Réponse à un capitulard

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Présentation du Bulletin de l’Opposition n°6 (Oct. 1929)

Nous publions ci‑dessous des extraits de la lettre ouverte du camarade F.N. Dingelstedt au sujet de quelques capitulations. Le camarade Dingelstedt est un vieux membre du parti bolchevique (Il était membre du comité de Petrograd au moment de la révolution de février). Depuis 1923 il est l'un des dirigeants de l'opposition à Leningrad. Dans l'appareil soviétique Il occupait la poste de recteur de l'Institut Forestier. A la fin de 1927 le camarade Dingelstedt a été arrêté et, après six mois de détention, déporté en Sibérie, dans la ville de Kansk d'où la lettre publiée ici semble avoir été écrite. Elle est adressée à Kharine, représentant évident de cette sorte de capitulards qui ne méritent pas d'être appelée autrement que carriéristes et hypocrites[1].

Au cours de l'année 1928, Kharine vivait à Paris, il travaillait à la représentation commerciale et menait une activité oppositionnelle. Le 27 mai de cette année, il écrivait encore à Constantinople : "J'ai reçu hier le n° 1 du Bulletin. Je suis prêt à remplir toutes les tâches qui s'avèreraient nécessaires". Dans cette même lettre Il demandait qu'on lui fournisse des contacts, des adresses pour la correspondance, etc... Peu de temps auparavant Kharine avait proposé d'aller en Russie pour établir des liens, ou, comme il disait, pour "organiser l'indispensable échange de matériel avec la Russie". Aucune de ces lettres ne contenait l'ombre d'une hésitation ou d'un doute. Au contraire l'auteur apparaissait sous les aspects les plus "intransigeants". Cela n'a pas empêché Kharine, presque dans le temps même où il écrivait la lettre sus‑mentionnée, de remettre à ses chefs toutes les lettres et le matériel qu'il possédait, y compris le n°1 de notre Bulletin. Il est maintenant parfaitement clair que ses dernières lettres étaient dictées par l'intention provocatrice de recevoir du matériel de l'opposition de le remettre à qui de droit et d'acquérir ainsi un capital politique.

Il ne s'agit pas d'un homme qui se trompe, qui est intellectuellement épuisé ou vidé. Non ! Il s'agit d'un pitoyable profiteur, qui change d'avis en vingt‑quatre heures pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les idées.

La rédaction

Je n'ai pas l'intention d'épuiser tout le ''riche'' contenu de ton "œuvre", il est véritablement inépuisable en bassesses du plus pur style Yaroslavsky; tu t'évertues de toute évidence à surpasser ton nouveau maître et tu y parviens quelquefois. Je me contenterai d'évoquer quelques questions de principe.

Mais avant d'en venir aux questions précises que tu soulèves, permets‑moi de m'arrêter sur la contradiction fondamen­tale qui saute aux yeux, chez toi comme chez la majorité des capitulards. Tout en voulant prouver que la politique de la direction était et reste léniniste (si tu disais autre chose, Yaroslavsky ne te laisserait pas rentrer dans le parti), tu laisses paraître en passant ta pensée secrète : en réalité la direction ne s'est corrigée que ces derniers temps. Comment comprendre autre chose quand tu déclares par exemple que la politique du V.K.P. (b) après le XV° congrès (précisément seulement après le XV° congrès) a engendré la "décomposition" des rangs de l'opposition. En posant ainsi le problème tu laisses apparaître ton hypocrisie.

Avant de passer au reste de ton article je veux te prévenir que je ne suis absolument pas d'accord avec les douces illusions spéculatives de Préobrajensky et de quelques autres capitulards qui sont prêts à mettre les quelques éléments du cours de gauche qui commencent à se manifester au compte d’une évolution interne de la direction centriste.

En son temps (il y a à peu près un an), au cours d'une discussion avec quelques camarades, j'ai soutenu l'idée que les dirigeants (y compris Staline lui-même) pouvaient être forcés de s'engager dans la voie léniniste et de reconnaître leurs fautes devant le parti. Pour cela, l'actuel radékiste A. Iossilévitch m'avait baptisé hérétique et m'avait accusé de "tendance droitière", déclarant que ce genre d'hypothèses contredisaient radicalement la véritable posture du centrisme, etc…

Aujourd'hui encore je ne renonce pas à cette idée et je crois qu’il n'est peut-être pas loin, le moment où Staline (comme Zinoviev en 1926) sera à nos pieds. Mais je suis loin de penser que Staline et le centrisme ont déjà capitulé de facto devant notre plate-forme, et qu'il ne manque qu'une concrétisation formelle de notre victoire.

