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Special pages :
Lois navales
Auteur·e(s) | Rosa Luxemburg |
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Écriture | 3 novembre 1899 |
Gesammelte Werke, Edition 1982, Tome1/1, P 587 - 588
Traduction : Dominique Villaeys-Poirré. Source : Comprendre avec Rosa Luxembourg
L’organe de Krupp, les « Berliner Neueste Nachrichten »[1] est très amer sur le fait que l’opinion générale pense que les seuls intérêts économiques qui sont à l’origine du nouveau plan d’augmentation des forces navales, ce sont ceux des fournisseurs de la marine.
« Au contraire » écrit le journal, « il suffit de signaler le simple fait que les chantiers navals allemands sont loin d’être en mesure de satisfaire les besoins du pays pour ce qui concerne la construction de nouveaux navires et que bien au contraire une part importante de nos navires de marine marchande doivent être construits à l’étranger ou à partir de matériaux importés. Même sans le nécessaire renforcement de la marine de guerre allemande, les industries d’équipement et les chantiers navals allemands ne manqueraient pas le moins du monde de commandes suffisantes et rentables ».
L’organe du fabricant de canons joue au candide : personne ne croit sérieusement qu’un projet de loi navale serait nécessaire pour sauver ces Messieurs les armateurs du « chômage » ; Ce n’est vraiment un secret pour personne qu’ils font déjà sans cela des affaires juteuses.
Mais le fait est bien connu aussi que ces Messieurs ont un bon estomac et qu’ils seraient tout à fait capables de digérer une hausse confortable de leurs profits déjà énormes. En dehors de cela, l’organe des marchands de canons sait aussi bien que nous que si nos navires de commerce peuvent être construits en partie à l’étranger, il n’en est pas de même pour les navires de guerre qui ne peuvent être construits dans des chantiers navals étrangers et ceux-ci constituent justement une véritable mine d’or pour les profits capitalistes.
D’ailleurs le journal de Krupp doit lui-même admettre ce fait, mais il refuse de voir dans les profits escomptés grâce à l’augmentation des forces navales une raison expliquant son enthousiasme pour les plans prévoyant une augmentation illimitée des forces navales, mais seulement un mal nécessaire que les Krupp, Stumm & Co doivent supporter animés par un sentiment de sacrifice patriotique.
« Il y a aucun doute que le monde du travail en Allemagne, et pas en dernier un grand nombre de travailleurs, tireront un avantage de l’augmentation de la flotte. Mais cela ne constitue certainement pas une objection contre une nécessaire augmentation de la marine, mais bien au contraire un avantage qui équilibre par une augmentation du bien-être général, les sacrifices demandés par le renforcement de notre marine. » Qu’il est bon de vivre et mourir pour la patrie! Que l’on ait eu en vue tout particulièrement les travailleurs lorsque l’on a pensé à l’augmentation du bien-être général, le projet sur l’emprisonnement le prouve, qui doit rendre impossible tout mouvement pour les salaires.
- ↑ Il ne s'agit pas là d'un effet de rhétorique, ce journal appartenait réellement à Krupp qui l’avait acquis en 1892 pour maîtriser la communication. Il sera revendu en 1904.