Front unique ouvrier

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Un front unique ouvrier est un accord entre des forces politiques du prolétariat (syndicats, partis ouvriers...) en vue de l'unir de façon efficace contre la bourgeoisie. C'est une application spécifique et fondamentale de la tactique du front unique.

L’objectif du front unique ouvrier est de créer le maximum d’unité d’action pour le prolétariat contre la bourgeoisie. Au coeur de cette tactique se trouve le besoin de l’indépendance de classe. Son principe fondamental est le défi lancé par l’organisation révolutionnaire aux dirigeants réformistes ou centristes des organisations ouvrières de masse ou d’une certaine taille: "Rompez avec la bourgeoisie !" L’unité des travailleurs implique une rupture avec la bourgeoisie, son Etat et ses partis. Les principes du front unique ouvrier sont ceux exposés ci-dessus, appliqués à la lutte de classe unie du prolétariat, qu’elle soit défensive ou offensive. Il peut être appliqué à la fois aux actions les plus limitées ou défensives, et à une offensive contre tout l’ordre bourgeois. Au front unique ouvrier s’oppose tout bloc avec les partis ou les représentants individuels de la bourgeoisie. Le prolétariat ne rejette pas le soutien d’individus ou même de forces organisées venus d’autres classes. Dans des secteurs opprimés racialement ou nationalement, il est permis de travailler avec des forces bourgeoises (par exemple contre la répression étatique, pour l’égalité des droits ou contre des attaques fascistes). Mais de telles actions communes ne nécessitent pas de "réserver une place" pour la bourgeoisie juive ou noire au sein du front unique ouvrier contre le fascisme. Elles obligent encore moins les révolutionnaires à subordonner ou limiter leurs propres revendications dans l’espoir de gagner des alliés peu sûrs au sein de la petite-bourgeoisie ou parmi des notables bourgeois dissidents. Dans les pays impérialistes, les partis bourgeois sont incapables d’effectuer des actions progressistes systématiques, et les révolutionnaires doivent s’opposer à leur participation à des fronts communs avec les organisations ouvrières. Le front unique ouvrier ne peut être limité aux seuls syndicats comme le voulaient les bordiguistes. Il s’applique également - et encore plus lors d’une lutte aiguë - aux partis politiques qui se disent des partis ouvriers et qui organisent des secteurs importants du prolétariat. L’objectif est d’arracher les dirigeants réformistes aux chambres des députés, aux banquets et des réunions secrètes avec l’ennemi de classe, et de les obliger à conduire leur base dans la rue, sur les piquets de grève, voire, dans des conditions révolutionnaires, sur les barricades. Le fait que ces dirigeants puissent être des agents assermentés de la bourgeoisie ne peut être considéré comme un argument empêchant que la proposition de front unique leur soit adressée. Ce qui est décisif, c’est que ces traîtres aient encore, sinon la confiance, du moins le contrôle des larges secteurs du prolétariat, et que le parti révolutionnaire n’ait pas encore gagné la confiance ou la direction organisée de ces masses. Nous rejetons tout soutien à un gouvernement des partis ouvriers réformistes et des partis de la bourgeoisie, une coalition de "gauche" ou un front populaire. Si un pseudo-front unique est organisé ou un front populaire est formé entre les organisations ouvrières de masse et les partis bourgeois, les révolutionnaires doivent développer des tactiques afin de chasser ces partis en démontrant aux travailleurs qu’ils ne peuvent pas mener un combat de masse, qu’ils bloquent et trahissent de tels combats, et que les dirigeants réformistes mettent sans cesse en avant la "nécessité" de conserver leur soutien pour freiner les luttes. La tactique de front unique ouvrier nécessite aussi de revendiquer que les partis réformistes rompent avec la bourgeoisie et luttent pour un gouvernement ouvrier. Lors de crise politique aiguë, ce slogan peut devenir la revendication principale de l’heure. Front unique et gouvernement ouvrier Qu’est-ce qu’un véritable gouvernement ouvrier ? C’est un gouvernement qui prend des mesures décisives pour désarmer la bourgeoisie et armer les travailleurs ; qui aide les travailleurs dans leurs lutte afin de saisir les principaux bastions du pouvoir capitaliste - les banques et les principaux monopoles industriels. Evidemment, de telles mesures ne peuvent être mises en oeuvre sur le terrain de la politique électorale et parlementaire. Aux travailleurs réformistes qui ont des illusions dans le parlementarisme, nous disons : "Mettez vos partis au pouvoir, obligez-les à prendre de telles mesures, mais organisez la mobilisation de vos syndicats et de vos partis afin de vous préparer à l’inévitable déclaration de guerre civile que ne manquera pas de lancer la bourgeoisie si vos dirigeants prennent des mesures sérieuses menaçant la propriété privée. Nous soutiendrons de façon critique la victoire électorale de vos partis et nous les défendrons contre une attaque bourgeoise." Aux travailleurs centristes qui croient que la combinaison d’une victoire parlementaire et d’une mobilisation de masse indépendante sera suffisante, nous disons : "Il serait suicidaire de lier les actions de masse de la classe ouvrières aux échéances électorales, de respecter les majorités et les minorités, de refuser d’attaquer les forces armées au nom du respect de la constitution." Un "gouvernement ouvrier" qui ne gagne pas les soldats à sa cause et qui ne prend pas les armes des mains des officiers, qui ne crée pas une milice ouvrière et qui ne dissout pas la police, est condamné. Pour que les communistes soutiennent la prise du pouvoir par une force politique non révolutionnaire, deux conditions doivent être réunies. D’abord, ce doit être une organisation ouvrière. Deuxièmement, les communistes doivent expliquer clairement qu’ils seront toujours dans l’opposition. Dans certaines circonstances exceptionnelles, les communistes eux-mêmes peuvent former un gouvernement commun avec des forces non-révolutionnaires ouvrières et paysannes. Un tel gouvernement ne constituerait pas encore la dictature prolétarienne. Mais, comme l’a dit l’Internationale Communiste, en s’assurant du respect de certaines conditions, les communistes pourraient soutenir un tel gouvernement. Un tel gouvernement doit être basé sur des conseils ouvriers et des milices des ouvriers et des paysans. Il doit attaquer et désarmer immédiatement la bourgeoisie en tant que classe. Il doit imposer le contrôle ouvrier sur la production et permettre la critique totale de l’action gouvernementale par les communistes. Dans un tel gouvernement, les communistes pourraient constituer une minorité. Bref, de tels gouvernements sont des gouvernements ouvriers révolutionnaires, une forme de gouvernement transitoire vers la dictature prolétarienne. Les communistes devraient chercher à utiliser ces nouvelles positions afin d’achever le renversement de la classe capitaliste et d’instaurer une nouvelle dictature révolutionnaire.

