Lettre à Maurice Paz, 27 avril 1929

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Encore l’autobiographie

Cher Ami,

J’ai reçu hier un télégramme de Fischer, l’éditeur allemand, qui demande si l’édition complète de Y Autobiographie est vendue pour l’Amérique. Lui, Fischer, a reçu une proposition d’un grand éditeur américain. Cela m’a donné à réfléchir sur la question des conditions de l’édition. Nous nous sommes entendus avec Wabirdaw sur un livre de 50000 mots (puis de 80000 mots) ; ça fait à peu près 120 à 150 pages, c’est-à-dire moins d’un tiers du livre que je donnerai à l’éditeur allemand pour le moment. Ne trouvez-vous pas que les conditions fixées pour la petite brochure doivent être changées pour le grand volume ?

Autant que je sache, les conditions américaines sont toujours beaucoup plus favorables que les conditions allemandes et, en Allemagne, beaucoup plus favorables qu’en France. Mais ce n’est pas le cas pour mon autobiographie, étant donné que les conditions américaines sont inférieures aux conditions allemandes.

Fischer me demande si je ne pourrais pas faire, outre la petite édition, une édition complète pour un autre éditeur. Évidemment ce n’est pas possible, mais ce qui pourrait être tout à fait possible, c’est le changement des conditions en rapport avec le changement de l’importance du volume. Si vous trouvez cela possible, faites une petite pression sur Wabirdaw.

Je vous envoie les deux derniers articles autobiographiques pour la presse. Je crois avoir donné le double et même le triple de ce que j’avais promis pour la presse. Mais puisque ces chapitres ne composent plus qu’un tiers du livre, j’ai le droit d’en disposer pour la presse.

Mais je tiens pour exclue la possibilité qu’on publie certains articles dans un journal et les autres dans d’autres journaux, etc. C’est-à-dire que Wabirdaw emploie par morceaux toute la matière que je lui ai livrée : il doit choisir ses 30 000 mots et me rendre le reste.

S’il désire davantage, il faudra qu’il ajuste les conditions. Vous voyez que je m’américanise avec succès, mais je veux combattre l’impérialisme avec son propre or, quoique la Bible interdise de faire cuire l’agneau dans le lait de sa mère.

Maintenant, quelques mots sur le livre La Révolution défigurée. C’est avec joie que j’ai retrouvé quatre discours que j’avais prononcés à la commission de contrôle et au comité central et qui sont tout à fait appropriés pour compléter la lettre à l’Institut historique. Je suis sûr que ces discours seront d’un grand intérêt, surtout pour le lecteur français, car dans deux de ces discours, je parle longuement de la Grande Révolution française, en faisant les analogies nécessaires et en facilitant au lecteur français la compréhension des questions intérieures russes. Et puisque ces discours représentent des plaidoyers personnels contre des accusations formelles, la forme en est assez dramatique, ce qui ne peut que rendre le livre plus alerte.

J’insiste beaucoup pour que Rieder accepte les remaniements que je lui ai proposés comme étant d’une grande utilité pour l’édition. J’ai déjà écrit une large préface que je vous enverrai avec les quatre discours en question, après-demain.