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Special pages :
Lettre au camarade Kuberra, 15 décembre 1932
Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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Écriture | 15 décembre 1932 |
Prinkipo, le 15 décembre 1932
Cher camarade Kuberra
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre article sur Versailles. Je ne peux qu'applaudir de tout cœur à votre implacable sévérité dans le combat contre toutes les tendances du national-bolchévisme, y compris contre les formes atténuées, passives ou celles qui le "tolèrent". Vous avez tout à fait raison de considérer le combat des communistes allemands contre Versailles comme une politique opposée à la révolution prolétarienne, mais comme un devoir pour le Parti communiste français par contre. Que Thalmann soit allé à Paris pour proclamer la lutte impitoyable du prolétariat allemand contre la paix de Versailles, voilà bien la chose la plus abjecte que l'on puisse imaginer dans les conditions actuelles. Par contre un discours semblable de Cachin à Berlin serait tout à fait de mise.
Toutefois, à la page 4 de votre article, je trouve des formulations qui me semblent exagérées et paradoxales. Je ne pense pas que nous puissions "carrément soutenir" les limitations imposées à la bourgeoisie allemande. A quoi bon d'ailleurs ? Il nous suffit d'utiliser ces limitations pour la révolution, avec une totale absence de complexes.
Il n'est pas non plus tout à fait juste de dire qu'en 1923 le prolétariat aurait du marcher au pouvoir "sous la protection des baïonnettes françaises", ou bien : "sans se laisser intimider par les baïonnettes françaises", etc. car, je le répète, vous avez évidemment raison sur le fond, et entre nous il ne s'agit que de problèmes de formulations et non de divergences politiques.
Toute adaptation, de quelque nature qu'elle soit, de l'Opposition de Gauche aux tendances "nationales" signifierait une trahison et un suicide inévitable. C'est pourquoi je ne peux que saluer votre façon très nette de poser le problème.