Lettre à Salomon Kharine, 24 mai 1929

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Il faut collaborer avec Wedding

Cher Ami,

Je vous écris de toute urgence, et je vous prie de me répondre sans faute par retour du courrier et « par avion ». II s’agit de Wedding. Vous avez dit, au moment de la parution de mon livre, combien vous aviez une mauvaise opinion de W[eber] et M[üller]. Je vous ai écrit que votre jugement reposait, selon toute apparence, sur un regrettable malentendu. La diffusion n’a pas même permis de finir de payer le traducteur, et n’a pas rapporté un centime à l’éditeur, ainsi qu’il me l’a lui-même écrit. En vérité, je considère comme une nécessité d’établir avec eux des relations plus étroites que celles que nous avons eues jusqu’ici. Bien entendu, je ne m’y risquerais pas si vous aviez des raisons précises, et graves, de vous méfier d’eux. C’est pourquoi je vous pose une question : est-ce que des faits, ou de graves présomptions, s’opposent à ce que j’établisse avec eux une collaboration plus étroite et régulière ? Le problème est que leur concurrent politique fait preuve d’une extraordinaire légèreté dans la direction de son journal. Il est absolument indispensable d’exercer sur lui le contrôle théorique le plus serré. On ne peut exercer de contrôle qu’à travers un organe théorique. C’est un organe de ce type, ou bien un bulletin, ou une édition allemande d’un organe international que je veux mettre sur pieds, en collaboration étroite avec W[eber]. L’avant-propos qu’il a écrit parle en sa faveur, et démontre qu’il est infiniment plus sérieux que son concurrent trop brouillon. On me dit qu’il manque d’ardeur au travail. C’est certes là un grave défaut pour un révolutionnaire. Mais s’agissant de l’édition d’un organe purement théorique destiné à paraître, disons, une fois par mois, ce trait de caractère sera moins gênant que dans un autre type d’activité.

Cela ne signifie pas, bien entendu, que j’aie l’intention de rompre avec le Leninbund. Au contraire, je pense que nous ne pouvons éviter une rupture qu’en exerçant sur eux un contrôle théorique. C’est pourquoi j’attends de vous une réponse urgente, — ne serait-ce que quelques dizaines de mots — par courrier aérien. Je vous le demande une fois encore avec insistance, car je sais que certain de mes amis, à côté de remarquables qualités, ont aussi quelques faiblesses.