l'accent, beaucoup plus que les déchéance pouvant en résulter dans la conscience même de l'individu. »

  • La conclusion de la conclusion générale

« L'homme, beaucoup plus que la femme, est un instrument de transactions bonnes ou mauvaises, méritoires ou coupables, mais dont le caractère techniques ou social tend à l'emporter sur le caractère subjectif et moral. Les enfants seraient sensibles à cette différence en identifiant davantage l'action honteuse avec le monde féminin et la malhonnêteté avec le monde masculin.

Au reste, que nos interprétations soient acceptées ou non, les différences sur lesquelles elles reposent résultent bien de nos analyses et ce sont ces différences suivant l'âge, suivant le sexe et suivant les notions auxquelles l'enfant est invité à réagir que nous nous étions proposé de mettre en évidence.

Car

mieux différencier c'est mieux connaître. »[89]

2 Des citations de Les notions morales chez l'enfant, 1949[modifier | modifier le wikicode]

dans la première période (3 à 7 ans), l'enfant ne cite guère que des personnes de son entourage familial ou quotidien. Il ne se cite d'ailleurs lui-même qu'aux âges suivants, au contraire. Il n'y a donc pas d'égocentrisme [selon le concept de Jean Piaget] mais horizon plus limité de ses relations habituelles. C'est une simple question de fait car il peut, essentiellement, s'il s'agit d'une action qui n'est pas coutumière, comme la bravoure, chercher ses exemples dans des cercles beaucoup plus distants de sa propre existence. Il n'y a plus impuissance radicale à imaginer des scènes d'où il soit absent, mais les occasions lui manquent et sans doute aussi ses moyens d'évocation sont-ils assez pauvres, en [p. 283 >] regard du pouvoir à chaque instant exercé sur lui par ses expériences les plus coutumières.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 282
Dans la seconde période (7 à 12 ans), la qualification d'ordre professionnel ou social prend un soudain essor, mais généralement d'avantage chez les filles que chez les garçons ; elles sont plus précoces.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 283
À la troisième période (12 à 15 ans), les garçons dépassent les filles. Il se produit même parfois chez elle une régression qui n'est évidemment pas une régression d'intelligence ni de sensibilité mais qui témoigne, au contraire d'une plus grandes concentrations affectives. Les qualificatifs d'ordre moral, en effet, deviennent relativement plus nombreux. L'adolescent masculin s'épanouit vers ce qui est plus social, l'adolescente subit une attraction sentimentale.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 283
La première ressemblance fondamentale [entre les sexes], c'est la prépondérance que chacun s'attribue à lui même. Le coefficient de ces préférences est en moyenne de 3. Les adultes y ont habituellement une part beaucoup moindre que les enfants. Les variations qui se produisent dans les proportions habituelles entre les sexes ou entre adultes et enfants sont très significatives de l'image que se font les enfants des vertus ou des vices qu'ils ont illustré par leurs exemples.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 283
[La] préférence auto-sexuelle que nous avons parfois gratifiée d'autophilique est loin de répondre toujours à un désir d'apologie, car elle attribue souvent au sexe propre la responsabilité d'actions condamnables ; elle est aussi accusatrice qu'élogieuse. Ce qu'il faut en retenir, ce n'est donc pas à proprement parler une présomption favorable en faveur de son propre sexe, mais une conscience du sexe propre qui pèse d'un poids permanent sur les évocations des individus.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 283
Mais, il y a aussi des différences entre filles et garçons et elles se manifestent non seulement à la puberté, comme nous l'avons vu, mais aussi, et surtout à la deuxième période, soit de 7 à 12 ans.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 283
Dans la première période, entre 3 et 7 ans, il y a une sorte de symétrie entre garçons et filles; l'autophilie sexuelle, déjà très nette, n'était guère influencée que par la nature des actes envisagés.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 283

De 7 à 12 ans, la différence entre garçons et filles prend quelque chose de systématique.

Les garçons ne paraissent plus tenir aucun compte des filles. Elles [p. 284 >] disparaissent et dans la nomenclature des victimes et dans celle des responsables. Sans la place, d'ailleurs, très réduite, que les garçons donnent aux femmes, en particulier parmi les victimes, leur monde semblerait devenir exclusivement masculin. Sans doute, est-ce là le signe qu'ils s'orientent davantage vers une activité débrouillarde, conquérante et parfois violente où les filles n'ont guère de rôle à jouer. Durant la même période les filles répondent au dédain des garçons par beaucoup plus de considération pour eux. Elles leurs attribuent, beaucoup moins d'ailleurs qu'elles-mêmes, des responsabilités qui ne sont pas toujours louables, mais elles leur font place aussi parmi les victimes. Les filles de 7 à 12 ans s'orientent davantage vers les garçons. Est-ce parce qu'elles les suivent dans leur orientation, entraînées qu'elles seraient par les mêmes tendances pragmatiques. Est-ce un attrait plus sentimental ?

  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 284
À l'âge suivant [de 12 à 15 ans] au contraire, l'importance des garçons diminuent sensiblement pour elles, celles des adultes augmente, mais avec beaucoup de réserve encore s'il s'agit des adultes masculins. Le monde des jeune filles redevient plus féminin.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 284
La méchanceté et la bonté s'opposent comme le bien et le mal. Elles n'ont pas de sexe, c'est-à-dire qu'elles offrent, par excellence, le terrain où peut s'exprimer, sans subir d'autre influence, l'autophile sexuelle.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 284
Pour la bravoure, au contraire, la balance penche assez nettement du côté des hommes. C'est pour les filles elles-mêmes, une vertu masculine qui développe ses effets dans le monde des hommes.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 284
Avec la malhonnêteté et l'action honteuse, les distinctions sont plus subtiles. Bien que nombres des actes cités pour les illustrer leur soient communs, il apparaît avec netteté que la malhonnêteté regarde davantage les hommes et l'action honteuse les femmes. Serait-ce que la matérialité des faits ne soit pas seule à compter, mais que dans les jugements mêmes des enfants l'attitude où ils mettent les personnes ait aussi une grande importance ? Dès lors tout s'expliquerait.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 284
L'action honteuse est essentiellement celle dont on rougit ou doit rougir, celle où la dégradation de la personne [p.285 >] passe au premier plan, celle qui est en rapport avec la nécessité de conserver intacte son intégrité morale et n'est-ce pas en effet là ce qui constitue la principale défense de la femme. Sur la malhonnêteté, au contraire, pèse une disqualification morale mais qui garde quelque chose de plus objectif, dont les conséquences sont plus strictement sociales. La malhonnêteté est affaire de relations entre individus. C'est sur ces relations que porte l'accent, beaucoup plus que les déchéance pouvant en résulter dans la conscience même de l'individu.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 285
L'homme, beaucoup plus que la femme, est un instrument de transactions bonnes ou mauvaises, méritoires ou coupables, mais dont le caractère techniques ou social tend à l'emporter sur le caractère subjectif et moral. Les enfants seraient sensibles à cette différence en identifiant davantage l'action honteuse avec le monde féminin et la malhonnêteté avec le monde masculin.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 285
Au reste, que nos interprétations soient acceptées ou non, les différences sur lesquelles elles reposent résultent bien de nos analyses et ce sont ces différences suivant l'âge, suivant le sexe et suivant les notions auxquelles l'enfant est invité à réagir que nous nous étions proposé de mettre en évidence. Car mieux différencier c'est mieux connaître.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 285
mieux différencier c'est mieux connaître.
  • Les notions morales chez l'enfant (1949), Germaine Wallon, éd. L'Harmattan, 2015, p. 285