Lettre au SWP, 21 octobre 1939

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Nous exigeons un référendum sur la question de la guerre parce que nous voulons paralyser ou affaiblir la centralisation de l’État impérialiste. Mais pouvons-nous admettre le référendum comme un moyen normal de trancher les questions dans notre propre parti ? Il n’est pas possible de répondre à cette question autrement que par la négative.

Quiconque est en faveur d’un référendum reconnaît par là même qu’une décision du parti n’est que la somme arithmétique de décisions locales, chacune de nos organisations locales étant inévitablement bornée par ses propres forces et les limites de sa propre expérience. Quiconque est en faveur d’un référendum doit aussi se prononcer pour les mandats impératifs, c’est-à-dire pour une procédure dans laquelle chaque section locale a le droit d'obliger son représentant à un congrès du parti de voter d’une façon déterminée. Quiconque reconnaît les mandats impératifs nie la signification des congrès en tant qu’instance suprême du parti. A la place d’un congrès, il suffit de décompter les voix sur le plan local. Le parti disparaît en tant que tout centralisé. Si l’on accepte un référendum, l’influence des organisations locales les plus avancées, celle des camarades les plus expérimentés et ayant une perspective à plus long terme de la capitale ou des centres industriels, cède le pas à l’influence des secteurs les moins expérimentés, les plus arriérés, etc.

Nous sommes naturellement pour que chaque organisation locale, chaque cellule du parti étudie toutes les questions sous tous les angles et vote dessus. Mais en même temps, il faut que tout délégué élu par une section locale ait le droit de peser tous les arguments présentés au congrès à propos du problème en discussion, et le droit de voter conformément aux exigences de son propre jugement politique. S’il vote au congrès contre la majorité qui l’a délégué, et qu’il n’est pas capable après le congrès de convaincre son organisation de la justesse de son attitude, cette dernière peut alors lui retirer sa confiance politique. De tels cas sont inévitables. Mais ils constituent un mal incomparablement moindre que le système des référendums et des mandats impératifs qui tuent complètement le parti en tant que tout.