Lettre à Marie Engels, 23 mai 1839

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Brême, le 23 mai 1839.

Ma chère Marie !

J'ai pris l'habitude de parcourir tous les dimanches à cheval le vaste monde en compagnie de R. Roth ; lundi dernier nous sommes allés à Vegesack et Blumenthal et juste comme nous allions contempler la célèbre Suisse brêmoise, (c'est une toute petite contrée couverte de collines sablonneuses) s'éleva un énorme brouillard dense comme un nuage, et en cinq minutes il fit presque noir, si bien que nous ne pûmes absolument pas jouir de la vue qui est, paraît-il, si belle. Mais quel monde il y a ici le lundi de Pentecôte ! Tout le monde sort, la ville est déserte, mais aux portes de la ville ce ne sont que files de voitures, de cavaliers et de piétons. Et une poussière, quelque chose d'épouvantable ! Car les routes sont toutes recouvertes de sable, d'une bonne demi-aune d'épaisseur, et évidemment, ce sable vole. Voici qu'entre à l'instant un courtier, je vais de le dessiner, il s'appelle Jan Krusbecker.

C'est exactement son portrait : il a des yeux comme des fusées, un air toujours empreint d'un sourire mélancolique.

Adieu.

Ton frère,

Friedrich.