Lettre à Wendelin Thomas, 17 janvier 1938

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Pour un débat public

Cher M. Wendelin Thomas,

1) Je ne vois pas l’intérêt d’une correspondance privée à propos de Cronstadt. C’est une question de faits et de points de vue. Seule l’opinion publique peut juger des divergences. Dans le second numéro de The New International, il a été prévu que paraîtrait un article de J. G. Wright concernant l’aspect factuel de la mutinerie réactionnaire de Cronstadt, Dans les jours qui viennent, je publierai un article sur la même question d’un point de vue plus général. Je ne peux admettre une façon d’élucider une question historique et politique autrement que par une discussion écrite.

2) La commission d’enquête avait une tâche tout à fait concrète : vérifier le verdict de Moscou. La tâche de la commission a été définie par le président au début de ses sessions. En tant que témoin, j’ai participé à l’enquête sur cette question concrète. La commission n’a jamais prétendu exprimer, en tant que commission, son point de vue sur des questions historiques, théoriques ou politiques. Une telle prétention serait en contradiction non seulement avec l’objectif de la commission, mais aussi avec le bon sens élémentaire. Tout membre de la commission peut tirer de l’enquête sous sa propre responsabilité, toutes les conclusions philosophiques, historiques et politiques qu’il désire. Mais la commission dans son ensemble n’a pas plus de compétence pour prononcer un verdict sur les questions politiques que la Cour suprême sur l’astronomie ou l’esthétique. Si un crime résulte d’un combat entre deux écoles littéraires, le tribunal doit connaître tous les faits pertinents y compris les caractéristiques des deux tendances en lutte, mais son verdict ne peut porter que sur le crime et non sur la valeur de ces écoles littéraires ou esthétiques.

3) Je ne réponds pas à celles de vos affirmations et répressions que je ne suis pas enclin à tolérer dans la correspondance privée. Vous avez entièrement le droit de caractériser comme il vous plaît Lénine et moi-même dans vos articles publics. Je ne vais pas vous attaquer là-dessus dans des lettres privées.