Lettre au Secrétariat international, 27 mars 1936

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Les français continuent à gaffer

Chers Camarades,

Ma lettre confidentielle (honteusement divulguée par Naville)[1] et le projet de déclaration de la part de notre commission représentent deux éléments d'un plan d'action dont le but était de réparer partiellement les fautes accumulées du C.C. de la section française. Par la divulgation de ma lettre et par la dernière décision du C.C., ce plan est devenu nul et non opérant. De ma part je ne vois d'autre possibilité que de dissoudre la commission Crux et je vous fais formellement cette proposition.

Que les camarades français eux‑mêmes débrouillent la situation compromise par leur persistance dans la voie des fautes, des gaffes et des bêtises.

La dernière décision du C.C.[2] est le meilleur cadeau à Molinier : son organisation se resserrera par réflexe autour de lui. Dans un ou deux mois le C.C. après avoir raté et gâté et gâté tout acceptera généreusement notre plan. Mais à ce momentlà, c'est Molinier qui dictera les conditions.

PS. Je ne serais pas étonné que cette lettre paraisse dans le bulletin de Molinier.

  1. Il s'agit de la lettre de Trotsky à Henri Molinier, datée du I° mars, qu'il avait envoyée à titre d'information « strictement confidentielle » le 4 mars. Naville avait lu cette lettre à la conférence nationale des « moliniéristes » du 7 mars, en précisant qu'elle avait été adressée par Trotsky à Meichler.
  2. Les propositions de Trotsky en vue de la réunification sur la base de la lutte pour la IV° Internationale, avec la « commission Crux » pour régler le problème Molinier, avaient provoqué la méfiance d'une partie du comité central du G.B.L. qui avait cru voir là une sombre manœuvre de Trotsky pour imposer un « recollage » comme ils disaient, avec R. Molinier. Les propositions du S.I. avaient donc été repoussées par le C.C., et Jean Rous battu au profit de la position de Pierre Naville qui préconisait de subordonner l'unification à l'élimination de R. Molinier.