Lettre à Marie Engels, 9 septembre 1841

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Barmen, le 9 septembre 1841.

Chère Marie,

Maman affirme que la dernière lettre que je t'ai envoyée n'était qu'un torchon qui ne méritait pas une réponse et non une lettre digne de ce nom, et puisque tu n'as pas répondu au torchon en question, j'en conclus, à mon grand regret, que tu es du même avis que Maman. Je dois d'ailleurs te dire que ton comportement m'a profondément froissé, voire même offensé et c'est vraiment parce que ce soir je suis de bonne humeur et que je ne veux pas entamer de querelles avec toi que je t'écris cette lettre, car tu ne peux pas dire que tu l'aies méritée. Je t'écris d'autre part pour faire plaisir à Maman ; tu sais maintenant à qui tu dois ces lignes. Voilà donc six semaines environ que je suis ici ; pendant tout ce temps j'ai beaucoup fumé et fourni une bonne somme de travail, bien que les instances supérieures affirment le contraire. Je vais sans doute partir dans 8 ou 15 jours pour Berlin afin d'y accomplir mes obligations de citoyen, c'est-à-dire si possible me libérer du service militaire pour revenir ensuite à Barmen. Seul l'avenir nous dira quel cours suivront les choses.

Nous avions prévu pour samedi et dimanche une ballade à Altenberg, mais elle n'aura pas lieu car Blank et Roth ne sont pas libres. Il faut donc que je voie si nous ne pouvons pas organiser autre chose. Il me vient à l'idée que je pourrais retourner au Beienbourg, car il y a longtemps que je n'y suis pas allé.

Hier Maman a pris le café chez August et constaté que Mademoiselle Julie Engels était très calme, mais, par contre, Mademoiselle Mathilde Wemhöner très bavarde. Tire toi-même les conclusions qui s'imposent !

Par ailleurs j'ai trouvé qu'Anna était très enjouée, qu'Emil racontait des histoires bien plus drôles qu'avant, qu'Hedwig devenait de plus en plus impertinente, que Rudolf suivait les traces d'Hermann gamin et que d'autre part Elise ne cessait d'embellir.

La lettre en anglais que tu as envoyée à Papa et que j'ai lue aujourd'hui était bien écrite dans l'ensemble, elle ne contenait que quelques très grosses fautes.

Du reste, ton frère,

Friedrich.