Il s'en faut de beaucoup. Il faut pour cela que s'achève le processus évolutif dans lequel s'est engagé le parti, en forçant la direction à lui faire concession sur concession vers la gauche. Tu es bien entendu incapable d'accéder à ce point de vue. Tu ne crois qu'à l'autoperfectionnement de la direction et tu ne vois pas l'accroissement de l'activité du secteur ouvrier du parti. D'où ton orientation archipessimiste, à la Radek, dans ton attitude envers le parti; tu vas jusqu'à admettre la possibilité de sa transformation en arène de lutte des classes ennemies.

Cependant pour un B.‑L, il y a une série de signes qui permettent d'espérer. Comment a‑t‑il été possible que le parti qui a subi pendant des années après Lénine, le leadership théorique du renégat Boukharine et de son "école" se soit soudain retourné contre son chef et l'ait accusé de tendances koulaks ? Et n'est‑il pas étrange que le C.C., dirigé par ce même Boukharine dans sa lutte contre le "trotskysme" et suivant aveuglément sa ligne pseudo-"Iéniniste" (ou, comme disent les centristes, "à moitié léniniste"), que ce C.C. ce soit mis peu à peu à l'écarter de son fonctions dirigeantes ? Il est clair ici qu'il ne s'agit pas de la bonne volonté des Staline-Yaroslavsky, lesquels n'auraient jamais rompu avec leur cher "Boukhartchik[2]" qui mit tant de zèle à en finir avec les "trotskystes" tout en innondant la presse soviétique de littérature koulak (souvenons‑nous des propos de Staline : "Nous ne vous donnerons pas le sang de Nicolas Ivanovitch") si n'étaient pas apparues les exigences impérieuses de l'économie, et si les classes ne s'étaient pas mises à parler leur véritable langage.

N'est‑il pas clair que seule la pression de la gauche du parti a entraîné le parti dans "l'étude approfondie" de tout ce fatras néopopuliste qui pendant de nombreuses années a prédominé dans la Pravda, le Bolchevik et les autres organes de parti (il est vrai que la discussion avec les droitiers a pour le moment l'allure d'un copiage indécis des endroits de la plate‑forme et des contre‑thèses de l'opposition, qui fustigent également tous les meneurs pro‑koulaks de la direction, aveuglément accrochés et depuis longtemps aux basques de Boukharine; mais cela aussi constitue une victoire morale incontestable de la tendance léniniste dans la parti).

La direction centriste, discréditée par ses erreurs anti‑léninistes a été contrainte d'abandonner ses positions sur une série de points importants pour se maintenir au pouvoir; elle s'est engagée dans les faits et pas seulement en paroles (comme c'était le cas avant le XV° congrès) dans le voie de l'industrialisation quoique sous une forme contradictoire (antagoniste ?) : et elle a accepté, à contrecœur, le slogan léniniste sur la lutte contre le koulak par l'union avec le paysan moyen et en s’appuyant sur le paysan pauvre (alors que jusque‑là, non seulement Molotov, mais aussi Staline accusaient l'opposition de tendances hostiles à la paysannerie moyenne en se fondant sur la négation de ce slogan).

En ouvrant une série de "soupapes" (selon l'expression de Staline au plénum d’avril 1928) dans le genre de l'auto­critique, de Ia mise en avant, etc.., la direction pensait étouffer l'activité croissante des masses ouvrières en la canalisant dans des scorpions administratifs (cf. la fameuse résolution sur le direction unique, qui liquide le système[3] établi sous Lénine).

Cependant les masses sont inquiètes devant la réelle menace koulak qui a grandi, s'est développée et renforcée pendant la période boukharinienne et on ne peut ne moquer d'elles que jusqu'à un certain point. On leur donne le petit doigt, il faudra sacrifier tout le bras.

