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Séance d'ouverture du 3e Congrès
Auteur·e(s) | Grigori Zinoviev Lev Kamenev Paul Frölich Paul Vaillant-Couturier Troisième internationale |
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Écriture | 22 juin 1921 |
La séance est ouverte à 7 heures du soir, sous la présidence du camarade Zinoviev.
Discours de Zinoviev[modifier le wikicode]
Zinoviev. — Au nom du Comité Executif de l'Internationale Communiste, je déclare ouvert le troisième Congrès. (Applaudissements. L'orchestre exécute l'Internationale.)
Camarades, notre première pensée sera, comme dans tous les Congrès prolétariens internationaux, consacrée à nos frères tombés pour le Communisme. Aux noms inscrits au livre d'or de notre lutte bien des noms glorieux se sont ajoutés au cours de la dernière aimée. Il n'y a pas si longtemps que les ouvriers berlinois conduisaient à sa dernière demeure la dépouille d'un de leurs meilleurs militants assassiné par la bourgeoisie allemande, le camarade Sylt. Tout récemment, un groupe de communistes turcs, parmi lesquels se trouvait notre camarade Sübhi[1], membre du Premier Congrès de l'Internationale Communiste, a péri de la main des assassins. Dans les pays limitrophes de la Russie des soviets nous avons perdu toute une série de vaillants camarades ! C'est ainsi que la bourgeoisie lettone a tout récemment fait fusiller tou un groupe de glorieux militants parmi lesquels se distinguaient tout particulièrement les camarades Schinf et Berns. Récemment, de semblables exécutions eurent lieu en Lituanie. Il ne se passe pas de semaine en Italie que nos camarades ne perdent, dans la lutte qu'ils soutiennent contre les mercenaires de la bourgeoisie, quelques militants. Pendant les journées de mars, des centaines de camarades, pris parmi les meilleurs, sont tombés en Allemagne. Et nous devons aussi mentionner la fin tragique de plusieurs délégués du deuxième Congrès. Vous vous rappelez tous la disparition de Raymond Lefebvre, de Lepetit et de Vergeat, péris en mer, ainsi que plusieurs camarades grecs, dont le camarade Alexakis[2].
Sont morts également pour la cause du prolétariat, Ivan Rakhia[3] et ses amis. Est morte la camarade Inessa Armand, qui avait activement participé à notre deuxième congrès, et nous avons' tout récemment conduit à sa dernière demeure la camarade Samoilova[4] En Yougoslavie comme dans tout le sud de l'Europe, la terreur blanche fait rage et nous arrache des groupes entiers de militants. Avant de commencer nos travaux, j'invite le troisième Congrès de l'Internationale Communiste à honorer nos morts en se levant.
(Tous les délégués se lèvent. L'orchestre joué une marche funèbre.)
Nous saluons aussi au nom du 3e Congrès de l'Internationale Communiste, les milliers, voire les dizaines de milliers de camarades emprisonnés en ce moment dans différents pays. En Allemagne nos camarades ont perdu à la suite des journées de mars quatre cents hommes, condamnés à des peines de prison ou de travaux forcés, et sept mille autres emprisonnés. Nous savons aussi que les prisons de la République hongroise et celles de la République finlandaise ne sont point vides. Dans les pays bourgeois les plus démocratiques des milliers de communistes sont emprisonnés. En Angleterre, un des chefs de notre jeune Parti Communiste est en ce moment sous les verrous, ainsi que d'autres camarades anglais, coupables d'avoir porté aux travailleurs la parole communiste. En Tchécoslovaquie les geôles sont bondées d'ouvriers parmi lesquels figurent des militants éprouvés, des communistes tels que les camarades Muna[5] et Zápotocký[6], qui sont de tout cœur avec nous, comme nous sommes avec eux. Nous sommes convaincus que le temps n'est pas loin où toutes les prisons capitalistes sans exception seront abattues par le peuple insurgé, où une armée des meilleurs fils de la classe ouvrière internationale enfin libres se mettront à la tête des masses prolétariennes pour monter à l'assaut du capitalisme.
Nous avons vu se produire au cours de l'année écoulée dans divers pays des insurrections armées qui, dans certains pays, ont revêtu l'ampleur des grandes batailles. A peine avions-nous prononcé la clôture du 2e Congrès de l'Internationale Communiste qu'en Italie, dans le pays qui était le plus proche de la révolution prolétarienne, un mouvement des masses prolétariennes se produisait, mettant en œuvre un nouveau moyen de lutte. Pendant deux semaines les ouvriers italiens voulant l'expropriation des fabriques et des usines, s'emparaient de certaines usines et organisaient l'armée rouge, se préparant à pousser plus loin leur action. Pendant ce temps les réformistes italiens, ceux-là mêmes qui nous avaient fait l'honneur d'une visite et qui voulaient adhérer à l'Internationale Communiste, trahissaient la classe ouvrière. La Confédération Générale du Travail[7], dirigée par les vieux opportunistes fit au moment décisif tout ce qui dépendait d'elle pour animer le mouvement ouvrier. Les centristes italiens, à la tête desquels se trouvait un homme en qui nous avions confiance l'an dernier, ne trouvait rien de mieux que de présenter le mouvement comme purement corporatif et pacifique.
Les ouvriers italiens ont dû comprendre que certains de leurs chefs contrecarraient leur action.
En décembre 1920 de grandes actions de masses parfois armées se sont produites en Tchécoslovaquie.
Le mouvement prolétarien embrasse un million d'hommes, mais insuffisamment organisé il subit une défaite qui contribua à tremper le prolétariat tchécoslovaque, et précipita son éducation en l'aidant à former un parti communiste de masses dont les délégués sont aujourd'hui parmi nous pour la première fois.
Au printemps de cette année, nous avons assisté à l'insurrection du prolétariat allemand, à laquelle plus d'un million d'hommes prit part. Elle s'acheva aussi par une défaite, mais non sans avoir joué un rôle considérable, non sans avoir ajouté des pages glorieuses à l'histoire des luttes du prolétariat allemand pour son émancipation. A côté de ces vastes mouvements, nous avons vu se produire dans des pays des mouvements ouvriers moins importants. Ils ont tous contribué à tremper nos jeunes Partis communistes et à leur donner d'inappréciables leçons. Ils leur auront, ré[8] et de la conscience, car nous ne pouvons nous contenter de patience pacifique, mais nous devons au contraire conduire notre Parti de bataille en bataille, faire succéder les agressions contre le capitalisme aux agressions. Nos adversaires, indiquant ces trois mouvements de masses en déduisent que l'Internationale Communiste n'a subi cette année que des défaites. Certes, les gens qui ne voient plus loin que le bout de leur nez peuvent considérer le mouvement tchécoslovaque et allemand comme des défaites communistes mais nous savons que la lutte internationale du prolétariat tout entier est faite de semblables échecs.
Nous savons qu'avant de vaincre, le prolétariat russe a subi de nombreuses défaites et nous sommes convaincus que la lutte qui en Italie, en Tchécoslovaquie, en Allemagne n'a pas amené la victoire du prolétariat international, nous a cependant fait faire un grand pas en avant. A l'époque où se réunissait notre deuxième Congrès mondial, le capitalisme semblait traverser une époque de régénération. Maintenant que se réunit le troisième Congrès le capitalisme mondial traverse une crise profonde et prolongée. Il y a en Europe et en Amérique des millions et peut-être des dizaines de millions de chômeurs et quantités d'ouvriers ne travaillant que des demi-semaines. Nous voyons l'indigence grandir en divers pays. Nous avons assisté à l'étonnante grève des mineurs anglais, qui est assurément dans l'histoire de la révolution internationale prolétarienne un événement. Cette grève est d'autant plus étonnante par l'héroïsme et la ténacité des ouvriers que les leaders des anciennes Trade-Unions ont.,comme il fallait s'y attendre de la part de ces messieurs, trahi les travailleurs au moment décisif.
