Lettres à Gérard Rosenthal et Rieder, 26 octobre 1929

De Marxists-fr
Aller à la navigation Aller à la recherche



À propos d'éditions

(26 octobre 1929)

Cher Maître,

Depuis des semaines et des mois que je le tente, je ne réussis pas à mettre au point mes relations avec la maison Rieder, éditeur.

1 . Vous avez eu connaissance par un hasard heureux de la mauvaise traduction de mon autobiographie. Depuis, je m'étais entendu avec Rieder pour que le traducteur fût changé, et il était convenu qu'il m'enverraît trois chapitres de la nouvelle traduction afin que j'en puisse juger la valeur. Malgré sa promesse formelle, Rieder ne me les a pas envoyés. Je lui ai déclaré par deux fois que je tenais pour absolument exclue la parution
de mon livre avant que j'aie pu m'assurer de la valeur de la traduction. Mais il est bien possible que Rieder veuille publier le livre tel quel, peut-être même dans la première traduction. S'il le faisait, cela signifierait la rupture et un procès.

2 . Un autre conflit, moins important, a surgi à propos de l'autobiographie. Rieder, à l'encontre de la proposition, a choisi comme sous-titre : Mémoires, au lieu de : Essai biographique, prétextant qu'autobiographie n'est pas un mot français. Je n'accepte nullement le sous-titre : Mémoires, qui, avec le titre : Un demi-siècle, signifierait que je raconte toutes les choses possibles sur le demi~siècle et non pas sur ma vie, ce qui serait induire le lecteur en erreur.

3 . La question la plus importante est celle de mon livre sur l'Internationale communiste. Malgré mon insistance à le lui rappeler depuis des mois et des mois, il ne donne pas le texte à traduire et ne me dit rien de précis quant à la date de parution de ce livre auquel j'attache la plus grande importance. J'entends en contrôler moi-même la traduction et y faire des annotations, que ce retard rend doublement nécessaires.

4 . Je veux recevoir des communications précises sur les traités de Rieder avec des maisons d'édition étrangères concernant la publication de mes ouvrages.

5 . Mon traité avec Rieder est fait entre Mme Magdeleine Marx à qui j'avais délégué mes pouvoirs, et lui-même. Ne voulant pas abuser davantage des services dévoués de Mme M. Marx, j'ai écrit à Rieder en l'invitant à refaire le traité directement entre lui et moi.

Comme il était déjà convenu entre Rieder et moi pour un nouveau traité, mon livre sur l'Armée rouge doit en être exclu, étant donné que l'autobiographie comporte deux volumes. Le traité ne doit donc concerner que trois livres : La Révolution défigurée, l'autobiographie et l'Internationale communiste.

Je vous prie de faire l'intervention nécessaire pour régler ces diverses questions.

Cher Camarade Gérard,

Je vous envoie ci-joint une lettre "officielle" au sujet de mes relations - d'ailleurs malheureuses - avec Rieder. J'espère que vous me sauverez de cette impasse. Pour vous dire toute ma pensée, je crois que Rieder ou bien est acculé à la faillite ou bien me vole tout simplement, sans même avoir cette excuse.

Je vous serais très reconnaissant d'intervenir, c'est devenu tout à fait nécessaire et urgent.

Excusez-moi de vous écrire tantôt chez Rosmer, tantôt chez Naville, mais c'est parce que je n'ai pas votre adresse. Vous seriez bien aimable de me la donner.

Constantinople, le 26 octobre 1929

M. Rieder, éditeur, Paris

Cher monsieur,

Puisque je ne réussis pas à mettre au point les questions auxquelles j'attache la plus grande importance, en premier lieu desquelles mon autobiographie (de sa traduction, etc.), je me vois dans l'obligation de demander à Maître Rosenthal de vouloir bien s'en oocuper et de les régler avec vous directement.

Veuillez agréer, monsieur, mes salutations empressées,