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Nécrologie de Karl Marx (4)
Le Gaulois, 17 mars 1883
Le célèbre socialiste allemand Karl Marx est mort avant-hier soir, dans une commune des environs de Paris, à Argenteuil. Il y était venu, vers le milieu du mois de février, pour assister à l’enterrement de sa fille, Mme Longuet, femme de notre confrère Charles Longuet, de la Justice. Marx, qui habitait depuis longtemps en Italie, était habitué à un climat doux. La rigueur de la saison où nous sommes l’a tué.
L’Internationale fut la création de Karl Marx. Il l’institua, dans une grande pensée d’orgueil il voulait être le dictateur universel de la Révolution.
Pendant six ans, depuis 1861 jusqu’en 1870, il fut le souverain directeur de l’Internationale
Cette dictature fut ébranlée en 1870 par l’écrasement de la Commune et par le schisme romand. Les anarchistes, ennemis du vote, qui formaient la majorité dans la fédération romande (Suisse), prétendirent que les groupes adhérents à l’Internationale étaient indépendants du conseil général pour les questions de tactique locale. En réponse à cette prétention d’autonomie, Marx fit un coup d’État. Les anarchistes autonomistes furent exclus de l’Internationale. Les excommuniés entraînèrent avec eux leurs groupes ; bientôt toute l’Internationale fut avec eux.
En 1873, la dictature de Marx prit fin. Le congrès de Genève vota la déchéance du conseil général.
Marx était à peine renversé qu’il cherchait à relever son pouvoir. « L’Internationale est morte, dit-il, partout on la proscrit ; il faut la remplacer partout par des associations nationales qui continueront son œuvre, qui seront indépendantes les unes des autres et qui ne tomberont pas sous le coup des lois.
Marx donna donc l’idée première des Partis ouvriers qui existent en France, en Italie, en Allemagne, en Espagne.
C’est en France que le Parti ouvrier est le plus solidement constitué. Mais, par une fatalité décevante pour son ambition, Karl Marx en perdit la direction dès que ce parti fut une force organisée et utilisable.
Son second gendre, Paul Lafargue et M. Jules Guesde, par lesquels il se préparait à gouverner souverainement, ont été exclus du parti ouvrier français, que leurs allures autoritaires effrayaient.
Le socialisme de Karl Marx est autoritaire, centralisateur. C’est le socialisme d’État de tous les révolutionnaires allemands, dont M. de Bismarck prétend réaliser des fractions de programme. Karl Marx était communiste — on dit aujourd’hui collectiviste.
Dans son système social, tout est à tous, et tous sont confondus dans l’État. Ce système est tout à l’opposé du système anarchiste. Les anarchistes suppriment l’autorité et l’État dans toutes ses formes, pour ne laisser subsister dans la société que l’individu autonome, abandonné à lui-même, et contenu seulement par l’autonomie et la liberté égales de son semblable.
En mourant, Marx a été attristé par le recul de ses idées et par le progrès de la doctrine anarchiste.