Un quiproquo amusant

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Chers citoyens,

Dans le Socialisme récent (N° 194 du 2 septembre) je lis dans l’article du citoyen Compère-Morel « Les socialistes et la guerre », les lignes suivantes :

« Certes, nous ne contestons pas que la majorité, l’énorme majorité du Congrès de Mannheim, rangée derrière Bebel, a refusé de prendre en considération une motion de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht, – qui, en Allemagne, mènent une campagne semblable à celle que Hervé mène en France en faveur des théories exposées en 1893 par le Hollandais Domela Nieuwenhuis au Congrès international de Zurich – tendant à créer un comité spécial antimilitariste dans le sein de la social-démocratie. »

Le passage est en erreur dès le commencent jusqu’à la fin.

D’abord, je n’ai présenté au Congrès de Mannheim aucune motion antimilitariste de pair avec le citoyen Karl Liebknecht, aucune campagne spéciale antimilitariste.

Il est vrai que le citoyen Karl Liebknecht a présenté au Congrès de Mannheim une motion antimilitariste et a demandé, lui, un Comité spécial antimilitariste, mais moi je n’y avais aucune part. Et ni le citoyen Karl Liebknecht ni moi et, et du reste, personne dans la social-démocratie allemande ne mène pas un campagne semblable « à celle qu’Hervé mène en France », ni ne propage « les théories exposées en 1893 par le hollandais Domela Nieuwenhuis ». La vérité est que, tout au contraire, les idées de Hervé et de Domela Nieuwenhuis sont réfutées par tous les camarades en Allemagne comme confusionnisme anarchiste. Quant à moi, j’ai critiqué sévèrement cette conception anarchiste de l’antimilitarisme et de la grève générale dans une brochure intitulée : La Grève générale, le Parti et les Syndicats, parue en allemand à Hambourg, en 1906, et en français dans le Socialisme, dans la traduction et avec la préface du citoyen Bracke.

Comme le citoyen Compère-Morel ne connaît probablement pas la langue allemande, ce sera quelque mauvais farceur qui lui a procuré des informations si inexactes.

J’espère que vous voudrez bien publier cette petite rectification pour remettre les hommes et les choses à leur place.

Salut et fraternité, à vous et au citoyen Compère-Morel.

Berlin, le 5 septembre 1911.