Lettre à Pierre Naville, 26 juillet 1930. Une lettre regrettable

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Cher camarade Naville,

1. Dans le nouveau numéro du Biulleten russe, on peut trouver tout ce qui peut intéresser le lecteur de La Vérité sur la question russe.

2. L'article dont je vous ai parlé, "Staline comme théoricien" est précisément consacré à la conférence de Staline aux marxistes agraires que vous mentionnez dans votre dernière lettre. Puisque cette élaboration de Staline - point culminant de son arrogante ignorance - est traduit en langues étrangères, j'espère que mon article sera peut-être utile dans différents pays.

3. Vous annoncez le manifeste international dans le premier numéro du bulletin. Mais ne craignez-vous pas des objections de la part des différentes sections ? Est-ce que ce ne serait pas mieux de soumettre préalablement ce texte aux sections affiliées ?

4. Oui, je parlais du manque de votre article dans le n°44. Et le numéro entier a paru aux camarades un peu négligé (moi, je n'avais pas le temps de le lire). Etant donnée l'absence de Rosmer, j’étais inquiet que ne soyez trop absorbé par La Lutte et d'autres choses au détriment de La Vérité. Ma question n'avait pas d'autre sens.

5. Quant à la seconde partie de votre lettre, je ne puis que regretter que vous l'ayez écrite. Si vous croyez que je base mes opinions et mes appréciations sur des informations unilatérales et même déloyales, je ne puis que regretter la légèreté avec laquelle vous formez vos opinions et appréciations. Je n'étais tout ce temps en correspondance qu'avec Rosmer, vous et Gérard. J’ai exposé assez brutalement à Gérard mes inquiétudes basées exclusivement sur des faits politiques et sur vos lettres. J'ai donné à Gérard le dernier conseil au moment de son départ, de ne pas accumuler les malentendus et de poser chaque question franchement et ouvertement. Or j'ai dû constater pendant les derniers mois non une amélioration mais une aggravation. Tout cela n'avait aucun rapport avec vos dissentiments avec Molinier. Je n'en savais rien. Je me suis dit maintes fois et je vous ai écrit deux ou trois fois que je prévois l’inévitabilité d'une discussion entre nous. Or maintenant, quand je l'ai fait avec le plus grand retard après des tentatives d'attirer l'attention sur quelques points, vous envisagez ma lettre-circulaire à peu près comme une manœuvre pour "soutenir'" Molinier. Je ne soutiens pas des personnes, je soutiens des idées et des méthodes. Si Molinier est d'accord sur ce point avec moi, je suis naturellement prêt à le soutenir dans ces limites contre vous. Sans aucune prévention pour qui que ce soit. Et je vous prie d'être sur que, si quelqu’un s'occupe dans ses lettres de vous "dénigrer", c'est à peine s'il m'influencera en sa faveur

Je dois d'ailleurs vous répéter ce que j'ai écrit à Gérard, que l'état d'âme de Molinier, autant que je puisse le juger d'après sa dernière lettre (la troisième ou quatrième que j'aie reçue de lui pendant une année) démontre une bonne volonté de travail commun. C'est pourquoi votre dernière (lettre) me frappe péniblement.