Lettre de Moscou, Février 1933

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Le fait le plus important ici est l'arrestation d'anciens Oppositionnels de gauche, cette fois pas des militants de base, mais des dirigeants. Vous connaissez sans doute la nouvelle de l'arrestation d'I.N. Smirnov, Préobrajensky, Ufimtsev, Ter-­Vaganian, Boris Livshitz, Grunstein, Mratchkovsky, Perevertsev et bien d'autres. A Léningrad, Olga Ravitch a été arrêtée. A Kharkov ‑ Karetny, la femme du commissaire du peuple à l'agriculture d'Ukraine qui, lui-même, dit‑on, n'a jamais eu aucun lien avec l'Opposition. Mratchkovsky et Perevertsev ont été arrêtés en Extrême‑Orient et ramenés à Moscou. Il y a eu beaucoup d'arrestations au département du commerce extérieur (en particulier Livshitz, mentionné plus haut). Tout le monde parle d'une centaine d'arrestations de personnes qui ont, à un moment ou un autre, appartenu aux cadres de l'opposition de gauche. Le gros des arrestations a eu lieu à Moscou, Léningrad et Kharkov.

Comme vous le savez, la répression dans le parti a battu son plein ces derniers mois et ne cesse de s'aggraver. Néanmoins les arrestations de Smirnov, Préobrajensky et autres ont pro­duit un effet terrible, non seulement parce qu'il s'agit de vétérans du parti, bien connus, mais surtout parce qu'il s'a­git d'anciens Oppositionnels ayant essayé de se réconcilier avec la bureaucratie stalinienne. Le lien politique entre ces arrestations et l'exil de Zinoviev et Kamenev est évident.

Ces vieux révolutionnaires, politiciens éprouvés, ont es­sayé de trouver avec l'appareil un langage commun. L'expé­rience a duré quatre ans environ et s'est terminée par un échec. On expliquait autrefois dans toutes les cellules du parti que "tous les vieux‑bolcheviks avaient rompu avec l'Opposition de gauche" et que ce seul fait signifiait sa fin. Il est indiscutable que cette affirmation a impression­né beaucoup de larges cercles du parti. Aujourd'hui, l'arres­tation d'anciens Oppositionnels de gauche produit une impres­sion plus grande encore. Beaucoup se disent : "Cela prouve que l'Opposition de gauche a démontré qu'elle avait raison puis­que tous ceux qui avaient rompu avec elle lui reviennent". De bouche à oreille circule une parole qu'on attribue à Zino­viev avant son départ pour l'exil : "Notre plus grande erreur historique a été de quitter l'Opposition de gauche en 1927". Et l'on raconte que Kamenev s'y est associé. Je n'ai pas le moyen de vérifier ce fait à sa source. Mais ce compte­-rendu en lui-même est caractéristique du milieu auquel sont liés Zinoviev et Kamenev.

La sympathie pour l'Opposition de gauche a considérablement grandi, même dans les milieux de l'appareil, surtout chez les vieux du parti qui connaissent le passé et n'ont pas oublié. "Les Gauches ont un programme, de vrais militants, des caractères et des dirigeants". Il arrive souvent d'entendre de telles remarques, parfois là où on s'y attend le moins. Cependant, chez les fonctionnaires de l'appareil qui ont été formés au cours de la dernière période, il existe une grande peur de l'Opposition de gauche; si elle arrivait au pouvoir, elle serait sévère avec ceux qui ont en leur temps exécuté les représailles staliniennes. Il va sans dire que ces doutes et ces craintes sont soigneusement encouragées par en‑haut.

Au cours des derniers mois, il y a eu dans les usines des arrestations sur une grande échelle. Plus d'une centaine d'ouvriers ont été arrêtés à l'usine Amo où on avait distribué des circulaires de l'Opposition. Plusieurs dizaines d'ouvriers ont été arrêtés à Charkhopodchinik. Il y a eu aussi des arrestations à l'usine Calibre (30 à 40 ouvriers) et dans l'usine Baltique de Léningrad. Une circulaire rédigée sur place a été distribuée dans une usine à Kovrov : indubitablement, on obtiendrait des faits semblables en bien des endroits. Je n'envoie que les rapports que j'ai reçus.

