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Lettre au camarade Grad, 18 juillet 1930. Les obstacles avec Frey
Cher camarade Grad,
Je m'empresse de répondre à votre lettre car elle concerne le problème Frey que je considère comme très important. J'aborde d'autant plus volontiers ce problème que vous adoptez envers le camarade Frey une attitude très amicale, ce qui n'est malheureusement pas très courant.
Bien que personnellement je connaisse très peu le camarade Frey, j'ai moi aussi l'impression qu'il s'agit d'un camarade très important. De mon côté, j'ai tenté tout ce qui était possible pour que l'on parvienne à une collaboration plus étroite avec le camarade Frey. Malheureusement, jusqu’à présent, mes efforts n'ont pas été couronnés de succès. Quels sont les obstacles? Je tente ci-dessous de les énumérer brièvement:
- Le camarade Frey ne veut en aucun cas sortir du cercle étroit des questions autrichiennes. Malgré toutes mes propositions et mes encouragements il refuse de s'exprimer dans la presse d'opposition internationale sur les questions les plus cruciales. Cela constitue pour moi un symptôme des plus inquiétants, car on ne peut participer au travail communiste révolutionnaire national et encore moins le diriger, sans prendre en même temps une part active dans les questions internationales, et le camarade Frey, précisément en raison de ses capacités et de sa culture, serait en tout premier lieu qualifié pour fusionner ces deux champs d'activité.
- Dans plusieurs cas très caractéristiques, le camarade Frey m'a fait l'impression d'être une personne très nerveuse, refusant d'écouter calmement ce qu'on lui dit ou écrit, se hâtant d'envenimer les relations avec ceux qui s'opposent fraternellement à lui. C'est ce qui advint au camarade Rosmer qui, en accord avec moi, s'était rendu à Vienne pour s'entretenir avec le camarade Frey du développement du travail autrichien et surtout international. Au lieu de discuter avec ce camarade très calme et animé de bonne volonté, le camarade Frey a prononcé un long réquisitoire dont le destinataire n'était pas nommé. Rosmer a cru comprendre qu'il était lui-même visé et moi aussi dans une certaine mesure, mais il n'a pas pu comprendre le fond des choses.
- C'est également ce que j'ai ressenti à travers la correspondance. Les propositions ou demandes les plus simples et les plus franches étaient interprétées par le camarade Frey comme des soupçons, des intrigues, etc. D'ailleurs, dans son journal, il m'a reproché mes méthodes zinovievistes et bien que j'aie à plusieurs reprises demandé tout à fait sincèrement quelle était la cause de ces accusations, je n'ai jamais pu obtenir la moindre réponse précise ou concrète. Ayant malgré tout pris l'initiative après un certain temps pour parvenir tout de même à établir une collaboration, j'ai dû constater que cette deuxième tentative aboutissait à des suspicions plus aiguës encore et à des accusations encore plus injustifiées. Cet état d'esprit et ces sentiments sont alimentés par la situation intérieure autrichienne et je crains qu'ils ne soient compliqués par le caractère totalement indiscipliné de Frey, de sorte que tout cela constitue un mur contre lequel on peut rien entreprendre.
- Pour le camarade Frey, la présence du camarade Landau était l'un des obstacles à un bon travail en Autriche, Il m'écrivit même qu'il serait bon que le camarade Landau puisse travailler à l'étranger. Il s'est trouvé que par hasard, ce souhait de Frey a coïncidé avec l'installation de Landau à Berlin, où ce dernier a combattu pour une juste cause, contre Urbahns. C’est à ce moment, que, sans la moindre raison, Frey a déclenché dans son journal une attaque très vive et purement personnelle contre Landau. Habituellement, on considère ceci en politique comme un comportement de jaune, mais en ce qui concerne le camarade Frey, je serais enclin à n'y voir que l'explosion d'un tempérament politique indiscipliné.
Je n'ai aucune raison de nourrir le moindre préjugé pour ou contre Landau. Mais beaucoup de camarades berlinois sont fort satisfaits de son travail et, d'autre part, il collabore activement à la presse française, ce qui lui vaut naturellement d'être soutenu par les camarades français. Les éclats du camarade Frey contre Landau, à une époque où celui-ci combattait pour l'Opposition internationale, rencontrent naturellement la plus grande hostilité des camarades français et allemands, ainsi que des camarades russes. Or l'Opposition internationale, conformément à la composition de son organe dirigeant, est surtout dominée par trois groupes: les groupes français, allemand et russe. A l'heure actuelle, le camarade Frey s'est placé, par le comportement cité ci-dessus, dans une situation délicate face à ces trois groupes, ce qui, naturellement, ne facilite pas les choses.
- Mais même en ce qui concerne les affaires autrichiennes, sa position face aux autres groupes me parait fausse, car il insiste pour qu'en préalable à toute unification soit reconnue la justesse de toutes les étapes du développement de son groupe. C'est là une attitude incorrecte, qui nuit malheureusement au plus haut point à la position personnelle du camarade Frey. Il serait tout à fait suffisant de dresser la liste des points programmatiques de principe et de tactique sur la base desquels on s'unifie, afin que les militants dans leur ensemble, puissent procéder à la sélection des véritables dirigeants à partir de l’activité politique et de la discussion théorique. Au moins cela ferait progresser les choses.
Si je vous parle si ouvertement de ces questions, c'est parce que je sais par votre lettre que vous appréciez beaucoup le camarade Frey et que par conséquent, vous ne ferez pas de ces lignes un usage qui pourrait lui nuire, car je voudrais éviter cela à tout prix, n'ayant pas abandonné l'espoir de le voir s'intégrer au travail de direction de l’Opposition internationale.