Bien que n'étant pas bien soutenus par le reste du prolétariat anglais, bien que serrés de toute part, les mineurs anglais continuent depuis déjà plusieurs semaines une grève sans précédent dans l'histoire. Au moment où nous ouvrons notre Congrès, nous recevons de nouvelles informations sur le mouvement révolutionnaire en Italie, grève des cheminots, grève des postes et télégraphes, l'Italie entre évidemment de nouveau dans une époque de grandes luttes. L'Allemagne, où l'écho des fusillades ordonnées par les tribunaux blancs ne s'est pas encore éteint, vient de vivre une grève de 3 jours. La Bavière s'oriente de nouveau vers les batailles révolutionnaires. En France, luttes au sein des syndicats, luttes qui se terminent dans les syndicats les plus importants par la victoire des révolutionnaires sur les opportunistes. Cette lutte a une signification capitale pour le mouvement révolutionnaire prolétarien international. En un an nos partis ont remarquablement grandi. Considérez seulement les pays les plus importants. Au deuxième Congrès la France n'était représentée que par un petit groupe de l'extrême avant-garde du mouvement. Nous avons aujourd'hui ici les représentants d'un parti français fort de 120 000 membres.
Considérez la Tchécoslovaquie. Au deuxième Congrès elle nous avait envoyé un petit groupe de propagandistes ; au troisième, elle est représentée par les délégués d'un Parti Communiste organisé qui compte plus de 400 000 ouvriers tchèques et allemands. Considérez l'Angleterre, qui à l'époque du 2e Congrès était représentée par huit petits groupes dispersés et quelques-uns parfois hostiles. Au troisième Congrès elle est représentée par la délégation d'un parti unique de quarante mille membres, suivant tous la même ligne de conduite et prêts à faire intervenir l'influence communiste dans le superbe mouvement prolétarien qui commence en Grande-Bretagne. Considérez l'Amérique. Au deuxième Congrès elle était faiblement représentée par des délégations de différents groupes. Cette année nous avons obtenu l'unification de toutes les forces d'Amérique dans un seul parti légal dont l'influence sur les masses prolétariennes va croissant. En Yougoslavie, la terreur blanche n'a pas réussi à anéantir notre parti malgré le concours des partisans de la 2e Internationale et l'Internationale deux et demi.
Mais nous avons aussi subi des pertes. Un grand parti unique et nombreux était représenté au deuxième Congrès par l'Italie, alors que nous n'avons aujourd'hui ici qu'un jeune Parti Communiste italien, réunissant au total, avec les jeunesses, 100 000 membres, et les philistins diront que l'Internationale Communiste a beaucoup perdu en Italie.
Nous ne le pensons pas. Nous avons perdu en Italie quelques illusions, quelques grandeurs négatives, quelques éléments venus à l'Internationale Communiste par malentendu. Nous y avons perdu les groupes qui pensaient pouvoir adhérer à la 3e Internationale sans se charger d'obligations sérieuses. Tant mieux pour l'Internationale Communiste débarrassée de ce poids. Les ouvriers italiens qui n'ont pas encore adhéré à l'Internationale Communiste nous les appelons avec chaleur et nous sommes persuadés que l'heure est proche où tous les travailleurs italiens seront avec nous. Mais ces messieurs qui ont trahi le mouvement ouvrier italien au moment où les ouvriers s'emparaient des usines, ces messieurs qui louchent d'un œil vers Amsterdam et de l'autre vers Moscou, nous n'en voulons pas. Ce n'est pas une perte à nos yeux !
Nous avons en Italie un jeune Parti Communiste composé d'hommes qui ont prouvé leur dévouement à la révolution, un parti relativement nombreux, auquel l'avenir appartient, nous en sommes convaincus, et qui réunira bientôt tout ce qu'il y a d'honnête et de révolutionnaire dans le prolétariat italien. (Applaudissements.) Les éléments qui nous sont hostiles viennent de se grouper internationalement. L'année dernière, les représentants des indépendants de la droite d'Allemagne et leurs semblables venaient ici, voulant se faire admettre parmi nous pour saboter ensuite le mouvement prolétarien comme le font partout leurs frères spirituels. Nous ne les avons pas accueillis. Ils se sont maintenant groupés : ils ont formé l'Internationale deux et demi. Nous n'avons pas à nous en plaindre. Tous les éléments opportunistes et demi-opportunistes, tous les débiles désireux d'éluder l'action véritable se sont réunis dans l'Internationale deux et demi, nous débarrassant ainsi de leur présence. L'Internationale Communiste ne peut que gagner à ce qu'ils s'en aillent et se concentrent au pôle opposé du nôtre.
Voyez, d'autre part ce qui est advenu de la 2e Internationale. On pouvait encore pendant notre deuxième Congrès douter du sort ultérieur de la 2e Internationale. Mais vous savez aujourd'hui, camarades, que sa destinée est parfaitement résumée par celle de son honorable président Thomas[9] qui est aussi un des personnages considérables d'Amsterdam. Lorsqu'éclata la grève des mineurs anglais il a trahi naturellement.
Et il n'y a pas bien longtemps nous avons lu que lorsque ce représentant en fuite de la 2e Internationale, ce vénérable militant d'Amsterdam a débarqué en Amérique, le prolétariat révolutionnaire américain l'a accueilli par une démonstration hostile. Camarades, n'est-ce pas là un fait caractéristique de la situation actuelle de la 2e Internationale gangrenée d'un bout à l'autre et devenue aujourd'hui une organisation nettement ennemie du prolétariat ? A l'heure actuelle notre principale lutte a lieu contre l'Internationale d'Arnsterdam, qui a groupé la 2e Internationale et l'Internationale deux et demie.
Après notre Congrès de Moscou se tiendra le premier Congrès mondial des syndicats rouges. Ce Congrès est appelé à avoir une importance énorme parce que nous y réunissons pour la première fois les syndicats qui vont consciemment contre Amsterdam et qui veulent détruire ce dernier rempart du capitalisme. Le Conseil International des syndicats dont les fondements furent jetés au moment du deuxième Congrès mondial a unifié au cours de cette année quinze millions de travailleurs syndiqués. Et le présent congrès doit donner une base encore plus solide à cette organisation.
En relation avec notre Congrès il s'est tenu a Moscou une Conférence Internationale de Femmes, qui a rempli brillamment sa tâche. Après notre Congrès aura lieu à Moscou le Congrès mondial de la Jeunesse Communiste, notre jeune garde prolétarienne qui pendant et après la guerre a mené une action excellente et qui s'est particulièrement distinguée au cours de cette année-ci. Elle a réussi à grouper sous le drapeau rouge du communisme un immense travail théorique et de principe. Ce Congrès devra encore une fois scruter dans tous les sens la situation politique et économique mondiale, examiner de nouveau et éprouver notre tactique, tremper tous nos partis contre le centrisme qui pénètre malheureusement dans nos rangs, même dans des pays classiques du mouvement ouvrier comme l'Allemagne. Notre Congrès trouvera la force pour dresser une barricade de fer contre ces tendances.