Je vous ai déjà informé que, pendant les journées d'Octobre, dans une usine de production de freins, un portrait de Staline avait été dessiné de telle sorte que le lendemain il était devenu un portrait de Trotsky. Il y a eu beaucoup de bruit autour de cette affaire : on a arrêté beaucoup de gens, mais pas les coupables. Il arrive de temps en temps semblables "malentendus" dans les usines. A l'usine Travail prolétarien, le 22 janvier, l'éditorial du journal mural consacré à l’an­niversaire de la mort de Lénine s'est avéré avoir été intégra­lement composé d'extraits d’articles de Trotsky sur Lénine. Quel vacarme ! Il y a eu pas mal d'exclusions du parti.

Dans les usines, les ouvriers sont mornes, mécontents, irritables. Les autorités utilisent le système des passeports pour éloigner de Moscou tous les, indésirables même les moins suspects politiquement : parmi eux, tous ces ex‑oppositionnels de gauche qui se sont plusieurs fois repentis. L'objectif est clair : on s'attend à des jours de tempête au printemps et on liquide d'avance tous ceux qui pourraient prendre la tête de l'agitation. Cette mesure, comme bien d'autres, est une autodéfense de l'appareil au détriment du parti, car il est bien évident que les Oppositionnels de gauche, en qui les ouvriers ont confiance, auraient tout fait pour diriger le mouvement dans les canaux soviétiques.

Dans les usines, surgissent des groupes d'opposition curieux, fonctionnant avec leurs propres moyens et sur leurs propres forces. Au cours des arrestations, on découvre de la littérature "trotskyste", des circulaires d'ici, des thèses, des extraits, etc. Dans Ma Vie, des camarades ont choisi du matériel de propagande. On a arrêté pour cette raison trois Oppositionnels. Très souvent, les idées de l'Opposition se répandent par intuition. Les ouvriers viennent à nos mots d'ordre par des voies différentes. Les questions qui sont posées à présent avec le plus d'acuité sont celles qui touchent la répression, le despotisme bureaucratique et les intolérables conditions dans les usines et le parti. Récemment, l'appareil a sorti une circulaire secrète avec ins­truction de doubler la garde sur les hectographes et autres appareils a multigraphier dans les bureaux : de toute évidence, l'opposition les utilise pour publier ses documents.

En janvier, dans une réunion du parti à Moscou, Kaganovitch a dit : "Dans la région pendant cinq mois, toutes les cellules ont été aux mains des trotskystes. Et qu'est‑ce qui est arrivé ? L’appareil a commencé à discuter avec eux au lieu de les traiter comme on doit traiter les trotskysites". Le même Kaganovitch. a raconté : "Une ouvrière de Khichkova, a pris la parole dans sa cellule pour dire qu'elle ne croyait pas que Zinoviev soit un contre‑révolutionnaire. Bien entendu elle a été exclue sur‑le‑champ".

Les arrestations d'ouvriers, surtout de jeunes communistes se succèdent sans arrêt. La majorité passe inaperçue. Les milieux du parti n'ont connaissance de ces arrestations de masses que quand elles sont plus ou moins liées à des gens plus ou moins connus. Ainsi, par exemple, ce qu'on dit à propos de l'arrestation du groupe de Nemchenko, un fonctionnaire des syndicats. On ­a d'abord arrêté un groupe de J.C., dont le fils de Nemchenko. Ils sont accusés de conspiration en vue d'actes terroristes (!) et subissent un interrogatoire sévère pour expliquer comment eux, ces jeunes, sont arrivés à de telles idées. On dit que le fils de Nemchenko a répondu. "On dit tout le temps à la maison que le Chef est en train de ruiner le pays". C'est ainsi qu'ils ont remonté jusqu'à Nemchenko et ses amis.

