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Special pages :
Lettre à Pierre Harel, 7 février 1939
Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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Écriture | 7 février 1939 |
Pour la Venue de Sieva
Monsieur,
Je me permets de vous communiquer la copie de la lettre que je fais parvenir à M. le Ministre de la Justice et Garde des Sceaux de la République française. Après avoir perdu dans les dix dernières années mes deux filles et mes deux fils, c’est-à-dire tous mes enfants, je ne désire rien de plus qu’avoir près de moi mon petit-fils Vsiévolod Volkov. J’ai tenté de régler cette question en m’entendant par correspondance avec Mme Jeanne Molinier qui fut la compagne de mon défunt fils Léon Sedov. Je n’ai malheureusement pas réussi. Mme Jeanne Molinier a un esprit très ombrageux et malheureusement très déséquilibré. Elle ne répond jamais avec exactitude, elle s’esquive et soulève les soupçons les plus inimaginables contre les personnes qui l’approchent, rendant ainsi la situation inextricable. Mme Jeanne Molinier n’a pas le moindre droit formel sur mon petit-fils légitime. Elle n’a avec Vsiévolod Volkov aucun lien de parenté, ni par le sang ni par alliance. Mais elle possède indubitablement des droits moraux sur le garçonnet qui, durant les dernières années, s’est trouvé à ses soins. J’ai donc proposé à Mme Jeanne Molinier, et cette proposition reste entièrement valable, de venir ici avec le garçonnet pour vivre dans ma famille. Je n’écarte pas la possibilité de laisser le garçonnet revenir en France avec Mme Jeanne Molinier, après avoir observé les relations de cette personne avec le garçonnet et avoir discuté avec elle les questions de son éducation et de son avenir. Mais je n’ai jamais remis le garçonnet à la libre disposition de Mme Jeanne Molinier, laquelle n’a pu avoir de relations avec mon petit-fils qu’en tant que compagne de mon défunt fils Léon Sedov.
Au cas où Mme Jeanne Molinier persisterait dans son refus de venir ici au Mexique avec le garçonnet, au moins pour un certain temps (naturellement à mes frais), elle perdrait à mes yeux tous ses droits moraux et je suis décidé à faire jouer tous mes droits moraux et légaux pour faire venir Vsiévolod Volkov au Mexique le plus tôt possible. Mes intérêts dans cette question sont représentés par M. Gérard Rosenthal. Pour régler les questions du voyage du garçonnet, je me suis adressé à mes vieux amis Alfred Griot et Marguerite Thévenet, qui connaissent la situation de ma famille et ont ma confiance absolue. Tous deux, ainsi que mon avocat, peuvent vous donner tous les renseignements que vous jugerez nécessaires et vous aider dans les décisions pratiques à prendre.
Agréez, Monsieur, l’assurance de mes respectueux sentiments.