Notre Congrès trouvera assez de force, de volonté pour opposer la résistance la plus opiniâtre à tous ceux qui veulent inoculer au jeune Parti Communiste le poison du vieux centrisme et du demi-centrisme quels que soient les montes qu'ils aient eus dans le passé.
Notre Congrès tracera une fois de plus une ligne de conduite claire et nette plus concrète et plus détaillée qui devra être calculée également pour une marche plus rapide de la révolution prolétarienne et pour une marche plus lente s'il s'avère que la route suivie par la révolution n'est pas celle que nous voudrions. Notre Congrès achèvera l'édification de l'Internationale Communiste car maintenant toute une série de questions d'organisation de la plus haute importance se posent devant les différents partis et l'Internationale Communiste dans son ensemble : notre Congrès fera le bilan de notre travail au cours de cette année.
D'après la liste approximative que j'ai sous les yeux les délégués de 43 pays assistent à notre Congrès et il est probable que 50 pays au moins seront représentés. A vrai dire nous sommes en présence d'un gigantesque Congrès mondial du prolétariat communiste. Nous saurons faire le bilan de cette expérience inestimable que nos frères ont accumulée dans un certain nombre de pays. Nous mettrons à l'ordre du jour de notre Congrès l'importante question de la situation intérieure et extérieure de la République soviétiste, le seul pays où actuellement le pouvoir se trouve entre les mains du prolétariat qui a supporté tant de sacrifices, subi tant de souffrances dans la lutte pour ce pouvoir. Nous devons mettre nos frères venus de tous les coins du monde au courant des difficultés que nous rencontrons, les renseigner sur notre véritable situation, leur montrer nos côtés forts et nos côtés faibles, leur faire un tableau de la lutte de notre prolétariat héroïque dans laquelle il s'est épuisé pour la défense du pouvoir de la classe ouvrière russe ne représente pas moins de la moitié de la révolution mondiale prolétarienne. Tous comprennent combien les ouvriers de tous les pays sont intéressés à ce que le pouvoir du prolétariat se maintienne en Russie, et à ce que la guerre civile terminée et l'armée rouge démobilisée, il se livre enfin à son œuvre.
Camarades, avant même que notre Congrès ait commencé ses travaux, il fait l'objet de la haine forcenée de toute la bourgeoisie mondiale. Il n'y a pas de calomnies et de racontars qui ne soient colportés en ce moment par toute la presse bourgeoise internationale au sujet de notre Congrès. On m'a appris aujourd'hui que les journaux bourgeois polonais ont publié, il y a de cela quelques jours, qu'à Moscou il n'était arrivé que 17 délégués, alors que comme vous le savez il en est déjà venu plus de mille et que toutes les organisations du monde entier sont représentées. Bien des insanités seront encore débitées au sujet de notre Congrès, mais d'un autre côté nous sommes en droit de dire que ce dernier travaillera entouré de la sympathie et bénéficiera du soutien de tout ce qu'il y a dans le monde de conscient, d'honnête et de révolutionnaire. Nous sommes convaincus qu'après le deuxième Congrès qui a élaboré les statuts de l'Internationale Communiste et jeté les bases élémentaires de notre tactique, le troisième Congrès saura mettre la dernière main à l'organisation et à la tactique de l'Internationale Communiste, il devra avant tout aider aux partis frères des pays comme l'Angleterre et l'Amérique où se dresse un puissant mouvement ouvrier mais où le Communisme est encore faible pour pénétrer dans les masses, il soutiendra les partis qui ont déjà derrière eux la majeure partie de la classe ouvrière comme les partis tchécoslovaques et bulgares et certains autres, il les aidera à se grouper en vue d'une action immédiate et pour la préparation de combats plus glorieux, il aidera les autres partis à tenir compte de leurs fautes et de leurs faiblesses, à redresser leur ligne de conduite, à chasser du Parti les éléments opportunistes, à tremper tous les partis de façon que dans chaque pays, comme l'a voulu le deuxième Congrès, nous ayons une véritable section d'un fraternel Parti Communiste mondial unifié.
Souhaitant la bienvenue à tous nos camarades étrangers ici présents, je voudrais tout particulièrement saluer les délégués qui nous viennent des pays de l'Orient.
Camarades, dans toute l'histoire du mouvement ouvrier il n'y a pas eu jusqu'ici un seul Congrès qui ait eu une représentation aussi nombreuse des peuples orientaux que le nôtre. Vous vous souvenez du Congrès de Bakou qui s'est tenu après le deuxième Congrès. Depuis lors l'influence de l'Internationale Communiste en Orient a grandi et croît de jour en jour. Dans la présence de nombreuses délégations de l'Orient, nous voyons la garantie que notre organisation est non seulement une association européenne mais une organisation internationale des ouvriers de tous les pays, nous y voyons la garantie que nous ne sommes pas seulement à la veille de la révolution prolétarienne mais aussi de la révolution vraiment mondiale dans toute l'acception de ce mot. C'est pourquoi les représentants des partis prolétariens avancés de l'Europe et de l'Amérique doivent, avec une attention fraternelle, aider les délégués qui viennent à nous de l'Orient, leur accorder le maximum de soutien, fusionner avec eux dans une union fraternelle unique et montrer au monde entier que nous ne savons pas seulement unir les prolétaires avancés d'Europe et d'Amérique, mais aussi les innombrables pays de l'Orient. Tout en saluant toutes les délégations venues ici, nous crions : « Vive la Révolution mondiale ! Vive l'Internationale Communiste ! » (Applaudissements prolongés.)
Zinoviev. — Le Congrès passe à l'élection du bureau.
Frölich. — Camarades, en vue de la préparation des travaux du Congrès, le Comité Exécutif s'est augmenté en s'adjoignant des représentants de tous les partis ici présents. Ce Comité Exécutif élargi vous propose de désigner au bureau les camarades suivants : le camarade Zinoviev, président, les camarades Kolarov (Bulgarie), Gennari[10] (Italie), Loriot (France) et Koenen[11] (Allemagne), vice-présidents.
Zinnoviev. — Camarades, cette liste a été discutée au Comité Exécutif élargi, y a-t-il d'autres propositions ? Non. Le bureau est élu. (Applaudissements prolongés.)
Frölich. — Camarades, je propose d'élire en qualité de présidents d'honneur nos vénérés camarades Lénine et Trotsky. (Applaudissements enthousiastes.)
Radek. — Au nom du bureau de la délégation russe nous proposons de designer aussi en qualité de présidents d'honneur les camarades emprisonnés Muna, Ingpicen et Brandler.
(Ces propositions sont adoptées.)
Discours de Kamenev[modifier le wikicode]
Kamenev. — Au nom du Parti Communiste, je salue le Congrès communiste international, qui est bien l'événement le plus important du moment. Je suis heureux de pouvoir le saluer aussi au nom de la classe ouvrière de Moscou. Nous sommes fiers de voir se réunir pour la troisième fois dans les murs de notre vielle ville les représentants du Parti Communiste international et de les voir discuter ici sous la protection des mains calleuses du prolétariat les grandes questions de la révolution mondiale. Noms sommes heureux que le nom de la ville ou règne le soviet de Moscou soit devenu un mot d'ordre et que la lutte contre la trahison opportuniste et contre la bourgeoisie internationale soit menée « pour Moscou ».