Il est bien entendu possible que dans tel ou tel cercle de la jeunesse, privée de direction et de la possibilité de discuter et de critiquer, on parle réellement d'actes terroris­tes. Mais ce qui est plus probable dans cette affaire et d'autres semblables, c'est qu'il s'agit d'une provocation pour intimider et vilipender des parents "libéraux". La lutte contre les élé­ments de l'appareil qui penchent vers l'Opposition ne se mène pas seulement au moyen d'attestations, mais aussi de calomnies. Ceux critiquent sont couverts de boue, accusés de vol, de corruption, de népotisme, etc. Cela facilite leur liquidation.

On emploie largement la méthode suivante. Dans le cours de toutes sortes de conférences de travail, surtout à pro­pos de la collectivisation, de l'ndustrialisation, de l'infla­tion, des conditions des ouvriers et autres questions brûlantes, le président propose que la discussion se déroule avec une fran­chise totale, sans doute pour donner aux "chefs" l'occasion d'élucider tous les aspects de la question. Parallèlement, tout propos critique, surtout s'il semble reposer sur une réflexion réelle, sert invariablement de raison pour enquêter et surveiller celui qui les a tenus et pour lui arracher ses liaisons ‑ et il n'est pas rare que cela se termine par l'arrestation de tout un groupe. On dit que Smilga a payé pour son intervention "critique" à une conférence où on discutait les questions les plus délicates de l'économie rurale. Il est indubitable que Smilga en tout cas ne représente aucun groupe oppositionnel ou demi‑oppositionnel. Il a cependant payé pour sa tentative de s'élever contre la politique paysanne de Staline dans un cercle pourtant très fermé et super‑autorisé.

Selon des sources bien informées, voilà ce qu'on raconte sur la façon dont le groupe d’Eismont, Tolmatchev et les au­tres a été liquidé. Tout en recrutant des partisans, Eismont partageait ses pensées avec un ami intime, Nikolsky, et parlait avec lui de la situation dans le pays, en particulier de la né­cessité de se débarrasser de Staline. Ce confident "partageait" les idées d'Eismont avec des fonctionnaires de la commission centrale de contrôle. Eismont y a été convoqué. "Quelles sont vos relations avec Nikolsky ? ‑ Excellentes. ‑ Avez‑vous con­fiance en lui ? ‑ Oui." Là-dessus, on présente à Eismont le témoignage de Nikolsky; tout de suite après, on l'inculpe de préparation d'actes terroristes. De toute évidence, cette ac­cusation faisait référence à ses propos sur la nécessité de "se débarrasser de Staline". Eismont n'a pas pu résister à la pression, il a trahi et a dit que Rykov et Tomsky connaissaient ses idées. Il est bien entendu possible qu'Eismont ait simplement cité Tolmatchev, Rykov et Tomsky comme des témoins susceptibles de confirmer que lui, Eismont, tout en critiquant la politique de Staline, était très éloigné de toute idée de terrorisme. Dans les conditions données, une référence de ce genre à des témoins autorisés, pouvait et devait être transformée en "dénonciation" et être considérée comme une accusation lancée contre Rykov et Tomsky d'avoir été au courant et de n'avoir pas dénoncé. Comme on le sait parfaitement, c'est exactement à cela que se réduisait l'accusation contre Zinoviev et Kamenev dans l'affaire de Rioutine et Slepkov.

En rapport avec l'affaire du groupe Eismont on a fait soigneusement circuler dans les sphères dirigeantes le bruit selon lequel non seulement Rykov et Tomsky, mais Kalinine égale­ment, étaient au courant pour ces "conspirateurs" : délicate at­tention pour Kalinine ! Il n'est pas douteux qu'en son âme et conscience Kalinine est d'accord avec les droitiers. Il est é­galement possible que de façon ultra‑prudente il prenne des assurances "à droite".

Au plénum du C.E.C. Vorochilov, tourné vers Tomsky, lui a dit : "Arrêtez de vous prendre pour un chef ! C'est fini main­tenant. Vous voulez jouer au chef, mais vous n'êtes qu'un membre ordinaire du parti. Commencez à militer dans une cellule comme militant de base; collaborez au journal mural; faites la preuve que vous méritez confiance".

