Manœuvres des Longuettistes

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Les nuages de poussière soulevés dans toute la presse française par le premier Congrès national du Parti socialiste ne sont pas encore retombés qu’on découvre en eux la question principale posée par l’opposition longuettiste : le rétablissement des relations internationales. Les longuettistes se sont prononcés en faveur de la nécessité de rétablir l’Internationale. C’est l’unique différence « de principe » entre leur résolution et celle de la majorité officielle. Mais la question reste la suivante : comment les Longuettistes envisagent-ils de rétablir les relations internationales si, toutefois, ils le désirent réellement ? Là-dessus, la résolution des Longuettistes se limite à proposer une convocation préliminaire des partis socialistes alliés, en espérant (à vrai dire, en promettant) d’agir à travers cette Conférence sur les sphères officielles du Parti socialiste français.

Mais quels sont ces Partis alliés ? Les Partis italien, russe, anglais (les deux), serbe et portugais adhèrent à Zimmerwald. Les nationaux-réformistes italiens et le parti purement chauviniste de Hyndman ne sont pas membres de l’ancien Bureau international (et c’est une condition essentielle de participer à la Conférence « alliée »).

En dehors de Zimmerwald, outre le Parti français, il ne reste plus que le Parti belge, c’est-à-dire les sphères officielles, car la volonté d’action du Parti ouvrier est écrasée par l’occupation allemande. Qu’espèrent donc les Longuettistes ?

Ils pensent que les Partis « alliés » s’accorderont sur la participation d’un seul camp. Ils espèrent que les Partis « zimmerwaldiens » se précipiteront sur une Conférence tenue avec Renaudel et Vandervelde, afin d’aider Jean Longuet à convaincre ces messieurs de la nécessité d’harmoniser les relations avec Scheidemann. On pourrait épiloguer sur la miraculeuse cécité des Longuettistes, mais l’affaire ne s’arrête pas là. Jean Longuet doit savoir que le parti italien, lui, a répondu négativement quant à la convocation d’une Conférence « alliée ».

Les anglais ont fait savoir qu’ils étaient pleinement d’accord avec les Italiens. Quant aux russes, Longuet ne peut nourrir aucune illusion. Donc les dirigeants longuettistes savent que la majorité des Partis « alliés » ne veulent rien savoir d’une Conférence « alliée ».

Et cependant les Longuettistes proposent aux masses cette Conférence insensée en tant que moyen unique de sauver l’Internationale. Cela signifie que, pieds et poings liés par leur politique gouvernementale, ils exploitent le manque d’information des masses et ne cherchent qu’une chose : gagner du temps. Mais dans ce cas, gagner du temps, c’est le perdre. Une pareille politique ne pourra jamais être assez sévèrement jugée.