Glossaire

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Glossaire des noms propres[modifier le wikicode]

Adler, Victor (1852-1918). Médecin de formation et militant socialiste autrichien, il est l’un des fondateurs de la IIe Internationale en 1889 et, l’année précédente, du parti social-démocrate, qu’il préside jusqu’à sa mort. Son fils aîné, Friedrich Adler (1879-1960) fut le leader de l’aile gauche du parti social-démocrate autrichien opposé à la guerre de 1914-1918 ; il assassina le ministre-président d’Autriche, le comte Stürghk, le 21 octobre 1916, le tenant pour responsable de la poursuite des hostilités. Enfin, Max Adler (1873-1937), également membre du parti social-démocrate autrichien, mais sans lien de parenté avec les précédents, fut l’un des principaux théoriciens marxistes de son pays. Il est notamment l’auteur de Démocratie et conseils ouvriers (trad. fr., Maspero, 1967).

Alter, Victor (1890-1943). Après des études d’ingénieur en Belgique, ce militant socialiste juif retourna à Varsovie en 1913 et fut exilé en Sibérie par les autorités tsaristes. Parvenant à s’échapper, il résida en Grande-Bretagne et retourna en Russie en 1917. À partir de 1918, il résida dans la Pologne indépendante et fut l’un des principaux responsables du Bund durant l’entre-deux guerres. En septembre 1939, après l’agression conjointe des Allemands et des Soviétiques contre la Pologne, il se trouva en zone d’occupation soviétique où il fut arrêté et envoyé au Goulag. Libéré après l’invasion de l’URSS de juin 1941, il fut arrêté avec Henryk Erlich, un autre dirigeant bundiste, sur ordre personnel de Staline. Erlich décéda en prison le 14 mai 1942 et Alter fut exécuté le 17 février 1943.

Akhmételi, Sandro (1886-1937). À l’indépendance de la Géorgie en 1918, il revient dans son pays natal après plusieurs années à Saint-Pétersbourg. Avec Marjanishvili, il prend la direction du théâtre Rustaveli de Tbilissi, qu’il dirige seul à partir de 1926. Internationalement reconnu, son théâtre expérimental lui vaut des attaques de Beria. Il est arrêté et exécuté à Tbilissi.

Alksinis, Yakov (1897-1938). Originaire de Lituanie, formé par l’armée impériale, il passe par l’Académie militaire de l’Armée rouge. Prenant la tête des services logistiques des forces de l’air de l’Armée rouge puis, de 1931 à 1937, des forces de l’air dans leur ensemble, il est arrêté après le procès des généraux de l’Armée rouge et exécuté.

Allendy, Renée (1889-1942). Médecin et psychanalyste français, il travailla à l’hôpital Sainte-Anne et fut le co-fondateur en 1922 du « Groupe d’études philosophiques et scientifiques pour l’examen des idées nouvelles » qui joua un rôle capital dans la vie intellectuelle et dans les débuts de la psychanalyse en France. Analyste d’artistes comme Antonin Artaud, René Crevel ou Anaïs Nin, il écrivit de nombreux ouvrages comme Les Rêves et leur interprétation psychanalytique (1927), Capitalisme et sexualité, avec Yvonne Allendy (1932), Rêves expliqués (1938).

Álvarez del Vayo, Julio (1890-1975). Militant du PSOE, il écrit dans divers journaux d’Espagne, d’Argentine et de Grande-Bretagne. Il est partisan de Largo Caballero qui le nomme aux Affaires étrangères. Après la guerre civile, sa radicalisation politique lui vaut d’être exclu du PSOE.

André, Edgar (1894-1936). Ce militant communiste allemand avait adhéré au KPD en 1922 et dirigea ses groupes de combat, la Roter Frontkämpferbund (Ligue des combattants du Front rouge), à partir de 1925. Haï par les nazis, ils organisèrent un attentat contre lui en 1931. Arrêté le 5 mars 1933 sous l’accusation de meurtres et maltraité en prison, il fut décapité le 4 novembre 1936 malgré une campagne mondiale en sa faveur.

Andreïev, Léonid (1871-1919). Favorable à la révolution de Février mais hostile aux bolcheviks, ce journaliste, écrivain et photographe émigre en Finlande, où il finit ses jours. Son œuvre narrative est publiée chez José Corti.

Angell, Norman (1872-1967). Prix Nobel de la Paix en 1933, cet écrivain et journaliste anglais est notamment l’auteur de La Grande illusion (1910).

Angosto voir Gálvez Angosto

Antonov, Aleksandr Stanislasovitch (1882-1922). Socialiste de droite, il réunit autour de la ville de Tambov une armée de près de 20 000 paysans, proclamant l’abolition du régime bolchevique et le rétablissement de la Constituante. Le mouvement est écrasé par les troupes de Toukhatchevski en mai 1921.

Antonov-Ovseenko, Vladimir A. (1884-1938). Membre du parti ouvrier social-démocrate de Russie, il participa à la révolution de 1905 à Saint-Pétersbourg puis milita dans la clandestinité avant de s’exiler à Paris en 1910. Rentré en Russie en mai 1917, il dirigea la prise du Palais d’Hiver le 25 octobre, puis fut élu au premier soviet des commissaires du peuple à la guerre. Chargé de la répression de l’insurrection de Kronstadt en 1921 et de celle des paysans de la région de Tambov (1920-1922), il participa à l’Opposition de gauche dès 1923 et fut nommé à différents postes diplomatiques à l’étranger. Rallié à Staline en 1928, il occupa le poste de consul de l’URSS à Barcelone en 1936-1937 et participa à la répression contre le POUM et les anarchistes. Rappelé en URSS en 1938, il fut arrêté à son arrivée et probablement exécuté peu après.

Appert, Félix Antoine (1817-1891). Général français à la tête de la subdivision de Seine-et-Oise et, à ce titre, responsable de la justice militaire qui a condamné les communards à Versailles.

Araquistain Quevedo, Luis (1886-1959). Membre depuis sa jeunesse du PSOE, il en devient au cours de la Seconde République l’un des principaux penseurs (notamment dans les revues Claridad et España qu’il a dirigées). Il est ambassadeur en Allemagne et en France avant de s’engager dans l’armée républicaine. Il vit ensuite en exil en Grande-Bretagne et en Suisse.

Aronson, Grigori (1887-1968). Journaliste juif, il fit partie du groupe des mencheviks russes en exil qui vécurent en Allemagne à partir de 1922. Après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, il trouva refuge en France, et, à partir de la Deuxième Guerre mondiale, aux États-Unis. En français, on peut lire, après-guerre, plusieurs articles de G. Aronson dans Le Contrat social : « Les Francs-maçons et la révolution russe », vol. VII (1963), n° 5 & n° 6, p. 259-265 & p. 331-337 ; « Bolcheviks et mencheviks », vol. VIII (1964), n° 5, p. 271-280 ;« Staline, grand capitaine », vol. X (1966), n° 3, p. 141-145 ; « Ouvriers russes contre le bolchevisme », vol. X (1966), n° 4, p. 201-211.

Ascaso Abadía, Francisco (1901-1936). Membre avec Durruti du groupe d’action directe Los Solidarios, il doit s’exiler, suite à un assassinat politique, en Argentine puis en France, où il est arrêté. Emprisonné en France, puis plus tard en Afrique et aux Canaries, il revient finalement en Espagne et devient en 1934 secrétaire général du comité régional de Catalogne de la CNT. Il est tué au début de la guerre civile.

Asensio Torrado, José (1892-1961). Ce militaire espagnol fut appelé par Largo Caballero, premier ministre socialiste et ministre de la guerre du Front populaire, à réorganiser l’armée républicaine. En butte à l’hostilité du PCE et de l’ambassadeur soviétique, il fut accusé de trahison et arrêté, mais libéré faute de preuves peu après. Il fut ensuite nommé attaché militaire à l’ambassade d’Espagne aux États-Unis et resta dans ce pays jusqu’à la fin de ses jours. Il fut également ministre sans portefeuille dans plusieurs gouvernements républicains en exil.

Aveline, Claude [Evgen Avtsine, dit] (1901-1992). D’abord éditeur, il publie des romans, notamment policiers, à partir de 1928. Compagnon de route des communistes, résistant, il a réuni ses interventions dans Devoirs de l’esprit (1945). Lire Domenico Canciani, L’Esprit et ses devoirs. Écrits de Claude Aveline (1933-1956), Séguier, 1993.

Averbach, Léopold Léonidovitch (1903-1938). Rédacteur en chef et critique littéraire de La Jeune Garde en 1924, il est l’animateur entre 1926 et 1932 de la VAPP, devenue en 1928 la RAPP. Beau-frère et collaborateur de Iagoda, il est arrêté et fusillé lors de la chute de l’ex-patron du NKVD.

Azaña Díaz, Manuel (1880-1940). Directeur du journal España, il devient le porte-parole de l’opposition républicaine à la dictature de Primo de Rivera. À la proclamation de la République en 1931 il est nommé président du Conseil, puis les grandes réformes de son gouvernement sont arrêtées par la victoire de la droite aux élections de 1933. En 1936 il est réélu chef du gouvernement, puis président de la République. Il se réfugie à Barcelone durant toute la guerre civile et finit sa vie en France.

Bailby, Léon (1867-1954). Il fut l’un des journalistes importants de la première moitié du xxe siècle. Il dirigea le quotidien L’Intransigeant sur une ligne éditoriale étroitement nationaliste qui devint le premier quotidien du soir parisien à partir de la Première Guerre mondiale. En désaccord avec le nouveau commanditaire du journal, il fonda Le Jour en 1933, proche des thèses de l’Action française, puis, en septembre 1940, L’Alerte qui soutint la politique du régime de Vichy.

Bakaev (ou Bakaïev), Ivan P. (1887-1936). Président de la Tchéka de Petrograd pendant la guerre civile, membre de l’exécutif des Soviets et de la commission de contrôle du parti, il est exclu puis réintégré. Arrêté en 1935, il est condamné à mort l’année suivante.

Bakst, Léon [Lev Samoïlovitch Rosenberg, dit] (1866-1924). Ce peintre, décorateur et costumier est un collaborateur privilégié des Ballets russes de 1909 à 1921. Il peint en parallèle de nombreux paysages et des portraits d’hommes de lettres et d’artistes français et russes.

Baratz, Léon (1871-?). Avocat et publiciste russe, collaborateur entre autres de L’Univers israélite et de la Revue juive de Genève, il a publié notamment La Question juive en URSS (1938).

Barthou, Louis (1862-1934). Journaliste français, ce républicain modéré est élu et réélu député des Basses-Pyrénées de 1889 à 1919, puis au Sénat. Sous divers gouvernements, il a été ministre des Travaux publics, de l’Intérieur, de la Justice, de la Guerre et des Affaires étrangères. Il est nommé président du Conseil de façon éphémère en 1913.

Bauer, Otto (1882-1938). Théoricien de l’austro-marxisme avec Max Adler et leader de la social-démocratie autrichienne après la guerre de 1914-1918, il prône une « révolution lente », politique mais surtout économique et sociale, sous la protection d’une violence défensive. Après la victoire du fascisme en 1934, il comprend que le réformisme – toléré par la bourgeoisie quand il est inefficace – n’est qu’une impasse. Il se réfugie à Prague, puis à Paris. Lire Otto Bauer et la révolution, textes choisis et présentés par Yvon Bourdet, EDI, 1968.

Bebel, Ferdinand August (1840-1913). Autodidacte, il fonde avec Wilhelm Liebknecht le parti ouvrier social-démocrate allemand. À partir de 1905, il joue un rôle de modérateur entre les différentes tendances de son parti.

Bedny, Demian [Efim A. Pridorov, dit] (1883-1945). Poète attitré de la Pravda. Trotski a publié en 1936 un article du Biulleten Oppositsii (avril 1936, n° 49) sur sa soumission aux ordres de Staline. Lire ici.

Beigbeder Atienza, Juan Luis (1888-1957). Militaire et homme politique espagnol, délégué du mouvement franquiste aux Affaires indigènes.

Benavente y Martínez, Jacinto (1866-1954). Ce dramaturge espagnol est notamment l’auteur de La noche del sábado (1903) et Los malhechores del bien (1905) ; il a reçu le prix Nobel de littérature en 1922.

Berneri, Camillo (1897-1937). Professeur de philosophie, militant anarchiste, il doit s’exiler en France à partir de 1926 et sera expulsé de plusieurs pays européens. Il part en 1936 en Espagne, où il publie le périodique Guerra di classe et soutient la formation d’un corps de volontaires italiens antifascistes. Il est vraisemblablement exécuté par des tueurs du NKVD lors des événements de mai 1937 à Barcelone. Lire Camillo Berneri, Œuvres choisies, Éditions du Monde libertaire, 1988.

Berth, Édouard (1875-1939). Disciple de Georges Sorel, ce théoricien du syndicalisme révolutionnaire évolue durant peu de temps vers une tentative de synthèse entre celui-ci et le corporatisme et le monarchisme. Il se rapproche des bolcheviks en 1917 avant de revenir vers le syndicalisme révolutionnaire et de collaborer jusqu’à sa mort à La Révolution prolétarienne. Parmi ses ouvrages principaux : Les Méfaits des intellectuels (1914), Guerre des États ou guerre de classes (1924).

Besteiro Fernández, Julián (1870-1940). Figure essentielle du PSOE et de l’UGT, il est élu en 1931 président de l’Assemblée des Cortès dont il démissionne deux ans plus tard. Nommé président du Conseil au début de la guerre civile, il plaide pour une paix négociée avec les nationalistes. Ambassadeur en Grande-Bretagne en 1937, il fait partie de la junte Casado en 1939.

Bézymenski, Alexandre (1898-1973). Poète et dramaturge russe, entré au parti bolchevique en 1916, il est l’un des fondateurs du groupe « Octobre » et l’un des membres de la direction de la MAPP et de la VAPP. Après avoir été éclipsé en 1926, il revient sur le devant de la scène littéraire en 1930.

Blücher, Vassili Konstantinovich (1889-1938). Membre du parti bolchevique depuis 1916, il devient officier pendant la Première Guerre mondiale. Ses multiples succès l’amènent à diriger la 51e section de l’Armée rouge avec laquelle il combat les troupes contre-révolutionnaires russes et tchécoslovaques. Il devient conseiller militaire en Chine de 1924 à 1927, puis maréchal en 1934, et prend alors le haut commandement de l’Armée rouge en Extrême-Orient. Il préside le tribunal qui juge les chefs de l’Armée rouge en 1938, avant d’être à son tour arrêté et exécuté.

Boudienny, Semion Mikhaïlovitch (1883-1973). Militaire soviétique, officier de l’armée impériale pendant la Première Guerre mondiale, il opta, après 1917, pour des positions révolutionnaires et organisa l’année suivante la Première armée de cavalerie dans la région du Don. Adhérent du parti bolchevik à partir de 1919, il s’illustra durant les différentes phases de la guerre civile. Il occupa ensuite différents postes honorifiques dans l’Armée rouge avant d’être fait Maréchal en 1935. Il échappa aux purges des années 1937-1938, sans doute à cause de ses liens anciens avec Staline.

