Réf : Henri Wallon, Michel Cariou, Tran-Trong, Marx...
Soit il faut que les gens apprennent à lire jusqu'au bout, soit arrêter de mentir pour satisfaire les opinions petit-bourgeois biologisant (absolutiste) et culturaliste (relativiste) de l'idéologie bourgeoise.
Amour et Sexualité
L'amour est un sentiment soit un phénomène communaliste qui s'opère entre deux personnes à la manière des grands mouvements sociaux. A contrario le sexe est un phénomène individualiste produit du processus biologique intime qu'est la sexualité. Le sexe peut se pratiquer seul. En effet, la masturbation ou l'onanisme est une excitation appliquée manuellement de manière externe au nerf honteux afin de produire un plaisir individuel lors d'une pratique érotique ou de générer l'épuisement d'un état émotionnel dépressif. Le sexe n'est donc pas Amour. Amour et sexe s'opposent de manière a priori. Sexe et Amour sont des termes antagonistes.
Sommaire
AMOUR
Généralité
L'amour n'est pas un pur produit chimique du cerveau. C'est un phénomène bio-psycho-sociologique.
D'un point de vue sociologique, c'est en premier lieu un phénomène communautaire qui s'opère entre deux personnes pour diverses raisons communes et par un attachement inconscient et réciproque même dans le déni.
D'un point de vue biologique, il y a mise en jeu d'un processus physiologique qui se fait de manière latente mais qui réagit comme une drogue à tel point que les maux organiques et douleurs physiques en disparaissent ou s'affaiblissent. L'immunité se renforce. La sexualité ordinaire est annhilée. Il y a également transformation externe du corps (perte de poids, chevelure qui boucle ou devient plus soyeux, yeux brillants ... etc).
l'énamourement ou choc amoureux est la négation de la sexualité.
D'un point de vue psychologique, l'amour génère « des ambivalences de sentiments » (Sigmund Freud, Henri Wallon) : passion et haine, joie et tristesse, aliénation à l'autre et émancipation de soi, comme sur un petit nuage et comme dans un orage, angoisse et super attention, stress et super calme, ... .
L'énamourement conduit souvent à un « drame psychologique » (Lev Vygotski).
Une fois, sortie de cette spirale au bout de 4 mois ou plus selon les personnes suite à une prise de conscience, il y a rupture positive vers l'extra-ordinaire (reconnaissance mutuelle, amour charnel) ou une rupture négative vers le malheur (rejet unilatéral, rupture amoureuse). Il reste cependant des choses et qui peuvent s'actualiser. Rien n'est perdu, tout se transforme.
Mais dans tous les cas, la sexualité redémarre d'une manière super puissante (pas très confortable pour les malheureux/malheureuses) jusqu'à un retour vers l'ordinaire.
La négation de la négation de la sexualité quelque soit le résultat (réussite ou échouement) aboutit à un nouvel état : c'est la maturité.
Réduire l'amour à la sexualité et surtout au sexe (biologie) comme le font les médias, les films, les séries et les chercheurs empiristes et pragmatiques c'est détruire l'amour et faire fi du couple et de l'attachement soit des relations sociales. Ça reste dans l'égo soit dans l'individualisme qui profite au libre marché du sexe (pornographie, bordels (usine à sexe)). De ce fait, les libéraux et les gauchistes post-modernes qui prônent la liberté sexuelle sont incapables d'appréhender l'amour de manière scientifique (pensée/regard dialectique, mode opératoire naturaliste).
De là, les spiritualistes s'en accaparent pour faire de l'amour un phénomène mystique. Ce qui conduit à faire de l'Amour d'un mystère pour les uns et d'un trouble - défini par le DSM - pour les autres.
De l'Amour à la Raison
Cf article détaillé : in intelligence au chapitre De l'Amour à la Raison
SEXUALITÉ
La libido
- Henri Wallon (1982). La vie mentale. Éditions sociales.
La vie affective « a ses objets vers lesquels nous sommes attirés, à l'aide desquels nous essayons de nous satisfaire, de nous compléter, dans lesquels nous cherchons à nous réaliser. C'est qu'on pourrait appeler avec Freud la libido. » (p.322)
L'école
p.323 >
« Peu importe, pour l'instant, que cette libido se confonde ou non avec la sexualité. Du moins Freud a-t-il montré quelle peut se porter sur différents objets. Elle a ses objets naturels, comme les réflexes de Pavlov ont leur excitants inconditionnés.
Ces objets varient d'ailleurs avec l'âge de l'enfant. Ils commencent par intéresser exclusivement la sensibilité du tube digestif, puis ils se confondent avec d'autres sensibilités moins spécifiquement organiques et enfin avec des êtres extérieurs. Cette succession peut-être troublée.
