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Résolution sur la coopération
Auteur·e(s) | Troisième internationale |
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Écriture | 1922 |
Durant les dernières années qui précédèrent la guerre mondiale et encore plus durant cette guerre, la Coopération a pris dans presque tous les pays un essor puissant et a entraîné dans ses rangs de larges masses d'ouvriers et de paysans. L'offensive presque universelle engagée par le capital oblige les ouvriers, et surtout les ouvrières, à apprécier encore davantage l'aide que peut leur apporter la coopération de consommation.
Les vieux chefs social-réformistes ont depuis longtemps fort bien compris l'importance de la coopération pour les buts qu'ils poursuivent. Ils se sont installés dans les organisations coopératives et, de là, ils empoisonnent fortement la conscience des masses ouvrières, troublant la conscience et l'activité même des ouvriers ayant l'esprit révolutionnaire. D'autre part, les partis social-démocrates, ayant entre leurs mains la direction du mouvement coopératif, puisent dans certains pays, dans les caisses des coopératives, les ressources matérielles nécessaires au soutien de leur parti. Sous le masque de la neutralité politique, ils soutiennent la bourgeoisie et sa politique impérialiste.
Maîtres de la direction du mouvement coopératif, les vieux chefs de la coopération ne peuvent ou ne veulent ni comprendre les conditions sociales nouvelles, les buts nouveaux de la coopération, ni élaborer de nouvelles méthodes de travail. Ne voulant pas renoncer à leurs principes coopératifs, consacrés par l'âge, ils détruisent même le travail purement économique et en même temps toute coopération.
Enfin, ils ne font rien pour préparer le prolétariat à la réalisation des tâches immenses qui lui incomberont au moment où il prendra le pouvoir.
Toutes ces, circonstances obligent les communistes à s'appliquer sérieusement à arracher la coopération des mains des social-patriotes, pour la transformer d'un instrument au service des valets de la bourgeoisie en un instrument du prolétariat révolutionnaire.
Le 3° Congrès de l'I.C. avait adopté des thèses concernant l'action des communistes dans la coopération. L'expérience d'une année et demie a justifié ces thèses. Le 4° Congrès les confirme encore une fois et invite avec insistance tous les partis communistes, tous les groupes et organisations, à aborder leur action dans la coopération. De même, il demande aux organes de la presse d'accorder dans leurs colonnes une place suffisante aux questions coopératives.
Pour compléter ces thèses, le 4° Congrès souligne :
1. La nécessité urgente de faire mettre en pratique par tous les partis communistes la résolution engageant tous les membres du Parti à être membres des coopératives et à y défendre la ligne de conduite communiste. Dans chaque organisation coopérative, les coopérateurs communistes doivent former un noyau, soit légal, soit clandestin. Tous les noyaux doivent être groupés en fédérations départementales et nationales avec à leur tête la Section Coopérative du Comité Exécutif de l'Internationale Communiste.
Ces noyaux ont pour but d'établir la liaison avec la masse des ouvriers coopérateurs, de critiquer dans leur milieu non seulement les principes, mais surtout l'action de la vieille coopération et d'organiser toutes les masses mécontentes en vue de créer dans la coopération un front unique de lutte contre le capital et l'Etat capitaliste. Toutes les questions nationales des communistes coopérateurs doivent être soumises à l'I.C. par la section coopérative de cette dernière. Mais les coopérateurs communistes ne doivent pas chercher à isoler les coopérateurs révolutionnaires ou appartenant à l'opposition, car cette façon de procéder entraînerait non seulement l'effritement de leurs forces, mais aussi l'affaiblissement du contact des coopérateurs révolutionnaires avec les larges masses ouvrières. Les mêmes causes obligent à s'abstenir de faire sortir les sociétés coopératives nationales de l'Alliance Internationale Coopérative. Par contre, les communistes doivent réclamer l'adhésion et l'acceptation par cette Alliance de toutes les coopératives nationales où les communistes ont la majorité, et qui n'y sont pas encore affiliées.