Boukharine, Nikolaï Ivanovitch (1888-1938). Bolchevik depuis 1908, il est membre du Comité central pendant vingt ans et du Bureau politique entre 1919 et 1929. Leader des communistes de gauche en 1918-1919, il rallie l’aile droite du parti après l’adoption de la NEP. Tout en dirigeant l’Inter­nationale communiste de 1926 à 1928, il s’allie avec Staline. Écarté par ce dernier, il prend alors la direction des Izvestia à partir de 1934. Arrêté avec Rykov en 1937, il est condamné à mort lors du troisième procès de Moscou.

Broïdo, Eva (1876-1941). Révolutionnaire lituanienne et secrétaire du Comité central du parti menchevik en 1917, l’entrée de l’Armée blanche en Lituanie l’oblige à fuir avec sa famille vers l’Allemagne. Revenue en URSS en 1927, elle y est arrêtée, déportée puis exécutée. Lire « La déportation de la menchevique Eva Broïdo », Le Combat marxiste, février-mars 1936, n° 28-29, repris dans les Cahiers du mouvement ouvrier, juin 1998, n° 2, p. 52-54.

Brupbacher, Fritz (1874-1945). Issu d’une famille aisée de Zurich, ce médecin choisit de s’installer dans un quartier ouvrier après ses études et fréquenta le milieu libertaire dès 1898. Adhérent du parti socialiste, mais antimilitariste et partisan du syndicalisme révolutionnaire, proche du français Pierre Monatte, il rallia le parti communiste en 1921, mais le quitta en 1932 après de multiples heurts avec les dirigeants staliniens. En 1932, il écrivit une introduction à La Confession de Bakounine, traduit par sa compagne, Paulette. Ecrivant que « Bakounine redeviendra actuel le jour où l’homme commencera à trouver insupportables le despotisme bourgeois et le despotisme prolétarien », il est l’auteur d’une grande étude Marx et Bakounine (non traduite) et de Bakounine ou le démon de la révolte (Editions de la Tête des Feuilles, 1971).

Burniaux, Constant (1892-1975).D’origine modeste, il devint instituteur en 1912, donna ses premiers articles après la Première Guerre mondiale et se consacra pleinement à l’écriture à partir de 1929. Auteur d’une œuvre abondante (critique, poésie, romans, nouvelles), plusieurs de ses nouvelles ont pour thème son expérience d'instituteur, comme La Bêtise (Rieder, 1925), qui relatent sa vie quotidienne auprès d'enfants en difficulté.

Byrd, Richard Evelyn (1888-1957). Explorateur chargé par l’US Navyde mettre au point la traversée aérienne transatlantique en 1919, il lance sa première expédition dans l’Antarctique en 1928. Il réussit l’année suivante le premier survol du pôle Sud puis dirige trois autres expéditions en Antarctique.

Cachin, Marcel (1869-1958). Membre du parti ouvrier français puis de la SFIO, il fait partie des fondateurs du PCF à l’issue du Congrès de Tours. Directeur de L’Humanité de 1918 à 1958, il est membre du bureau politique du PCF de 1923 à sa mort, plusieurs fois élu député et sénateur.

Calvo Sotelo, José (1893-1936). Leader de premier plan de la droite nationaliste, il est le rival de Primo de Rivera pour le contrôle de la Phalange. Critique virulent du gouvernement de Front populaire, il fut tué par des militants de gauche en représailles de l’assassinat de José Castillo, un lieutenant de la Garde d’assaut membre du parti socialiste. Sa mort servit de prétexte au coup d’État militaire du 17 juillet 1936, planifié auparavant.

Campesino [Valentín González, dit El] (1909-1983). Militant du PCE, il dirige durant la guerre civile le 5e régiment des milices populaires et participe à plusieurs batailles importantes. Après la défaite, il fuit en URSS mais est arrêté et envoyé dans un camp de travail.

Carbuccia, Horace de (1891-1975). Fondateur en 1928 de l’hebdomadaire politico-littéraire Gringoire où écrivent tous les représentants de la droite nationaliste, il est député de Corse de 1932 à 1935. Son salon est l’un des plus courus du Paris de l’entre-deux-guerres.

Cárdenas, Lázaro (1895-1970). Président du comité exécutif du parti national révolutionnaire mexicain, ce militaire de carrière, nommé général en 1928, devient ministre de l’Intérieur, puis de la Guerre et de la Marine. Il est élu président de la République en 1934 et reste à ce poste jusqu’en 1940, entreprenant d’importantes réformes sociales. Il a reçu le prix Staline de la paix en 1955 bien qu’il eut accueilli Trotski en 1937.

Carrillo, Wenceslao (1889-1963). Militant du PSOE et de l’UGT à la direction de laquelle il accède en 1923, il est élu député aux Cortès en 1931 et fait partie des gouvernements Largo Caballero et Negrín.

Casado, Segismundo (1893-1968). Chef de la garde militaire du président Azaña, il s’impose au cours de la guerre civile à la tête de l’Armée républicaine du Centre. Membre du gouvernement Negrín, il dirige la Junta de Defensa Nacional qui renverse ce gouvernement sans parvenir à empêcher la victoire de Franco. Il reste en exil au Venezuela jusqu’en 1961.

Caussidière, Marc (1808-1861). Ce républicain, ouvrier de la soierie puis courtier, prend part à l’insurrection lyonnaise de 1834 et est condamné à vingt ans de détention. Il est nommé préfet de police en 1848 par le gouvernement provisoire et également élu député. Après les massacres de juin 1848, il est condamné par contumace à la déportation et s’exile en Angleterre et aux États-Unis. Il revient en France après l’amnistie de 1859.

Chabline [Nikolaï Ivan Nedelkov, dit] (1881-1925). Délégué du parti communiste bulgare au IIe congrès de l’Internationale communiste en 1920.

Challaye, Félicien (1875-1967). Professeur de philosophie, écrivain et journaliste, il fut également un militant socialiste et anticolonialiste. Dreyfusard, camarade de promotion de Charles Péguy et admirateur de Jean Jaurès, il adhéra brièvement au parti communiste avant de revenir à la SFIO en 1923. Il fut également membre du comité central de la Ligue des droits de l’homme (1921-1937), président de la Ligue internationale des combattants de la paix et participa à l’aile ultra-pacifiste du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Signataire de la pétition de Louis Lecoin, « Paix immédiate », il écrivit dans des journaux socialisants de la collaboration comme La France socialiste, L’Atelier ou Germinal et fit l’objet de poursuites à la Libération. Finalement acquitté en octobre 1946, il continua à militer dans des groupes comme l’Union pacifiste.

Chamson, André (1900-1983). Marqué par la tradition républicaine et dreyfusarde de sa famille, il est le co-fondateur de l’hebdomadaire Vendredi en 1935. Il s’engage aux côtés du Front populaire, subit l’attrait de l’URSS et ensuite participe à la Résis­tance, tout en occupant la fonction de conservateur du musée du Louvre. Il est élu à l’Académie française en 1956.

Chvernik, Nikolaï Mikhaïlovitch (1888-1970). Bolchevik à partir de 1905, il fut commissaire sur les fronts Est et du Sud (1918-1920), puis commissaire de l'Inspection ouvrière et paysanne de la RSFSR (1924). Partisan de la politique d’industrialisation forcée de Staline, il fut premier secrétaire du conseil central de l'Union des syndicats d'URSS de 1930 à 1944. Entre1946 et 1953, il fut président du Présidium du Soviet de l'URSS.

Ciliga, Anton (ou Ante) (1898-1992). Originaire de Croatie, membre du parti communiste yougoslave à partir de 1920, il devient membre de son Comité central. Expulsé en 1925, il se rend à Moscou pour y enseigner l’histoire. Il rejoint alors l’opposition trotskiste. Il est arrêté en 1930, emprisonné puis déporté. De nationalité italienne par son épouse, il s’installe à Paris en 1935. Prisonnier pendant la guerre, il se fixe à Rome ensuite, sans cesser d’écrire.

Companys i Jover, Lluís (1882-1940). Cet avocat, représentant historique du catalanisme, est président de la Généralité, le gouvernement autonome de la Catalogne, de 1934 jusqu’en 1939, puis fusillé par les franquistes en 1940.

Cot, Pierre (1895-1977). Député radical-socialiste à partir de 1928, il occupe le ministère de l’Air dans plusieurs gouvernements, puis celui du Commerce en 1938. Adhérent de l’Association des amis de l’Union soviétique à partir de 1935, il devient, l’année suivante, l’un des présidents du Rassemblement universel pour la paix, qui doit son existence à l’activisme des agents du Komintern, et sera sa vie durant « un grand ami de l’URSS », selon la terminologie soviétique. Réfugié aux États-Unis pendant la guerre, il est réélu député à plusieurs reprises ensuite. Lire Sabine Jansen, Pierre Cot. Un antifasciste radical, Fayard, 2002.

Couthon, Georges Auguste (1755-1794). Cet avocat est élu officier municipal de Clermont-Ferrand en 1790 et représente l’année suivante le Puy-de-Dôme à l’Assemblée législative puis à la Constituante. Membre du club de la Montagne, il participe à la rédaction de la Constitution de l’an I, vote la mort de Louis XVI, puis est nommé le 10 juillet 1793 membre du Comité de salut public et en décembre président de la Convention. Il est arrêté le 9 thermidor et exécuté le lendemain.

Damtew, Desta (1896-1937). Il était l’un des gendres de l’empereur Hailé Sélassié qui combattit les troupes d’invasion italiennes à la frontière sud de l’Ethiopie.

Dan, Théodore [Fedor Illitch Gurvitch, dit] (1871-1947). Militant social-démocrate, il devient l’un des leaders mencheviks à Petrograd. Il s’oppose aux bolcheviks après Octobre et fait partie d’un petit groupe d’opposition à l’assemblée constituante. Il est arrêté en 1921 et envoyé en exil.

D’Annunzio, Gabriele (1863-1938). Cet écrivain italien se rallie à l’impérialisme et au nationalisme vers 1910. Défenseur de l’interventionnisme et volontaire pendant la Première Guerre mondiale, il est reconnu comme un héros national. Avec un millier d’hommes, il occupe Fiume entre 1919 et 1920 avant d’évacuer la ville. Il est fait prince de Montenevoso en 1924.

Daudet, Léon (1867-1942). Écrivain et homme politique français, monarchiste et antisémite, fondateur de L’Action française.

De Man, Henri (1883-1953). Venu du syndicalisme, ce théoricien et dirigeant socialiste belge poursuivit, après la Première Guerre mondiale qui a marqué l’échec de la IIe Internationale, l’entreprise de révision du marxisme initiée par Édouard Bernstein (1850-1932), une des figures majeures de la social-démocratie allemande. Son livre, Au-delà du marxisme (Zur Psychologie der Sozialismus [1922, trad. fr. 1933]) marqua les grands débats idéologiques de l’entre-deux guerres, avant qu’elle ne tombe dans l’oubli – en grande partie à cause du discrédit qui frappa son auteur qui choisit de composer avec les nazis en 1940-1941.

Delescluze, Louis Charles (1809-1871). Nommé par le gouvernement provisoire de 1848 commissaire pour le département du Nord, il est battu aux élections de l’assemblée constituante. Il fonde alors l’Association de la solidarité républicaine. Exilé en Angleterre en janvier 1850, rentré clandestinement en France en juillet 1853, il est déporté à Cayenne. À son retour, il fonde le journal Le Réveil. Il est élu député en 1871, devient délégué civil à la Guerre de la Commune. Il meurt en combattant sur une barricade.

Deutsch, Julius (1884-1968). Il est le fondateur et le dirigeant du Republikanischer Schutzbund, la milice armée du parti social-démocrate autrichien qui combat l’armée et les groupes paramilitaires d’extrême droite, en particulier lors de l’insurrection de Vienne de février 1934. Après son échec, il se réfugie en Tchécos­lovaquie, puis combat comme général dans les rangs républicains en Espagne, de 1936 à 1939.

Dimitrov, Georgi Mikhailov (1882-1949). Meneur de l’insurrection communiste en Bulgarie en 1923, il quitte son pays pour l’Union soviétique puis s’installe en Allemagne où il est chargé de la section de l’Europe centrale du Komintern. En 1933, il est arrêté pour complicité dans l’incendie du Reichstag ; sa défense froide et accusatrice lui vaut son acquittement et une renommée internationale. De retour en URSS, il devient secrétaire général du Komintern, poste qu’il occupe de 1934 à 1943. Il accède à la fonction de premier ministre de Bulgarie en 1946. Son livre Journal 1933-1949 a été publié aux éditions Belin en 2005.

Dingelstedt, Fedor Niklausevitch (1890-1937). Social-démocrate en 1910, organisateur à Cronstadt, il est après la révolution élève de l’Institut des professeurs rouges. Membre de l’opposition de gauche, il est déporté en 1928, libéré, puis à ­nouveau arrêté et fusillé avec sa femme et son fils.

Dollfuss, Engelbert (1892-1934). Membre du parti social-chrétien autrichien, il devient ministre de l’Agri­culture en 1931, chancelier l’année suivante. En pleine crise économique, il doit aussi faire face aux velléités d’annexion de l’Allemagne d’Hitler. Le Parlement autrichien décide alors son auto-dissolution, le parti communiste est dissous, le parti nazi interdit et Dollfuss est nommé dictateur d’un État désormais fasciste. Il est assassiné en juillet 1934 par des nazis autrichiens au cours d’une tentative de coup d’État.

Dombrowski, Jaroslaw (1836-1871). Originaire de Pologne, d’abord officier de l’armée russe, il participe à Varsovie à l’insurrection de 1862, est condamné à quinze ans de bagne, s’évade et s’installe en France. Le 5 mai 1871, il devient commandant en chef de l’armée de la Commune de Paris. Il meurt sur les barricades pendant la Semaine sanglante.

Dormoy, Marx (1888-1941). Militant et élu socialiste de l’Allier, il est partisan de Léon Blum lors du congrès de Tours et devient maire de Montluçon en 1926 puis député en 1931. Ministre de l’Intérieur du gouvernement de Front populaire après la mort de Roger Salengro, il le sera à nouveau entre juin 1937 et avril 1938. Son passage dans ce ministère est marqué par la découverte du complot d’extrême droite dit de la Cagoule qu’il parvient à déjouer. Assigné à résidence à Montélimar par le gouvernement de Vichy, il est victime d’un attentat d’extrême droite le 26 juillet 1941.

Dreiser, Theodore (1871-1945). Ce journaliste et romancier américain s’est engagé pour la défense de Sacco et Vanzetti, Emma Goldmann, etc. Parmi ses œuvres principales : An Americain Tragedy (1925) et Dreiser Looks at Russia (1928).