Il arrive que la libido reste fixée sur un objet déjà dépassé par l'âge du sujet ou qu'elle régresse vers un objet d'âge antérieur. Il en résulte suivent les cas, soit des manifestations plus ou moins partielles de puérilisme, soit des faits de dépravation et de perversion par combinaison de ce puérilisme partiel avec des manifestations d'un âge plus avancé. Ici encore la part des circonstances et celle du tempérament peuvent être variable.
INVERSEMENT,
d'ailleurs, la libido peut évoluer et se dépasse en quelque sorte elle-même, en substituant à ses objets naturels ou inconditionnés d'autres objets qui n'ont avec elle - c'est-à-dure avec les appétits essentiels du sujet - aucune sorte d'analogie. La libido peut en effet
- soit se déplacer d'un objet à un autre, comme elle fait avec la succession des âges,
- soit se transférer d'un objet sur un autre par suite d'analogies circonstancielles ou symboliques, soit
- se sublimer, c'est-à-dire s'utiliser à la poursuite directe de fins d'où elle ne peut tirer aucune sorte de satisfaction directes, comme sont les fins idéales de la science, de l'art, de l'action pour autrui.
C'est cette évolution qui est souvent troublée chez l'individu pervers. Non seulement les circonstances ou son défaut d'imagination intellectuelle et morale ont pu faire obstacle à la sublimation, mais il peutêtre victime de transferts absurdes ou redoutables,
- soit par manque de sens critiques,
- soit par suite de situations propres à fausser sa sensibilité.
Il est aussi souvent resté étroitement fixé aux objets immédiats de ses instincts, faute d'aptiitude à les dépasser ou faute d'occasion. Analyse les objets qu'il poursuit pourrait donner, avec la connaissance des arrêts ou déviations qu'a subis son développement affectif, le moyen d'y parer ou de le redresser. »
La vieillesse
p.355 >
« À part cette accoutumance graduelle qui, en supprimant chez le vieillard les réflexe d'attrait et de curiosité, émousse ses impressions, ne le seraient-elles pas aussi par affaiblissement de sa libido, c'est-à-dire de ce qui pousse l'homme à désirer et à fixer son désir sur certains objets ? Peu importe ici que cette libido soit ou non, en toutes circonstances, le transfert ou la sublimation de l'instinct sexuel.
En fait, le vieillard n'est pas exempt d'attachement souvent passionné pour la réalité, érotique ou non, qu'il a choisie. La différence avec l'enfant et l'adulte, c'est que par nature elle implique habituellement une participation moins active de sa part. Ce que l'enfant et l'adulte cherchent dans l'objet de leur libido, c'est l'activité qu'ils peuvent y déployer, c'est de s'y retrouver eux-mêmes. À mesure au contraire, que déclinent les possibilités animatrices ou créatrice du vieillard, il paraît chercher des compensations hors de lui. il devient souvent avide de consécrations officielles, d'honneurs. Il se cramponne à l'argent, à la propriété. Ce qui était un simple effet devient principe, ce qui lui était moyen lui devient fin. Les forces de la vie qu'il sent lui échapper, il les mets dans des choses étrangères. Il lui arruve de se priver pour amasser, comme s'il espérait, au moment de tout quitter, se suivre dans ce qu'il laisse.