2. Les coopérateurs communistes, de même que les comités centraux des partis communistes, doivent mener une lutte énergique contre cette illusion que la coopération pourrait par ses forces seules aboutir au régime socialiste au moyen d'une incorporation lente dans le capitalisme, sans la prise du pouvoir par le prolétariat. Une seconde illusion serait d'affirmer qu'elle est capable, en usant de ses vieilles méthodes, d'obtenir une amélioration importante dans la situation de la classe ouvrière. Il faut combattre non moins énergiquement le principe de la soi-disant neutralité politique, qui cache un soutien ouvert ou masqué de la politique de la bourgeoisie et de ses valets. Cette campagne ne doit pas seulement revêtir la forme de la propagande théorique ; on doit la mener aussi en faisant participer la coopération à la lutte politique et économique menée actuellement par les partis politiques et les syndicats rouges en vue de la défense des intérêts des travailleurs. A cela se rapporte, par exemple, la lutte contre l'augmentation des impôts, surtout contre les impôts indirects à la charge du consommateur, la lutte contre les impôts excessifs on spéciaux sur les coopératives et sur le chiffre d'affaires, la lutte contre la cherté de la vie, la réclamation de cession aux coopératives ouvrières de consommation de la répartition des produits de première nécessité, la lutte contre le militarisme qui provoque l'augmentation des dépenses de l'Etat et, par conséquent, l'augmentation des impôts, la lutte contre la folle politique financière des Etats capitalistes aboutissant à la baisse du change, la lutte contre le traité de Versailles, la lutte contre le fascisme, qui, partout, met en ruines les organisations coopératives, la lutte contre les menaces de guerre, la lutte contre l'intervention armée en Russie, la lutte pour les traités de commerce avec la Russie, etc.
Les coopérateurs communistes doivent tendre à faire participer leur organisation à ces campagnes, à côté des partis communistes et des syndicats rouges, et à réaliser de cette façon le front unique du prolétariat.
Les communistes coopérateurs doivent réclamer de leurs organisations qu'elles prêtent leur aide aux victimes de la terreur capitaliste, aux lock-outés, etc. Les communistes coopérateurs doivent demander énergiquement dans leurs sociétés l'organisation du travail de propagande et s'employer à ce travail.
3. Parallèlement à cette participation énergique à la lutte politique et économique du prolétariat révolutionnaire, les coopérateurs communistes doivent mener dans leurs organisations une action purement coopérative, afin d'attribuer à cette action le caractère imposé par les nouvelles conditions et les nouvelles tâches du prolétariat : l'union des petites sociétés de consommation ; le renoncement aux vieux principes de la répartition des ristournes, des bénéfices et l'emploi de ces derniers au renforcement de la puissance de la coopération ; la création au moyen de ces bénéfices d'un fonds spécial de secours aux grévistes ; la défense des intérêts des employés des coopératives ; la lutte contre tel crédit des banques qui peut être dangereux pour la coopérative. Lorsqu'il y a une augmentation des actions, les communistes doivent demander que les ouvriers qui n'ont pas le moyen de payer les actions ne soient pas exclus des sociétés et exiger des conditions plus faciles pour eux, etc. Les noyaux de coopérateurs communistes doivent de même lier étroitement leur action à celle des organisations d'ouvrières et des Jeunesses Communistes en vue de mener, grâce aux forces unies des ouvrières et des jeunes, une propagande coopérative conforme aux principes communistes. Il est nécessaire de commencer dans les coopératives une lutte énergique contre la bureaucratie qui, se déguisant sous des devises démocratiques, a changé le principe démocratique en une phrase vide, manœuvre à son gré sans être soumise à aucun contrôle, évite de convoquer des assemblées générales, ne compte pas avec les masses ouvrières organisées dans ces coopératives. Il est indispensable enfin que les noyaux de coopérateurs communistes fassent passer leurs membres sans excepter les femmes dans les comités de direction et les organes de contrôle et qu'ils prennent des mesures pour armer les communistes des connaissances et des aptitudes indispensables à la direction des coopératives.