Dreitser (ou Dreitzer), Efim A. (1894-1936). Officier de l’Armée rouge, membre de l’opposition de gauche, déporté en 1928.

Dumini, Amerigo (1896-1968). Cette chemise noire est impliquée dès 1921 dans une série d’expéditions punitives à Arezzo et Sarzana, puis travaille pour le ministère de l’Intérieur italien et est envoyée en France pour démanteler les activités antifascistes des exilés italiens. Il est surtout connu comme le chef de la bande qui a enlevé et assassiné Giacomo Matteoti en 1924.

Du Pont de Nemours, Pierre Samuel (1739-1817). Entre­preneur lié aux physiocrates, il travaille comme expert économique sous le gouvernement de Calonne qui le fait entrer au Conseil d’État. Député aux états généraux en 1789, il est nommé président de l’assemblée constituante. Il est condamné à la guillotine sous la Terreur mais Thermidor lui permet d’échapper à l’exécution. Il s’installe aux États-Unis sous le Directoire et s’engage dans la diplomatie entre la France et ce pays.

Durtain, Luc [André Nepveu, dit] (1881-1959). Cet écrivain français, partisan de l’unanimisme de Jules Romains et membre du groupe de l’Abbaye au début du xxe siècle, a publié principa­lement des recueils de poèmes et de la littérature de voyage. Considéré comme un compagnon de route et un défenseur de l’URSS durant les années 1930, il n’en donne pas moins un témoignage en faveur de Victor Serge en 1935. Il rompt publiquement avec l’URSS de Staline peu après le pacte germano-soviétique (L’Œuvre, 30 août 1939).

Duval, Émile Victor (1840-1871). Ouvrier fondeur adhérent de l’Internationale, ce membre de la Commune de Paris est fusillé en avril à la suite de l’offensive contre les versaillais.

Dybenko, Pavel (1889-1938). Marin de la Baltique, militant bolchevik puis militaire soviétique, il participa en octobre 1917 à la révolution sur le croiseur Aurore, puis occupa divers postes de commandement dans l’Armée rouge, avant d’être victime des purges staliniennes. Il fut aussi le compagnon d’Alexandra Kollontaï de 1917 à 1922.

Ebert, Friedrich (1871-1925). Journaliste syndicaliste, secrétaire du parti social-démocrate allemand, il en prend la présidence en 1913. Révisionniste et partisan du maintien de la monarchie, il devient en 1919 le premier président de la République de Weimar.

Eden, Robert Anthony (1897-1977). Cet homme politique britannique est ministre des Affaires étrangères de 1935 à 1938 puis à deux autres reprises, et Premier ministre de 1955 à 1957. Lors de la guerre civile espagnole, il soutient la politique de non-intervention.

Efimov, Boris Yefimovich (1900-2008). À partir de 1920, cet artiste et journaliste publie des dessins politiques pour l’Agitprop, puis dans des journaux comme les Izvestia et Krokodil. Son premier recueil de dessins est publié en 1924 avec une préface de Trotski. Après la guerre, il est chargé de caricaturer les nazis au procès de Nuremberg.

Eichhorn, Emil (1863-1925). Mécanicien de formation, il milite au parti social-démocrate allemand et écrit dans plusieurs journaux. Secrétaire régional du parti entre 1905 et 1908 à Bade, il est aussi membre du groupe parlementaire social-démocrate au Reichstag entre 1903 et 1912. Il rejoint le parti social-démocrate indépendant dès sa fondation et dirige son service de presse. Nommé préfet de police de Berlin lors de la révolution allemande, il est destitué le 4 janvier 1919. Il est ensuite élu à plusieurs reprises au Reichstag comme député du parti communiste allemand.

Eideman, Robert Petrovitch (1895-1937). Cet élève de l’école militaire de Kiev, après avoir participé aux conseils de soldats, rejoint l’Armée rouge en 1918 où il occupera de nombreux postes de responsabilité, notamment à l’Académie militaire Frounzé. Arrêté et exécuté en 1937, « réhabilité » en 1957.

Emery, Léon [Paul, dit] (1898-1981).Professeur à l’École normale de Lyon et membre de la CGT, il exerça une grande influence sur le Syndicat national des instituteurs du Rhône. Animateur local du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, il participa aux activités de l’Union départementale de la CGT du Rhône et de la Bourse du Travail de Lyon. Il fut aussi président de la Ligue des droits de l’homme de son département de 1933 à 1939. Pacifiste intransigeant et très opposé aux communistes, il fonda, avec Michel Alexandre, un disciple d’Alain, la revue Feuilles libres (1935-1939). Durant l’Occupation, en 1942-1943, il devint conférencier à l’École des cadres de la Légion des combattants à Avellard (Isère), collabora l’année suivante à l’hebdomadaire Germinal, fondé par l’ex-socialiste Claude Jamet et fut incarcéré à deux reprises à la Libération.

Enoukidzé, Avelii Sofronovitch (1877-1937). Géorgien, membre de l’Iskra en 1901, il est plusieurs fois arrêté. Après 1917, cet ami d’enfance de Staline occupe plusieurs fonctions officielles dont celle de président des conseils du théâtre Bolchoï. Exclu en 1935, il est ensuite exécuté.

Escarra, Jean (1885-1955). Professeur à la faculté de droit (Paris), Jean Escarra fut aussi le conseiller du gouvernement chinois de Tchang Kaï-chek et participa à la réforme du droit chinois, abolie en 1949. Il publia plusieurs études sur la Chine, notamment La Chine. Passé et présent (Armand Colin, 1937) et, avec Henri Maspéro, Les Institutions de la Chine (PUF, 1952).

Evdokimov, Grigori E. (1884-1936). Membre du parti bolchevique depuis 1903, membre du Comité central de 1919 à 1925 et son secrétaire en 1926 et 1927. Proche de Zinoviev, il est exclu, puis réintégré, condamné d’abord à dix ans de prison puis à mort.

Fey, Emil (1886-1938). Militaire et homme politique autrichien, leader des formations réactionnaires paramilitaires des Heimwehren, il est vice-chancelier sous la dictature de Dollfuss.

Flourens, Gustave Paul (1838-1871), membre de la Commune de Paris, assassiné à la suite de l’offensive contre les versaillais.

Frossard, Louis-Oscar (1889-1946). Instituteur et militant socialiste, son antimilitarisme lui vaut d’être révoqué de l’enseignement. Secrétaire du parti socialiste en 1918, il défend l’adhésion à l’Internationale communiste au congrès de Tours. Secrétaire général du PCF, il démissionne en 1923 et fonde le parti communiste unitaire qui se joint en 1924 à l’Union socialiste communiste. Il retourne ensuite à la SFIO et devient plusieurs fois ministre.

Galán Rodríguez, Francisco (1902-1971). Militant du parti communiste d’Espagne, il dirige plusieurs brigades et divisions pendant la guerre civile, participant notamment à la défense de la Catalogne. Après la guerre civile, il s’exile en Argentine.

Gálvez Angosto, José (?-1939). Militant de la CNT de La Unión, il en devient le secrétaire en 1931. Il est fusillé à l’issue de la guerre civile.

Gamarnik, Ian Borisovich (1894-1937). Membre du parti communiste depuis 1917, il occupe plusieurs fonctions dont celle de premier secrétaire du parti communiste bélarusse en 1928-1929. Fervent partisan de Toukhatchevski, il refuse de l’accuser lors du procès de l’Armée rouge en 1937. Il se suicide peu après.

Gerlach, Hellmut von (1866-1935). Juriste, puis journaliste, ce pacifiste participa à la fondation du parti démocrate en 1918, puis se fit, quatre ans plus tard, l’artisan d’un rapprochement franco-allemand. Militant de la Deutsche Friedensgesellschaft, il remplaça Carl von Ossietzky à la tête de Die Weltbühne à partir de mai 1932. Réfugié en France dès mars 1933, il y devint l’une des âmes de la résistance au nazisme en exil.

Ghazi (1912-1939). Fils du roi Fayçal et roi d’Irak de 1933 à sa mort.

Ghezzi, Francesco (1893-1942). Délégué italien au congrès de l’Internationale syndicale rouge, il assiste aussi au IIIe congrès de l’Internationale communiste. Arrêté et emprisonné à Berlin, menacé d’être livré à Mussolini, il peut revenir en Russie en 1922 grâce à une mobilisation internationale. Ouvrier d’usine à Moscou à partir de 1926, il est l’intermédiaire idéal des voyageurs de passage en URSS pour connaître la vie quotidienne des travailleurs soviétiques. Arrêté en mai 1929, il fait l’objet d’une campagne de soutien des milieux anarchistes européens et il est finalement libéré en 1931, puis à nouveau emprisonné en novembre 1937. Il meurt au camp de Vorkouta. Lire À contretemps, avril 2007, n° 26, « L’affaire Francesco Ghezzi ».

Gide, Charles (1847-1932). Oncle d’André Gide, théoricien de l’économie sociale et praticien du mouvement coopératif français. Ses œuvres ont été republiées récemment aux éditions L’Harmattan.

Gillouin, René (1881-1971). Écrivain de la droite nationaliste, maurrassien, journaliste et politicien, il fut conseiller du maréchal Pétain de 1940 à 1942. Il se retira de la vie politique en 1943 et s'exila en Suisse.

Gil Roblès, José Maria (1898-1980). Ce juriste et professeur de droit espagnol était partisan de la dictature de Primo de Rivera. En 1932, il fut l’un des fondateurs de la Confederatión Espanola de Derechas Autónomas (CEDA), rassemblant les formations de la droite cléricale et conservatrice et apporta son soutien au coup d’Etat du 17 juillet 1936, mais fut sans aucune influence sur le général Franco.

Goltz, Gustav Adolf Joachim Rüdiger von der (1865-1946). Général allemand durant la Première Guerre mondiale, commandant de la Baltische Landeswehr en 1918-1919.

González Marín, José (?-?). Plusieurs fois emprisonné, cet anarchiste espagnol sort de prison en 1936 et intègre la Junte de défense de Madrid en 1937. Il intègre le comité de défense de la CNT en 1939 puis la Junte Casado. Il est par la suite résistant en France durant la guerre.

Goupilleau de Montaigu [Philippe Charles Aimé Goupilleau, dit] (1749-1823). Cet avocat est élu député de Vendée à l’Assemblée législative en septembre 1791, puis à nouveau à la Convention. Il se rallie ensuite aux Thermidoriens et se fait élire au Conseil des Cinq-Cents en 1795.

Goutchkov, Alexandre Ivanovitch (1862-1936). Chef de file sous Nicolas II du mouvement octobriste, qui défend l’instau­ration d’un régime pseudo constitutionnel, il est ministre de la Guerre et de la Marine sous le premier gouvernement provisoire en mars 1917.

Grossi Mier, Manuel (1905-1984). Mineur asturien et militant du Bloque Obrero y Campesino (Bloc ouvrier et paysan), dirigé par Joaquín Maurín, il fut vice-président de l’Alliance ouvrière puis du Comité révolutionnaire des Asturies en 1934. Condamné à mort, il fut amnistié, mais resta emprisonné jusqu’en 1936. En 1935, le POUM publia son témoignage : L’Insurrection des Asturies (EDI, 1971). Engagé dans une colonne du POUM, il combattit sur le front d’Aragon. Exilé en France, il s’installa à Brignoles (Var).

Hernández Tomás, Jesús (1907-1971). Membre fondateur du PCE, il est élu membre du Comité central en 1930 et envoyé à Moscou. À partir de 1936, il dirige l’organe du parti, Mundo obrero. Député du Front populaire, il devient ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts sous Caballero puis sous Negrín. Il mène alors, sous pseudonyme, une campagne de presse contre le ministre de la Défense nationale Prieto jusqu’à la démission de celui-ci. Il parvient à fuir après la victoire de Franco et réside en URSS où il représente le PCE au Komintern. Il est plus tard exclu du parti.

Hervé, Gustave (1871-1944). D’abord militant de la CGT et de la SFIO, directeur du journal La Guerre sociale, il évolue vers le « socialisme national » puis vers le fascisme.

Hölz, Max (1889-1933). Ce communiste allemand est exclu en 1920 pour avoir eu recours à des méthodes terroristes pour contrer le putsch de Wolfgang Klapp. Organisateur de milices en Saxe, il est emprisonné puis libéré en 1928. Il s’installe alors en URSS où il meurt noyé dans des circonstances obscures. Lire Max Hölz, Un rebelle dans la révolution. Allemagne 1918-1921, Spartacus, 1988.

Iagoda (ou Yagoda), Henri Grigorievitch (1891-1938). Membre du parti bolchevique depuis 1907, directeur du NKVD entre 1934 et 1936, il conduit les deux premières purges staliniennes avant d’être lui-même jugé, condamné à mort et exécuté.

Iakir, Iona (1896-1937). Ce fils d’un pharmacien de Kichinev s’engage aux côtés des bolcheviks après la révolution de février 1917 et gravit rapidement les échelons de l’Armée rouge, devenant en octobre 1920 commandant et commissaire de la 45e division d’infanterie. Il poursuit sa carrière dans l’Armée et le parti : au moment de son arrestation, en 1937, il était commandant du district militaire de Leningrad et membre du comité central du PCUS. Il est exécuté peu après sous l’accusation de complot et sera « réhabilité » en 1957.

Iakovine, Gigori Iakolevitch (1896-1938). Ce révolutionnaire russe, diplômé de l’Institut des professeurs rouges, est membre de l’Opposition de 1923 puis de l’Opposition unifiée. Arrêté, plusieurs fois condamné, il est fusillé en 1938.

Iejov, Nikolaï Ivanovitch (1895-1940). Membre du parti bolchevique depuis 1917, il entre au Comité central dix ans plus tard puis est nommé à la vice-présidence de la Commission centrale de contrôle. En 1937, il prend la direction du NKVD, qu’il occupe jusqu’en 1939, devenant le principal exécutant des purges staliniennes. Il est ensuite arrêté et exécuté.

Illés, Béla (1895-1974). Membre du parti communiste hongrois, il émigre après la chute du régime soviétique en Hongrie, à Vienne puis en URSS où il devient l’une des figures dominantes de l’Union internationale des écrivains révolutionnaires.

Innitzer, Theodor (1875-1955). Professeur de théologie puis recteur de l’université de Vienne (1928-1929), il devient archevêque de Vienne en 1932 et cardinal l’année suivante. C’est à ce titre qu’il accorde son soutien à l’austro-fascisme des chanceliers Dollfuss et Schuschnigg.

Ioffé, Maria Mikhaïlovna (1900-?), épouse d’Adolf Abra­movitch Ioffé, ambassadeur d’URSS à Berlin, puis à Vienne et à Tokyo, proche de Trotski. Son mari se suicide en 1927, son enterrement donnant lieu à la dernière manifestation publique des communistes d’opposition en URSS. Arrêtée et déportée quelques années plus tard, elle survit et finit ses jours en Israël.

