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Special pages :
Lettre à Otto Friedmann, 31 octobre 1931
Cher camarade Friedmann,
Je trouve votre préface très bonne, et elle rendra des services éminents à la réflexion des travailleurs. Mes remarques critiques concernent des détails, et, me semble-t-il, plutôt les formulations que le contenu.
1. Ce n'est pas le mouvement paysan qui a directement "contribué" à la chute de la monarchie, mais plutôt la crainte devant le mouvement paysan.
2. Cela vaut aussi, mais dans une moindre mesure, pour le mouvement ouvrier, qui ne se déploya avec force qu'après la chute de la monarchie, mais dont les classes dominantes avaient très bien pressenti le danger.
3. Nommer livre ma brochure, mon ouvrage est un peu trop pompeux.
4. A la page 4, les radicaux socialistes, c'est à dire les radicaux bourgeois, sont appelés radicaux-(??? - NdE), ce qui donne lieu en allemand à un quiproquo.
5. Et maintenant, un point important concernant la paysannerie. Il est tout à fait exact qu'il n'est pas nécessaire, et pas non plus possible, de gagner la paysannerie en faveur du parti prolétarien avant la conquête du pouvoir. Mais évidemment, cela ne veut pas dire que le prolétariat conquierre le pouvoir indépendamment de la situation politique de la paysannerie. Cette dernière doit être dans un état de fermentation révolutionnaire, avoir fait une certaine expérience - négative - avec d'autres partis, de sorte qu'elle soit prédisposée à se rapprocher du parti prolétarien.
En outre, en Chine et en Inde, les choses, dans ce domaine, sont différentes de la Russie. Le paysan sait que, grâce aux soviets, le paysan russe a obtenu la terre, de sorte qu'il est possible que le Parti Communiste de Chine puisse exercer, avant même la conquête du pouvoir, une influence colossale sur l'esprit révolutionnaire de la paysannerie, même si cette influence n'a pas de caractère directement politique et organisationnel. Les actuelles luttes paysannes en sont la preuve, malgré leurs insuffisances.
6. La première formulation de la théorie de la révolution permanente ne date pas d'après la révolution de 1905, mais du début de celle-ci (Mai-juin 1905, introduction au discours de Lassalle et aux "Luttes de classes en France").
7. L'expression "trotskysme historique", inventée par les épigones, me semble être ambiguë, car ce qu'il y a d'"historique", c'est non seulement ce qui me séparait de Lénine, mais aussi - et, à mon avis, surtout - ce qui m'unissait à lui. La participation à la première révolution et la défense de la théorie de la révolution permanente étaient pour le moins tout aussi "historiques" que l'appréciation erronée des tendances du développement des fractions bolcheviques et menchéviques du parti social-démocrate d'alors.
Ce qui rend inexacte votre formulation : "dans une série de questions concernant la révolution russe, Trotsky s'est trompé, et c'est Lénine qui a eu raison." Bien sûr, d'un point de vue formel, tout concerne la révolution russe, mais plus précisément les divergences portaient sur le parti et les tendances de développement de ses fractions.
Si vous tenez pour vraiment nécessaire d'aborder ce point, dans une préface en quelques lignes générales et peu édifiantes, j'insiste pour que ces lignes ne puissent servir à justifier la campagne révisionniste des épigones, qu'à présent vous aussi condamnez et rejetez.
Voici tout ce que je puis dire sur votre travail, qui est très réussi. A mon avis, il serait fort bon que votre préface soit également publiée dans la presse internationale (dans la "Lutte de Classes", le "Militant"). Je serais tout à fait disposé à la recommander aux différentes rédactions si vous leur en faites parvenir un exemplaire et si vous m'en avisez.
Pourquoi avez-vous choisi pour titre de votre bimensuel "Arbeiterpolitik", ce titre si galvaudé par les brandlériens, et les droitiers en général ? D'ailleurs il me semble, à en juger par les très maigres informations dont je dispose, qu'en Allemagne vous avez trop d'égards pour les brandlériens.