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Special pages :
Lettre à Raymond Molinier, 13 novembre 1931
Kadiköy, le 13 novembre 1931
Cher camarade Raymond
Je suis toujours si accablé par mon livre que je n'ai pas la possibilité de suivre attentivement la Vérité. C'est la seule raison - mais elle est suffisante - pourquoi je ne puis pas donner mon opinion. J'espère rattraper cela dans un avenir plus ou moins rapproché.
Vous avez tout à fait raison : nous avons besoin d'une perspective internationale avec les perspectives nationales qui en découlent. Ce sera précisément le travail dont je m'occuperai quand j'aurai mis au point mon livre.
Quant à l'Opposition française, je ne crois pas que vous ayez raison en cherchant et même en trouvant des reproches dans ma lettre. Non, il ne s'agit pas de reproches. Je me demande seulement si nos moyens sont bien adaptés aux force et aux buts immédiats. Quand je lis dans votre dernière [lettre] que Doudain vous a quitté, mais que Treint travaille Cornette - vraiment cela ne peut que confirmer mon impression générale qu'on s'occupe trop des arrangements et des permutations - pour employer la terminologie algébrique - des mêmes éléments sans en gagner de nouveaux. Trois jeunes ouvriers que l'on éduque systématiquement valent mille fois plus que toutes les victoires sur Félix, Mill, etc. Le fait que vous avez quelques succès en province et régressez à Paris, démontre précisément que les efforts, vraiment énormes, des camarades parisiens, ne correspondent pas aux résultats.
Je ne suis pas si optimiste que vous sur la question du SI. Ce n'est pas la première fois que vous intervenez en faveur de Mill, en déclarant que la situation change dans un sens tout à fait favorable.
Et le malaise continue. Le camarade Frank porte une bonne partie de la responsabilité. Voilà déjà un reproche, si vous voulez.
Je regrette beaucoup que le temps ne vous permette pas de venir ici. Ce qui est ajourné n'est pas perdu. L'invitation reste naturellement, et c'est à vous de choisir le moment.