Irujo, Manuel de (1891-1981). Député de Navarre puis aux Cortès à partir de 1921, il devient ministre du gouvernement Caballero entre septembre 1936 et mai 1937.

Janin, Maurice (1862-1946). Général français, chef de la mission militaire française en Russie puis commandant en chef des forces alliées en 1918. À la suite de ses désaccords avec Koltchak, il ne garde que le commandement des troupes tchécoslovaques en Sibérie.

Jasienski, Bruno (1901-1938). Écrivain, il est l’un des fondateurs du mouvement futuriste en Pologne. Il s’installe en 1922 à Paris, où il publie en 1929 Je brûle Paris, roman futuriste sur les tensions sociales dans la capitale française. Dans les années 1930, il s’installe à Moscou et devient l’un des écrivains les plus reconnus en URSS. Sa proximité avec Iagoda, son soutien aux purges le feront exclure du parti, emprisonner puis exécuter.

Jouvenel, Bertrand de (1903-1987). Penseur libéral, membre pendant deux ans du parti populaire français de Doriot, il ne s’est pourtant jamais engagé dans les milieux collaborationnistes durant la Deuxième Guerre mondiale. Considéré comme l’un des pères de l’écologie politique, il a notamment fondé la revue Futuribles.

Kalinine, Mikhaïl Ivanovitch (1875-1946).Né dans une famille paysanne pauvre, ce militant bolchevique adhéra au parti ouvrier social-démocrate de Russie en 1898 et participa à la révolution de 1905 et de 1917. Il fut président du Praesidium du Soviet suprême de 1919 à 1946, c’est-à-dire chef (nominal) de l’Etat, où il fut à la fois l’allié et l’instrument de Staline, symbolisant la permanence du parti de l’époque de Lénine malgré les procès de Moscou et les purges staliniennes des années trente.

Kamenev, Lev Borissovitch (1883-1936). Membre du parti bolchevique depuis 1903, il est membre du Comité central et du Bureau politique de 1919 à 1927, date de son exclusion. Réintégré puis exclu à nouveau en 1932, il est condamné à mort lors du premier procès de Moscou.

Kaminski, Hanns-Erich (1899-1963).Après des études d’économie, il entama une carrière dans le journalisme de gauche, d’abord à la revue Die Weltbühne de Carl von Ossietzky, puis comme rédacteur d’un journal social-démocrate de Francfort. Devant la faillite de la social-démocratie face au nazisme, il se rapprocha des anarcho-syndicalistes de la Freie Arbeiterunion Deutschlands, dont un contingent de volontaires combattit en Espagne. Après la défaite française, il quitta Paris pour Marseille d’où il parvint à rejoindre Lisbonne, et ensuite l’Argentine. Outre son témoignage sur la révolution espagnole, Ceux de Barcelone (1937 ; rééd. Allia, 2003), il est aussi l’auteur de Céline en chemise brune (1938 ; rééd. Mille et une nuits, 1997) qu’on rapprochera de la chronique de Victor Serge, « Pogrom en quatre cents pages », qui traite également de Bagatelles pour un massacre.

Kappel, Vladimir Oskarovitch (1874-1920). Chef d’état-major des armées blanches d’Asie du Sud-Ouest en 1917.

Karakhane [Lev Mikhaïlovitch Karakhanian, dit] (1890-1937). Membre du parti depuis 1917, ce diplomate arménien est membre de la délégation russe à Brest-Litovsk. Il est ensuite ambassadeur en Pologne, en Chine et en Turquie après 1934. Il est arrêté et exécuté pendant les grandes purges.

Karolyi, comte Michel (1875-1955). Il fut nommé chef du gouvernement le 30 octobre 1918 et, devant le mécontentement populaire, les nouveaux dirigeants proclamèrent la République le 16 novembre. Il devint président de la république en janvier 1919. Connu pour son opposition à l’alliance avec l’Allemagne, il ne put cependant empêcher les Alliés de contribuer au démembrement de la Hongrie, et démissionna suite à l’injonction de l’Entente d’évacuer les territoires encore occupés par des troupes hongroises. Le 21 mars 1919, Bela Kun, chef du parti communiste hongrois, proclama alors la république des conseils de Hongrie qui sera défaite par l’armée contre-révolutionnaire menée par l’amiral Horthy, nommé régent de Hongrie le 1er mars 1920.

Kerenski, Aleksandr Feodorovitch (1881-1970). Avocat acquis au socialisme réformiste, il entre à la Douma en 1912. Après la révolution de Février, il devient ministre de la Justice, puis de la Guerre, puis chef du gouvernement provisoire en juillet. Après la révolution d’Octobre, il émigre en France, puis aux États-Unis au début de la Deuxième Guerre mondiale.

Kirchon, Vladimir Mikhaïlovitch (1902-1938). Membre du parti communiste depuis 1920, ce dramatuge russe a d’abord organisé l’Association des écrivains prolétariens dans le Caucase du Nord avant de devenir l’un des dirigeants de la RAPP. Il est l’un des persécuteurs les plus acharnés de Boulgakov avant d’être accusé à son tour et exécuté.

Kirov [Sergueï Mironovitch Kostrikov, dit] (1888-1934). Premier secrétaire du parti à Leningrad, membre du Bureau politique, il est assassiné par un jeune communiste désenchanté. Ce meurtre sert de prétexte à Staline pour les grandes purges des années suivantes. Lire Alla Kirilina, L’Assassinat de Kirov. Destin d’un stalinien, 1888-1934, Seuil, 1995.

Kollontaï, Aleksandra Mihaïlovna (1872-1952). Féministe, ralliée aux idées socialistes, elle doit s’exiler et ne revient à Petrograd qu’après la révolution de février 1917. Membre du Comité central à partir d’août 1917 et fondatrice de la tendance Opposition ouvrière, elle entre au commissariat aux Affaires étrangères en 1922 et est ambassadrice d’URSS en Norvège, en Suède et au Mexique. Lire Alexandra Kollontaï, L’Opposition ouvrière, Seuil, 1974.

Koltchak, Aleksandr Vassilievitch (1874-1920). Partisan de Kerenski, il devient ministre de la Guerre dans le gouvernement russe antibolchevique fondé à Omsk puis s’institue dictateur des armées blanches. Après l’échec de son armée, il est renversé en 1919 et fusillé par les bolcheviks.

Koltsov [Mikhaïl Efimovich Fridland, dit] (1898-1940). Frère de Boris Efimov, membre du parti bolchevique depuis 1917, il est rédacteur de la Pravda et son correspondant en Espagne en 1936 ; il fonde aussi les journaux Krokodil et Ogonyok. Arrêté en 1938, il est exécuté deux ans plus tard.

Kosior, Stanislas Vikentievitch (1889-1939 ?). Militant et dirigeant bolchevik, il participa aux activités clandestines du parti dès 1907, puis à la révolution de 1917, avant d’occuper différents postes de responsabilité en Ukraine. Il fut membre du Politburo du PCUS de 1930 à 1938. Arrêté au printemps 1938 et fusillé ou mort en prison.

Kouprine, Aleksandr Ivanovitch (1870-1938). Romancier et explorateur russe, son œuvre la mieux connue est Le Duel (1905).

Krivitski, Walter G. [Samuel Ginzburg, dit] (1899-1941). Il entre dans les renseignements militaires soviétiques en 1919. Il y reste jusqu’en 1937 lorsqu’il s’installe à La Haye à la tête des services de renseignements soviétiques pour toute l’Europe occidentale. L’assassinat d’Ignace Reiss provoque sa défection et son rapprochement avec Léon Sedov. Arrivé aux États-Unis en 1938, il rédige avec un journaliste un témoignage qui décrit les méthodes secrètes de Staline. Il est assassiné à Washington en 1941.

Krylenko, Nikolaï (1885-1938). Militant bolchevik à partir de 1904, il joua un rôle de premier plan dans les conseils de soldats durant la révolution russe, puis fut nommé au tribunal révolutionnaire en 1918 avant de devenir procureur général de l’URSS, appliquant comme tel de nombreuses lois répressives au cours des années 1920-1930. Il fut victime des purges staliniennes en 1938.

Kuusinen, Otto Wilhelm (1881-1964). Il entre au Parlement finlandais pour le parti social-démocrate en 1908. En janvier 1918, alors que la Finlande a proclamé son indépendance, les bolcheviks finlandais s’apprêtent à prendre le pouvoir, soutenus par les troupes russes qui stationnent dans le pays. Après quelques mois de guerre civile, les troupes blanches contrôlent le pays. Kuusinen s’installe alors à Moscou. Il y fonde le parti communiste finlandais et devient une figure importante du Komintern. En 1939, lorsque l’Armée rouge pénètre en Finlande, il est mis par Staline à la tête de la République démocratique de Finlande, État fantoche. Il est par la suite membre du présidium du Comité central du parti communiste de l’Union soviétique.

Lafargue, Paul (1842-1911). Gendre de Karl Marx, il participe à la Ire Internationale puis à la Commune de Paris. Il vit ensuite dans plusieurs pays d’Europe avant de revenir en France où il fonde avec Jules Guesde le parti ouvrier français. Incarcéré à plusieurs reprises, il est élu député de Lille en 1891. Parmi ses œuvres principales : Le Droit à la paresse (Réfutation du « droit au travail de 1848 ») (1880) et Le Matérialisme économique de Karl Marx, cours d’économie sociale (1884).

Lagardelle, Hubert (1874-1958). Ayant adhéré au parti ouvrier français de Jules Guesde, il rompt avec ce dernier et fonde la revue Le Mouvement socialiste afin de sortir du « sinistre désert intellectuel » où se débat le socialisme français. Il se rapproche de la CGT et contribue à la fondation de l’idéologie syndicaliste révolutionnaire. Il se tourne durant l’entre-deux-guerres vers le fascisme italien. Ministre du Travail sous Vichy et directeur du journal collaborationniste La France socialiste, il est condamné à la prison à perpétuité en 1946.

Landauer, Gustav (1870-1919). Écrivain et journaliste allemand, principal théoricien du socialisme libertaire en Allemagne. Commissaire du peuple à la Culture et à l’Éducation dans la première République des Conseils de Bavière en 1919, il est arrêté, emprisonné et assassiné par les troupes du Reich.

Largo Caballero, Francisco (1869-1946). Secrétaire général de l’Union générale des travailleurs depuis 1918, il plaide dans les premiers temps de la République pour une alliance entre les syndicats et les partis ouvriers, dont le parti communiste. Après la chute du gouvernement Giral en septembre 1936, il est désigné comme chef du gouvernement et ministre de la Guerre. À la suite des journées de mai 1937 à Barcelone, il est contraint de démissionner sous la pression des staliniens et de leurs alliés.

La Rocque de Severac, François de (1885-1946). Militaire de carrière, président des Croix-de-Feu en 1931. Après la dissolution des ligues en 1936, il fonde le parti social français, d’extrême droite.

Laurat, Lucien [Otto Maschl, dit] (1898-1973). Propagandiste du parti communiste autrichien, il fut, grâce à ses talents de journaliste qu’avait remarqué Boris Souvarine, correspondant de L’Humanité à Berlin de 1921 à 1923, et, de fait, l’homme de liaison entre les partis allemand et français. Appelé à Moscou comme traducteur au service de presse de l’Internationale communiste, il y resta jusqu’en 1927, une fois la défaite de l’opposition consommée. Installé d’abord à Bruxelles, puis à Paris à partir de 1928, il participa aux activités du Cercle de Souvarine et à ses revues (Bulletin communiste, La Critique sociale), puis rejoignit la SFIO en 1933 où il fut le fondateur avec sa compagne, Marcelle Pommera, de la revue Le Combat marxiste et fut chargé des cours d’économie à l’Institut supérieur ouvrier de la CGT. En effet, il fut l’un des premiers introducteurs de l’œuvre de Rosa Luxemburg en France, publiant dès 1930 L’Accumulation du capital d’après R. Luxemburg (Marcel Rivière, 1930). Avant la guerre, il participa à la tendance pacifiste de Paul Faure dans la SFIO et, durant l’Occupation, donna des articles à des organes collaborationnistes comme La France socialiste et L’Atelier et fut emprisonné quelques semaines à la Libération et exclu de la SFIO.

Ledebour, Georg (1850-1947). Député social-démocrate au Reichstag, il devient l’un des dirigeants du comité révolutionnaire en 1919. Arrêté, jugé et acquitté, il refuse de rejoindre le parti communiste. Il émigre en Suisse en 1933.

Lefèvre (ou Lefebvre), Frédéric (1889-1949). Membre fondateur des Nouvelles littéraires, il en est le rédacteur en chef de 1922 à sa mort. Il y a notamment publié des entretiens sous le titre « Une heure avec… »

Lefrançais, Gustave (1826-1901). Instituteur interdit d’enseignement et journaliste, il participa à la révolution de 1848 et se réfugia à Londres après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Revenu à Paris en 1853, il s’opposa au Second Empire. Membre de la Commune de Paris, il combattit durant la semaine sanglante avant de se réfugier en Suisse où il participa à la création de la Fédération jurassienne et au congrès de l’Internationale anti-autoritaire à Saint-Imier qui réunissait les partisans de Michel Bakounine. Sans être explicitement anarchiste, il collabora aux journaux libertaires et aida Elisée Reclus pour sa Géographie universelle. On lui doit deux livres remarquables : Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871 (Neuchâtel, 1871) & Souvenirs d’un révolutionnaire (Bruxelles, 1902).

Lehmann, Rosamond (1901-1990). Romancière britannique, elle épouse en secondes noces l’artiste Wogan Philipps qui s’engage dans la guerre civile espagnole. Proche du groupe de Bloomsbury, elle a publié notamment Dusty Answer (1927) et The Weather in the Streets (1936).

Lélévitch, Grigori [Labori Gilelevich Kalmanson, dit] (1901-1945). Membre du parti bolchevique, cet écrivain et historien publie de nombreux articles sur l’histoire du parti et de la révolution dans Proletskaia Revolutsiia puis participe au mouvement formé autour de la revue Na Postu. À ce titre, il occupe plusieurs fonctions dans la MAPP et dans la VAPP. Exclu du parti en 1928, il est arrêté et déporté en 1935.

Lerroux Garcia, Alejandro (1864-1949). Il dirigea, de 1933 à 1935, le gouvernement radical, appuyé par le CEDA, qui fit appel au général Franco pour réprimer l’insurrection des Asturies en 1934 et fut impliqué dans plusieurs scandales financiers l’année suivante.

Leviné, Eugen (1883-1919). Dirigeant de l’éphémère République des Conseils de Munich, il tente d’instaurer de nombreuses réformes visant le contrôle et la propriété par les ouvriers de leurs usines, le système d’éducation ou encore l’abolition du papier-monnaie, lesquelles réformes ne seront jamais appliquées. À la chute de Munich le 3 mai 1919, il est arrêté puis exécuté.

