| Catégorie | Modèle | Formulaire |
|---|---|---|
| Text | Text | Text |
| Author | Author | Author |
| Collection | Collection | Collection |
| Keywords | Keywords | Keywords |
| Subpage | Subpage | Subpage |
| Modèle | Formulaire |
|---|---|
| BrowseTexts | BrowseTexts |
| BrowseAuthors | BrowseAuthors |
| BrowseLetters | BrowseLetters |
Template:GalleryAuthorsPreviewSmall
Special pages :
Lettre à Marie Engels, 2 juillet 1842
| Auteur·e(s) | Friedrich Engels |
|---|---|
| Écriture | 2 juillet 1842 |
Berlin, le 2 juillet 1842.
Chère Marie,
Toutes mes félicitations ! Enfin finies ces études au noble institut de Mannheim et te voilà libérée de la censure de Mademoiselle Jung. Je ne voulais pas te le dire pour ne pas te faire ressentir davantage la tristesse de ton sort, mais maintenant c'est possible : toutes les pensions sont un non-sens et toutes les jeunes filles qui y sont éduquées, si elles n'ont pas un naturel aussi heureux que le tien, en sortent honteusement déformées et deviennent des blue-stockings [bas-bleus] et des coquettes infatuées de leur personne. Mais c'est la mode à Barmen, et contre cela, il n'y a rien à faire. Réjouis-toi d'être sortie de ce cloître et de pouvoir enfin mettre le nez à la fenêtre, sortir dans la rue et dire de temps en temps des bêtises sans qu'on te le reproche comme un crime. Mais attention à Barmen de ne pas commettre de sottises et de ne pas tomber dans le piège, les pièges matrimoniaux. Les jeunes gens de la bonne société se lancent dans une course folle au mariage avec un tel aveuglement qu'ils se bousculent les uns les autres. On dirait qu'ils jouent à colin-maillard, et lorsque deux d'entre eux s'attrapent, ils se fiancent et vivent merveilleusement et dans la joie. Prenons l'exemple de tes deux cousines : l'une, Luise Snethlage a épousé un garçon qui n'est pas mal du tout mais qui a des cheveux gris, et la belle Ida a mis le grappin sur un autre, mais il n'est pas mieux. Je sais, il est maintenant mon cousin et, pour cette raison, je ne devrais pas médire de lui, mais je ne peux réprimer ma rage de ce qu'elle ne m'ait pas demandé si je voulais avoir pour cousin ce Saint-Pétrus, ce lion, ce dandy, cet Albert M[olineus]... Aussi, maintenant, c'est lui qui va prendre. Je te le dis, si tu cherches un prétendant de cet acabit, je t'en trouverai tous les jours des douzaines et jamais les mêmes ! C'est par générosité que j'ai laissé ce mariage se faire, j'aurais au moins dû protester.
Même Schornstein s'est fiancé, c'est effroyable ! Et Strücker veut lui aussi à tout prix prendre femme, n'est-ce pas étrange ? Je commencerais à douter de l'humanité, à devenir misanthrope, si toi aussi Marie... Mais non, tu ne feras pas cette peine à ton frère.
C'est assommant : il pleut encore. Cette semaine, je me suis bien fait tremper quatre fois de la tête aux pieds au service de la Patrie, deux fois par la pluie, deux fois par la transpiration, faon polie de dire les choses. Je vais maintenant aller au cabinet de lecture et lire les journaux ; qui sait si je n'en reviendrai pas trempé de la tête aux pieds pour la cinquième fois ?
Adieu, ton frère,
Friedrich.