Camarades, l'histoire voulait que le Congrès Communiste international se réunisse dans la capitale du despotisme le plus brutal, dans la capitale de l'empire le plus vaste s'étendant, aux confins de l'Europe et de l'Asie, dans un pays où 150 millions d'ouvriers étaient maintenus sous le joug par le tsar, entouré d'une petite aristocratie. Voici déjà quatre années que triomphe le pouvoir des Soviets. Les esprits superficiels ou les conducteurs de l'influence bourgeoise nous reprochent de ne pouvoir instituer intégralement la société communiste. Ils combattent l'influence légitime de la Révolution et des idées communistes en soulignant que 4 années de pouvoir des ouvriers et des paysans n'ont pas suffi a réaliser le communisme tel que nous le rêvons. A ce reproche, A cette malveillance critique, nous répondons en disant que nul prolétariat, nul Parti Communiste, quelle que soit sa vaillance, no pourrait édifier en quelques années sur les ruines du monde capitaliste une société nouvelle ou il n'y aurait plus ni exploiteurs, ni exploités, objet des rêves séculaires des travailleurs, dont la réalisation exige un effort prodigieux. Certes, nous ne pouvons pas montrer aux camarades, venus ici de tous, les points du monde, la société communiste accomplie. Ils trouveront ici, à Moscou, dans notre république du travail, les décombres du vieux monde et ils verront les jeunes pousses de l'ordre nouveau monter vers la lumière à travers ces ruines. Nous avons vaincu et aboli l'ancienne autorité, mais nous luttons encore pour édifier sur les positions arrachées à la bourgeoisie les temps nouveaux de la société communiste. Les camarades arrivés ici de tous les pays du monde nous trouvent dans une période de lutte, en présence des plus grandes difficultés. Nous n'embellirons pas la situation à leurs yeux. Nous ne pouvons venir seuls à bout de nos immenses tâches et nous n'y pensons pas.
Depuis le moment où la classe ouvrière russe fonda la première République prolétarienne, deux taches se posèrent devant nous : la première, c'était de montrer que la classe ouvrière pouvait, après avoir renversé la bourgeoisie, défendre le pouvoir, fût-ce contre le monde entier. Cette tâche préliminaire, nous l'avons remplie et nous pouvons le dire avec fierté. Nous avons prouvé devant le monde entier, devant le prolétariat comme devant la classe ennemie, que la classe ouvrière de Russie, ayant conquis le pouvoir, pouvait le défendre trois ans les armes à la main et vaincre. Elle a forcé l'ennemi à mettre bas les armes, elle constitue maintenant une république ouvrière et paysanne libre et indépendante qui continue son œuvre d'édification communiste. Nous avons groupé sous l'égide du pouvoir des soviets des masses d'ouvriers, nous avons élargi les domaines du travail et fait flotter le drapeau de l'Internationale Communiste, portant la serpe et le marteau, de l'Océan Glacial à la Mer Noire, de la Baltique au Pacifique. Voici ce que l'ouvrier russe a conquis sur le capitalisme. Une seconde tâche se pose maintenant devant nous. Saurons-nous, après avoir vaincu par les armes montrer que, nous maintenant au pouvoir, nous pouvons transformer les relations économiques et fonder sur les ruines de la société capitaliste une société communiste ? Saurons-nous, après avoir repoussé l'invasion de 12 peuples, vaincre l'esprit petit-bourgeois et les mœurs du capitalisme implantés au cours des siècles ? Nous avons déposé le fusil et pris le marteau, nous revenons à l'établi, aux charrues, nous entreprenons de montrer au monde comment la classe ouvrière de Russie sait rétablir son économie en dépit des ruines accumulées par 7 années de guerre impérialiste et civile. Nous montrerons que la classe ouvrière n'est pas seulement capable d'arracher le pouvoir à la bourgeoisie, mais qu'elle sait aussi fonder l'économie nationale. Le congrès nous trouve à pied d'œuvre. Nous ne reconnaissons aucun juge au-dessus de nous, ni au-dessous de nous, nous ne reconnaissons à personne le droit de juger ce que fait et ce que fera la classe ouvrière de Russie sous la direction de son Parti Communiste, si ce n'est au Congrès mondial de la 3e Internationale Communiste. Mais à la barre de Cette cour suprême les travailleurs de Russie, conduits par les prolétaires de Moscou et de Petrograd, peuvent se présenter la tête haute et dire : Nous nous sommes battus pendant quatre ans sur les positions avancées de l'humanité, nous attendons du renfort, nous attendons avec la ferme conviction que les masses prolétariennes du monde suivent notre action, sauront élever à la minute décisive le drapeau que nous tenons, et achèveront la révolution mondiale internationale, commencée par le prolétariat russe. Vivent nos chers hôtes ! Nous saluons en eux les travailleurs du monde, les prolétaires de tous les pays, tous les travailleurs, toute l'humanité, engagée dans l'immense lutte qui embrase l'univers ! Vive la Révolution mondiale ! (Applaudissements.)
Zinoviev. — Camarades, la parole va être donnée à divers représentants de délégations, qui désirent saluer l'armée rouge et la classe ouvrière de notre pays. La parole est donnée au camarade Vaillant-Couturier, de la délégation française.
Discours de Vaillant-Couturier[modifier le wikicode]
Vaillant-Couturier. — Camarades, au nom de la délégation française, j'apporte à nos camarades de l'Armée Rouge le salut de l'Internationale et le salut de la France Communiste. (Applaudissements.) Camarades, j'ai été avec des millions d'autres hommes de tous les pays du monde mobilisé, comme beaucoup d'entre vous jadis aussi dans l'armée capitaliste. Nous avons, pendant des mois et des mois, pour une cause qui n'était pas la nôtre, combattu sous les hivers, sous les étés, participé aux offensives de printemps, qui toujours étaient les dernières, et quand nous sommes retournés, lorsque nous sommes revenus, nous avons compris que nous avons été les vaincus de la guerre et que les capitalistes, partout, avaient été les vainqueurs. Mais ceci est en train de tuer cela ; les capitalistes, qui avaient cru régler par le fer les différends qui étaient entre eux, le différend pour la conquête du monde, voici que, maintenant, ils ont mis dans le cœur de tous les prolétaires, longtemps endormis par des leurres de démocratie et de parlement, voici qu'ils ont mis dans le cœur des prolétaires la haine de la bourgeoisie. (Applaudissements.) Camarades, vous qui êtes dans l'armée rouge, vous êtes la première armée à laquelle on apprend non seulement à haïr, mais aussi à aimer, vous aimez vos frères de souffrance de tous les pays du monde, vous ne vous limitez pas aux poteaux-frontières, vous aimez à travers le monde tous ceux qui souffrent, que ce soit un ouvrier d'Allemagne ou de France ; ils savent qu'ils ont en vous un cœur fraternel qui bat au rythme du leur ; ils savent que vous êtes prêts à les défendre encore comme vous avez défendu la Révolution pendant des mois et des mois, marchant pieds nus, mal nourris et mal vêtus, comme ceux qui vous ont précédés en France, les soldats de 93 qui combattaient aussi pieds nus. (Applaudissements.)