Lieberberg, Joseph (1898-1937). Né en Ukraine, il fit ses études à Kiev. Dès l’âge de quinze ans, il s'intéressa à l'histoire juive. Après la révolution bolchevique, il interrompt ses études universitaires pour servir l'Armée Rouge. Il travailla ensuite dans le journalisme, écrivit une thèse sur la Révolution française et fut nommé professeur de l'histoire européenne de l'Ouest en 1925, puis fonda le centre d’études juives de Kiev. Au début des années 1930, il devint un promoteur de la colonisation juive au Birobidjan. En 1934, il devint le premier président de la communauté juive soviétique du Birobijan. En août 1936, il fut arrêté comme « nationaliste trotskiste et bourgeois » et condamné à mort le 9 mars 1937.

Líster Forján, Enrique (1907-1995). Membre du parti communiste d’Espagne depuis 1925, il part quelques années plus tard en URSS pour faire son apprentissage de militant. Il se spécialise dans les questions militaires, ce qui lui permet en 1936 de devenir l’un des dirigeants des milices républicaines en Espagne. Il gravit rapidement les échelons de l’Armée populaire de la République espagnole. Après la guerre civile, il se réfugie en URSS.

Litvinov, Maksim Maksimovitch [M. M. Wallach, dit] (1876-1951). Membre du parti social-démocrate depuis 1898, il parvient à rejoindre après plusieurs années de déportation les révolu­tionnaires émigrés en Suisse. Rentré en Russie après Octobre, il représente son pays à la conférence de Gênes en 1922. Il devient commissaire aux Affaires étrangères en 1930. Très actif à la Société des Nations, il se montre favorable au rapprochement avec les démocraties occidentales et signe avec Laval le pacte franco-soviétique de 1935. Lors du rapprochement avec l’Allemagne, Staline le remplace en 1939 par Molotov. En 1941, il est nommé ambassadeur à Washington.

Longuet, Charles (1839-1903).Opposant à l’Empire, il dut s’exiler en Belgique, puis à Londres où il entra au Conseil général de l'Internationale (1866). À la chute de l'Empire, il fut délégué au comité central des vingt arrondissements et l'un des principaux chefs de l'insurrection du 18 mars. Du 27 mars au 12 mai, il dirigea le Journal officiel de la Commune. Il parvint à échapper aux Versaillais et se réfugia à Londres où il reprit sa place dans l’Internationale. Il épousa Jenny, la fille aînée de Marx, en 1872 et rentra à Paris après l’amnistie, collaborant à La Justice de Clemenceau.

Lounatcharski, Anatoli Vassilievitch (1875-1933). Rallié aux bolcheviks dès 1903, il est, lors de la révolution de 1917, le premier commissaire du peuple à l’Instruction publique et encourage la littérature prolétarienne des débuts de l’ère soviétique.

Lozovski, Solomon Abramovitch [Alexandre, dit] (1878-1952). Après avoir participé à la révolution de 1905, il s’exila en France de 1909 à 1917, où il milita à la CGT et à la SFIO. Après s’être un temps opposé à Lénine, il rejoignit les bolcheviks en 1919 et fut le secrétaire de l’Internationale des syndicats rouges de 1921 à 1937, puis commissaire adjoint des Affaires étrangères de 1939 à 1946. Durant la Seconde Guerre mondiale, il participa au Comité juif antifasciste et fut victime de la répression qui frappa les intellectuels juifs à partir de 1949. Il fut jugé en juillet 1952 et exécuté le 12 août ; réhabilité à titre posthume en 1956.

Malva, Constant [Alphonse Bourlard, dit] (1903-1969). Cet ouvrier est l’un des représentants du mouvement de la littérature prolétarienne en Belgique. Parmi ses œuvres principales : Borins (1937), Le Jambot (1952), Ma nuit au jour le jour (1954).

Maran, René (1887-1960). Écrivain français, élevé en Guyane, puis au Gabon, il consacre au colonialisme son roman Batouala, qui obtient le prix Goncourt en 1921.

Marchlevski, Julian Balthasar (1866-1925). Membre de l’Union des travailleurs polonais, il fonde en 1893, avec Rosa Luxemburg, le parti social-démocrate du royaume de Pologne. Devenu bolchevik en 1906 en Russie, il s’installe ensuite en Allemagne où il participe à la fondation de la Ligue Spartakus puis du parti communiste polonais.

Marín voir González Marín

Martínez Barrio, Diego (1883-1962). Homme politique espagnol, président du Conseil entre octobre et décembre 1933, il fonde en 1934 le parti Union républicaine qui intègre la coalition de Front populaire, gagnante des élections de février 1936. Il occupe à plusieurs reprises la fonction de président des Cortès entre 1936 et mars 1939.

Matallana Gómez, Manuel (1894-1956). Nonobstant ses propres positions politiques conservatrices, il reste fidèle au gouvernement républicain lors de la guerre civile et est élevé au rang de général. À la fin de la guerre, il rejoint la junte Casado puis est nommé interlocuteur de Franco pour les négociations de paix. Il est ensuite emprisonné puis libéré.

Matteoti, Giacomo (1885-1924). Député depuis 1919 et secrétaire général du parti socialiste italien, il prend la tête de l’opposition parlementaire à Mussolini avant d’être enlevé et assassiné par des miliciens fascistes.

Maura Gamazo, Miguel (1887-1971). Partisan de la dictature de Primo de Rivera, il joua ensuite un rôle de premier plan dans l'instauration de la IIe République en 1931, devenant ministre de l'intérieur dans le gouvernement de Alcalá Zamora. Partisan d'un régime fort pour faire face aux désordres, il refusa la proposition du président de la république, Manuel Azana, de former un gouvernement d'union nationale incluant les factieux lors du coup d'État militaire de juillet 1936. Recherché par les anarcho-syndicalistes et les communistes, il obtint du socialiste Indalecio Prieto le moyen de se réfugier à Toulouse et ne revint en Espagne qu'en 1953.

Matuska, Sylvestre (1892-1945 ?). Officier hongrois du génie durant la Première Guerre mondiale, il se fit connaître par plusieurs tentatives de déraillement de train en 1930-1931, dont celle de l’Express Budapest-Vienne, le 12 septembre 1931 qui fit vingt-deux morts et une centaine de blessés. Condamné à la prison à vie, on perd sa trace à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Maurín Juliá, Joaquín (1896-1973). D’abord militant syndicaliste à la CNT, il est délégué à Moscou en 1921 pour participer au IIIe congrès du Komintern. Plusieurs fois arrêté puis exilé entre 1923 et 1930, il revient en Espagne à la chute de Primo de Rivera et publie alors ses principales œuvres, dont Vers la seconde révolution (1935). Il devient en 1935 secrétaire général du POUM et l’année suivante député de Catalogne. Arrêté puis emprisonné, il est condamné à trente ans de réclusion en 1944. Après sa libération en 1946 il émigre aux États-Unis.

Mdivani, Polikarp Guergenovitch [Boudou, dit] (1877-1937). D’origine géorgienne, très actif dans la 11e section de l’Armée rouge, il joue un rôle important dans l’invasion de la Géorgie. Comme directeur du bureau caucasien du Comité central du parti bolchevique, il s’oppose à l’intégration de la Géorgie à la République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie, ce qui entraîne sa destitution. Exclu en 1936, il est exécuté sans procès l’année suivante.

Menjinsky, Viatcheslav R. (1874-1934). Étudiant, puis journaliste, ce bolchevik fut vice-président de la Tchéka en 1919, puis succéda à Dzerjinsky à la tête du Guépéou en 1926.

Mera Sanz, Cipriano (1897-1975). Maçon et militant de la CNT, il est l’animateur du syndicat du bâtiment à Madrid. Au début de la guerre civile, il dirige une colonne anarcho-syndicaliste qui, après la militarisation des milices, deviendra la 14e division de l’Armée populaire républicaine, présente dans les combats de Guadalajara et Teruel. En mars 1939, il soutient le coup du général Casado. Libéré de prison en 1946, il vit ensuite en France.

Merejkovski, Dimitri Sergueïevitch (1866-1941). Auteur de romans historiques, il est proche des socialistes révolutionnaires tout en restant ardemment chrétien. Sa trilogie Le Christ et l’Anté­christ (1895-1904) l’a rendu célèbre. Il quitte l’URSS en 1921 et s’installe à Paris.

Mesnil, Jacques [Jean-Jacques Dwelshauvers, dit] (1872-1940). Journaliste et critique d’art français, anarchiste, puis communiste, et toujours libertaire, collaborateur de nombreuses revues, dont La Révolution prolétarienne, il a publié entre autres la biographie de Botticelli (1938), Élisée Reclus (1905), et Esprit révolutionnaire et syndicalisme (1914).

Miaja Menant, José (1878-1958). Militaire espagnol nommé général en 1932, il reste loyal au gouvernement républicain lors du coup d’État de 1936. Il commande les troupes du Centre. Partisan de la junte Casado, il fuit au Mexique après la victoire des nationalistes.

Miller, Ievgueni Karlovitch (1867-1939). Lieutenant général depuis la Première Guerre mondiale, il est condamné par contumace après la révolution d’Octobre. À partir du 15 janvier 1919, il commande l’armée blanche du Nord. Vaincu en 1920, il s’installe à Paris où il devient président de l’Union générale des combat­tants russes. Il est enlevé à Paris par le NKVD en 1937 et conduit à la Loubianka. Après avoir été torturé, il est exécuté le 11 mai 1939.

Millerand, Alexandre (1859-1943). D’abord journaliste à La Justice, il est élu député d’extrême gauche en 1885 et se dirige ensuite vers un socialisme réformiste. Exclu du parti socialiste en 1904, il ne cesse d’évoluer vers la droite tout en occupant plusieurs ministères entre 1889 et 1920. À la tête de la coalition conservatrice du Bloc national en 1920, il devient président du Conseil puis président de la République (1920-1924).

Modesto Guilloto León, Juan (1906-1969). Membre du PCE, il organise les milices communistes en 1933, après un séjour en URSS. Après avoir participé à de nombreuses batailles, il est nommé chef de l’armée de l’Èbre en 1938. En avril 1939 il fuit en URSS où il devient officier de l’Armée rouge.

Modigliani, Giuseppe Emmanuele (1872-1947). Frère du peintre, parlementaire socialiste en 1913, il est un opposant farouche à l’intervention lors de la Première Guerre mondiale. En 1921, après la scission avec les communistes, il rejoint le parti socialiste unitaire et devient un antifasciste déterminé. Voir l’article que lui consacre Victor Serge dans Masses, n° 12, décembre 1947-­janvier 1948, repris in Le Nouvel Impérialisme russe, suivi de L’URSS est-elle un régime socialiste ?, Spartacus, 1972.

Moktar, Omar el (1858 ?-1931). Né en Libye, il combattit durant vingt ans les troupes coloniales italiennes qui n’hésitèrent pas à utiliser les pires méthodes : gaz de combat, déplacement des populations civiles, bombardement des villes saintes, etc. Capturé en septembre 1931, puis pendu en public, il devint le martyre de la rébellion cyrénaïque. Lire Marco Boggero, « Omar El Mokhtar : formation de la mémoire et cas du groupe insurrectionnel du même nom », Afrique contemporaine, 2007, n° 3-4.

Mola Vidal, Emilio (1887-1937). Général espagnol, commandant en chef au Maroc (1935) puis gouverneur de Pampelune (1936). En tant que chef de l’armée du Nord, il parvient à isoler les forces républicaines des Asturies et déclenche l’offensive de Bilbao.

Molotov, Viatcheslav Mikhaïlovitch [Scriabine, dit] (1890-1986). Membre du parti bolchevique depuis 1906, il joue un rôle important dans la révolution de 1917. Membre du Comité central à partir de 1921 puis du Bureau politique, il sert la dictature de Staline avec une fidélité absolue à son poste de président du Conseil des commissaires du peuple (1930-1941). Il devient commissaire du peuple aux Affaires étrangères en 1939 et signe à ce titre le pacte germano-soviétique. Il occupe des fonctions officielles jusqu’en 1964.

Morris, William (1834-1896).Artiste (dessinateur, poète, romancier, traducteur, peintre) et militant et théoricien du mouvement socialiste anglais, il fut l’un des fondateurs de la Socialist League en 1884. En français, son œuvre la plus connue est l’utopie socialiste News from Nowhere (Nouvelles de nulle part). On peut aussi lire un recueil de ses écrits politiques, L'Âge de l'ersatz et autres textes contre la civilisation moderne, Encyclopédie des nuisances, 1996.

Mouralov, Nikolaï I. (1877-1937). Bolchevik depuis 1903, il devient l’un des principaux dirigeants de l’Armée rouge. Membre de l’opposition de gauche en 1923, il est déporté cinq ans plus tard. Refusant d’abjurer et d’attaquer Trotski, il est arrêté. Après ses « aveux », il est fusillé à l’issue du deuxième procès de Moscou.

Mratchkovski, Sergueï Vitalievitch (1888-1936). Bolchevik depuis 1905, commandant de la région militaire de la Volga durant la guerre civile, puis membre de l’opposition de gauche, il est arrêté en 1928.

Mühsam Erich (1878-1934). Écrivain et révolutionnaire allemand, il collabore à plusieurs journaux anarchistes avant de devenir l’un des principaux acteurs de la première République des Conseils de Bavière en avril 1919. Il est arrêté à sa chute et condamné à quinze ans de prison. Relâché après cinq ans, il poursuit son activité de dramaturge et de journaliste. Il est arrêté par les nazis en 1933 puis assassiné au camp de concentration d’Orianenburg.

Mühsam, Zensl (ou Zeine) (?-1962). Invitée à aller vivre en URSS après la mort de son mari, Erich Mühsam, elle y est ­arrêtée. L’intervention d’André Gide la fait libérer mais elle est arrêtée de nouveau en 1939, déportée en Sibérie puis, après cinq ans de travaux forcés, ramenée à Moscou. Ses Mémoires sont publiés en français sous le titre Une vie de révolte, La Digitale, 2008.

Nabokov, Vladimir Dimitrievitch (1869-1922). Père de l’écrivain Vladimir Nabokov, il fonde le parti constitutionnel-démocratique et est élu à la Douma en 1906.

Negrín López, Juan (1892-1956). Médecin et professeur à l’université de Madrid, il devient député socialiste aux Cortès en 1931. Ministre des Finances de Largo Caballero en 1936, il prend la décision d’envoyer une grande partie des réserves d’or de la Banque d’Espagne en URSS. En mai 1937, il prend la tête du gouvernement républicain, s’appuyant surtout sur les organisations communistes. Réfugié en France après le coup de la junte Casado, il se réfugie en France puis aux États-Unis où il préside le gouvernement républicain en exil jusqu’en 1945.

