Lettre de Moscou, 20 mars 1930

De Marxists-fr
Aller à la navigation Aller à la recherche


Je vous envoie l'information reçue de N. : "Un nouveau camarade est arrivé de Moscou. Il a été arrêté parmi, les cent cinquante (en réalité on pourrait ajouter une centaine à ce chiffre). Deux membres de ce groupe ont été envoyés dans le royaume de Pluton. Les noms de ces deux camarades : Rabinovitch et Silov. L’état d'esprit des ouvriers, selon lui, est celui de l'attentisme. A Serpuchov, il y a eu des "troubles" dans une usine textile et le résultat a été que les ouvriers ont vu hausser les prix de quelques produits dont ils réclamaient la baisse Des gens du parti ont participé à ces "troubles".

Il est clair qu'il s’agit de l'exécution de deux oppositionnels. C'est bien possible. D'abord il y a eu les exclusions du parti, puis l'exil, puis la prison, puis les passages à tabac dans les prisons de Kharkov et de l'Oural, puis le meurtre par la faim de Boutov, puis le meurtre "accidentel" d'Heinrichsohn à Leningrad. Pourquoi serait‑il impossible qu'on commence à envoyer les oppositionnels dans l'autre monde ? Plus le sol se dérobe sous les pieds centristes, plus il devient bestial. Les mouches de l'automne piquent douloureusement...

Le dernier discours de Staline sur "le vertige du succès" est incontestablement symptomatique. Il me semble qu'en se tournant contre la droite ‑ quand son tour viendra ‑ les centristes vont essayer de rejeter sur leurs épaules tous leurs crimes ultra‑gauchistes comme en 1928 pour les mesures extraordinaires. Après tout, ils tiennent la presse.

C'est pourquoi il faut absolument lancer à temps un avertissement à la classe ouvrière sur nos rapports avec les inanités centristes, non seulement à l'étranger ‑ là, c'est très facile ‑ mais également ici. Pour cela il faut faire vite avec une déclaration au parti et à la classe ouvrière. Il ne faut pas hésiter un instant. On ne peut absolument plus attendre...