La direction, mise au pied du mur, a cru améliorer sa situation en nettoyant partiellement les écuries de ses droitiers. Il est apparu une série sans fin d'"affaires de Smolensk[4]". Il fallait toujours de nouvelles victimes. Il a fallu mettre les plaies à nu, et pas seulement dans les endroits pourris comme Stochi et Loudorvaï, il a fallu aller jusqu'à Astrakhan et Bakou. Et maintenant c'est le tour de Moscou et de Leningrad. Ce n'était pas assez de discréditer les lampistes de l'appareil soviétique, ils ont été contraints de s'en prendre aux organes dirigeants des centres importants.

SI auparavant la procédure, quoique prenant des allures de repentir public, gardait cependant un caractère d'appareil, un caractère spectaculaire, avec une mise en jugement des masses postérieure (ou : avec un recrutement postérieur des masses), à l'heure actuelle la véritable "fureur des masses" s'accroît et oblige le témoin non prévenu à sentir que l'initiative et la participation du prolétariat dans la mise à nu des plaies droitières et centristes prennent un caractère de plus en plus réel et actif qui menace (selon la Pravda) de "déborder" les barrières officielles.

Le Faust centriste ne sait pas comment se débarrasser de l'esprit qu'il a appelé lui-même.

''Où étaient les organisations dirigeantes du parti et des syndicats qui ont toléré de tels désordres pendant des années ? Pourquoi ont‑ils tranquillement toléré le développement du sabotage alors qu'ils adoptaient en paroles une ligne léniniste, ont‑ils couvert dans les faits la propagation d'une déviation de droite ?" Voilà les questions embarrassantes qui, si l'on en juge d'après les derniers journaux de Leningrad, sont posées de plus en plus souvent dans les usines de cette ville.

Le seul fait que la masse malgré l'étouffement officiellement reconnu de "l'autocritique" se soit enfin permis de poser ouvertement. ce genre de questions, montre qu'elle a beaucoup mûrie par rapport à ce qui se passait Il y a dix‑huit mois ou deux ans, alors qu'on commençait à nous déporter, précisément à cause de ces mêmes questions.

Les récents évènements montrent en général clairement que la période de réaction à l’intérieur du parti est en train de s'achever, que nous avançons de plus en plus rapidement vers le dénouement, qui nous mettra face à la réforme enfin mûre du parti.

En témoigne aussi la vague d'exigences venue de la base : on réclame le remplacement de la direction d'abord à l'échelle de cellules séparées, puis du rayon et parfois même plus haut, et il arrive fréquemment que des secrétaires ou d'autres fonctionnaires soient destitués spontanément, sans l'accord des instances supérieures.

Ces phénomènes rapprochent de plus en plus la classe ouvrière de la conquête d'une authentique démocratie interne qui remplacerait la "soupape" de l'autocritique à la Staline.

Et c'est dans un tel moment que Préobrajensky intervient avec sa flagellation d’intellectuel ? Que Radek fonce avec ses calomnies à la Smerdiakov.

Et toi, mon pauvre Kharine tu fais le petit coq, et tu essaies "de les rattraper et de les dépasser" en répétant sur un nouveau ton les vieux refrains de la méprisable mélodie de Yaroslavsky.

Est‑il possible que tu pense que cela correspond à l'importance extraordinaire des jours que nous vivons, alors que la secteur prolétarien du parti attaque puissamment et se fraie un chemin vers le gouvernail du parti, pour l'engager d'une main ferme dans la voie léniniste.

Est‑il possible que tu ne comprennes pas qu'en te mettant dans le giron des Gonikman, des Pavlov, des Prigojine et autres Kouzovnikov, tu retardes d'au moins cinq ans ?

Ainsi, en dépit des pleurnichards et des sceptiques du camp des décistes[5] et de Radek, tous deux épuisant leurs forces pour désorienter le parti, nous voyons qu'approche un changement radical de situation : que peut‑être le jour n'est pas loin où s’écrouleront les derniers obstacles qui s'opposent à notre retour dans le parti.

Il suffit d’examiner les changements survenus au sein de la direction pour se convaincre que la glace commence à craquer.

