Radek et la presse bourgeoise

De Marxists-fr
Aller à la navigation Aller à la recherche


Pour un révolutionnaire prolétarien, le fait de publier dans la presse bourgeoise est l'exception et non la règle. Que cette exception doive être tout à fait justifiée par l'importance des circonstances ce ne saurait être discuté. Mais il est nécessaire d'ajouter immédiatement: il n'y a guère eu dans l'histoire de la lutte révolutionnaire de circonstances plus exceptionnelles que celles en vertu desquelles le camarade Trotsky a indiqué par l'intermédiaire de la presse bourgeoise, les circonstances de son exil, ses causes, les rapports de l'Opposition de gauche avec le gouvernement soviétique etc.

Aujourd'hui Radek se met au service de Yaroslavsky[1] pour condamner la collaboration avec la presse bourgeoise. Nous ne nous attarderons pas à donner des exemples du passé qui en est riche; nous ne rappellerons qu'un seul épisode qui a pris place au début, quand Trotsky fut envoyé de Moscou à Alma-Ata. Radek qui a toujours été enclin à se tourner vers le monde des journalistes bourgeois, vint proposer à Trotsky d'écrire un exposé des idées de l'Opposition pour le correspondant du Berliner Tageblatt, M. Scheffer. La proposition de Radek fut débattue par les membres dirigeants de l'Opposition et il fut unanimement décidé que Radek amènerait Scheffer[2] à l'appartement de Trotsky pour le rencontrer et que ce dernier lui donnerait sa déclaration au gouvernement allemand. Cet épisode n'est nullement différent en principe de l'appel à la presse bourgeoise publié par le camarade Trotsky un an plus tard de Constantinople. Il y a plus. Si l'utilisation d'un journal bourgeois était possible en 1928, il était dix fois plus admissible d'utiliser une agence américaine en 1929.

Mais le noeud de la question est qu'en 1928 Radek était encore dans le sillage de l'Opposition alors qu'en 1929 il est à la remorque de E.M.Yaroslavsky

  1. Kinei I. Gubelman, dit Emelian M. Yaroslavsky (1878-1943). Vieux-bolchevik, membre de la commission centrale de contrôle, était le spécialiste de la lutte contre l'Opposition de gauche, dans les instances du parti comme dans la presse.
  2. Paul Scheffer (1883-1963) était en 1927 correspondant à Moscou du Berliner Tageblatt.