Nettlau, Max (1865-1944).Né en Autriche, cet historien, collectionneur et érudit, s’est intéressé toute sa vie à l’histoire de l’anarchisme international. Vivant successivement dans plusieurs pays d’Europe, il appartint à la Socialist League et au groupe Freedom à Londres dans les années 1890. En 1897, il publia, à l’initiative d’Elisée Reclus, une Bibliographie de l’anarchie. Après la Première Guerre mondiale, il vécut pauvrement à Vienne tout en continuant ses travaux. En 1935, il vendit son immense collection de livres, journaux et documents à l’Institut international d’histoire sociale d’Amsterdam et, après l’Anschluss, se réfugia dans cette ville où il mourut.

Nin, Andrés (1892-1937). Secrétaire du comité national de la CNT en 1919, il participe à ce titre au troisième congrès de la IIIe internationale. Il s’installe à Moscou en 1921 et se rapproche de Trotski. Membre de l’opposition de gauche en URSS, il revient en Espagne en 1930 et fonde le POUM en 1935 par la fusion de son parti, Izquierda comunista, avec le Bloque obrero y campesino de Joaquín Maurín. Il est torturé puis assassiné par la police politique soviétique.

Nitti, Francesco Fausto [dit Nitti jeune] (1899-1974). Militant antifasciste italien, neveu de l’ancien président du Conseil Francesco Saverio Nitti. Emprisonné aux îles Lipari, il parvient à s’évader avec Carlo Rosselli et Emilio Lussu, épisode qu’il a raconté dans Le nostre prigioni e la nostra evasione (1946). Fondateur à Paris, avec Rosselli, de Giustizia e Libertà, il part en Espagne avec les Brigades internationales lors de la guerre civile. Résistant en France pendant la Seconde Guerre mondiale, il survit à sa déportation à Dachau.

Okoudjava, Mikhaïl Stepanovitch (1893-1937). Dirigeant du parti communiste de Géorgie, il s’oppose, avec Mdivani, aux projets de russification de Staline dès 1922. Il se rallie ensuite à l’opposition de gauche, est déporté, capitule en 1930 puis est exécuté à l’issue d’un procès à huis clos.

Ouborevitch, Ieronim Petrovitch (1896-1937). Comman­dant des forces de l’Armée rouge à Vladivostok en 1922 puis, entre autres fonctions, commandant du district militaire de Moscou (1928) et commandant du district de Biélorussie (1931-1937), il est condamné lors de la purge de l’Armée rouge.

Ossietzky, Karl von (1889-1938). Ce journaliste pacifiste s’engagea en 1912 dans la Deutsche Friedensgesellschaft (Société allemande pour la paix). Après-guerre, il anima la revue Die Weltbühne qui dénonça le réarmement clandestin de la Reichwehr. Condamné à dix-huit mois de prison pour ses articles à ce sujet en 1931, mais amnistié l’année suivante, il fut arrêté par les nazis en février 1933 et interné dans un camp de concentration. Lauréat du prix Nobel de la paix en 1936 qu’il ne put recevoir, il ne sortit du camp que pour aller à l’hôpital où il décéda de la tuberculose.

Papen, Franz Joseph Hermann Michael Maria von (1879-1969). Homme politique allemand, officier depuis la Première Guerre mondiale, il est élu député à la Diète de Prusse en 1921. Quatre ans plus tard, Hindenburg, devenu président, lui offre la chancellerie. Il forme le « cabinet des barons », gouvernement ultraconservateur. N’ayant pas obtenu une réforme de la Cons­titution, il démissionne et contribue à l’accession au pouvoir d’Hitler. Il devient ensuite ambassadeur dans plusieurs pays européens. Le tribunal de Nuremberg l’acquitte en 1946 mais les ­tribunaux de dénazification lui font passer trois ans en prison.

Pareto, Wilfredo (1848-1923). Sociologue et économiste italien, auteur d’un Traité de sociologie générale (1916) dans lequel il développe le concept de circulation des élites. Son libéralisme autoritaire en a fait l’une des cautions intellectuelles du fascisme italien.

Pascua, Marcelino (1897-1977). Ce médecin et membre du PSOE fut élu député en 1931. Nommé ambassadeur en URSS en septembre 1936, il s’occupa du transfert de l’or de la Banque d’Espagne à Moscou, puis fut affecté à Paris à partir de 1938. Il s’exila ensuite aux États-Unis.

Pasukanis, Evgueny (1891-1937). Juriste russe entré au parti bolchevique en 1918, il devient conseiller juridique au commissariat du peuple aux Relations étrangères au début des années 1920. Il quitte ses activités gouvernementales en 1924, année où il publie La Théorie générale du droit et le Marxisme, et entre à l’Académie communiste. Il est exécuté lors des procès de Moscou.

Péguy, Charles (1873-1974). Écrivain français mort au cours de la bataille de la Marne, fondateur et directeur des Cahiers de la Quinzaine. Parmi ses œuvres principales : De Jean Coste (1902) et L’Argent (1913).

Pestaña Núñez, Ángel (1886-1937). Il est l’un des principaux dirigeants de la CNT, qu’il a représentée au IIe congrès de l’Inter­nationale communiste en 1920. À la différence d’Andrés Nin, il se prononce contre l’adhésion à l’Internationale. Représentant de la branche modérée de la CNT, il en est exclu en 1931 et fonde alors le parti syndicaliste, qui le fait élire aux Cortès en 1936.

Petlioura, Simon (1879-1926). Écrivain, membre fondateur du parti révolutionnaire ukrainien, il est arrêté à plusieurs reprises pour écrits anti-tsaristes. Il collabore à plusieurs journaux et dirige le magazine littéraire Slovo. Lors de la période d’indépendance de la République populaire ukrainienne, il en dirige l’armée puis en devient président. Il lutte tout à la fois contre l’Armée blanche et l’Armée rouge. Après son échec, il s’exile à Paris, où il sera assassiné par Samuel Schwartzbard (1886-1938). Son rôle dans les pogromes de cette période n’a pas encore été totalement élucidé.

Pfemfert, Franz (1879-1954). Écrivain et homme politique allemand, il fonde la revue littéraire et politique Die Aktion (1911-1932), s’engage dans le mouvement pacifiste et ensuite dans la Ligue spartakiste. Membre du KPD, puis du KAPD, proche des idées d’Otto Rühle, il radicalise sa critique du bolchevisme. Il doit fuir l’Allemagne en 1933. Il s’installe alors en France, puis au Mexique en 1941.

Piatakov, Iouri Leonidovitch (1890-1937). Homme politique ukrainien, bolchevique depuis 1910, commissaire du peuple à Kiev en 1917, il est proche de Boukharine et des communistes de gauche en 1918. Il occupe de nombreux postes importants dans l’administration soviétique jusqu’à son exclusion en 1927, due à sa participation à l’opposition de gauche. Réélu au Comité central de 1930 à 1934, il est condamné à mort lors du deuxième procès de Moscou.

Pilniak, Boris [B. Andreïevitch Vogau, dit] (1894-1941). Cet écrivain russe publie ses premiers essais littéraires en 1915 mais c’est vers 1919 qu’il attire l’attention de Gorki et de Lounatcharski. Avec L’Année nue (1921), il devient célèbre, ce qui lui permet de voyager un peu partout en Europe, puis en Chine et au Japon. Fleuron de la littérature soviétique, il est aussi au centre de plusieurs polémiques à cause de son refus de prêter allégeance au pouvoir. Accusé de trotskisme au début des purges staliniennes, il fait amende honorable, mais sa proximité avec Radek entraîne son arrestation. Il meurt en prison, sans doute en 1941.

Plekhanov, Georgi Valentinovitch (1856-1918). Philosophe et homme politique russe tôt rallié à l’agitation révolutionnaire, il adhère à la fraction du parti populiste qui réprouve l’action terroriste. Il se rallie au marxisme en 1883 et est reconnu comme le chef des marxistes révolutionnaires russes de la IIe Internationale. Étroitement lié à Lénine, il commence à s’en séparer après l’échec de la révolution de 1905 et s’oppose au mouvement d’Octobre.

Plisnier, Charles (1896-1952). Écrivain belge, avocat et communiste, il devient en 1925 président de la section belge du Secours rouge international. Ayant affirmé ses sympathies trotskistes, il est exclu du parti communiste belge. Il adhère ensuite au parti ouvrier belge, puis se convertit au christianisme.

Podvoysky, N. I. (1880-1948).Militant bolchevik à partir de 1908, il participa à la création du Comité militaire révolutionnaire de Petrograd et supervisa la prise du Palais d’Hiver, avant de devenir Commissaire du peuple pour les affaires militaires et navales.

Pokrovski, Mikhaïl Nikolaïevitch (1868-1932). Historien russe, fondateur de l’approche marxiste de l’histoire de la Russie, il joue dans les premières années de l’Union soviétique un rôle de premier plan dans la réorganisation de l’enseignement de l’histoire. Ses thèses sont contestées par le pouvoir stalinien qui lui reproche de sous-estimer le rôle historique de l’État.

Polonski, Viatcheslav [V. Goussine, dit] (1886-1932). Critique et écrivain russe, rédacteur en chef de la revue Presse et révolution qui a défendu Isaac Babel. Sa revue a été interdite en 1930.

Postychev, Pavel Petrovitch (1877-1940).Militant et dirigeant bolchevik, il occupa différents postes de direction en Ukraine à partir de 1925. Nommé secrétaire du comité central du PCUS en 1930, il fut nommé par Moscou avec les pleins pouvoirs en Ukraine en janvier 1933 et est considéré à ce titre comme l’un des principaux responsables de la famine artificiellement provoquée des années 1932-1933.

Poulaille, Henry (1896-1980). Il est le chef de file de la littérature prolétarienne en France. Parmi ses œuvres principales : Ils étaient quatre (1925), Le Pain quotidien : 1903-1906 (1931), Les Damnés de la terre (Le Pain quotidien II : 1906-1909) (1935), Pain de soldat : 1914-1914 (1937), Les Rescapés (Pain de soldat II : 1917-1920) (1938).

Prestes, Luís Carlos (1898-1990). Homme politique brésilien et militaire de carrière, il s’installe en Argentine puis en Union soviétique où il étudie le marxisme-léninisme. De retour au Brésil, il est accueilli à la tête de l’Ação Libertadora Nacional (Action de libération nationale) qui œuvre au renversement du gouvernement de Vargas. Arrêté, il n’est libéré qu’en 1945, est élu sénateur et nommé secrétaire général du parti communiste brésilien, ce qui lui vaut de nouvelles condamnations.

Prieto Tuero, Indalecio (1883-1962). Il adhère en 1899 au PSOE, participe à la fondation des jeunesses socialistes puis, pendant la Première Guerre mondiale, devient le chef du parti pour le Pays basque. Il participe à l’insurrection de 1917 et parvient à fuir en France lors de la répression qui s’ensuit. Il refuse de collaborer avec le régime de Primo de Rivera ; à l’instauration de la Répu­blique, il devient ministre des Finances puis des Travaux publics. Ministre de la Défense nationale dans le gouvernement Negrín, il prend aussi la tête du PSOE, qu’il conserve jusqu’en 1962.

Primo de Rivera y Orbaneja, Miguel (1870-1930). Général et homme politique espagnol, il est chef du directoire militaire après un coup d’État en 1923. Miné par l’opposition tant de la classe ouvrière que des hommes d’affaires et des industriels, son régime dictatorial tombe en 1930.

Putna (ou Poutna), Vitovt K. (1893/1897-1937). Attaché militaire russe à Berlin, à Tokyo et surtout à Londres, ce proche de Toukhatchevski est fusillé à l’issue du procès des généraux de l’Armée rouge.

Queipo de Llano, Gonzalo (1875-1951). Général espagnol d’abord favorable au Front populaire espagnol, il rejoint Mola, Franco et Sanjurjo pour le renversement du gouvernement républicain. L’armée nationaliste lui doit la prise de Séville (1936) et la chute de Malaga (1937).

Racovski (ou Rakovsky), Christian Georguievitch (1873-1941). Socialiste révolutionnaire roumain, ami de Trotski, il rejoint le parti bolchevique après la révolution d’Octobre. Membre du Comité central, il devient chef du gouvernement de la République socialiste soviétique ukrainienne puis ambassadeur soviétique à Londres et à Paris. Déporté en 1928, plus tard réintégré, il meurt en prison.

Radek, Karl Bernhardovitch [K. B. Sobelsohn, dit] (1885-1939). Très tôt engagé dans le parti social-démocrate polonais, il suit Rosa Luxemburg en Allemagne où il mène de violentes controverses avec les autres socialistes. Exclu du parti social-démocrate, il se rapproche de Lénine. Il entre au parti bolchevique en 1917 et parvient deux ans plus tard à la direction de l’Internationale communiste avec Zinoviev et Boukharine. Proche de Trotski, il est exclu du parti mais parvient à se maintenir à la rédaction des Izvestia. Sa présence parmi les accusés du deuxième procès de Moscou ne le conduit pas tout de suite à la mort. Il décède en prison en 1939 dans des circonstances troubles.

Rahola i Llorens, Carles (1881-1939). Écrivain espagnol collaborateur depuis 1900 de journaux nationalistes catalans comme El Autonomista, il publie aussi de nombreux ouvrages de philosophie et d’histoire. Son engagement républicain l’a fait condamner à mort par un tribunal militaire et exécuter.

Rákosi, Mátyás (1892-1971). Cet homme politique hongrois participe au gouvernement communiste de Béla Kun, après la chute duquel il se réfugie en URSS. À son retour en Hongrie en 1924, il est emprisonné et ne peut retourner en URSS qu’en 1940. Il devient alors l’un des dirigeants du Komintern, très proche de Staline. Il est Premier ministre de la République populaire de Hongrie de 1949 à 1956 puis, à l’issue de la révolution hongroise, s’enfuit à nouveau en Union Soviétique.

Ramsine (ou Ramzine), Leonid K. (1887-1948). Ingénieur et professeur accusé principal du prétendu complot du « parti industriel ». Condamné à mort, il est amnistié et reçoit le prix Staline.

Raskolnikov, Fedor Fedorovitch (1892-1939). Bolchevik depuis 1910, il est officier de marine pendant la Première Guerre mondiale et c’est à ce titre qu’il devient l’un des principaux organisateurs de la révolte des marins de Cronstadt en 1917. Ambas­sadeur de l’URSS dans plusieurs pays dont l’Iran et le Danemark, il rompt en 1926 avec l’opposition dont il avait été proche. En mars 1938, il refuse de revenir en URSS comme on le lui ordonne. L’année suivante, il écrit une lettre ouverte à Staline.

Rathenau, Walter (1867-1922). Industriel et homme politique allemand, ministre des Affaires étrangères de la République de Weimar en 1922, il est abattu par le commando d’extrême droite « Organisation Consul ».

