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Special pages :
Vandervelde, « Naché Slovo » et « Vorwärts »
Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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Écriture | 22 août 1916 |
Publié dans La Guerre et la Révolution. Paris 1974, pp. 138-139
Dans la publication parisienne d’Alexinsky-Plékhanov nous avons trouvé un démenti au sujet de notre remarque concernant les insuccès de Vandervelde sur le front. Nos lecteurs s’en souviennent, l’affaire était la suivante : à l’occasion d’un des voyages sur le front de l’intendant belge « au langage fleuri », un soldat socialiste lui rappela ses beaux discours d’antan et l’empêcha ainsi de prononcer une de ses superbes allocutions actuelles prônant le jusqu’au-boutisme. Notre remarque fut reproduite par une bonne partie de la presse socialiste. C’est alors que Vorwaerts déclara avoir reçu d’Amsterdam l’information d’après laquelle la reproduction par Vorwaerts d’un article de Naché Slovo était dépourvue de tout fondement. « Nous regrettons, écrit Vorwaerts, d’avoir été induits en erreur par un journal généralement bien informé. » De notre côté, nous pensons que la rédaction du journal allemand a pris trop légèrement pour argent comptant le démenti venu d’Amsterdam. D’où vient-il ? Personne ne le dit. Qui à Amsterdam, et de quelle façon est convaincu que l’incident n’était en rien celui qui fut décrit ? Raisonnons logiquement. Il existe deux moyens de contrôle : 1° interroger tous les soldats belges, 2° s’adresser à Vandervelde lui-même. Comme il est difficile de procéder à la première opération, il faut penser que Vandervelde a chargé un intermédiaire hollandais de donner un démenti à Naché Slovo et qu’il a fait interdire de mentionner son nom… Un ministre belge ne peut avoir aucune « relation » avec la presse germanique. Même si Vandervelde n’était pas une personnalité si connue, même si les ministres en général, et les belges en particulier, n’ont pas recours à de tels démentis (lesquels, entre nous soit dit, demandent une vérification), cette histoire où « notre homme » s’engage anonymement ne peut être que suspecte et inspirer la méfiance.
En ce qui nous concerne nous avons pris notre information d’une personne présente à la fameuse scène et qui passa quelques jours a à Paris, à l’occasion d’une très courte permission. Ce soldat belge, bon patriote, bien connu de plusieurs de nos camarades français, présente toutes les garanties de sérieux et de franchise. Et comme, de plus, il sera un héritier politique de Vandervelde, il n’a aucun intérêt à créer des difficultés inventées de toutes pièces au ministre, aussi nous pouvons lui faire confiance et ne pas ajouter foi à un démenti anonyme et officieux.
Nous nous en serions arrêtés là si Vandervelde ne nous fournissait pas un argument complémentaire. Le numéro d’hier du Petit Parisien, l’un des journaux les plus répandus et lus de tous ceux qui répugnent à la pensée critique, reproduisait un article de Vandervelde concernant son nouveau voyage sur le front français. Le ministre belge (que la rédaction du Petit Parisien appelle son éminent collaborateur) compare, sur un ton moralisateur, les soldats belges et anglais aux « soldats français qui se battent à nos côtés ». (Pour autant que nous le sachions, depuis quand Vandervelde se bat-il ?) : « Merci, soldats de France, qui sauvez par la force de votre foi patriotique, etc., etc. » Tout cela sur un ton de snobisme lyrique… « Étonnants soldats de France, modestes et joyeux, se contentant de peu, de ce qu’ils reçoivent plus ou moins régulièrement de pain, de vin et de viande. »
Représentez-vous le tableau ! Vandervelde recommandant aux soldats belges d’être modestes et de se contenter des distributions faites par les intendants du roi Albert ! N’est-il pas raisonnable de penser que parmi les auditeurs forcés de l’orateur-ministre, il se trouva un socialiste pour conseiller à l’ex-président de l’Internationale un petit chemin plus éloigné pour ses promenades oratoires ?