Lettre au SWP, 4 novembre 1939

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La Question des Archives

Chers Amis,

Le catalogue des archives vous a déjà été envoyé.

Le professeur Langer de Harvard a fait connaissance avec les archives et a été très favorablement impressionné. Il a écrit à son université et if attend ici au Mexique la réponse. Il espère qu’il s’agira d’une proposition concrète mais, bien entendu, n’en est pas sûr.

Je crois que la situation va devenir incomparablement plus favorable que pendant les deux dernières années, (a) La levée de l’embargo ouvre une nouvelle année de prospérité et les églises, universités, etc. vont sûrement avoir leur part de cette prospérité sous forme de dotations, dons, etc. (b) Le stalinisme est passé de mode et l’intérêt pour mes archives doit grandir, au moins en proportion des lettres me demandant des autographes, qui ont augmenté considérablement pendant les dernières semaines. Dans ces conditions, nous pouvons considérer la prochaine période, l’année prochaine, pouvons-nous dire, avec optimisme.

Votre plan de ne pas vendre immédiatement les archives, mais de faire un emprunt sur leur vente à venir, me semble très raisonnable à la condition que nous n’ayons pas les mains liées.

J’ai répété au professeur Langer, de l’université de Harvard, que je n’étais pas intéressé à recevoir un paiement complet tout de suite, que les paiements pouvaient être arrangés en plusieurs versements. Bien entendu cela vaut pour tout autre acheteur.

Les projets et manuscrits de l'Histoire de la Révolution russe sont en Europe avec une partie de mes archives. Il n’y a aucune difficulté légale autre que les difficultés créées par la guerre.

Une grande partie de mes écrits, à partir de 1926, est en ma possession. Ce sont des manuscrits partiellement manuscrits, partiellement dactylographiés et corrigés à la main. Les corrections sont si importantes que les textes dactylographiés représentent des îles minuscules. La première partie de la biographie de Lénine (300 pages dans l’édition imprimée en France) est exclusivement écrite à la main.

Des documents qui sont à l’Institut hollandais, j’ai des copies en ma possession que je puis donner à l’acheteur jusqu’à ce que les originaux soient transportés de l’Institut hollandais.

Les archives à Paris représentent une petite partie par rapport aux archives que j’ai personnellement ici. Outre le paiement dû à l’Institut hollandais, il n’y a aucune autre somme particulière à payer pour obtenir mes archives.

En ce qui concerne la sécurité de leur transport, les autorités mexicaines, j’en suis certain, nous donneraient leur protection et leur coopération avec la générosité qui les caractérise.

Au cours des derniers mois, quand le camarade Van travaillait sur les archives, j’ai eu l’occasion de renouer ma familiarité avec elles et j’ai découvert qu’elles sont incomparablement plus riches et plus intéressantes que je ne l’avais cru moi-même. Si la période de prospérité qui vient s’élève aux sommets indiqués, nous pourrons même, à mon avis, monter le prix donné par le camarade Goldman.

Je serais heureux bien entendu d’exprimer mes remerciements chaleureux à Margaret DeSilver pour son inlassable amitié, mais je crains que, dans les conditions indiquées dans votre lettre, une telle lettre, de ma part, n’ait le caractère d’une pression amicale que je voudrais, bien entendu, éviter.

Je vois d’après votre lettre que Herbert Solow prend également part aux négociations. S’il est dans des dispositions aussi amicales, pourquoi n’a-t-il pas répondu à ma dernière lettre ? S’il vous plaît, donnez-lui en tout cas mes remerciements les plus chaleureux (sur sa collaboration au New Leader, j’ai, bien entendu, une opinion personnelle).