Rauschning, Hermann (1887-1982). Homme politique allemand, riche propriétaire, il adhère au parti nazi et est élu au Sénat de Dantzig. Devant la tendance totalitaire qui s’y impose, il se retire cependant du parti et soutient le constitutionnalisme. Il émigre alors dans plusieurs pays européens puis s’installe aux États-Unis.

Reisner, Larissa Mikhaïlovna (1895-1926). Écrivaine russe entrée au parti bolchevique en 1918, nommée commissaire à la 5e armée (dans la région de Kazan), elle y a combattu la légion des Tchécoslovaques. Après avoir épousé Raskolnikov, elle a été la compagne de Radek. Lire le beau portrait qu’en donne Paco Ignacio Taibo II in Archanges. Douze histoires de révolutionnaires sans révolution possible, Métailié, 2001, p. 27-51.

Reiss, Ignace [Nathan Markovitch Poretski, dit] (1899-1937). Espion polonais, membre du service de renseignement de l’Armée rouge. Il prévient Trotski d’une menace d’assassinat qui pèse sur lui et rompt bruyamment avec Staline dans une lettre au Comité central envoyée le 17 juillet 1937. Il est assassiné peu après en Suisse.

Rey, David [Daniel Rebull cabré, dit] (1889-1958). Mécanicien, il rejoignit la CNT en 1910 et parvint à la direction du syndicat de la métallurgie. Après avoir travaillé trois ans en Allemagne, il revint à Barcelone en 1917 et reprit sa place à la direction du syndicat de la métallurgie de Barcelone. Il rejoignit le BOC (Bloque Obrero y Campesino) de Joaquín Maurín, puis le POUM en 1935. Après les événements de mai 1937 et la répression contre le POUM il fut emprisonné, jugé lors d’un « procès de Moscou » à Barcelone et resta emprisonné jusqu'en janvier 1939. Lors de l’entrée des franquistes à Barcelone, il parvint à s’échapper, mais refusa de quitter le pays et vécut dans la clandestinité. Arrêté, emprisonné et condamné à mort, sa peine fut commué, et il rejoignit le POUM dans la clandestinité à sa libération – activités pour lesquelles il fut emprisonné à plusieurs reprises.

Riazanov, David Borisovitch [D. B. Goldenbach] (1870-1938). Intellectuel russe tôt gagné au marxisme, il se consacre à la diffusion des textes de Marx. Après plusieurs années d’exil, il revient en Russie en 1917, y fonde l’Institut Marx-Engels et s’attelle avec d’autres à la publication des œuvres complètes de Marx et d’Engels. Arrêté en février 1931, il est envoyé au camp de Souzdal, puis à Saratov. Relâché, puis à nouveau incarcéré en juillet 1937 pour « activité conspiratrice », il est jugé par le tribunal militaire de Saratov et exécuté le 25 janvier 1938.

Ribbentrop, Joachim von (1893-1946). Homme politique allemand devenu officier pendant la Première Guerre mondiale, il fait ensuite carrière dans le commerce international. Il se rallie à Hitler en 1932 et dès la prise de pouvoir il peut être considéré comme une sorte de conseiller occulte d’Hitler en matière de politique internationale. Ambassadeur à Londres entre 1936 et février 1938, il est ensuite nommé ministre des Affaires étrangères, poste auquel il ne cesse de faire obstacle aux tentatives d’adoucissement des relations avec la Grande-Bretagne. Il pousse également Hitler à déclencher la guerre avec l’URSS en 1941. Le tribunal de Nuremberg l’a condamné à mort.

Ríos Urruti, Fernando de los (1879-1949). D’abord professeur à l’université de Grenade, il adhère au PSOE, est élu aux Cortès en 1923 puis est emprisonné sous Primo de Rivera. Plusieurs fois ministre sous la 2nde République, il est envoyé en 1936 comme ambassadeur en France puis aux États-Unis, où il finit ses jours.

Rojkov, Nikolaï Aleksandrovitch (1868-1927). Professeur d’histoire à l’université de Moscou. Trotski conteste ses thèses « marxistes » sur les prémisses du socialisme dans Bilan et perspectives (1905).

Rolland, Romain (1866-1944). Professeur dans plusieurs institutions françaises, auteur de romans marquants dont le plus célèbre est Jean-Christophe, il entame durant la Première Guerre mondiale une série de pamphlets pacifistes (Au-dessus de la mêlée), alors même qu’il obtient, en 1915, le prix Nobel de littérature. Son engagement pacifiste se maintient après la guerre et il devient l’une des principales figures de la gauche intellectuelle en France. En 1935, Gorki l’invite à Moscou pour y rencontrer Staline, séjour qu’il raconte dans Voyage à Moscou juin-juillet 1935 (Albin Michel, 1998). Dans ses dernières années, après avoir été hostile à la violence révolutionnaire des bolcheviks, il devient un des plus célèbres compagnons de route du régime stalinien.

Rosenberg, Marcel (1896-1938). D’abord représentant soviétique à la Société des Nations, il est nommé en 1936 ambassadeur à Madrid. Rappelé à Moscou à la demande des autorités espagnoles, il disparaît durant les purges staliniennes.

Rosselli, Carlo (1899-1937). Homme politique et historien italien diplômé de plusieurs universités, il soutient d’abord le parti socialiste unitaire de Turati et Matteotti. Après l’assassinat de ce dernier, il défend la voie de l’action radicale contre le fascisme. En 1926, il organise l’évasion de Turati, ce qui lui vaut une condamnation de cinq ans de prison. C’est là qu’il commence la rédaction de Socialisme libéral (1930 ; rééd. Le Bord de l’eau, 2009), qui va devenir le manifeste du mouvement Giustizia e Libertà fondé à Paris après son évasion. Combattant et chef de la section italienne de la colonne Ascaso en Espagne, il retourne ensuite en France. Il est assassiné avec son frère par des fascistes français dont le procès se déroule en 1948.

Rosselli, Nello [Sabatino, dit] (1900-1937). Historien et fondateur avec son frère Carlo du journal étudiant Noi Giovani, il participe aussi à la fondation de L’Italia Libera puis du premier journal antifasciste clandestin Non Mollare. Parti combattre avec les républicains en Espagne, il y contracte une phlébite qu’il part soigner à Bagnoles-de-l’Orne où réside son frère. C’est là qu’ils sont assassinés.

Roudzoutak, Ian Ernestovitch (1887-1938). Cet ouvrier métallurgiste et bolchevik à partir de 1905 fut emprisonné jusqu’en février 1917. Partisan de Staline, il entra au Politburo en 1927, puis devint Commissaire du Peuple aux Transports. Il fut arrêté en 1937 et fusillé.

Rykov, Alekseï Ivanovitch (1881-1938). Bolchevik de longue date, membre de l’aile droite du parti, il a succédé à Lénine en 1924 à la tête du gouvernement. Il fait partie du Bureau politique jusqu’en 1929 et soutient Boukharine. Il est plus tard arrêté et condamné à mort lors du troisième procès de Moscou.

Salmon, André (1881-1969). Écrivain français, compagnon de bohème d’Apollinaire, Max Jacob et Picasso, il participe à de nombreuses revues littéraires avant d’entrer comme journaliste au Petit Parisien. Il continue à collaborer à ce journal sous l’Occupation, ce qui lui vaut à la Libération une condamnation, rapidement amnistiée, de cinq ans d’indignité nationale.

San Andrés Castro, Miguel (?-1940). Homme politique espagnol, membre du parti républicain radical socialiste, il occupe plusieurs postes dans l’administration républicaine. Il fait partie du gouvernement Negrín et de la junte Casado en 1939.

Sapronov, Timoteï V. (1887-1939). Militant du parti dès 1911, membre après 1917 du « Groupe du centralisme démocratique », il rejoint plus tard l’opposition de gauche puis l’opposition unifiée. Exclu en 1927 puis en 1932, interné à l’isolateur de Verkhnéouralsk, il est fusillé sur ordre de Staline en 1939.

Scheidemann, Philipp (1865-1939). Député social-démocrate allemand depuis 1903, il appuie le gouvernement impérial pendant le premier conflit mondial. C’est lui qui proclame en novembre 1918 la République allemande. Chef du gouvernement entre février et juin 1919, il collabore à l’écrasement de la révolution spartakiste.

Schuschnigg, Kurt Alois Josef Johann von (1897-1977). Homme politique autrichien, député social-chrétien en 1927, il fonde trois ans plus tard l’Ostmärkische Sturmscharen, groupe paramilitaire et catholique. Plusieurs fois ministre, il participe activement à la mise en place de la dictature de Dollfuss. Il lui succède mais, à sa différence, tente de se rapprocher de l’Allemagne nazie tout en tâchant de préserver l’indépendance de l’Autriche. Hitler le pousse à la démission puis annexe le pays le 12 mars 1938. Il passe les sept années suivantes en prison puis émigre aux États-Unis.

Scize, Pierre [Joseph-Michel Piot, dit] (1894-1956). Journaliste français, collaborateur du Canard enchaîné, puis de Candide et de Paris-Soir. D’abord pacifiste, il adopte des positions pro-soviétiques par antifascisme et participe activement en 1938 aux campagnes du Rassemblement universel pour la paix. Dénonçant ses critiques du Retour de l’URSS d’André Gide, Henri Guilbeaux l’a traité « d’employé aux services de publicité de la maison Staline » à la suite de Victor Serge.

Sedov, Lev Lvovitch (ou Léon) (1906-1938). Troisième enfant de Léon Trotski, il milite dès 1923 dans l’opposition à la bureaucratisation et en 1927 devient l’un des principaux dirigeants de l’opposition unifiée. Il suit son père lors de sa déportation puis de son exil en Turquie. En Allemagne, il organise l’opposition de gauche internationale. Il s’installe ensuite à Paris et se lance dans un véritable contre-procès de Moscou. Le débat concernant les causes de sa mort n’est pas clos.

Seguí Rubinat, Salvador (1887-1923). Avec Ángel Pestaña, cet anarcho-syndicaliste s’oppose au sein de la CNT aux actions ­terroristes et paramilitaires. Il est assassiné à Barcelone en 1923.

Serebriakov, Léonid P. (1888-1937). Bolchevik de longue date, il est secrétaire du Comité central de 1920 à 1921. Membre de l’opposition de gauche, il est exclu du parti puis réintégré en 1930, avant d’être condamné à mort lors du deuxième procès de Moscou.

Serebriakova, Galina Josifovna (1905-?). Romancière russe, épouse de Serebriakov d’abord, de Sokolnikov ensuite, vieux ­bolcheviks morts lors des purges. Pour cette raison, elle est internée en camp de travail de 1936 à 1956. Elle a raconté son expérience concentrationnaire dans Huragan (1967).

Serrano Súñer, Ramón (1901-2003). Député conservateur aux Cortès entre 1933 et 1936, il prend la tête de la Phalange lors du coup d’État militaire. Ministre de l’Intérieur puis des Affaires étrangères, il tente de convaincre Franco de rejoindre l’Axe. Il se retire de la vie politique en 1947.

Smirnov, Ivan Nikititch (1881-1936). Fils de paysan, mécanicien de précision, il entre au parti en 1899 et est surnommé par Lénine « la conscience de la révolution ». Après avoir occupé de hautes fonctions militaires dans l’Armée rouge, il est secrétaire de l’opposition de 1923 à 1925. Exclu en 1927, exilé en Sibérie, il se rallie à Staline en 1929. Il est arrêté au début de 1933 et condamné à cinq ans de prison, avant son exécution en 1936.

Smirnov, Vladimir Mikhaïlovitch (1887-1937). Économiste, membre du parti bolchevique à partir de 1907, il est l’un des ­dirigeants de la révolution à Moscou en 1917. Communiste de gauche, il s’oppose aux mesures de bureaucratisation de l’Armée rouge prises par Trotski. Il devient ensuite le théoricien du groupe d’opposition dit du « Centralisme démocratique », les décistes. Exclu du parti, il est emprisonné à l’isolateur de Verkhnéouralsk où il rencontre Ante Ciliga qui le décrit comme « le type du vieil intellectuel bolchevique irréductible ». Il meurt en prison en 1937.

Sokolnikov [Grigori Iakovlevitch Brilliant, dit] (1888-1939). Économiste russe, bolchevik depuis 1905, il rencontre Lénine à Paris en 1909. Après la guerre, il rentre en Russie avec lui. Il est commissaire du peuple sur plusieurs fronts pendant la guerre civile, puis commissaire du peuple aux finances lors de l’introduction de la NEP, puis enfin ambassadeur à Londres de 1929 à 1932. Il est condamné à dix ans de prison lors du deuxième procès de Moscou.

Solntsev, Eleazar B. (1900-1936). Bolchevik depuis 1917, diplômé de l’Institut des professeurs rouges, il rejoint l’opposition de gauche. Envoyé en mission à l’étranger pour une société commerciale soviétique, il en profite pour organiser l’opposition internationale en Allemagne, en Autriche et aux États-Unis. Rappelé en URSS, il est arrêté en 1928 et placé en isolateur, où il meurt à la suite d’une grève de la faim.

Sorel, Georges (1847-1922). Philosophe, auteur d’une œuvre abondante dans plusieurs domaines des sciences sociales et humaines, il adhère au socialisme et participe aux premières revues marxistes françaises comme Le Devenir social. Il se tourne ensuite vers le réformisme puis le syndicalisme révolutionnaire. Après s’être rapproché un temps de l’Action française, il condamne la guerre et s’enthousiasme pour la révolution russe. Parmi ses œuvres principales : Essais de critique du marxisme (publié en italien en 1903 ; L’Harmattan, 2007) ; Réflexions sur la violence (1908 ; rééd. Seuil, 1990) ; La Décomposition du marxisme (1908).

Sosnovski, Léon Semenovitch (1886-1937). Journaliste à la Pravda, bolchevik dès 1904, il publia des articles au vitriol contre la bureaucratie qui lui valurent une grande popularité. Proche de Trotski et membre de l’Opposition unifiée en 1927, il fut relégué durant six ans dans un isolateur avant de se rallier à Staline en 1934. Il fut de nouveau arrêté en 1936 et fusillé en juillet de l’année suivante.

Spencer, Herbert (1820-1903). Philosophe et sociologue anglais, théoricien selon une appellation postérieure du « darwinisme social ».

Spengler, Oswald (1880-1936). Philosophe allemand, auteur du Déclin de l’Occident (1918-1922), il est l’un des défenseurs de la révolution conservatrice, plutôt hostile au national-socialisme tout en s’opposant au parlementarisme et à la République de Weimar.

Taine, Hippolyte Adolphe (1828-1893). Philosophe et historien français, élu à l’Académie française en 1878, tenant du positivisme en histoire ; son Histoire des origines de la France contemporaine (1875-1893), hostile à la Révolution française et à la Commune, l’a fait apprécier des penseurs de l’Action française.

