Pour une commission de contrôle contre Naville

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Auteur·e(s) Léon Trotski
Écriture 8 avril 1936

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Lettre au S.I., Bibliothèque du Collège de Harvard, 8037, avec la permission du Collège de Harvard. Original en français.


Chers Camarades,

Je vous ai envoyé une copie de ma lettre personnelle à un sympathisant de La Commune[1]. J'ai annoté cette copie comme strictement confidentielle et seulement destinée au secrétariat. Il s'avère que le camarade Naville s'est emparé de cette lettre et en a donné lecture à la conférence de La Commune en désignant la lettre comme une réponse à Meichler, ce qui est absolument faux et ‑même absurde[2].

Je vous ai écrit que j'attendrai un certain temps pour donner au C.C. de la section française la possibilité de se prononcer sur l'attitude de Naville et de ses comparses s'il en avait. Je n'ai reçu aucune information. Je ne suis nullement disposé à tolérer que les documents confidentiels destinés à l'organisme dirigeant soient volés et divulgués.

Je demande la nomination immédiate d'une commission de contrôle contre le camarade Naville. Je propose pour cette commission les camarades Fischer, Biline et Dubois[3]. Je ne me risque pas à proposer un membre du C.C,. ne sachant pas leur attitude en l'occurrence.

Je me réserve le droit d'exposer ce fait en temps utile devant la section française et peut‑être même devant les directions des autres sections. Mon opinion, voyez‑vous, est qu'on ne peut créer une organisation révolutionnaire avec le ciment du cynisme surréaliste[4]. Au contraire, il faut de la confiance réciproque, surtout quand il s'agit des organismes dirigeants.

  1. ↑ Il s'agit d'une lettre adressée par Trotsky à Henri Molinier le 1" mars (cf. p. 31‑33). Trotsky en avait envoyé copie au S.I. le 4 mars sans en indiquer le destinataire (cf. p. 39).
  2. ↑ Jean Meichler n'avait pas avec Trotsky les relations personnelles qu'avait Henri Molinier.
  3. ↑ Il s'agissait d'Otto Schüssler (cf. n. 2, p. 35), de Robert Caby, dit Biline (né en 1905), l'écrivain et artiste qui correspondait avec Trotsky, et enfin d'un membre du secrétariat international. Dubois était en effet le pseudonyme de l'allemande Ruth Fischer (de son vrai nom Elfriede Eisler, qui avait acquis la nationalité française en devenant Mme Pleuchot) (1895‑1961) : ancienne dirigeante de la gauche, puis du K.P.D. lui-même, liée à Zinoviev, elle s'était rapprochée de l'Opposition de gauche en 1933 et avait été cooptée en janvier 1935 au S.I. en dépit de l'opposition résolue des dirigeants de la section allemande. Elle avait en réalité cessé de venir au S.I. depuis la discussion sur l'entrée du W.P.U.S. dans le parti socialiste américain, mais en était encore formellement membre.
  4. ↑ Trotsky fait ici allusion au passé « surréaliste » de Naville ce qui était fréquent dans l'organisation, mais rare sous sa plume à lui.
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