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Special pages :
Lettre au gouvernement provisoire, 23 juillet 1917
Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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Écriture | juillet 1917 |
Source WSWS
Citoyens Ministres !
Je suis au courant que les mandats d’arrêt émis à l’occasion des événements des 3 et 4 juillet s’appliquent aux camarades Lénine, Zinoviev, Kamenev, mais pas à moi. En conséquence, j'estime nécessaire d'attirer votre attention sur les points suivants :
1. Je partage la position de principe de Lénine, Zinoviev et Kamenev et je l’ai défendue dans le journal Vperiod (En Avant) et dans tous mes discours publics.
2. Mon attitude envers les événements des 3 et 4 juillet était identique à celle des camarades ci-dessus, à savoir :
(a) En ce qui concerne la démonstration prévue du premier régiment de mitrailleuses et d'autres régiments, les camarades Zinoviev, Kamenev et moi-même l'avions appris pour la première fois lors d'une réunion, le 3 juillet, et nous avons immédiatement pris les mesures nécessaires pour que cette manifestation n'ait pas eu lieu. En prenant cette position, les camarades Zinoviev et Kamenev étaient en contact avec les centres du parti bolchevik, tout comme je l'étais avec mes camarades de l'organisation «Interdistrict» à laquelle j'appartiens.
(b) Lorsque la manifestation a néanmoins eu lieu, comme les camarades bolcheviks, je me suis exprimé à plusieurs reprises devant le palais de Tauride, exprimant toute ma solidarité avec le slogan principal des manifestants : «Tout le pouvoir aux Soviets», mais en même temps, j’ai appelé instamment les manifestants à regagner rapidement leurs unités militaires et leurs quartiers de manière pacifique et organisée.
(c) Lors d'une réunion à laquelle participaient plusieurs membres des organisations bolcheviques et inter-districts, qui se déroula dans la nuit du 3 au 4 juillet au palais de Tauride, j'appuyai la proposition du camarade Kamenev : de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter toute nouvelle manifestation le 4 juillet. Ce n’est qu’après que tous les orateurs arrivant des districts aient annoncé que les régiments et les usines avaient déjà décidé de manifester, et que jusqu’à ce que la crise gouvernementale soit résolue, il n’existait aucun moyen de retenir les masses, que tous les participants à la réunion se rallièrent à la décision d’entreprendre tous les efforts possibles pour que la manifestation se déroule dans un cadre pacifique et pour exiger que les masses sortent sans armes.
d) Pendant toute la journée du 4 juillet, que j’ai passée au palais de Tauride, j’ai, à l’instar des camarades bolcheviks présents sur place, pris la parole devant les manifestants dans le même sens et dans l’esprit que la veille.
3. Le fait que je ne sois pas lié à la Pravda et que je ne sois pas membre du parti bolchevique n'est pas dû à des différences politiques, mais à certaines circonstances de l'histoire de notre parti qui n'ont plus aucune signification.
4. Les informations parues dans la presse selon lesquelles j'ai «nié» mon implication auprès des bolcheviks sont fausses, de même que les informations selon lesquelles j'ai supposément demandé aux autorités de me protéger contre la «violence de la foule». Des centaines d'autres déclarations de cette même presse sont tout aussi fausses.
5. À la lumière de ce qui précède, il est clair que vous ne pouvez avoir aucune raison logique de ne pas m'inclure dans les mandats d’amener émis contre les camarades Lénine, Zinoviev et Kamenev. En ce qui concerne le côté politique de la question, vous ne pouvez avoir aucune raison de douter que je sois un opposant tout aussi irréconciliable de la politique générale du gouvernement provisoire, que les camarades ci-dessus mentionnés. Mon exemption ne fait que souligner nettement le caractère contre-révolutionnaire et arbitraire de vos actions contre Lénine, Zinoviev et Kamenev.
10 juillet 1917
Pétrograd