Camarades de l'armée rouge, vous êtes maintenant les soldats de l'Internationale Communiste, elle vous salue comme tels et elle vous dit : Vous êtes la grande force, vous êtes, vous tous, vous appuyant les uns contre les autres, prolétaires de Russie, paysans pauvres, ouvriers des fabriques qui reprennent le travail, héros de l'armée, vous êtes tous la force en laquelle nous avons foi. Nous vous disons : Tenez ! tenez encore, le moment n'est pas venu de déposer les armes ; nous sommes, en Occident et en Orient, des peuples qui commencent à s'armer ! Vous êtes aux avant-postes de la Révolution ; conservez l'œil aux créneaux, conservez le doigt sur la détente, suivez la ligne de mire, ne cessez pas de viser l'ennemi capitaliste. Nous, nous nous organisons, nous nous préparons, nous viendrons bientôt vous aider ; mais il faut que nous triomphions maintenant de tant de choses, il faut que nous brisions encore tant de choses qui sont autour de nous et qui nous écrasent ; il faut que nous brisions encore ce pacifisme qui est né chez nous avant la guerre impérialiste. Nous l'avons trop connu chez nous, il était avec nos opportunistes ; le pacifisme, maintenant, nous savons ce que c'est, nous savons que ce n'est pas la résistance au mal ; qu'il ne suffit pas de dire : il faut faire la paix, il faut que tous les peuples soient frères ; qu'il ne suffit pas seulement du rêve chrétien d'autrefois. Le pacifisme nous a donné la meilleure leçon. Vous pouvez l'achever à la pointe de vos baïonnettes ; c'est ainsi que vous avez fait, c'est ainsi que nous ferons. En attendant, restez l'arme au poing ; quelles que soient les souffrances que vous aurez encore, souffrez encore un peu. C'est dur de vous dire cela, mais nous dirons à nos frères de France : « Ils souffrent, là-bas ! » Nous ne leur dirons pas : « Tout est admirable, tout est merveilleux ! » Il y en a tant de choses merveilleuses que vous avez faites, qu'ils connaissent déjà, mais nous leur dirons : « Ils ont souffert, dépêchez-vous davantage venez ! l'Armée Rouge vous attend ! Vive l'Armée Rouge de Russie ! Vive l'Armée Rouge internationale ! (Applaudissements.)
Discours de Frölich[modifier le wikicode]
Zinoviev. — La parole est au camarade Paul Frölich, du Parti Communiste Unifié Allemand. Le camarade Frölich est un des fondateurs du groupe Spartakus. Nous l'avons rencontré pour la première fois lors de nos premières tentatives d'union internationale à Zimmerwald et à Kienthal.
Frölich. — Camarades, les Communistes allemands saluent l'Internationale et la Russie Soviétiste, admirable forteresse de la Révolution, qui tient depuis quatre longues années contre tous les assauts ; ils saluent l'Armée Rouge, redoutable épée affilée de la Révolution.
Camarades, nous venons du pays qui était autrefois à la tête du mouvement ouvrier, d'un pays où le socialisme a subi la plus lourde défaite, où le drapeau de la 3e Internationale a été le plus tristement souillé. Nous venons d'un pays dans lequel la vieille social-démocratie et nombre d'hommes grandis sur le dos du prolétariat se sont transformés en bourreaux de la classe ouvrière. Camarades, l'Allemagne est actuellement un pays placé immédiatement en présence de la grande action révolutionnaire du prolétariat, qui doit nous apporter la victoire. Nous venons d'un pays qui transforme actuellement tout ébranlement du marché mondial, tout conflit des peuples sur le globe terrestre en une crise de politique intérieure. Nous venons d'un pays ébranlé depuis des années par la guerre civile, où la classe ouvrière compte des milliers de martyrs. Qu'attendons-nous du Congrès de l'Internationale Communiste ? Nous en attendons une chose.
Une chose : qu'il continue la politique du deuxième Congrès. Nous pouvons constater aujourd'hui que le deuxième Congrès a été d'une importance énorme pour le développement révolutionnaire de l'Allemagne. Le deuxième Congrès a séparé les éléments conscients et nettement révolutionnaires de la classe ouvrière des chefs pitoyables et lâches auxquels manquait le courage des grandes responsabilités imposé à tous les chefs : la lutte révolutionnaire.
Combien les décisions du deuxième Congrès furent justes, l'histoire de notre Parti l'a assez montré au cours d'un semestre d'activité du Parti Communiste Unifié. Il est apparu que nous avons pu réunir les éléments de la classe ouvrière prêts aux grandes et terribles luttes comme avant-garde de la révolution allemande et de la révolution internationale. D'autre part, il était nécessaire que la révolution vomisse les chefs qui se trouvaient jusqu'alors à la tête du Parti Indépendant. La conséquence du fait que la partie révolutionnaire s'était détachée d'eux fut qu'ils s'enfoncèrent de plus en plus dans les boues de l'opportunisme et que le Parti qui proclame aujourd'hui encore qu'il est le seul, le vrai Parti révolutionnaire, est devenu le plus ferme appui du gouvernement souillé du sang ouvrier. D'accord avec les syndicats, son seul appui, il constitue aujourd'hui le dernier rempart du capitalisme. Il déclare du reste franchement avoir voulu maintenir le capitalisme allemand et soutenir le gouvernement, même lorsque ce dernier jette des milliers et des milliers de prolétaires dans les cachots.
Camarades, nous voyons les fruits de cette politique. En Allemagne, les syndicats fléchissent. Leur état d'esprit révolutionnaire s'accentue, et il ne saurait en être autrement, car un traître chasse l'autre. La bureaucratie syndicale est obligée, pour maintenir le régime capitaliste, d'opprimer de plus en plus la classe ouvrière et de la trahir à nouveau. Cela signifie que la conscience de cette classe, que l'esprit révolutionnaire du prolétariat doivent faire des progrès chaque jour plus grands. La situation économique est telle chez nous que nous sommes inéluctablement passés à de grandes batailles. Les Communistes d'Allemagne ont montré qu'ils sont capables de lutter, qu'ils y sont disposés, et les ouvriers allemands apprendront désormais de plus en plus qu'ils peuvent combattre à côté des Communistes. La bourgeoisie pressent ce qui l'attend. Elle craint le prolétariat, elle cherche à l'intimider par la terreur blanche. Elle a assassiné des centaines et des centaines de prolétaires. Elle a institué des tribunaux d'exception, des tribunaux travaillant à toute vitesse et qui, en deux mois seulement de travail, ont à leur actif quatre cents condamnations d'un total de quinze cents ans de prison, six cents condamnations d'un total de huit cents ans de prison, huit condamnations à perpétuité et quatre condamnations à mort. Et ce n'est pas assez. Ils ont trouvé une nouvelle méthode pour donner au prolétariat des martyrs. On tire sur nos camarades que l'on accuse ensuite d'avoir tenté de s'évader : système d'assassinat. Mais si la bourgeoisie croit ainsi pouvoir diminuer et abaisser le prolétariat allemand, elle se trompe. La classe ouvrière allemande a appris à consentir les plus grands sacrifices. Elle tiendra malgré ces agressions et ces hostilités, malgré les énormes sacrifices, elle tiendra jusqu'à la victoire. (Applaudissements enthousiastes.)
Zinoviev. — J'ai déjà dit, camarades, que les représentants d'un des plus puissants Partis prolétariens, le Parti tchécoslovaque, assistent pour la première fois à ce Congrès. La parole est au président de ce Parti, le camarade Burian.
