Pour l’anniversaire de la mort de Reiss

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Plus le temps passe et plus lumineuse apparaît la figure de Reiss, tombé tragiquement sur le seuil de la IV° Internationale. La rupture avec la clique bonapartiste ne signifiait pas pour lui la désertion vers la vie privée, comme pour d'autres bureaucrates apeurés et démoralisés. Pas une minute, Reiss n'a cherché à s'éloigner en prenant un air supérieur à l'égard de ceux qui continuaient le combat. Avant de prendre des mesures pour assurer sa sécurité personnelle, il a écrit une déclaration principielle sur les raisons de son passage sous le drapeau de la IV° Internationale. Dans les jours même où il était précisément en train de préparer sa rupture ouverte avec le Kremlin, il faisait déjà de la propagande active et recrutait parmi ses anciens collaborateurs et collègues. On doit se représenter clairement les graves convulsions internes qu'il eut à traverser et comprendre la force d'âme qui se dissimulait dans ce combattant révolutionnaire !

La figure de Ludwig[1] nous devient de plus en plus proche au fur et à mesure que nous voyons ces bureaucrates « fatigués » et « déçus » qui, voyez‑vous, sont tellement tourmentés par Staline et leur propre passé que, sans changer d'état d'esprit, ils vont tout droit dans le camp de la démocratie bourgeoise ou du semi-anarchisme libéral[2]. Sous les coups de la vie, ces messieurs en viennent à la conclusion que la révolution d'Octobre a été une « erreur » et qu'il faut donc imaginer quelque chose de mieux, de jamais vu, d'inédit, qui soit totalement à l'abri, hermétiquement, de toute faiblesse et de tout échec. Et, en attendant cette doctrine de salut, les dilettantes ultra‑gauches, alliés à des fascistes plus francs, s'occupent de racontars et d'intrigues contre les révolutionnaires. Faut‑il des exemples ?

Ludwig est mort à l'aube même d'un nouveau chapitre de sa vie. Nous avons tous ressenti sa mort comme un coup très rude ‑ et nous en avons reçu beaucoup. Ce serait cependant une erreur inadmissible que de penser que ce sacrifice a été inutile. Par la virilité de sa conversion de Thermidor à la révolution, Reiss a donné au trésor de la lutte prolétarienne une contribution bien plus grande que tous ceux qui, tous ensemble, dénoncent Staline. La figure de Reiss demeurera vivante dans la mémoire des jeunes générations comme un exemple et une leçon. Elle les inspirera et les entraînera.

  1. Pseudonyme de Reiss dans le G.P.U.
  2. L'allusion est dirigée contre Krivitsky.