1 Des comités de grèves aux conseils ouvriers

Dernier élément du front unique ouvrier : la création des organisations de base de la classe ouvrière. Quand des grèves éclatent, nous devons exiger la création de comités de grève de la base, à travers lesquels les masses peuvent contrôler l’orientation de leurs luttes et empêcher les trahisons bureaucratiques. Pendant les moments de lutte de classe intense, les communistes cherchent à développer des organisations plus larges, plus combatives et plus démocratiques : les conseils ouvriers. Dans ces instances, nous combattons pour que les représentants soient élus et révocables par des assemblées de masse. Les conseils doivent être construits partout dans le pays, mais centralisés au niveau national. Ils doivent avoir pour objectif de s’armer et de gagner les soldats à leur cause. De cette façon, le front unique joue son rôle à chaque niveau de la lutte révolutionnaire : du travail syndical, en passant par des mouvements de grève jusqu’à l’organisation des travailleurs pour qu’ils exercent leur propre pouvoir sur toute la société. L’application flexible et correcte de cette tactique fournit une arme puissante au service des masses. A un moment ou un autre, les révolutionnaires qui n’apprenent pas comment s’en servir vont se tromper profondément, menant ainsi tous ceux qui les suivent ver l’échec. L’enjeu est de taille.

2 Notes et sources