Quel est le meilleur d’entre eux ?

De Marxists-fr
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« La gloire immortelle du Socialisme italien et international est d’avoir combattu pour la paix, alors que se décidait cette entreprise démente, ce crime, l’intervention de l’Italie », c’est en ces termes que Arbeiter-Zeitung dépeint les efforts des socialistes italiens. Mais ces louanges, qui servent à attaquer les classes dirigeantes italiennes, peuvent être utilisées comme une forme « correcte » de réhabilitation des classes dirigeantes allemande et autrichienne. Avec quelle joie maligne, le journal ne souligne-t-il pas les insuccès des armées italiennes envoyées par le Destin pour expier les péchés des possédants italiens ! Le servilisme de cette joie mauvaise est couvert par l’approbation donnée aux socialistes italiens.

Le récent discours de Bethmann-Hollweg a rempli le cœur de la rédaction de Arbeiter-Zeitung des espérances les plus délirantes : le chancelier a proposé aux gouvernements de compter avec les cartes encore disponibles et d’en venir à des pourparlers efficaces. « Démêler ensemble les problèmes de guerre et de paix, voilà une parole décisive et qui apporte de la clarté. » « Ne perdez pas courage, crie le journal à Wilson, votre position en tant qu’intermédiaire est difficile. Le camp allemand ne croit pas à votre impartialité. L’Entente fait des rêves délirants de victoire, mais… ne perdez pas courage. L’Europe est coupée en deux par un précipice qu’aucun des camps n’a la force de franchir : il faut un intermédiaire et un guide pour faire se rencontrer les deux camps adverses. Ce rôle d’intermédiaire et de guide est l’un des plus beaux et des plus nobles que l’Histoire ait jamais offert à un mortel. Si le président d’un grand État libre assume ce rôle et résout le problème, il acquerra l’immortalité… » Pendant que les nobles intermédiaires calculent le pourcentage de ce que rapporte une intervention ou une attitude neutre, la rédaction de Arbeiter-Zeitung ressent une obligation immodérée de lécher les mains du grand américain faiseur de paix.

Bethmann-Hollweg est désormais le héros chéri de toute la presse social-patriote allemande. Nous savons que le chancelier a jugé indispensable de prendre ses distances avec les annexionnistes acharnés et les jusqu’au boutistes; il appuie ainsi la politique suivie par les sociaux-patriotes jouant le rôle de chœurs auprès des éléments plus passifs des classes bourgeoises.

L’opposition allemande démasque, évidemment, cette mascarade de mauvais aloi qui devrait faire du chancelier le porteur de l’idée démocratique de la coexistence des peuples européens aux yeux des classes laborieuses. Ainsi, le journal Leipziger Volkszeitung pourfend le mythe créé par les sociaux-patriotes autour du chancelier, en rappelant que ce dernier n’a pas daigné répondre aux questions que lui posaient les premiers. Le 9 décembre, ils avaient demandé au chancelier de préciser les buts de la guerre. Il n’avait pas répondu. Us avaient demandé que l’Allemagne, en tant que puissance victorieuse, fasse les premières ouvertures pour la paix. Il n’en fut pas question, évidemment. Mais les sociaux-patriotes feignent de ne rien voir. « Si Jacob a pu dire, une fois, que le malheur des rois est de ne pas vouloir écouter la vérité, écrit Leipziger Volkszeitung, celui des Partis vient de ce qu’ils ne veulent rien voir »; le premier de ces Partis est celui des sociaux-patriotes allemands. En citant ces phrases, L’Humanité écrit qu’on ne pouvait porter un coup plus dur à ces derniers. Pendant que Arbeiter-Zeitung chante les louanges des socialistes italiens, afin d’user de leur courageuse politique dans ses buts nationaux et d’autre part de cacher sa honteuse servilité à la vue de la solidarité internationale, L’Humanité profite des révélations honnêtes des journaux de l’opposition allemande pour opposer le chancelier ainsi noirci aux hommes d’État français et les faire briller de cette manière aux yeux du prolétariat français. Qui sont les meilleurs d’entre eux ?