Tu sais aussi bien que moi qui a rempli avec la plus de zèle la rôle de persécuteurs et de bourreaux de l'opposition léniniste. Où sont-ils, tous ces Zinoviev, Kamenev, Boukharine, Rykov ?… Et qu’est-il arrivé à leur bagage d’idées ? Bien sûr, ils n’ont pas eu des destins de même valeur : certains ont changé d’idées comme on change de chemise; d’autres au contraire ont au cours de cette période élaboré une solide plate-forme droitière dont il n’ont apparemment pas l’intention de descendre. Mais chacun d’eux a contribué à la justification de notre point de vue : certains en reconnaissant ouvertement que nous avions raison (leur fuite peureuse au moment décisif n’a pas d’importance); d’autres en manifestant effrontément leur véritable nature de droitiers (peu importe qu’une partie de leurs écuyers se tienne tranquille pour le moment en se protégeant des couleurs du "léninisme" stalinien). Combien de fois leur étendard antiléniniste est-il tombé dans la boue ? Staline le tiendra-t-il en mains ? Le rénégat Radek saura-t-il l’aider à le faire ?

Qu’adviendra-t-il finalement de Staline lui-même ? Discrédité et déshonoré par ses propres hésitations et ses propres mensonges, voici déjà quelques mois qu’il est contraint de garder le silence (il n’est pas important qu’il soit encore pour le moment élu dans les présidiums d’honneur – y-a-t-il longtemps que Boukharine a cessé d’y figurer ? – ce n’est pas pour rien que dans certains cercles du parti circulent des rumeurs sur le départ définitif de Gengis-Khan[6]).

Le seul qui continue obstinément à "fonctionner", je crois que c’est Yaroslavsky qui continue de jouer son vieux rôle de geôlier des meilleurs éléments du parti; son inertie est grande, sous la grêle d’accusations de déviationnisme koulak, mais il s'est tant bien que mal adapté aux tendances nouvelles. Mais que reste‑t‑il de la "fière allure" de ce chevalier de feu le bloc Zïnoviev‑Boukharine‑Staline ? Où sont ses "solides jeunes Iéninistes" qui l'entouraient et dont il avait l'insolence de faire les futurs chefs du parti ? (Évidemment le caoutchouteux Astrov continue de se maintenir dans le salade rédactionnelle du Bolchevik tandis que Stetsky[7], glissant comme une anguille s'accroche encore aux sommets en décomposition de l'organisation de Leningrad. Mais en vérité ce ne sont plus que de pitoyables et malchanceux épigones de la "brillante" garde de Yaroslavsky‑Boukharine !)...

Les changements à Ia base se reflètent toujours avec retard dans la superstructure. Mais dans ce cas précis nous constatons déjà des modifications importantes dans l'idéologie de la direction et dans sa composition. Le changement complet ne semble pas très éloigné. On peut constater avec précision qu'il est inévitable. Certes, la répression de Yaroslavsky et de son appareil ne s'abat pas sur l'opposition léniniste avec moins de fureur, peut-être même avec plus, mais cette circonstance ne doit absolument pas nous troubler (en effet, Kerensky avait mobilisé son bataillon féminin au seuil d’Octobre). Yaroslavsky remporte encore des victoires mais on peut se demander si elles renforcent le régime devenu odieux à tout le parti, ou si au contraire elles contribuent à l'éliminer petit à petit. L'évoIution interne de la direction doit refléter les processus déjà achevés dans le parti (je pense à la consolidation en cours de l'aile gauche).

Evidemment pour répondre à ces considérations tu ne manqueras pas de me faire remarquer avec un sourire triomphant, que l'opposition est en train de se "décomposer" qu'elle a perdu une partie de ses cadres qui ont capitulé devant leurs geôliers. En effet ici aussiune certaine décantation du noyau léniniste fondamental doit se produire, I'opposition ne peut se mettre à l'écart des processus, qui se déroulent dans le parti : les éléments crypto-­droitiers et centristes qui se distinguent par leur orientation pessimiste, doivent s'en aller. Il est clair qu'ils n’adhéreront jamais au secteur prolétarien de gauche du parti, mais qu'ils passeront plutôt dans le camp de la droite (à cet égard le personnage de Radek est caractéristique : avec ses tendances clairement anti‑industrielles et ses sympathies pour Brandler il ne se disait léniniste que par un malentendu).

