Nouvelle politique en Posnanie

De Marxists-fr
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Cologne, 20 juin

Encore un nouveau tournant dans l'affaire de Posnanie ! Après la phase des promesses généreuses et des proclamations exaltantes, après la phase Willisen vint la phase Pfuel avec schrapnells, marques d'infamie et têtes rasées, la phase du bain de sang et de la barbarie russe. Après la phase Pfuel vient maintenant une nouvelle phase de réconciliation !

Le commandant Olberg, chef de l'état-major en Posnanie, principal responsable des massacres et des marques d'infamie, est brusquement muté d'office. Le général Colomb est lui aussi muté d'office de Posen à Königsberg. Le général Pfuel (von Höllenstein[1]) est convoqué à Berlin où le premier président Beurmann est déjà arrivé.

Ainsi la Posnanie est abandonnée des chevaliers qui portaient sur leur blason une pierre infernale et brandissaient le rasoir, des vaillants qui, bien embusqués, descendaient aux schrapnells à 1.000 ou 2.000 pas les moissonneurs sans défense. Les Juifs allemands, bouffeurs de Polonais, tremblent; comme les Polonais autrefois, ils se voient maintenant trahis par le gouvernement.

Le ministère Camphausen a eu soudain une illumination. Le danger de l'invasion russe lui montre maintenant quelle énorme faute il a commise en livrant les Polonais à la fureur de la bureaucratie et de l'armée territoriale poméranienne. Il voudrait à tout prix regagner les sympathies des Polonais, maintenant qu’il est trop tard.

Par conséquent, toute la sanglante guerre d'extermination contre les Polonais avec toutes les cruautés et les barbaries qui marqueront le nom allemand d'un opprobre éternel, la juste haine mortelle des Polonais à notre égard, l'alliance maintenant nécessaire des Russes et des Polonais contre l'Allemagne, une alliance qui apporte aux ennemis de la révolution le renfort d'un vaillant peuple de 20 millions d'habitants - tout ceci n'est arrivé, n'a été réalisé que pour donner finalement à M. Camphausen l'occasion de bredouiller son pater peccavi[2] ?

Maintenant qu'il a besoin des Polonais, M. Camphausen croit-il peut-être qu'il peut, par de suaves discours et des concessions, reconquérir leurs sympathies noyées dans le sang ? Croit-il que les mains portant la flétrissure se battront jamais pour lui, que les crânes rasés s'exposeront pour lui aux sabres russes ? Croit-il vraiment pouvoir jamais mener au feu, contre la mitraille russe ceux que les schrapnells prussiens ont épargnés ?

Et M. Camphausen croit-il pouvoir rester encore au gouvernement après avoir avoué lui-même, sans équivoque, son incapacité ?

  1. Lors de la répression de l'insurrection en Posnanie, le général von Pfuel se distingua par sa cruauté. On tondait les prisonniers, on leur imposait une marque sur les mains et les oreilles au nitrate d'argent (ou « pierre infernale », en allemand : Höllenstein).tout prix regagner les sympathies des Polonais, maintenant qu'il est trop tard !
  2. Mon père, j'ai péché.