Questions diverses d'édition. Lettre à Léon Sedov, 25 avril 1936

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Cher Ami,

Avec Ciliga, il nous faut mettre les choses au point en publiant dans le prochain numéro une courte déclaration : tu trouveras ci‑joint, sur une feuille à part, un projet de texte en russe[1]. Nous n'avons absolument aucun intérêt à nous occuper plus longtemps de cet homme et nous devons prendre nous‑mêmes l'initiative de la rupture en gardant tout notre calme, cela va de soi.

L'affaire de l'éditeur semi‑royaliste me surprend. Est‑il royaliste en tant qu'éditeur ou seulement, pour ainsi dire, à titre privé ? Quel genre de livres édite‑t‑il par ailleurs ? Cette question est bien plus importante pour la parution du livre sur le terrorisme[2] que pour celle de Où va la France ? N'a‑t‑on donc pas cherché plus tôt à savoir qui était cet éditeur ? L'affaire n'est-elle pas enfin une provocation de la droite ?

Les opinions personnelles de l'éditeur ne m'intéressent pas du tout. S'il édite des livres variés, sans tendance générale réactionnaire, on peut l'accepter sans la moindre inquiétude. Sinon, ou dans le cas contraire, c'était un crime que de lui confier le livre sur le terrorisme.

Sous réserve de ce que je viens d'indiquer, je ne suis pas opposé à ce qu'il édite la brochure Où va la France ? J'écrirai même volontiers une préface dès que les élections auront eu lieu.

Dans le texte, on doit supprimer la formule « nous, Français ». Elle apparaît à plusieurs reprises dans le but de dissimuler l'identité de l'auteur.

Aux deux articles « Où va la France ? »[3], il faudrait joindre l'article plus restreint sur les comités d'action[4]. Avec une préface d'actualité, la brochure serait tout à fait utile.

Comme traducteur du livre sur l'U.R.S.S., je propose Van. Il connaît ma terminologie et, de toute manière, il ferait le travail mieux que Body.

Je propose de ne pas se hâter de conclure le contrat avec Rieder et d'attendre qu'il ait examiné l'ensemble du manuscrit. J'en aurai bientôt fini et, pour le paiement, on peut attendre quelques semaines si cela doit permettre de soutirer plus à cet homme.

J'aimerais bien avoir mon article sur l'Armée rouge[5], en russe ou en français. Avec des modifications, je l'adjoindrais à mon livre.

Vous pouvez tranquilliser Rieder en ce qui concerne mon livre sur Lénine. Je me sens en pleine forme et j'espère désormais m'attaquer de nouveau vigoureusement à ce livre.

  1. Le Croate Ante Ciliga, qui venait de donner ses premiers articles au Biulleten Oppositsii, avait prévenu Sedov qu'il s'était engagé à donner un article au journal menchevique Sotsialistitchesky Vestnik. C'était pour Trotsky une rupture de fait. Nous ignorons le texte de la mise au point dont il parle, et c'est sans doute une autre qui fut finalement publiée dans le n° 50 de juillet‑août 1936 du Biulleten Oppositsii.
  2. Il s'agit d'une réédition française sous le titre Défense du Terrorisme de Terrorisme et Communisme. L'accord avec la maison d'édition « Nouvelle Revue Critique » avait été conclu par un militant d'origine roumaine, membre de la direction des J.S.R. et suspect aux yeux de beaucoup, Gottlieb dit Péro. Sedov avait adressé à Trotsky tout un rapport sur l'éditeur dont il craignait que les opinions ne soient utilisées dans une provocation contre son père.
  3. Il s'agit précisément des articles « Où va la France ? » d'octobre 1934 (cf. Œuvres, 4, p. 223 sq.) et « Encore une fois où va la France ? », de mars 1935 (cf. Œuvres, 5, p. 148 sq.).
  4. Il s'agit de « Pour les comités d'action, pas le Front populaire » (cf. Œuvres, 7, p. 181 sq.).
  5. Il s'agit probablement de l'article du 13 mars 1934 (cf Œuvres 3, p. 234 sq.).