Au plénum, Rykov a tenté de se dégager de la façon suivante :

"Comment puis-je prouver mon dévouernent au parti si je ne travaille que chez les facteurs ? Donnez­-moi une occasion de reparaître devant les masses. Par exemple, le président du comité de district, quand je le lui ai demandé, m'a refusé l'autorisation de prendre la parole à une fête dans le Parc de la Culture et du repos où il y avait 3000 personnes".

Le même Vorochilov lui a répondu :

"Il a eu raison de refuser ‑ qui sait ce que vous auriez dit et quelle ligne vous auriez défendue ? Apprenez à travailler chez les facteurs".

En tout cas, Vorochilov, désormais, n'est plus un militant de base, mais un "chef".

Bien entendu, il ne faut pourtant pas croire qu'après la capitulation totale de la droite, l'attitude vis‑à‑vis de ses dirigeants ait changé du tout au tout. Lors de la réunion des militants du parti de Moscou, Kaganovitch, dans son compte-rendu du plénum, s'est exprimé avec beaucoup d'animosité non seulement à l'égard de Rykov et de Tomsky, mais aussi de Boukharine; ce dernier pourtant, parce qu'il est le moins dangereux, a été partiellement pardonné.

Il y a chez les droitiers une énorme con­fusion. Ils sont forts en intentions, mais ni par leur organi­sation ni par leurs idées. Ils n'ont pas de dirigeants centraux, maintenant. Pourtant les arrestations se poursuivent dans leurs rangs. Il y a eu récemment d’importantes arrestations au commissariat du peuple à l'agriculture. On a découvert une organisation de "sabotage" qui comprenait bien des colla­borateurs super‑autorisés. Il y avait sans doute à sa tête le chef du commissariat Konor, et ses collègues Kowarsky et Wolff. Ils sont accusés d'avoir été en liaison avec les organisations de Petljura en Ukraine et au Kouban, et même d'être en contact avec le centre de Petljura en Pologne. Il est bien entendu possible qu'ils aient été des ennemis de classe isolés dans l'appareil du commissariat, mais l'affaire dans son ensemble constitue un amalgame évident. Autant que je sache, Konor est né en Galicie, a rejoint les bolcheviks pendant la guerre impérialiste ou peu après; il a pris part à la guerre civile et je sais qu'il y a quelques années, il sympathisait avec l'Opposition de gauche. Je ne sais rien de son histoire ultérieure. Malgré le caractère net et détaillé de l'accusation, personne n'y croit. Tout le monde pense que le "chef" est tout simplement en train de préparer un procès instructif de ceux qui sont prétendument coupables de la faillite de l'économie rurale.

La situation au Kazakhstan est catastrophique la popu­lation retourne au nomadisme. Le "loyal" Golochtchékine qui a conduit le Kazakhstan au bord du désastre, a fini par être remplacé. Mais on a nommé à sa place le non moins loyal Mirzoyan, ancien secrétaire de Bakou. Les choses ne dépassent pas ce chassé‑croisé de personnalités. Sur le sol des difficultés économiques et autres sont en train de germer différents mouvements hostiles, entre autres nationalistes, particulièrement en Crimée où ont été arrêtés de nombreux travailleurs responsables des Tatars.

La collecte des grains et les autres opération rurales sont en train de se dérouler sous une pression terrible dans le Nord du Caucase et en Ukraine. Une impitoyable répression frappe des couches de paysans de plus en plus larges et parmi eux des communistes locaux. La direction est totalement sur la ligne de la coercition administrative. Il n'y a plus trace de l’ancienne "idéalisation" du paysan, en pratique en tout cas. A présent, la couche supérieure stalinienne considère qu'il n'est possible de sortir des difficultés que par de nouvelles méthodes extrêmement renforcées de coercition. Quelques 50 000 travailleurs autorisés sont mobilisés dans les villes pour appliquer dans les campagnes la politique "décisive". Ils seront affectés à des sections politiques dans les stations de machines et tracteurs (M.T.S.), dans les commissions pour les semailles et les moissons, dans les commissions des taxes sur la production, etc. Leur tâche essentielle est de briser la "modération" des communistes locaux.