Discours de Burian[12][modifier le wikicode]
Burian (Tchécoslovaquie). — Je salue les travailleurs révolutionnaires de Russie et la 3e Internationale Communiste, et je leur apporte le message de gratitude des ouvriers tchèques. Les deux grands événements révolutionnaires : la Révolution sociale russe et la fondation de l'Internationale Communiste, ont accompli chez nous un vrai miracle. Le prolétariat tchécoslovaque suivait, il y a deux ans et demi à peine, les social-patriotes et aidait la bourgeoisie à fonder un Etat capitaliste, Grâce à la révolution russe, nous avons pu insuffler à la grande majorité des ouvriers tchécoslovaques un nouvel esprit. Notre prolétariat est aujourd'hui un ami sûr de la Révolution russe ; nous n'avons pas encore soutenu des combats aussi rudes que les Communistes russes et allemands, mois notre action de décembre dernier a cependant été une grande lutte révolutionnaire contre le capitalisme. Ç'a été le baptême du feu de nos masses ouvrières. Nous avons encore mieux réussi à conquérir les esprits du prolétariat tchécoslovaque. La majorité en est aujourd'hui communiste. Notre Parti est grand par le nombre. Nous venons immédiatement après les communistes russes et allemands. Nous sommes tiers de ces résultats sans précédent dans aucun autre pays. C'est sur cette base que nous voulons continuer à bâtir. Nous allons poursuivre chez nous une ardente propagande communiste. Nous pénétrerons toutes les luttes du prolétariat tchécoslovaque d'esprit communiste ; nous lui donnerons en toute circonstance des mots d'ordre communistes. Nous sommes conscients de notre force. Notre énergie grandit aussi. Mais nous ne voulons pas seulement combattre, nous voulons vaincre. Le jour décisif viendra — même si ce n'est pas aussi promptement que l'espèrent des camarades simplistes — et marquera notre victoire. Ce jour-là, nous lancerons à nos capitalistes ce défi de la révolution russe : « Tout le pouvoir au prolétariat révolutionnaire communiste tchécoslovaque. » (Applaudissements enthousiastes.)
Zinoviev. — La parole est au représentant du Parti Communiste Italien, le camarade Gennari. Le Parti Communiste Italien, plus que tout autre, a besoin, dans sa lutte légitime contre les traîtres, de l'appui fraternel de l'Internationale Communiste ; et cette aide, il l'a méritée.
Discours de Gennari[modifier le wikicode]
Gennari. — Je salue, au nom du Parti Communiste Italien, le 3e Congrès de l'Internationale Communiste. Il me souvient qu'au 2e Congrès le Parti Socialiste Italien était représenté dans son entier et que l'on voyait parmi ses délégués des hommes qui, comme Serrati, ont depuis trahi la classe ouvrière et quitté la 3e Internationale. La place de l'Italie parmi vous n'est pourtant pas restée vide. Un jeune Parti Communiste, plein de forces et de résolutions combatives, la prend pour conduire le prolétariat italien à la lutte finale. En condamnant les traîtres avec la dernière rigueur, la 3e Internationale doit venir en aide au Parti Communiste Italien et arracher les masques de ceux qui trompent encore une partie du prolétariat Italien. Le geste énergique de la 3e Internationale ramènera au Parti Communiste le prolétariat presque tout entier de la péninsule. C'est pourquoi je crois pouvoir vous saluer, non seulement au nom des Communistes italiens, mais au nom de la classe ouvrière tout entière. Vive la 3e Internationale !
Zinoviev. — Nous éprouvons tous la plus grande satisfaction en présence des succès de nos camarades français dans les syndicats. Nous allons donner la parole à l'un des meilleurs militants des syndicats français, au camarade Tommasi[13], qui a au, avec un groupe de bons militants, conquérir les syndicats de la Seine.
Discours de Tommasi[modifier le wikicode]
Tommasi. — Camarades, les orateurs qui m'ont précédé ont parlé au nom d'organisations qui ont déjà donné leurs preuves dans une lutte qui a porté ses fruits. Nous, syndicalistes français, nous nous trouvons dans une autre situation. Les syndicalistes français ont une très longue histoire ; mais au cours de ces dernières années, cette histoire devint des plus tristes pour le mouvement ouvrier de ce pays. Nous ne pouvons apporter ici que le salut de la minorité révolutionnaire des syndicats. Nous, syndicalistes français, nous nous organisons ces derniers temps non seulement contre les social-patriotes de notre pays, mais encore contre l'Internationale syndicale, qui réunit les renégats de l'Europe et des quatre coins du monde. L'Internationale d'Amsterdam a soulevé des haines ; elle est comme cette vieille mère l'Oie qui aime beaucoup ses enfants et qui les aime tellement que, pour éviter qu'ils se désunissent, elle préfère de temps à autre les livrer à la rapacité capitaliste. L'Internationale Syndicale poussait ainsi les ouvriers à aller sur les champs de bataille régler les différends des capitalistes et se battre pour des intérêts qui ne sont pas les leurs. Il faut prendre nos nationalistes syndicalistes à la gorge. Il faut que les Jouhaux, les Thomas, les Fimmen[14] déterrassent le plancher qu'ils ont trop longtemps occupé. Ils se tournent vers nous, travailleurs, et nous disent ; « Vous avez tout intérêt à rester sur le terrain économique. Vous n'avez pas assez de culture, vous n'avez pas la possibilité de suivre les écoles supérieures, d'aller y chercher des qualités qui vous permettraient de vous occuper de politique ; laissez à ceux qui ont grandi dans les écoles le soin de parler en votre lieu et place si cela leur plaît. Pour vous, soyez certains qu'il suffira que nous groupions des masses profondes, organisées corporativement, et nous n'aurons qu'à lever le doigt pour faire reculer la bourgeoisie. »
La preuve est faite que c'est là un argument qui porte à faux. Nous avons cette preuve après cinquante mois de bataille inutile pour un droit, pour une justice et une liberté qui furent toujours foulés aux pieds, parce que cela était nécessaire à la bourgeoisie du monde entier. Nous avons la preuve qu'il n'y a plus qu'une possibilité pour le monde du travail de se libérer : c'est celle qui consiste à employer la violence, c'est celle qui consiste à prendre l'adversaire à la gorge et à le terrasser. (Applaudissements.)
La bourgeoisie, elle, s'organise pour nous massacrer. Ce sont les camarades espagnols qui ne peuvent plus sortir dans la rue sans qu'immédiatement le canon des revolvers se braque sur eux ; ce sont nos camarades d'Italie qui, après le magnifique mouvement de ces temps derniers, sont obligés de reculer encore et d'attendre des jours meilleurs ; ce sont nos camarades d'Allemagne qui, en mars, dernier, ont dû donner ce coup de poing sur lequel nous fondions tant d'espérances. Et vous, camarades russes, vous êtes les seuls qui avez mis pierre sur pierre, qui avez donné une force à cet édifice. Aujourd'hui, il n'est plus possible de faire, comme on disait communément dans notre pays pendant la guerre : il n'est plus possible de bourrer le crâne aux travailleurs, il y a trop longtemps qu'on nous sert ces mots de démocratie, il y a trop longtemps qu'on nous raconte que nous avons plusieurs couronnes révolutionnaires sur la tête. Oui, et nous avons quelque chose de bien plus lourd. Nous avons des centaines d'années d'esclavage et au moment où l'on nous a dit que la démocratie allait enfin régner, nous constatons que c'est la lutte qui recommence de plus belle. Nous nous disposons à employer les arguments, les méthodes qu'il faut contre les crapules de la bourgeoisie. C'est autour de l'Internationale Syndicale de Moscou que nous allons commencer notre travail de regroupement des travailleurs en vue de la révolution. Nous allons tirer notre révérence à notre vieille grand'mère réformiste ; elle a trop vécu. Nous allons essayer de la bousculer de bonne manière pour l'empêcher de s'acoquiner et d'être avec nos ennemis ; nous menons déjà notre politique syndicale de telle sorte que les chefs syndicalistes sentent le terrain trembler : ils glissent de plus en plus vers la droite ; demain, ils feront appel à leurs adversaires d'hier, à nos ennemis de toujours : ils referont l'union sacrée sur le dos des travailleurs, des syndicalistes-révolutionnaires. Mais nous saurons nous dresser autour de Moscou et brandir l'étendard que vous avez porté, durant quatre années, à travers tant de souffrances. Camarades de Moscou, camarades de Russie, avec vous pour le seul geste qui vaut ; pou la Révolution. (Applaudissements.)