p.356 >
MAIS, INVERSEMENT,
soit par sublimation de la libido, parce que l'instinct de vie s'opposerait un instinct contraire, la vieillesse peut aussi consister dans un relâchement graduel des liens qui unissent l'individu aux choses. Au lieu de les vouloir pour lui, il sera satisfait d'en apprécier les qualités, sans chercher à y goûter ses propres besoins d'activité ou de jouissance. S'il rêve de se survivre, ce sera au-delà des réalités actuelles ou bien dans l'esprit des autres. Ses intérêts et son point de vue personnels peuvent se résorber dans une sorte de contemplation qui l'unisse à la vie unanime de son temps ou de tous les temps ou même celle de la nature physique. Humanisme ou panthéisme de ceux qui savent bien vieillir. À part quelques moralistes, il est rare qu'on ait considéré la vieillesse comme un âge ayant signification fonctionnelle. Il y a pourtant dans le De senectute une substance proprement psychologique, et c'est peut-être notre civilisation d'affaires et de métiers qui a détourné la vieillesse de sa destination biologique. Ses disciplines mieux observées, elle pourrait être pour l'homme, après la tâche accomplie, un progressif acheminement vers une sorte d'euthanasie naturelle. »
Chez les personnes âgées
- Michel Cariou (1995). In Personnalité et vieillissement. éd. Delachaux & Niestlé, 1995
- Alexander María Leroy (2020). Penser la sexualité des personnes âgées : De Disney à l'EHPAD du XXIe siècle. L'Harmattan
« La sexualité et la vieillesse sont incompatibles dans les représentations sociales. L'étude du répertoire commun que constituent les films des studios Disney l'illustre bien. Mais qu'en est-il dans les représentations des professionnels de la gérontologie ? En utilisant la méthode des témoignages écrits, ce travail tente de décrire le regard des soignants d'EHPAD sur la question. Sous la plume de ces professionnels, la sexualité cesse d'être impensable parce qu'elle est une réalité. »
Citations
AMOUR
Karl Marx
La sainte famille
Non, la bien-aimée est un objet sensible; et la Critique critique exige pour le moins, quand elle condescend à admettre un objet, que cet objet soit non sensuel. Mais l'amour est un matérialiste non critique et non chrétien. Enfin, l'amour va jusqu'à faire d'un être humain « cet objet extérieur de l'affectivité » d'un autre être humain, l'objet où trouve sa satisfaction le sentiment égoïste de l'autre, égoïste, parce que c'est sa propre essence que chacun quête chez l'autre.
La passion de l'amour ne peut prétendre à un développement intérieur intéressant, parce qu'elle ne peut être construite a priori, parce que son développement est un développement réel qui s'opère dans le monde sensible et entre individus réels.
Les manuscrits de 1844, l'Argent
Si tu supposes l'homme en tant qu'homme et son rapport au monde comme un rapport humain, tu ne peux échanger que l'amour contre l'amour, la confiance contre la confiance, etc. Si tu veux jouir de l'art, il faut que tu sois un homme ayant une culture artistique; si tu veux exercer de l'influence sur d'autres hommes, il faut que tu sois un homme qui ait une action réellement animatrice et stimulante sur les autres hommes. Chacun de tes rapports à l'homme - et à la nature -doit être une manifestation déterminée, répondant à l'objet de ta volonté, de ta vie individuelle réelle.
Si tu aimes sans susciter d'amour réciproque, si ton amour en tant qu'amour ne suscite pas l'amour réciproque, si par ton expression vitale d'homme qui aime tu ne fais pas de toi-même un homme aimé, alors ton amour est impuissant, c'est un malheur.
Franscesco Alberoni
cf article détaillé : Franscesco Alberoni
Zygmunt Bauman
Peu de chose se rapprochent autant de la mort que l'amour accompli. Chaque apparition des deux est unique mais aussi définitive, elle n'admet pas la répétition, n'autorise aucun appel et ne promet aucun sursis. Chacun doit, et le fait, tenir « tout seul ».
- L'Amour liquide - De la fragilité des liens entre les hommes, Zygmunt Bauman (trad. Christophe Rosson), éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2010, p. 11
Pas plus dans l'amour que dans la mort on ne peut s'engager deux fois.
- L'Amour liquide - De la fragilité des liens entre les hommes, Zygmunt Bauman (trad. Christophe Rosson), éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2010, p. 12
L'amour et la mort frappent, en temps et en heure ; sauf que l'on ne peut savoir quand cela se produira. Quelle que soit cette date, elle vous prendra à l'improviste. Au cœur même de vos préoccupations quotidiennes, l'amour et la mort surgissent ‘ab nihilo’ — à partir de rien
- L'Amour liquide - De la fragilité des liens entre les hommes, Zygmunt Bauman (trad. Christophe Rosson), éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2010, p. 13
Tran-Thong
=> Tran-Thong (1992). Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine. Onzième tirage. Librairie J. Vrin.
Chez Freud
p.112 >
L'ambivalence du comportement enfantin se manifeste par le mélange ou l'alternance de l'amour et de l'agressivité, du sadisme et du masochisme.
L'ambivalence d'amour et d'agressivité résulte de la double nature des matières fécales comme objet à rejeter ou à conserver, mais qui appartiennent à l'enfant.
Amour et agressivité s'accompagnent souvent de sentiment de contentement et de culpabilité.
Le sadisme qui a débuté à la phase tardive du stade oral, est associé désormais à l'analité. Il es dû selon Lagache « notamment au sens destructif de l'élimination et au fait que dans l'apprentissage de la propreté, le contrôle des sphincters devient un instrument d'opposition aux adultes » (Lagache, 1955; p.30). Le masochisme pat contre résulte de l'excitation érotique que provoque les fessées.