A une réunion restreinte et fermée de communistes de Léningrad, Kirov a déclaré :

"Nous serons impitoyables non seule­ment pour les membres du parti qui mènent une activité contre‑révolutionnaire, mais avec ceux qui lanternent, dans les villes et villages, qui ne réalisent par les plans, etc. 400 membres du parti ont déjà été envoyés aux Solovky pour n'avoir réalisé les plans".

Tout ça pour intimider,

Découragement et dépression grandissent même dans les milieux dirigeants de l'appareil. On raconte même moins d'histoires au moins autant parce qu'on est puni sévèrement quand on le fait (dans le cas de membres du parti, on a décidé qu'il y en avait eu assez et à partir de maintenant, les histoires signifiaient l'exclusion) que parce que la situation dans le parti et le pays ne s’y prête pas. Les éléments révolutionnaires du parti se cherchent les uns les autres. Les liens se nouent au jugé – est-il communiste ou non.? ‑ Par "communiste", on entend le membre du parti honnête, pas le carriériste ni l'indicateur, pas l'agent de l'appareil. En d'autres termes, le mot "communiste" devient peu à peu l'équivalent du mot "Oppositionnel" (conscient ou non). Pour se trouver les uns les autres, les camarades emploient les méthodes les plus diverses. Voici l'une d'elles : l'un des interlocuteurs commence à maudire Trotsky, pas sur le ton hautain des officiels, comme si c'était en passant, de façon décontractée. C'est un gage suffisant et cela permet à la conversation de s'engager sur la bonne voie.

Je voudrais vous écrire particulièrement au sujet des exilés et de leur situation particulièrement pénible. "Pénible" n'est pas le mot. Elle est horrible. Nos camarades sont littéralement jetés à la merci de la faim et des éléments. On ne leur donne pas de travail; ils n'ont pas de rations, manquent de vêtements chauds, ne peuvent échapper aux souffrances de la faim et du froid. Bien opportunément, j'ai reçu hier une lettre de V. : "Ils veulent nous faire mourir de faim. Nous ne nous repentirons pas. Nous avons raison. Nous mourrons de faim, mais nous ne nous repentirons pas".

Nous, effectuons des collectes, mais c'est extrêmement risqué. Aider un Oppositionnel en lui donnant un seul chervonietz, c'est s'inscrire soi‑même sur la liste des ennemis et courir le risque d'être déporté. Même l'argent ne peut pas réellement les aider car dans bien des lieux d'exil, il n'y a rien à acheter et on ne peut pratiquement rien leur envoyer. Ce qu’il faut, ce sont des coupons du Torgsin et de l'argent étranger.

Faites ce que vous pouvez à l'étranger. Commencez une campagne pour les Oppositionnels exilés. Ce qui est en jeu, c'est l'anéantissement physique de nos camarades révolutionnaires sincères et dévoués. Nombre d'entre eux ont prouvé par des décennies de travail leur loyauté à la révolution, au bolchevisme et au gouvernement soviétique.

Il vient précisément de nous arriver la nouvelle de la mort de L.S. Sosnovsky en exil[1]. Cela peut‑il être vrai ? La nou­velle vient de sa famille. Elle n'a pu être vérifiée. Il est arrivé plus d'une fois au cours des deux dernières années de sombres rapports sur la mort de camarades en exil, à commencer par Rakovsky. Dans la majorité des cas, ils se sont révélés faux. Ce qui s'exprime dans ces rumeurs, c'est l'inquiétude pour de vieux amis et dirigeants. J'espère de tout cœur que la nouvelle de la mort de Lev Semenovitch est fausse. Je ne puis me résoudre à y croire.

N.I. Mouralov est maintenant à Taganrog, malade. Parmi les décistes, V.M. Smirnov est toujours à Suzdal, en isolateur. Sapronov est à Theodosia. Politiquement on ne sait rien ni des décistes ni de l'Opposition ouvrière.

T.T.

  1. L’information s’est avérée fausse. Mais brisé par les conditions de détention, Sosnovsky n’allait pas tarder à capituler.