Taïrov, Aleksandre (1885-1950). Acteur et metteur en scène russe, il est d’abord acteur dans la troupe de Meyerhold. Après plusieurs collaborations avec celui-ci comme metteur en scène, il prend la direction de la compagnie de Pavel Gaïdebourov avec laquelle il développe le théâtre de Chambre. Défenseur d’un théâtre anti-réaliste, Taïrov met en scène des pièces de Brecht, Wilde, Boulgakov. Critiqué par Staline et Molotov, accusé de formalisme et d’esthétisme, le théâtre de Chambre, qu’il dirige, doit s’exiler en Sibérie puis est fermé en 1949.

Tasca, Angelo (1892-1960). Militant et dirigeant communiste italien, puis socialiste, et journaliste, il fut l’un des fondateurs et des dirigeants du parti communiste italien à partir de 1921 et participa au secrétariat de l’Internationale communiste en 1928. Exclu de l’IC, il rejoignit Paris et collabora à Monde, l’hebdomadaire de Barbusse, de 1930 à 1933. À partir de 1934, il devint un éditorialiste réputé de politique internationale sous le nom d’André Leroux dans le quotidien socialiste, Le Populaire. Il publia en 1938 Naissance du fascisme. L’Italie de 1918 à 1922 chez Gallimard. Resté en France durant la Seconde Guerre mondiale, il fut membre des services de l’information et de la propagande de Vichy, tout en étant en contact dès le début de 1941 avec un réseau belge de renseignements.

Tchang So-lin (1893-1928). Seigneur de la guerre chinois d’origine paysanne, ce militaire fut l’un des principaux protagonistes des luttes pour le pouvoir entre 1916 et 1928.

Tcherviakov, Alexandre Grigoryevich (1892-1937). Homme politique bélarusse, membre du parti communiste depuis 1917, il a dirigé le Comité central du PC de l’URSS de 1922 à 1937.

Terracini, Umberto (1895-1983). Fondateur avec Gramsci et Togliatti de l’hebdomadaire Ordine Nuovo, organe de la tendance révolutionnaire du parti socialiste, il est membre fondateur du parti communiste italien et en dirige l’organe, Unità, depuis Milan. Il est emprisonné par le pouvoir fasciste entre 1926 et 1943.

Thälmann, Ernst (1886-1944). Président du parti social-démocrate indépendant d’Allemagne en 1919, il rejoint le parti communiste l’année suivante. Sous la pression de Staline, il en devient en 1925 le secrétaire général. Après l’arrivée des nazis et son arrestation, la campagne pour sa libération devient un symbole de la résistance communiste. Il meurt au camp de concentration de Buchenwald.

Toller, Ernst (1893-1939). Écrivain allemand, engagé volontaire durant le premier conflit mondial, il tire de cette expérience traumatique sa première pièce de théâtre, Die Wandlung (1919). Lié à la République des Conseils de Munich, il est arrêté et emprisonné. C’est en prison qu’il écrit ses œuvres les plus célèbres, notamment Hoppla, wir Leben ! (1925). À la prise de pouvoir par les nazis, il est torturé puis s’exile à Londres et aux États-Unis.

Tolstoï, comte Alexis Nikolaïevitch (1882-1945). Auteur de romans historiques, il s’exile lors de la révolution de 1917 puis revient en 1923 en URSS, s’inscrit au parti communiste et écrit des textes à la gloire de Staline.

Tomás álvarez, Belarmino (1892-1950). Ce syndicaliste de l’UGT et socialiste fut l’un des leaders de l’insurrection de 1934. Député du Front populaire en 1936, puis président du Conseil des Asturies, il s’exila au Mexique après la guerre civile.

Tomski [Mikhaïl Pavlovitch Efremov, dit] (1880-1936). Bolchevik depuis 1904, il crée de multiples organisations syndicales, ce qui lui vaut plusieurs années de prison. Libéré en 1917, il intègre le Comité central en 1919 et siège au Bureau politique de 1922 à 1929. Proche de Boukharine, il devient président du conseil des syndicats soviétiques. Écarté en 1930, il se suicide en 1936, ayant eu vent de la menace d’arrestation.

Toukhatchevski, Mikhaïl Nikolaïevitch (1893-1937). Jeune officier de l’armée impériale, il se rallie à la révolution en 1917. Trotski lui accorde successivement le commandement des Ire, VIIIe et Ve armées. Chef d’état-major adjoint en 1924, commissaire du peuple adjoint à la Défense en 1931, maréchal en 1935, il est mis en cause dès le procès de Radek en 1937, démis de son poste, condamné à mort et exécuté la même année.

Trilisser, Meïr Abramovitch (1883-1938). Adhérent du parti ouvrier social-démocrate de Russie en 1901, puis bolchevik, il milita dans la clandestinité dans l’Oural. Arrêté en 1907, il fut exilé à Irkoutsk. En 1917, il participa à la révolution dans cette ville, puis devint secrétaire du parti dans la région de l’Amour, avant de rejoindre la Tcheka en 1920. Il prit la direction de son département pour l’étranger de 1921 à 1926, puis participa à la direction du Guépéou et fut membre de la commission exécutive du Komintern (1935-1936). Arrêté en 1937 et exécuté l’année suivante.

Troyanovski, Alexander Alexandrovitch (?-?). Ambassadeur soviétique aux États-Unis entre 1934 et 1938.

Truc, Gonzague (1877-1972).Critique littéraire français, proche de l’Action française, il s’intéressa au classicisme français et publia plusieurs essais historiques.

Turati, Filippo (1857-1932). L’un des fondateurs en 1892 du parti socialiste italien. Neutraliste au début de la Première Guerre mondiale, il se rallie ensuite à l’Union sacrée. Contrairement au parti socialiste unitaire, il se dit prêt devant la montée fasciste à soutenir un gouvernement bourgeois pour barrer la route à Mussolini. À l’arrivée de celui-ci au pouvoir, il doit s’exiler en France.

Tychko, Léo [Léo Jogiches, dit] (1867-1919). Communiste polonais, membre fondateur du parti socialiste de Pologne et de Lituanie avec Rosa Luxemburg, dont il sera le compagnon jusqu’en 1907, il passe plusieurs années en prison, avant de devenir membre de la Ligue Spartakus. Il est assassiné en prison.

Ulmanis, Karlis (1877-1942). Après des études d’ingénieur agronome (Suisse, Allemagne) et un exil aux États-Unis après la révolution de 1905, il rentra en Russie en 1917 et milita pour l’indépendance de la Lettonie. Il fut ministre-président à plusieurs reprises entre 1921 et 1934, puis déclara l’état de siège avec l’appui des militaires, cumulant les fonctions de ministre-président et de président de la république, devenant ainsi le « Chef de la nation ». Après l’invasion soviétique de juin 1940, il fut arrêté et déporté en URSS où il trouva la mort.

Ulmann, André (1912-1970).D'abord collaborateur de L'Information sociale au début des années 1930, il devint le premier secrétaire de rédaction de la revue Esprit après sa rencontre avec Emmanuel Mounier. Il fut aussi secrétaire de rédaction de l'hebdomadaire Vendredi lancé par André Chamson, et l'animateur des groupes « Savoir », avec André Wurmser, où se retrouvaient les « Amis de Vendredi ». Animateur d'un réseau de résistance durant l'Occupation et déporté à Mauthausen, il revint au journalisme en 1946, devenant le rédacteur en chef de la Tribune des nations, dont la ligne était très fortement inspirée par celle de la diplomatie soviétique, et jouant le rôle d'un agent d'influence pour les services de renseignement soviétique. Ainsi, Claude Morgan, l'ancien directeur des Lettres françaises, a révélé dans ses mémoires qu'André Ulmann était l'auteur de l'article signé Sim Thomas contre Victor Kravtchenko qui déclencha l'affaire éponyme et le procès en diffamation, largement médiatisé, qui opposa le dissident soviétique à l'hebdomadaire proche du PCF.

Uribe Galdeano, Vicente (1897-1961). Homme politique espagnol, membre du PCE depuis 1923, il intègre sa direction en 1927 et le représente en 1936 pour l’élaboration du manifeste du Front populaire. Il est ministre de l’Agriculture de 1936 à 1939. Il reste parmi les dirigeants du PCE en exil, au Mexique, à Paris puis à Prague.

Val Bescós, Eduardo (1908-1992). Secrétaire général à la Défense de la CNT pendant la guerre civile, il est membre de la junte Casado en 1939.

Valois, Georges [Alfred-Georges Gressent, dit] (1878-1945). D’abord militant anarchiste, il s’insurgea contre l’issue « parlementaire » de l’affaire Dreyfus et évolua vers l’Action française, devenant pour presque vingt ans le directeur de la Nouvelle librairie nationale, les éditions de ce mouvement. Après la Première Guerre mondiale, il se sépara de l’Action française pour créer le Faisceau en 1925, un mouvement nationaliste, anti-parlementaire et anti-capitaliste. À partir de 1927, il entreprit son « retour vers la République » et vers la gauche, comme éditeur et dans les mouvements coopératif et pacifiste. Sa maison, la librairie Valois, publia des jeunes-turcs du radicalisme, des socialistes planistes, des syndicalistes, des antifascistes italiens et des écrivains prolétariens autour d’Henri Poulaille. Après Munich, il prit ses distances avec ses amis pacifistes et prôna dans son journal, Nouvel Âge, jusqu’en juin 1940, le renversement de « tous les totalitarismes », y compris celui de l’urss. Résistant, il fut arrêté en mai 1944 et déporté à Bergen-Belsen où il mourut l’année suivante.

Varsky (ou Warsky) [Adolf Warszawski, dit] (1867-1937). Membre du Comité central du parti socialiste de Pologne et de Lituanie, il est aussi l’un des fondateurs du parti communiste polonais. Réfugié en URSS, il est exécuté en 1937.

Vinoy, Joseph (1800-1880). Ce général français fit la campagne d’Algérie en 1830 et la guerre de Crimée (siège de Sébastopol, 1854), mais il est surtout connu pour son rôle durant la guerre de 1870-1871 et la répression de la Commune de Paris.

Vorochilov, Klimenti Efremovitch (1881-1969). Membre du parti bolchevique depuis 1903, président du comité de défense de Petrograd en 1917, cet ancien ouvrier élevé au rang de maréchal devient membre du Comité central en 1921 et reste commissaire du peuple à la Défense de 1925 à 1940.

Voronski, Aleksandr Konstantinovich (1884-1943). Membre du parti bolchevique depuis 1905, il est le rédacteur de plusieurs journaux bolcheviques à Odessa, Moscou et Ivanovo. En 1921 il fonde la revue Krasnaya nov’ et une maison d’édition. Proche de Trotski, il est attaqué à partir de 1927 par l’Association des écrivains prolétariens. Exclu en 1935, il est arrêté, condamné et finit sa vie dans les geôles de Staline.

Vychinski, Andreï Ianouarievitch (1883-1955). D’abord menchevik, cet avocat de formation adhère au parti bolchevique en 1920. Procureur général de l’URSS en 1935, ministre de 1949 à 1953, il devient délégué permanent à l’ONU.

Wallisch, Koloman (1889-1934). Homme politique autrichien, parlementaire national entre 1930 et 1934, il devient, parce qu’il est l’un des dirigeants du Republikanischer Schutzbund, le leader de l’insurrection de 1934 dans la ville de Bruck an der Mur où s’était engagée une répression policière particulièrement violente. Il est arrêté, puis exécuté.

Wollenberg, Erich (1892-1973). Militant communiste allemand, engagé volontaire en 1914, il obtint le grade de lieutenant et adhéra à l’USPD dès sa libération en octobre 1918. Chef de la Sécurité du conseil d’ouvriers et de soldats de Prusse orientale pendant la révolution de novembre, il reprit ses études de médecine à Munich et devint commandant de l’Armée rouge du Nord de la république bavaroise des conseils. Condamné à deux ans de prison, il s’évada et participa à un soulèvement à Bochum, avant de rejoindre l’URSS et d’entrer dans l’Armée rouge comme commandant, de diriger le cabinet militaire de l’Institut Marx-Engels et d’enseigner l’histoire du mouvement ouvrier occidental à l’Ecole internationale Lénine. Revenu en Allemagne après une amnistie en 1931, il y fut le chef militaire du Roter Frontkämpferbund clandestin. Très critique sur la politique du KPD, il fut rappelé à Moscou et fut exclu de l’Internationale communiste le 4 avril 1933. Il parvint à se rendre à Prague l’année suivante où il organisa un réseau oppositionnel dans le parti tchèque, puis, menacé, gagna Paris. Arrêté par la Gestapo en 1940, il parvint à s’évader et à gagner le Maroc.

Zenzinov, Vladimir (1880-1953). Fils d'un marchand de Moscou, il rejoignit le parti socialiste-révolutionnaire en 1901, après des études en Allemagne. Arrêté au début de la révolution de 1905, il fut condamné à cinq ans de bannissement en Sibérie, il s'échappa, revint en Russie d'Europe en 1906, fut à nouveau arrêté et exilé. Lors de son bannissement en 1910, au nord de Iakoutsk, d'où toute évasion était impossible, il se consacra à des études ethnographiques pionnières. Revenu à Moscou en 1915, il participa à la révolution de février 1917 et soutint le gouvernement provisoire de Kerenski. Opposé aux bolcheviks et à la révolution d'octobre, il fut arrêté lors du coup d'Etat militaire par l'amiral Koltchak, s'exila en Chine et en Allemagne où il vécut jusqu'à l'arrivée d'Hitler au pouvoir, puis à Paris. En 1939, il se rendit en Finlande au moment de l'attaque soviétique afin de recueillir des informations sur la situation en Russie. En 1940, il émigra aux États-Unis et s'installa à New York où il écrivit ses mémoires. Durant l'entre-deux guerres, il écrivit plusieurs livres et collabora à la presse de l'émigration socialiste russe. En français, on peut lire sur ses années de déportation en Sibérie (1905-1910) : Le Chemin de l'oubli, Albin Michel, 1932.

Zinoviev, Grigori Evseïevitch [Radommylski, dit] (1883-1936). Membre du parti bolchevique depuis 1903 après sa rencontre avec Lénine. Opposé comme Kamenev à l’idée d’une insurrection armée, il se prononce pour un rapprochement avec les mencheviks. Il dirige le Komintern depuis sa création en 1919 et fait partie avec Staline et Kamenev de la troïka hostile à Trotski. Après la mort de Lénine, il se rapproche de Trotski et des autres opposants à la NEP. Il est exclu du parti en 1927.

Zugazagoitia Mendieta, Julián (1899-1940). Écrivain espagnol, militant du PSOE, il est élu à deux reprises sous cette ­bannière aux Cortès. Il est, entre 1932 et 1937, le directeur de la revue El Socialista et sera nommé plusieurs fois ministre durant la guerre civile.