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Mon Avenir
Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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Écriture | 15 avril 1929 |
Bien des correspondants sont venus me poser des questions sur les plans et intentions. Comme il m’est physiquement et matériellement impossible d’accorder autant d’interviews, je leur demande de prendre note de ce qui suit :
Dans l’avenir immédiat, je vais rester à Constantinople, puisque le gouvernement turc ne met pas d’obstacle à ce que je reste.
Bien qu’on ne me l’ait pas demandé, j’ai déclaré que je ne désirais pas m’engager dans les affaires intérieures de ce pays. Pour sa part, le gouvernement a tout fait pour faciliter mon séjour en Turquie.
Je consacre tout mon temps à préparer plusieurs livres qui doivent être publiés dans des éditions allemande, française et américaine. Certains d’entre eux, comme mon autobiographie et Lénine et les Épigones sont nouveaux. D’autres ont déjà paru en Russie et doivent être traduits et adaptés pour les lecteurs européens et américains.
Comme Staline a retenu en exil à l’intérieur mes anciens collaborateurs malgré sa promesse officielle de les autoriser à me rejoindre en Turquie, je dois trouver d’autres collaborateurs, suffisamment qualifiés pour ce travail avec l’aide des éditeurs intéressés.
J’ai l’intention de m’établir avec ma famille et mes compagnons de travail dans la zone de Constantinople pour me consacrer pacifiquement à mon travail.
A la question de savoir si j’irai dans quelque pays européen pour les soins médicaux dont j’ai besoin, ma réponse est que les perspectives immédiates semblent quelque peu compromises par l’attitude du gouvernement social-démocrate d’Allemagne qui a estimé nécessaire de réfléchir pendant deux mois à la question, seulement pour y répondre par la négative. Je crois qu’un gouvernement ouvertement bourgeois ne se serait pas révélé aussi troublé et indécis. Mon expérience en matière de gouvernement m’a déjà enseigné que dans les questions pratiques — grandes et petites — il vaut mieux traiter avec le patron qu’avec ses agents. J’espère néanmoins qu’il y aura en Europe quelque gouvernement qui me permettra de jouir du droit d’asile démocratique, même si c’est seulement pour un traitement médical,
La question de mon retour en Russie continue à se poser dans les mêmes termes. Je suis toujours à la disposition de la république soviétique et de la Révolution d’Octobre et mes adversaires, comme mes amis, comprennent que mon exil ne saurait être permanent.