Lettre à Max Shachtman, 30 novembre 1931

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Kadiköy, le 30 novembre 1931

Cher camarade Shachtman

J'ai bien reçu votre lettre de Madrid datée du 19 novembre. J'espère qu'entre temps vous avez pris connaissance de ma réponse aux lettres de Nin et de Lacroix contre Molinier. Je trouve toute cette affaire tout à fait désagréable. Que Mill, qui pendant des mois n'a pas transmis les informations les plus importantes, n'ai rien trouvé de plus urgent que de diffuser à l'échelle internationale la lettre à Nin, écrite dans un état d'énervement et de surexcitation personnelle, voilà qui démontre une fois de plus à quel point Mill est incapable d'exercer une importante fonction de façon calme, impartiale et objective.


Pour ce qui concerne la question anglaise je suis tout à fait d'accord avec vous : mieux vaut regrouper les éléments peu nombreux mais théoriquement et politiquement sûrs. Entretemps vous aurez certainement reçu les copies de ma lettre à Groves, de ma critique des thèses des camarades Reedley et Aggarwala, et de la lettre du camarade Glotzer. Ci-joint je vous envoie la traduction allemande, par le camarade Frankel, de mes thèses sur la situation internationale. La version russe a été envoyée à New-York. J'espère que vous allez vous procurer une traduction anglaise pour l'Angleterre.
Je vous envoie ci-joint une copie d'une interview simulée, destinée à n'importe quel journal américain, et concernant le conflit nippo-chinois. Je l'envoie également à Eastman, en le priant de traduire l'interview immédiatement, de la vendre un bon prix et de remettre l'argent au " Militant " ; actuellement je ne suis pas en état d'aider le " Militant " par d'autres moyens à sortir de sa crise. Je serais disposé à écrire une deuxième interview sur l'inéluctabilité d'une guerre entre l'URSS et l'Allemagne au cas où les fascistes allemands parviendraient au pouvoir. Mais je ne la ferai que si je suis sûr qu'il existe une possibilité de la vendre à un grand journal convenable. Je crois que Eastman à New-York pourra mieux s'occuper de cela que vous à Londres. Je ne vous transmets tout cela que pour information.
Glotzer a laissé un souvenir bon et sympathique. Nous regrettons tous que la situation financière nous empêche de vous voir ici, à Kadiköy.