Chez Wallon
p.220 >
La même ambivalence caractérise l'amour d'adolescent, qui est à la fois désir de possession, d'avoir à soi, d'absorber en soi l'être aimé et désir de se sacrifier totalement à lui. L'ambivalence traduit le déséquilibre intérieur, un remaniement en cours faits d'oscillations entre les extrêmes, avant l'intégration et le retour à l'équilibre sur un plan nouveau.
Henri Wallon
Par suite des circonstances ou de leur tempérament, leurs tendances affectives l'emportent d'habitude sur le contrôle intellectuel. Or la vie affective présente certaines particularités essentielles que doit connaître quiconque peut-être en rapport avec eux. Suivant, l'expression proposée par Freud, il y a "ambivalence" dans tout sentiment, c'est-à-dire qu'il est à la fois lui-même et son contraire.
Par exemple, l'amour ne peut pas se développer sans développer simultanément des germes de haine, qui opèrent en sourdine ou se manifestent par épisode et qui peuvent même servir de stimulant à l'amour. Le besoin de faire souffrir, souvent avec raffinement, est un trait inévitable de l'amour, de même que des sentiments intermittents de vive hostilité et d'intolérance. Il n'est pas exceptionnel que le sentiment induit finisse par prendre la place du sentiment initiale; la haine la place de l'amour ou inversement.
- La vie mentale, Dr H. Wallon, éd. Éditions sociales, 1982, chap. Les sentiments et leur ambivalence, p. 320
Michel Cariou
Dans la jeunesse c'est le désir qui suscite l'amour, avec la maturité c'est l'amour qui génère le désir.
- Personnalité et vieillissement, Michel Cariou, éd. Delachaux & Niestlé, 1995 (ISBN 2-603-00979-6), partie Problèmes de l'âge ou problèmes d'une vie, chap. contexte de vie et vieillissement (§ sexualité et vieillissement), p. 179
SEXUALITÉ
Henri Wallon
L’onanisme fait parfois place à la pédérastie et au tribadisme.
Il y a manifestement, dans tous ces cas, de l’excitation émotive. Elle se traduit par de l’irritabilité et en regard aussi par le goût des caresses, la zoophilie (2) et même le besoin d’affection. Elle n’est pas sans rapport avec un état d’ennui, d’appétition vague, nostalgique, d’insuffisance et d’inquiétude affectives, qui sont bien souvent le germe d’une conduite perverse. Anxiété sans objet, dégoût, pénible impression d’anesthésie morale, recherche de stimulations appropriées, désir du risque, de l’aventure, subterfuges d’imagination ou de sensibilité sont à l’origine des fugues, vagabondages, vols, mensonges, niches, taquineries, actes de cruauté, dont cette catégorie d’enfants se rend coupable avec prédilection
- L'enfant turbulent, Henri Wallon, éd. PUF, 1984 (1ère édition : 1925). cité par Louis le Guilant in La relation de l’enfant et du milieu dans l’œuvre de Wallon
C'est l'espèce de conditions affectives qui parait commander les habitudes d'onanisme chez des enfants, par ailleurs très peu suspects de précocité sexuelle.
- L'enfant turbulent, Henri Wallon, éd. PUF, 1984 (1ère édition : 1925), partie I_ Le stade de développement psychomoteur, chap. Le stade émotif, p. 107
L'accusation d'onanisme ne paraît pas plus que celle de fugue, résulter du seul désir de charger l'enfant, pour obtenir son internement. Elle répond bien le plus souvent, à son aspect de petit être rebuté, triste et timide. L'humiliation, le sentiment d'abandon et de solitude, incitent manifestement l'enfant à se masturber.
Si c'est chez l'adolescent ou chez l'adulte que cette habitude se rencontre, elle paraît liée à l'évocation de situations ou de scènes en rapport avec la complexion génitale du sujet : le plus souvent un jaloux ou un masochiste, qui allie par conséquent encore l'excitation sexuelle aux dispositions dépressives. Sa réaction est du type conditionnel, comme toutes celles qui relèvent de l'émotion.
L'excitation locale n'est qu'un adjuvant, dont le sujet cherche plutôt à détourner sa pensée, loin d'y être attentif comme aux stimulations d'ordre sensoriel et véritablement tactile.
- L'enfant turbulent, Henri Wallon, éd. PUF, 1984 (1ère édition : 1925), partie I_ Le stade de développement psychomoteur, chap. Le stade émotif, p. 108
L'orgasme vénérien peut aider à la résolution du tonus anxieux. La masturbation est une réaction fréquente des mélancoliques. Une attente anxieuse s'achève souvent en besoins érotiques.
- La vie mentale, Henri Wallon, éd. PUF, 1982, p. 211