Zinoviev. — La parole est au délégué du Parti Communiste britannique, au camarade Hewlett[15], mineur de la Fédération des Galles du Sud, qui vient de quitter ces champs de bataille de la grande grève des mineurs.
Discours de Hewlett[modifier le wikicode]
Hewlett (Grande-Bretagne). — Camarades, je salue, au nom du Parti Communiste Britannique, la troisième Internationale et je vous remercie, au nom des mineurs britanniques, vous et particulièrement les mineurs russes, pour le magnifique appui qu'ils ont offert à leurs camarades britanniques pendant leur grève. Peut-être avons-nous aujourd'hui en Grande-Bretagne moins de possibilités d'insurrection révolutionnaire et de révolution que les autres partis révolutionnaires d'Europe ; en ma qualité de membre du Parti Communiste, je déclare pourtant être fier de l'activité déployée jusqu'à ce jour par mon Parti. Je promets aux camarades communistes réunis ici que nous ne négligerons rien pour contraindre le plus dangereux des impérialismes capitalistes, l'impérialisme britannique, à plier l'échine. Je ne pense pas que personne puisse soutenir ici qu'il y a au monde une puissance impérialiste plus puissante que l'impérialisme britannique. Nous sommes en présence de cette contradiction que la guerre qui devait détruire l'impérialisme l'a au contraire développé et renforcé plus que jamais en Grande-Bretagne. Cette contradiction est aujourd'hui évidente dans tout l'empire britannique. Nous sommes pourtant convaincus qu'une catastrophe analogue à celle qui a détruit l'impérialisme russe atteindra tôt ou tard l'impérialisme anglais ; le danger est qu'à ce moment l'impérialisme britannique tentera non seulement de menacer mais de détruire la paix du monde.
C'est avec le plus grand honneur que je parle devant une assemblée communiste, en Russie, de notre pays désormais fameux par sa réaction impéraliste. Nous nous rappelons avec honte les actes des Churchill, des Balfour et des Lloyd George la part qu'ils ont prise à la lutte contre la plus grande révolution du monde, contre la Russie des soviets, c'est involontairement avec une sorte de honte que nous nous présentons devant un auditoire russe. Nous ne trouvons de consolation que dans les conséquences de la révolution de 1917 en Russie, et si l'Angleterre s'est acquis une triste renommée par ses agressions impérialistes contre la Russie, cela ne lui portera pas bonheur. La Grande-Bretagne a habillé les soldats russes et c'est là une satisfaction même pour un communiste britannique. Au cours de ces trois dernières années, l'impérialisme anglais a déployé une activité fiévreuse dans le but d'étrangler la jeune Russie révolutionnaire. Il se peut que nous ne soyons pas encore en mesure de prévoir chez nous le soulèvement décisif qui sera comparable au vôtre de 1919. Mais les communistes britanniques ont déjà réussi à prévenir la guerre contre la Russie soviétiste qui, commencée par la Pologne, devait être soutenue par l'impérialisme anglais et français. Et quand ce ne serait que pour cela les efforts des communistes britanniques ont quelque mérite.
On attend sans doute de moi que je dise quelques mots de la bataille qui se livre actuellement en Grande-Bretagne et de la situation générale là-bas. En 1914 les ouvriers britanniques se sont vus promettre monts et merveilles. On leur demandait de se parer de l'uniforme kaki et de combattre pour le salut du monde et de la démocratie. Les travailleurs conscients savent aujourd'hui qu'un des grands drames, doublé du plus grand mensonge, a été commis par la bourgeoisie. Qu'ont-ils vu ? Quel est le monde nouveau sorti de la guerre ? Je vais vous en faire une petite description. Le 31 mars dernier la plus grande lutte de l'histoire de notre classe ouvrière a commencé. On nous avait promis bien des choses qu'aucun de nous n'espérait voir réalisées ; mais nous fûmes quand même surpris lorsque le 31 mars 1 250 000 travailleurs furent jetés à la rue, congédiés par la bourgeoisie britannique. Au pays à qui on avait promis la nationalisation et bien des choses on exposa que cette grande réduction des salaires était nécessaire ou rétablissement du capitalisme. Vous devez savoir, camarades, que nous sommes 2 600 000 ouvriers dans les mines de Grande-Bretagne et que ces mines appartiennent à moins de neuf mille personnes sur les quarante millions de citoyens britanniques. Il peut être d'un certain intérêt que vous connaissiez ces chiffres. La commission pour la nationalisation des mines a calculé que pendant les cinq années qui vont de 1913 à 1918 les propriétaires des mines d'Angleterre ont retiré un bénéfice de 260 000 livres sterling. Le capital a été augmenté de 25 millions de livres sterling. Ce sont ces Britanniques-là qui ont essayé d'écraser la Russie, qui tentent encore de supprimer les militants et qui attaquent les révolutionnaires d'Allemagne.
Je voudrais que les camarades ici présents reconnaissent l'importance politique mondiale de la Grand-Bretagne et comprennent que son rôle est de premier ordre dans le mouvement révolutionnaire. Il faut se rendre compte de la gigantesque pieuvre contre laquelle les ouvriers britanniques ont à combattre et la dépendance dans laquelle ils se trouvent par rapport aux ouvriers des autres pays. Si les ouvriers de tous les pays, y compris les ouvriers britanniques, ne s'unissent pas entre eux, l'impérialisme britannique se relèvera vite et deviendra plus stable encore qu'auparavant. Il ne faut pas oublier que la Grande-Bretagne n'est qu'une île et que la question coloniale a pour elle une importance beaucoup plus grande que pour aucun autre pays au monde. L'impérialisme britannique s'est installé dans tous les coins du monde. Les Indes, l'Afrique, l'Egypte, l'Irlande ne sont que des colonies et si nous tenons compte de leurs rapports internationaux nous voyons l'importance que représente le mouvement communiste britannique. La Grande-Bretagne est une île qui ne saurait faire la révolution sans ses colonies, pas plus que l'empire ne peut exister sans elles. Les communistes britanniques ne peuvent pas faire la révolution sans le reste du monde. Et nous, délégués britanniques, nous avons le plus grand désir que cela soit pris en considération en vue de la lutte mondiale qui se déroule actuellement. Ainsi vous vous rendrez compte de la nécessité d'une collaboration et de rapports plus étroits entre les communistes de tous les pays.
Je résumerai brièvement l'activité du Parti Communiste britannique. Il y a juste un an que le Parti a été fondé. Depuis lors un grand nombre de nos camarades ont été arrêtés et condamnés à six mois et plus de prison. Ce n'est certes pas beaucoup en comparaison de ce que vous avez souffert en Russie avant la révolution. Mais vu l'existence relativement courte du parti nous avons bien lieu d'être quelque peu fiers de son action. Dix siècles de parlementarisme ont enraciné en Grande-Bretagne une des traditions les plus profondes de ce pays. Le Parti Communiste sait qu'il doit priser in ppis-samce de cette tradition ci il s'y ponsacr&ra activement.