En outre le rôle joué par une situation matérielle incroyablement pénible doit être évident pour tous : n'importe quel organisme ne supporte pas les privations physiques auxquelles est soumis un bolchevik‑léniniste jeté dans la taïga à deux cents verstes[8] d'un village et à cinq cents verstes d'un chemin de fer.

A l'Intérieur de la direction se produit une décomposition putride sur Ia base de la "victoire" remportée sur nous. Cette décomposition atteint de plus en plus fortement l'organisme de la fraction qui nous piétine triomphalement mais qui reçoit cependant une leçon aussi grande que l'opposition "battue à plate‑couture" et placée dans l'illégalité.

Cela valait‑il la peine de rester à l'étranger six mois ou même davantage, comme Kouzovnikov, et d'y accumuler des matériaux contre Trotsky, pour pondre un libelle "terriblement dénonciateur" que n'importe quel Astrov t'aurait bâclé ici en une demi‑journée ? Seul le Bolchevik, qui publie depuis des années les productions révisionnistes de Slepkov et de ses héritiers, aurait pu accueillir dans ses pages un tel "document". Cependant, même Yaroslavsky, apparemment, s'est détourné avec dégoût de ton écrit (d'autant plus que pour lui tu n'es tout de même pas Slepkov !).

Il a fallu, pauvre diable, que tu renonces à l'espoir de toucher tes trente kopeks par ligne, et que tu polycopies ton article pour l'expédier par la poste.

Eh bien, et c'est une consolation, cela t’ouvre la voie vers Radek ! ... Hélas, ta "riche" collection n'est pas enrichie de quelconques éléments nouveaux ou originaux. Tout est emprunté au tombereau de Yaroslavsky, avec juste les quelques suppléments apportée par Radek ...

Tu t’es fixé pour but de convaincre tes anciens camarades de la justesse de la direction actuelle, et tu tentes de toutes tes forces de discréditer le Vieux aux yeux de l'opposition, en essayant de montrer que, se trouvant à l'étranger, il n'est plus le chef cher à notre cœur que nous connaissions ici, que là-bas, il s'est vendu a la bour­geoisie, qu'il est devenu un social-démocrate, presque un fasciste, etc... En accusant ainsi le Vieux de façon mensongère et falsificatrice tu traduis la pensée secrète que l'opposition ne se maintenait que par la croyance aveugle dans le chef, qu'il suffit de le salir un peu, et la calomnie fera son office : il n'y aura plus de "trotskysme". Ainsi tu laisses apparaître ta propre impuissance, qui ne prend pas pour modèles des classes ni des idées, mais des personnes et, selon toute vraisemblance, ta propre personne.

Ta caricature maladroite de L.D. n'a pas encore vu le jour, même sur les pages du Bolchevik.

C'est pourquoi aucun capitulard un tant soi peu clairvoyant n'aura recours à tes services clandestins. Il préférera faire sa déclaration non à la suite de la tienne (comme tu le proposes dans tes télégrammes) mais il s'associera simplement à la déclaration de Radek et consorts, légalement publiée : c'est plus "honorable" et ... plus avantageux. Et tes œuvres, hélas disparaîtront, inutiles.

En et qui me concerne, tu me connais vraiment très mal : je n'ai pas suivi Radek et je ne te suivrai pas non plus.

  1. Dvourouchnik : homme à double face (N.d.T.)
  2. Diminutif familier de Boukharine.
  3. Dans le texte : "constitution de la fabrique".
  4. Cette affaire avait alors fait grand bruit : il s’agissait de la mise en coupe réglée de la région par le secrétaire régional, avec les méthodes et les mœurs que l’on imagine.
  5. Les décistes, partisans de la tendance « Centralisme Démocratique » de Sapronov et V.M. Smirnov étaient plus ou moins opposés à la prespective de réforme de l’I.C. et du P.C. et tendaient à s’orienter sur la ligne d’un « nouveau parti ».
  6. Staline.
  7. Il n'est déjà plus question d'eux (N. de la réd. du B.O.).
  8. Ancienne unité de longueur. Une verste a 1,06 km (N.d.T.).