Je vaudrais dire encore un mot au sujet de quelques traîtres. Le Parti Communiste avait en Grande-Bretagne un certain nombre de membres qu'il considérait comme de bons camarades. Il appréciait hautement leur travail et leur confia des postes importants. Ils militaient activement dans le mouvement et s'étaient distingués par leur campagne de l'année dernière en faveur de la Russie. Aujourd'hui ils ont trahi. Je ne citerai que les noms de Thomas, Williams et MacDonald[16]. En pleine lutte ils ont abandonné les mineurs. Selon les dernières nouvelles, les mineurs combattent toujours et ils ne lâcheront pas pied. Camarades, j'ai été heureux d'apprendre que nos camarades américains avaient accueilli Thomas, débarquant dans leur pays, comme il le méritait.
Ces mencheviks patriotes et ces traîtres à la cause ouvrière seront chassés des rangs du prolétariat conscient.
Pour conclure, camarades, je donne ma parole et je vous apporte celle du Parti Communiste de Grande-Bretagne et des masses révolutionnaires britanniques en marche vers la révolution mondiale que les communistes britanniques iront toujours de l'avant et ne déposeront pas les armes avant d'avoir vaincu, avant que la révolution prolétarienne ait triomphé dans le monde entier.
Honneur à la Révolution russe !
Honneur au Parti Communiste et aux prolétaires du monde entier. (Applaudissements.)
Zinoviev. — Les événements confèrent une signification particulière aux paroles du délégué japonais. Le camarade Takase Kiyoshi[17] a la parole.
Discours de Takase Kiyoshi et Montagnana[modifier le wikicode]
Takase Kiyoshi (Japon). — Camarades, au nom du groupe communiste japonais je vous adresse nos salutations. Je voudrais vous dire quelques mots au sujet de la situation au Japon. Les conditions faites aux ouvriers japonais par le gouvernement sont des plus mauvaises. Les syndicats ne font rien pour y remédier. Cependant nos camarades ont réussi à former des groupements d'ouvriers conscients. En ce moment le Japon offre un terrain très favorable à la propagande. Le Parti Communiste japonais a pendant ces derniers mois commencé à organiser la propagande. L'impérialisme japonais et les partis bourgeois sont très hostiles à la Russie et ne lui pardonnent pas d'avoir proclamé pour la première fois au monde la République des soviets. L'impérialisme japonais n'agit pas seulement en Sibérie, il a également pénétré en Asie centrale. Nous, communistes japonais, nous nous sommes opposés résolument aux attaques des capitalistes japonais contre le peuple de Sibérie et noos continuerons à le faire avec plus de force que jamais. Réduits à nos seuls moyens, notre action ne peut consister qu'à manifester notre indignation, mais je suis sûr qu'elle en imposera au gouvernement impérialiste japonais, surtout quand il verra que nous avons l'appui des communistes de tous les pays.
Je termine mon discours en rendant hommage à la Russie, pour sa vaillante lutte contre un monde d'ennemis.
Vive la République soviétiste ! Vive le gouvernement des soviets ! Vive l'Internationale Communiste !
Zinoviev — La parole est au représentant de la jeunesse communiste italienne Montagnana[18].
Montagnana. — Je vous apporte le message fraternel d'une organisation forte actuellement de 800 000 adhérents. Notre formidable mouvement a déjà donné bien des preuves de son enthousiasme révolutionnaire. Nombreux sont les cadavres qui sèment nos champs de bataille. Mais la jeunesse de tous les pays a déjà prouvé son aptitude au sacrifice, sa promptitude à répondre à l'appel, la vigueur de sa pensée et ses facultés critiques. En Italie, en Espagne, dans bien des pays, la jeunesse a été avant-garde de critique communiste. Elle a commencé la première une lutte impitoyable contre les réformistes de toute nuance. Elle a souvent annoncé le mouvement communiste, ses idées communistes. Maintenant que de puissants partis communistes existent dans tous les pays, la Jeunesse va se réunir en Congrès pour étudier son rôle et coordonner son action avec l'action de l'Internationale Communiste. Le camarade Trotsky a dit dans un manifeste qu'elle constitue les réserves de l'Internationale Communiste, la jeunesse ne s'arrêtera devant aucun sacrifice pour justifier la confiance placée en elle. Vive l'Internationale de la Jeunesse ! Vive l'Internationale Communiste !
Zinoviev. — Plusieurs délégations proposait d'adresser, au nom du 3e Congrès et des travailleurs russes, un message aux mineurs anglais, qui soutiennent en ce moment une lutte ardue contre le capital, et de publier un manifeste sur la terreur blanche sévissant dans de nombreux pays. La proposition est aussi faite d'adresser un manifeste aux travailleurs japonais. Le Bureau propose de prendre sur lui la rédaction de ces documents et leur publication au nom du Congrès. (Applaudissements.)
La parole est au camarade Heckert, pour une communication.
Heckert. — La commission de vérification des mandats exprime le désir que chaque délégation lui envoie un délégué qui devra apporter la liste des camarades pourvus d'un mandat, et cela demain au plus tard, avant deux heures du matin. Demain soir à six heures aura lieu la première séance du Congrès. Jusqu'à présent, tous les mandats n'ont pas encore été remis à la commission de vérification. Il manque encore des informations qui devaient être fournies par les différentes délégations au sujet de beaucoup de mandats. Pour que tous les camarades puissent être en possession de leurs mandats demain avant cinq heures, il est indispensable qu'ils se fassent représenter à la commission avant 11 heures par un camarade : sans mandat, ils ne pourraient pas entrer au Kremlin ; le camarade qui sera désigné devra remettre les mandats avant 11 heures et donner toutes les informations nécessaires. Les camarades qui ne remettront pas leurs mandats ne pourront pas prendre part à la prochaine séance.
Zinoviev. — La première séance du 3e Congrès est levée.
La séance est levée à 10 heures du soir.
- ↑ Mustafa Sübhi (1882-1921).
- ↑ Orion Christophorovitch Alexakis (1889-1920).
- ↑ Ivan Rakhia, bolchevik finlandais (1887-1920). Avait rejoint le POSDR en 1905, actif en Finlande, puis à Petrograd en 1917, a organisé la garde rouge finlandaise en 1918, a péri lors d'une attaque de contre-révolutionnaires.
- ↑ Konkordia Samoilova (1876-1921), membre du POSDR depuis 1903, rédactrive à la Pravda en 1912, meurt du choléra en 1921.
- ↑ Alois Muna (1886-1943).
- ↑ Antonín Zápotocký (1884 – 1957), qui allait devenir le deuxième président de la Tchécoslovaquie stalinienne.
- ↑ Confederazione Generale del Lavoro.
- ↑ Passage manquant dans Le bulletin comuniste.
- ↑ James Henry Thomas (1874-1949).
- ↑ Egidio Gennari (1876-1942).
- ↑ Wilhelm Koenen (1886-1963).
- ↑ Edmund Burian (1878-1935).
- ↑ Joseph Tommasi (1886-1926).
- ↑ Eduard Fimmen (1881-1942), syndicaliste néerlandais.
- ↑ WJ Hewlett.
- ↑ JH Thomas, Robert Williams (1880-années 1920), et Ramsay MacDonald (1866-1937).
- ↑ Takase Kiyoshi (1901-1973). Dans Le bulletin communiste le nom du délégué japonais est « Takeguchi ».
- ↑ Mario Montagnana (1897-1960).